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Moi, je voudrais être
la seconde meilleure actrice du monde. Ainsi, il me resterait toujours
une place à conquérir. Je ne cesserais jamais de lutter.
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Je ne connais pas l'alchimie,
ni le secret. Il y a trop de paramètres : ce que l'on est,
les choix que l'on a, ceux que l'on fait, la préservation de
sa vie personnelle. Ce n'est pas vraiment un calcul. Faire durer une
carrière ne passe pas uniquement par votre désir, mais
aussi par le désir des autres. Je ne suis pas sure d'avoir
envie de savoir vraiment pourquoi je suis encore là. |
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Les contrats signés
longtemps à l'avance, cela m'angoisse. Je suis pour la liberté
que procure l'argent, mais contre ses servitudes. A aucun prix, Catherine
ne sera prisonnière de Deneuve. |
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Je n'ai pas de stratégie,
je suis seulement très instinctive. J'ai des envies du moment.
Alors, ce que je vais faire dans un an, je ne sais pas. Dans dix ans
? Je refuse d'y penser. |
Catherine Deneuve, citée
dans Voici 1989
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Je ne pense pas qu'on
puisse diriger sa carrière quand on est comédien : il
faut très bien savoir ce que l'on ne veut pas faire. Ce que
l'on veut faire, en revanche, reste souvent flou. Il faut savoir qu'il
y a des rôles qu'on ne doit pas accepter, qui ne vous conviendront
jamais. C'est une discipline plus dure qu'on imagine. |
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Ce métier ne représentera jamais
plus de 50 % de ma vie, ce n'est pas une décision, c'est dans
ma nature. La vie m'intéresse plus que mon travail. Il est
évident que si je n'étais pas actrice, la vie m'intéresserait
sans doute moins. Mais je refuse l'idée d'être prise
à plus de 50 %. Je suis contente d'aller tourner le matin,
mais je suis toujours contente de rentrer le soir. |
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Je n'ai jamais rien sacrifié à
ma carrière. Je ne suis pas assez ambitieuse. Mon travail
m'intéresse beaucoup, certes. Je lui ai parfois préféré
quelqu'un ou du temps pour moi.
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Je tiens à ce métier de façon
incroyable, mais cela n'a jamais été une vocation ! |
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Le métier d'actrice
est une création permanente. L'être depuis vingt ans
correspond à une manière de vivre, un état naturel,
presque inscrit dans les gènes. |
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Je suis tranquille, ma
carrière est dans d'excellentes mains : les miennes. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Je crois que j'ai eu
assez de jugement pour ne pas me tromper sur les gens qui ont fait
partie de mon entourage direct et qui ont compté dans ma vie
professionnelle, que ce soient Demy, Gérard Lebovici, Bertrand
de Labbey... Avec eux, je n'ai pas eu une relation protectrice mais
réellement une relation amicale, d'estime réciproque
et de confiance, qui a fait qu'ils ont pu me dire certaines choses,
m'aider à reconnaître certaines erreurs... Une carrière,
ce n'est pas seulement une question de choix. On ne sait qu'après
si un choix est bon ou non. Les gens avec qui j'ai travaillé
ne venaient pas sur les tournages, on ne se voyait pas toutes les
semaines... En revanche, au moment où il fallait prendre des
décisions, ils étaient extrêmement présents. |
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Je ne gère rien, j'ai un agent et un avocat.
Je gère ma vie personnelle, je gère ma vie professionnelle
en gardant des rapports personnels et directs avec les gens avec
qui je travaille. Il n'y a que dans les moments de sortie de film
où il y a un attaché de presse, où on passe
par une filière qui paraît plus classique, mais ce
n'est que dans ces périodes très limitées.
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Moi, dans les relations
professionnelles, je vis assez bien seule, dans la mesure où
je sais que les relations que j'ai sont des relations profondes. Je
n'ai pas besoin de voir tout le temps les gens avec lesquels je travaille.
Le danger des acteurs, c'est d'avoir besoin d'être suivis jour
après jour. Moi, ce n'est pas mon cas. |
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Je ne me retourne jamais
sur ma carrière. Une carrière, c'est comme un bilan
: on ne parle que des choses passées, sur lesquelles on ne
peut plus agir. Le présent et l'avenir m'intéressent
davantage. Je n'ai pas envie de faire le point, j'aurais l'impression
de ne parler que de choses négatives. |
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Je
suis plus un millefeuilles qu'un soufflé. Ça fait plus
de trente ans que ça dure et je sens que les gens ont envie
de tirer des conclusions, de dresser des bilans. J'ai l'impression
qu'aujourd'hui on veut mettre ma vie en boule. Deneuve mise en boule,
ça a l'air d'une boule de cristal, c'est magnifique, ça
brille, et on oublie les échecs, les erreurs. Or on sait bien
que la vie, et la mienne en particulier, n'est pas faite comme ça.
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Je n'ai pas vécu
la suite comme une succession de vagues qui me portaient de plus en
plus haut... Il y a eu plein de choses mouvementées, des retours
en arrière, des moments de désespoir... En fait, après,
ça a été très long avant de vraiment retrouver
cette sensation. Il a fallu que je rencontre François Truffaut
et puis André Téchiné. Il a fallu que je rencontre
des gens positifs qui m'ont beaucoup apporté, qui, d'une certaine
façon, ont eu à me convaincre que c'était bien
ça qu'il fallait que je fasse, que ça ne pouvait pas
être autrement... |
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Quand on raconte l'histoire
avec du recul, tout a l'air magique, mais j'ai rencontré aussi
beaucoup d'échecs, vous savez, je n'ai pas eu que des succès
commerciaux, loin de là, et je m'en réjouis. Si j'avais
aligné les triomphes, j'aurais peut-être été
coincée dans un autre système de production où
je n'aurais pas été heureuse. J'ai toujours un peu surfé
entre les metteurs en scène. Au fond, j'ai fait une carrière
plus expérimentale qui me ressemble profondément. |
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J'aime bien avoir ce côté populaire
et être en même temps attirée par des choses plus
marginales. Ça correspond assez à ce que je suis vraiment.
Il ne s'agit pas du tout de tactique, de gestion d'image ou de carrière.
Ce que je fais correspond toujours à des envies, à des
intuitions. |
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Les gens croient souvent
que tout est très concerté, qu'une carrière correspond
à une tactique mûrement réfléchie. Ce n'est
pas ainsi que la vie se passe. C'est beaucoup plus chaotique, beaucoup
plus difficile que l'image que le public en a. La seule règle,
c'est d'être très vigilante sur ce qu'on vous propose
et d'être très bien entourée. |
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Cela m'amuse toujours
quand on me parle de bilan. Comme si une carrière se résumait
à des soustractions, des divisions... Une carrière d'actrice
est faite de choix qui s'additionnent les uns aux autres. Mais aussi
de refus, de projets qui ne se font pas... |
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Beaucoup de gens croient
que j'ai tout organisé, que j'ai bâti ma carrière,
une image. En fait, je n'ai jamais rien géré, comme
on dit. Il y a eu énormément de hasards. |
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On ne construit pas une
carrière a posteriori, on fait des choix. On se définit
mieux sur ce qu'on fait, et sur ce qu'on ne fait pas surtout, que
sur des intentions. Malgré la sympathie que dégagent
les acteurs, il faut regarder leur carrière pour savoir qui
ils sont. |
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Je me définis plus par ce que je ne veux
pas faire. Je suis tellement attirée par les hasards, les rencontres,
la grâce des choses que j'ai toujours envie que les choses viennent
à moi. Pas comme une actrice gâtée, mais j'ai
eu très jeune des rencontres imprévues avec des metteurs
en scène importants, Demy, Polanski, Buñuel, Truffaut,
je n'ai jamais eu à lutter, à chercher des rôles,
donc je suis portée à croire que c'est ça qui
me convient et que je dois continuer comme ça. |
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Les choses se dessinent après
les films, pas avant. Alors il faut être prudent dans ses choix,
enfin
prudent et audacieux. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment
calculer. Il faut simplement que la tête et le cur soient
d'accord, je crois. Il faut tenir compte de ses envies
La carrière,
ça peut être aussi une façon de refuser des films. |
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Quand on a tourné
plus de soixante films, il y a forcément des films "pour
rien". C'est comme la vie : on aimerait bien effacer certaines
années. Mais il a fallu en passer par ces années-là
pour avancer, aller plus loin. On entretient souvent l'idée
qu'un acteur connu a volé de choix en choix, de succès
en succès. Mais c'est faux ! Ce n'est pas un conte de fées,
le cinéma... |
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Contrairement à
ce que l'on pense, le monde du cinéma n'est pas une jungle
impitoyable. C'est un univers en perpétuelle évolution,
mais qui possède son propre équilibre. Pour ma part,
je n'ai jamais eu à me bagarrer, au sens agressif du terme.
En revanche, j'ai su m'affirmer. Ma carrière a suivi ensuite
sa propre logique, avec ses hasards, ses coups de chance, mais toujours
en cohérence avec moi-même. |
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C'est un métier
très, très, très dur, surtout pour les femmes.
J'ai une chance folle d'avoir réussi à traverser comme
ça le cinéma et toutes ces époques sans avoir
vécu de périodes trop difficiles. Quand je vois certains
destins, certaines carrières... Oui, j'ai vraiment une chance
inouïe de n'avoir jamais connu de tunnels ! |
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Je ne revois pas mes vieux
films. Je n'en ai pas l'occasion. Ni le temps. Et je ne les montre
pas à mes enfants. Je n'en ai pas très envie. Mais je
sais que ma fille, lorsqu'elle a besoin d'énergie, regarde
"Les demoiselles de Rochefort". |
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Je sais que j'ai participé à des
films qui resteront, c'est une chance énorme. C'est très
difficile parce qu'on ne fait pas toujours les meilleurs films d'un
grand metteur en scène. Je suis une actrice comblée
! |
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J'ai la chance d'avoir
fait ce que je désirais. J'ai toujours été responsable
de mes choix et décisions - ce qui est à la fois très
paradoxal car le métier de comédien, au fond, ne se
réalise que dans le désir des autres. Peu importe votre
sensibilité, votre talent ou intelligence, si un réalisateur
n'a pas envie de travailler avec vous, vous n'existerez pas. |
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J'ai fait des choix, j'ai
été attentive, j'ai été curieuse, mais
surtout j'ai eu de la chance, beaucoup de chance. |
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J'ai toujours eu beaucoup
de chance dans ma vie. C'est pour ça que je suis relativement
ambitieuse et que je suis moins armée qu'une autre pour les
difficultés et l'adversité. Si ça devait devenir
difficile, ça serait un problème, parce que je ne suis
pas habituée à lutter. J'ai été très
gâtée. |
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J'ai travaillé à mon rythme. Deux
fois par an. J'ai été très gâtée.
J'ai débuté presque malgré moi. Des scénaristes,
des auteurs m'ont taillé des rôles sur mesure. Jamais
je ne me suis angoissée en ruminant : "On ne pense plus
à moi". Mon cheminement n'a pas été non
plus un conte de fées. A certaines occasions, je me suis
masqué la vraie vérité, mes envies, mes aspirations
profondes ont été déçues. Les acteurs
ne sont pas des purs, pas des champions. Le cinéma est une
industrie, je me débrouille, j'opère des compromis.
Comme dans ma vie.
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Il a fallu souvent relancer
la machine, qui a failli se gripper plusieurs fois, quand même.
Ce n'est pas comme si j'étais passée de Demy à
Truffaut, de Buñuel à Rappeneau... On raconte souvent
l'histoire comme ça, mais elle est fausse. Toujours cette idée
reçue selon laquelle les acteurs marchent sur des nuages, volent
de succès en triomphes. Ce n'est pas du tout le cas, surtout
quand on fait des films d'auteur : on passe de succès d'estime
à des films reconnus dix ans après. |
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Je n'ai jamais été
vraiment au sommet : j'ai souvent été sur une ligne
assez haute, avec d'autres actrices. Je n'ai jamais connu la position
de domination absolue d'une Bardot, par exemple. Mon parcours a toujours
été un peu plus en dents de scie. J'allais là
où mon cur, mon instinct me portaient... |
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Moi, je fais partie de
cette génération de transition parce que je ne suis
pas Brigitte Bardot et que je ne suis pas Simone Signoret. Je n'entre
pas dans ces types-là. Je fais partie d'une génération
d'actrices intermédiaires, qui a profité au début
de ce côté "jolies filles au cinéma". |
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Même si je n'ai
pas eu de trous noirs, j'ai traversé des périodes où
j'ai vraiment douté. Je me souviens que, vers 40 ans, je me
suis demandé si j'allais continuer à être actrice.
Les rôles qu'on me proposait ne me plaisaient plus du tout.
J'avais commencé si jeune. J'étais confrontée,
sans doute, à un problème d'âge, de lassitude.
Pour ne pas quitter le monde du cinéma, j'ai même envisagé
de faire de la production... |
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Je ne me vois pas vivre sans le cinéma.
Plus ça va et moins c'est possible. Il m'est arrivé
dans des moments dépressifs de songer à l'abandonner.
J'ai eu longtemps l'impression que je ne pourrais pas bien évoluer
dans ce métier ou alors, lorsque je me suis trompée
sur des gens, je voulais arrêter. |
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Autant cela me plairait,
en effet de jouer dans certains films de certains metteurs en scène,
autant une carrière américaine n'est pas, et n'a jamais
été, mon rêve. Sinon je serais restée aux
Etats-Unis, au moment le plus propice... Le problème, c'est
que ce que l'on m'y propose n'est en général pas intéressant.
Pourquoi aller tourner aux Etats-Unis, et en anglais, des choses moins
bien que celles que je peux faire en France ? Là-bas, ils ont
toujours la même image de moi : la Française blonde et
sophistiquée. Et pourquoi me proposeraient-ils des choses exaltantes,
alors qu'ils ont énormément d'actrices, très
bonnes, sous-employées ? |
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Réussir aux États-Unis, cela veut
dire s'installer et vivre là-bas. C'est exclu. Vivre en dehors
de la France c'est impossible. En dehors de Paris, ce serait déjà
difficile. A la rigueur, quitter mon quartier... et encore. |
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Beaucoup de choses ne
vous appartiennent pas. Certaines se font, d'autres se défont.
Et finalement, c'est une lecture qui se modifie en fonction du temps.
Aujourd'hui, on ne me parle pas des "Parapluies de Cherbourg"
comme il y a vingt ans. De même. "La sirène du Mississipi"
n'a pas été vu à l'époque comme il l'est
maintenant. La somme des choses est une addition qui se fait tous
les jours, sans calcul. Mais c'est vrai qu'il y a une image qui se
dessine. |
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Pouvoir être libre de choisir, de dire non,
de savoir, même en disant non, que tout ne se ferme pas, que
vous ne risquez pas grand-chose, et en tout cas, pas de vous retrouver
sans travail, c'est une forme de pouvoir. |
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C'est vrai qu'être
actrice, c'est un beau métier; mais moi, j'aime trop le cinéma
pour n'être que ça, je ferai un jour de la mise en scène
ou de la production, j'en suis sûre. J'ai envie d'aller plus
loin. |
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