|
Parce qu'on choisit toujours
quand même. Même si le choix des acteurs est relatif.
Ils choisissent parmi toutes les choses qu'on leur propose. Disons
que le choix manifeste le caractère, la responsabilité,
le goût. On choisit des choses plutôt que d'autres. On
se révèle autant par ses refus que par ses choix. |
|
J'ai refusé beaucoup
de choses, mais ça n'a pas d'importance. Ce qui est important,
c'est de savoir comment on a fait ce qu'on a fait. C'est plus difficile
d'accepter que de refuser. Sauf quand c'est tout à fait évident,
quand on a la chance que les gens écrivent pour vous, alors
là, le problème ne se pose plus. |
|
Je suis sûre que
parfois mes choix sont influencés par la volonté de
casser mon image. Je ne veux pas être étranglée.
Je me méfie beaucoup de mon image : elle n'est pas ma meilleure
amie. |
|
Il est important de ne
pas être fixé dans une case. Il faut pouvoir continuer
à étonner. L'usure est alors peut-être moins grande.
Mais c'est surtout pour satisfaire ma propre curiosité que
je fais certains choix. |
|
Quand on sait qu'on dépend
du désir des autres, on n'a pas envie de s'appesantir et de
prendre le risque d'être paralysé. Il faut essayer de
suivre son instinct. C'est un métier où on a encore
la possibilité de l'exercer. |
|
L'essentiel dans ce métier,
c'est, d'une part, de connaître ses possibilités et,
d'autre part, d'avoir envie d'essayer de faire autre chose de très
différent. Personnellement, je vois assez bien dans quels rôles
je suis plausible et dans quel genre je ne le serais plus, mais je
suis prête à prendre des risques pour changer, pour échapper
au confort. |
|
En général,
je n'ai pas une idée précise d'un personnage et je ne
refuse a priori aucun genre, aucun rôle. Parce que pour mol,
le contact avec le metteur en scène et l'intérêt
de l'histoire que l'on me propose comptent plus que mon rôle
et je trouve qu'un grand rôle dans une histoire moyenne n'est
pas très intéressant, alors qu'un rôle même
secondaire dans une excellente histoire peut vous apporter énormément.
Aussi, lorsqu'il m'arrive de refuser un projet ou de faire des réserves
sur un scénario, c'est presque toujours par rapport à
l'histoire et non par rapport à mon personnage dans le film. |
|
Pour moi il est toujours
aussi agréable de faire des choses qui sont si fortes, de tenir
des rôles qui sont si dessinés, ce que l'on appelle des
héroïnes. Même dans "Benjamin" où
j'ai tourné pendant trois semaines un rôle épisodique,
il y avait une progression qui faisait de ce personnage une héroïne,
et cela c'est formidable pour une actrice, car l'on sent qu'il y a
une courbe à suivre, une évolution psychologique à
rendre, en somme quelqu'un que vous faites vivre à travers
vous. |
|
Toutes les expériences, par leur variété,
sont satisfaisantes. Le gros avantage des acteurs, je trouve, c'est
justement de pouvoir travailler avec des gens très différents,
aux méthodes tellement éloignées les unes des
autres. [...] C'est bien de changer, de n'être jamais prisonnière
de quoi que ce soit. Même si l'on ne parvient jamais à
se changer soi-même complètement, il est bon de travailler
avec des metteurs en scène d'une nationalité, donc d'un
tempérament, différents du vôtre. |
|
Et c'est ce qui m'intéresse le plus dans
ce métier ; pouvoir se déplacer, changer de personnage.
Car rien n'est plus terrible que d'être classée dans
un genre... C'est vrai que moi, avec mes cheveux blonds et ma silhouette,
comme ça, on a tendance à vouloir me figer dans un rôle
de jeune femme blonde, sophistiquée, froide, glaciale et tout
ça ! Et moi, j'ai toujours eu envie de casser cette image-là
! Parce que je suis fatiguée d'entendre depuis si longtemps
les mêmes adjectifs employés à mon sujet ! J'ai
envie de continuer, peut-être pas à me surprendre, mais
enfin disons, à m'amuser. J'ai besoin de m'amuser ! Et s'amuser,
cela veut dire faire des choses différentes les unes des autres...
Certes, il m'est arrivé de me tromper, ou de faire des choses
que j'avais déjà faites, mais il faut que moi, j'aie
l'impression qu'elles se font dans un contexte différent...
En fait, il faut que j'avance, même si c'est à petits
pas. Je ne supporterais pas de m'ennuyer à faire ce métier.
|
|
Je suis parfois obligée de dire que ce
qui peut être intéressant pour quelqu'un d'autre ne l'est
pas forcément pour moi, vous comprenez ? Ce n'est pas parce
qu'une chose ne m'intéresse pas qu'elle n'est pas intéressante...
|
|
Moi j'ai à la fois envie de films bien
faits et de films qui sortent de l'ordinaire. Et bien sûr, toujours,
de travailler avec des gens qui ont une vraie personnalité.
|
|
J'aimerais, même si je tourne avec des
réalisateurs très "classiques", que ceux qui
ne le sont pas aient tout de même envie de travailler avec moi.
Ça, ce serait une réussite l Je ne voudrais jamais être
classée, que l'on dise un jour : "Oh, ce n'est pas la
peine de lui proposer ce scénario, elle ne le fera jamais !"
Je veux bien être dans une tour d'ivoire, mais pas y habiter.
Je ne veux pas me fixer. Jamais. |
|
Je lis tous les scénarios
que l'on m'envoie. Je refuse quand ce n'est pas forcément original
pour moi. Ce qui m'intéresse n'est pas toujours ce qu'a y a
de meilleur. Mais il me faut un déclic, un désir profond,
une envie personnelle. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Mes choix sont guidés
par les impulsions. Et je choisis plutôt mes metteurs en scène.
Mais il est vrai que lorsqu'on vient de faire un film qui a bien marché,
on a envie de prendre des risques ; de même que lorsqu'on a
travaillé avec un jeune auteur, on aime bien retrouver la sécurité
que procure un cinéaste plus chevronné. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Je crois principalement
au cinéma d'auteur, quand le metteur en scène est plus
qu'un technicien, quand il fait passer dans son travail sa personnalité,
sa sensibilité. Dès le moment où je travaille
avec lui, ma confiance est totale. Je compte sur lui pour découvrir
un de mes visages ignorés, pour m'aider à révéler
un nouvel aspect de mon talent. Je me sers du metteur en scène
pour mieux me connaître. |
|
Franchement, je pense
que quelqu'un qui a fait un bon scénario peut faire un film
décevant par rapport au scénario, mais ne peut pas faire
vraiment un mauvais film. Je serais vraiment prête à
faire confiance à quelqu'un qui aurait écrit un beau
sujet et dont ce serait le premier film. |
|
On vous propose des rôles en
fonction de ce que l'on connaît, ou croit connaître de
vous. Je rêve d'être à la fois une vedette et une
actrice. C'est-à-dire que le personnage prenne le pas sur moi
dans le film. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Je n'ai jamais fait que des films que j'avais
envie de faire. Bien sûr, il ne faut pas dire de choses malhonnêtes
: les acteurs ne font pas toujours que les films qu'ils ont envie
de faire mais disons qu'en gros, les films que j'ai faits, j'avais
envie de les faire - peut-être d'ailleurs pas toujours pour
de bonnes raisons ! |
|
Je ne calcule pas de faire un film drôle
après un film tendre, un film populaire après un film
difficile... C'est comme ça, au gré de mes envies, de
mes besoins, de ce que je sens à ce moment-là, de ce
qui me séduit... Malheureusement, ça ne se présente
pas toujours dans le bon ordre, d'un point de vue de la carrière
justement ! |
|
J'ai envie de faire des
films qui me correspondent et en même temps je suis souvent
attirée par des contraires extrêmes. Par peur de la monotonie,
par peur de m'ennuyer... |
|
Ce qui compte pour moi,
c'est de continuer à donner une image suffisamment nouvelle
pour créer une envie. Je choisis dans ce sens. |
|
J'aime avoir du temps
devant moi, voir venir les choses petit à petit. Je serais
incapable d'enchaîner deux films à la suite l'un de l'autre.
J'ai besoin, Dieu merci, de l'incertitude de ce métier pour
le vivre bien. Les gens installés ou qui se sentent installés
une fois pour toutes et qui font tout pour rester à cette place
doivent avoir un gros problème et finissent par s'accrocher
a des choses illusoires. Je ne veux pas me sentir installée.
J'ai besoin de tenter des aventures, d'avoir l'impression de prendre
des risques. |
|
Autrefois, au cinéma, les femmes étaient
des maîtresses ou des épouses ou des infirmières,
mais le personnage féminin était toujours lié
à la vie sentimentale, jamais à une vie active ou professionnelle.
Maintenant, on est dans un rôle sentimental mais aussi insérée
dans la vie. Que les femmes aient pris dans la vie des responsabilités,
ça élargit les rôles des actrices au cinéma. |
|
Je pense que l'actrice
peut être consciente ou inconsciente du rôle qu'elle a
à jouer, mais qu'il ne faut tout de même pas être
trop imbu d'une mission. Parce que je crois que c'est à la
fois un métier grave et un métier enfantin... Le cinéma
a toujours ressemblé à la société dans
laquelle nous vivons, que ce soit par mimétisme ou par réaction.
Le cinéma est quand même le reflet d'une société
très précisément. A ce niveau-là, on joue
toujours un rôle, et je pense qu'il faut le savoir et l'oublier
en même temps. Je suis très individualiste et je pense
que les rôles que l'on doit jouer doivent être plus fonction
de son caractère, da sa nature, et de sa propre évolution.
C'est comme ça qu'on peut arriver à donner une image
qui correspond à quelque chose que l'on souhaite et être
cohérent avec soi-même. |
|
Parfois, c'est vrai que
j'accepte de faire des choses qui me semblent contradictoires avec
ce que je pense ou avec ce qu'on devrait montrer des femmes aujourd'hui.
J'accepte l'idée qu'il y a des contradictions dans ce que je
fais, dans certains rôles. N'ayant pas la ferveur, par exemple,
de Jane Fonda et tenant compte de certaines exigences pratiques. Je
n'accepterai jamais des choses vraiment misogynes, mais j'accepte
certaines choses dans la mesure où ça ne me semble pas
trop grave, c'est vrai. |
|
Je pense que le cinéma
peut faire évoluer, mais surtout, il s'inspire énormément
des événements, de la vie des gens, de la politique,
donc le cinéma est le reflet de quelque chose qui sert ensuite
à être un véhicule pour projeter et avancer en
profondeur des idées qui resteraient le privilège de
quelques-uns... Mais enfin, je vois plutôt le cinéma
comme le reflet de quelque chose de déjà existant en
ce qui concerne la politique. |
|
Pour une actrice, je considère que le plus
important, c'est d'abord le choix de son scénario. Je fais
très attention à l'histoire et au personnage que je
vais interpréter. Je détesterais jouer un rôle
que je ne sente pas, que je n'aime pas, que je n'imagine pas. |
|
J'aime bien rêver
aussi et j'accepte de faire au cinéma des choses qui sont loin
de moi. Mais ça, c'est comme les lectures que l'on choisit.
Parfois, on a envie de s'éloigner d'une certaine réalité.
Il y a de même certains rôles que j'ai aimé jouer.
Je reconnais que ce ne sont pas des personnages réalistes,
que ce sont des héroïnes d'une certaine façon. |
|
Il est difficile pour
les acteurs, quand ils ont des réticences à faire certaines
choses, de faire la part entre les craintes personnelles et les craintes
professionnelles. Beaucoup d'acteurs, sans être frileux, ont
du mal en tant qu'êtres humains à accepter certaines
choses. Moi-même, je m'interroge souvent : y a-t-il des choses
que je répugne à faire par appréhension personnelle,
ou par peur du risque, du ratage ? |
|
De
fait, j'ai plus envie de travailler avec des jeunes metteurs en scène,
qui font leur premier film, mais la réciproque n'est pas toujours
évidente, à cause de mon image. J'ai davantage envie,
non pas de faire des films expérimentaux, mais de travailler
avec des cinéastes qui ont plus envie que d'autres de faire
un film, qui y mettent de l'énergie, pour qui c'est un vrai
enjeu. Ça manque tellement dans les tournages, la vie, le rythme,
l'énergie. Je n'ai pas envie de faire des films installés. |
|
Ce qui m'intéresse,
c'est de travailler avec des gens qui ont des idées précises
sur moi, là, je peux m'abandonner totalement... |
|
Il y a des metteurs en
scène auxquels on ne peut pas dire non. Je n'aurais jamais
dit non à François Truffaut, je ne dirais jamais non
à Roman Polanski, je ne dirais jamais non à Rappeneau.
Il y a des gens qui pensent tellement à leurs films, qui ont
une idée de moi tellement personnelle, tellement précise,
que même si j'ai des doutes, j'accepterai malgré tout
parce qu'ils y ont pensé plus longtemps et mieux que moi. |
|
Avec
le temps, le nombre de films, la marge se rétrécit.
Alors, il faut préserver son plaisir, y veiller. Je me connais,
s'il y avait une lassitude, une cassure, je ne pourrais pas tricher.
Ça se verrait, et ce serait irrémédiable... |
|
Les hommes peuvent jouer des rôles de détraqués,
de fous, de malades. Pas les femmes. En plus, avec le physique que
j'ai, c'est encore plus difficile. Je suis trop bon genre. |
Catherine Deneuve, Spectacle du
monde 1992
|
C'est merveilleux quand
on écrit pour vous, quand on rêve pour vous... |
|
Je ne pense jamais en
termes de carrière. J'écoute mon instinct. Il m'arrive
parfois d'hésiter. Mais il m'arrive aussi d'avoir des emballements.
D'une rencontre ou d'un projet nouveau, j'attends toujours plus de
surprise. J'ai envie de chocs. Loin de moi donc l'idée de rester
une femme à sa fenêtre. Et d'attendre. |
|
J'aime les personnages
qui se révèlent plus complexes et plus tourmentés
que ce qu'ils apparaissent. [...] J'aime l'idée de jouer les
femmes à l'extérieur lisse mais à l'intérieur
déglingué. On dit que j'attire ce genre de personnages,
mais peut-être est-ce moi qui les choisis délibérément.
La double image, c'est troublant. Et il est toujours plus facile de
jouer l'ambiguïté. |
|
Forcément, je
n'ai pas spécialement envie d'être la mère à
chaque fois. Ce n'est ni un refus ni une coquetterie, ce serait plutôt
un manque de désir par rapport à cette convention, la
convention de l'âge, qui est quand même quelque chose
de très emmerdant pour le cinéma. Ce n'est pas seulement
une question de coquetterie physique. Parce que les hommes connaissent
a priori moins les femmes à un certain moment. |
|
Le cinéma est
le reflet d'une société, et il est indéniable
que la société actuelle est plus ouverte aux hommes.
Les rôles masculins sont donc plus nombreux. C'est une question
de quantité ou de durée, mais pas de qualité.
Les comédiennes devraient plus souvent accepter des participations
au lieu d'attendre les rôles principaux ! |
|
Je ne cherche pas à
être séduite par un scénario, mais à combler
un désir de rencontre. |
|
Je préfère
m'engager avec des gens qui m'inspirent confiance. |
|
Je ne songe pas à
une héroïne en particulier, je suis plutôt attirée
par des scénarios originaux. Les héroïnes ne correspondent
pas à ma façon de fonctionner. Je préfère
devenir une héroïne au cinéma à travers
un rôle plutôt que d'incarner un personnage connu que
je devrais me contenter d'interpréter. |
|
J'ai une attirance pour les choses que je ne peux
a priori pas faire, des personnages simples et populaires
Par
exemple, j'avais été bouleversée en lisant "L'honneur
perdu de Katharina Blum". Ce n'est pas moi, mais j'aurais aimé
jouer ce personnage qui m'avait émue. |
|
Quand on est là
depuis longtemps, il faut avoir la liberté de faire des films
pour soi, commerciaux ou pas. Il n'y a pas de règles. Je ne
suis pas du tout blasée, pas du tout, et j'ai vraiment besoin
d'avoir envie. |
|
Vieillir, c'est difficile
à vivre pour n'importe quelle femme, mais pour une actrice,
c'est emmerdant. Très très emmerdant ! Et les comédiennes
qui vous disent le contraire sont des menteuses ! [...] Cela reste
douloureux. En même temps, on s'en veut de souffrir pour ça,
puisque c'est la vie. Mais dans la vie, tout le monde n'est pas confronté
à son image comme l'est une actrice. Certains jours, c'est
dur, et on souhaiterait un peu plus de douceur. Vieillir ne m'obsède
pas mais ça me préoccupe. Car on sait que plus l'on
avance, moins il y aura d'opportunités magnifiques à
jouer la comédie. Interpréter des rôles de mère,
ce n'est pas un problème en soi. Reste qu'il faut se faire
à l'idée qu'il faudra un jour ou l'autre refuser certaines
propositions parce que l'on n'a plus l'âge du rôle... |
|
En gros, je tourne trois
films en deux ans. Ça se régule comme ça car
il y a beaucoup de choses qui prennent du temps avant et après
les tournages. Pendant, c'est presque la période privilégiée.
Avant, II faut lire beaucoup de scénarios, rencontrer des gens,
et même si c'est écrit pour vous, il y a des choses à
bouger. Je choisis surtout en fonction de mes envies de metteur en
scène. |
|
Quand on m'avance cet
argument : "Vous verrez, c'est un scénario magnifique",
cela n'a pas une réelle signification ; ce qu'il faut savoir
avant tout, c'est qui va le tourner. Parce qu'entre Godard, Blier
ou Téchiné vous n'aboutissez pas à la même
uvre. Naturellement, je parle d'artistes, pas de fabricants. |
|
Quand on a fait beaucoup
de films, on court deux dangers : devenir blasé et tomber dans
la facilité. C'est pour cela que les gens originaux continuent
de m'intéresser. |
|
Aujourd'hui, j'ai passé
un nouveau cap. J'ai la chance d'être à la lisière
de deux profils. Je peux jouer les histoires d'amour, mais je peux
aussi interpréter des héroïnes qui possèdent
un passé, une véritable histoire, ce qui offre un registre
plus large, plus fertile pour un réalisateur. |
|
Je me considère
avant tout comme une interprète, donc moins j'ai à intervenir
sur le scénario, mieux c'est, même si, précise
comme je suis, maniaque même !, je souhaite toutes les améliorations
possibles. Mais, disons que c'est une discussion qui n'intervient
que lorsque le scénario est définitif, que lorsque le
tournage est proche. [...] En règle générale,
à partir du moment où j'accepte de travailler avec un
réalisateur, c'est que je rentre dans son univers, que je lui
fais confiance, quitte à le suivre dans ses éventuelles
erreurs. Avec le temps, ce métier me demande de plus en plus
d'énergie, donc si je n'essaie pas un peu de me préserver
pour le tournage, je cours le risque de m'user. |
|
L'essentiel, c'est de
rester fidèle à soi-même, à ce qu'on a
envie de faire, et de ne pas réfléchir sans cesse au
public. C'est là, en cherchant à tout prix à
aller dans le sens de ce que les gens imaginent, que l'on risque de
se perdre, de se répéter, de devenir un stéréotype...
Il faut être à la fois vigilant et curieux. |
|
Quand certains me disent
que je prends un risque en tournant avec tel ou tel metteur en scène,
je leur réponds qu'ils se trompent. Le risque n'est pas là
! Il est ailleurs. Le risque, c'est avant tout de se répéter.
C'est de s'ennuyer et de devenir ennuyeux. De ne pas surprendre et
donc de décevoir... |
|
Si je choisis un film,
c'est d'abord parce qu'il me plaît, parce que je ressens alors
de la curiosité, de l'envie et du désir... Ma chance,
c'est que je suis curieuse, que j'ai envie d'aller voir partout. Quand
on a fait autant de films, on a envie de s'ouvrir sur autre chose.
instinctivement, j'emprunte des sentiers où je n'ai pas l'impression
d'avoir été auparavant, ou alors pas complètement... |
|
Bien sûr, cela me
réjouit qu'on écrive autant pour moi, mais ce qui me
fait le plus plaisir, c'est qu'à travers les films que j'ai
pu faire, j'ai donné envie à d'autres réalisateurs
de travailler avec moi. Et peut-être de filmer quelque chose
de différent de ce qu'ils ont vu. Sentir que ce désir
est toujours aussi présent autour de moi, que j'inspire de
nouvelles situations, c'est très motivant. |
|
Je me vois vraiment comme
un instrument. J'essaie de rentrer dans l'univers de quelqu'un, davantage
encore que dans le rôle lui-même. Ce qui m'intéresse,
et c'est pour cela que j'ai envie de travailler avec des gens qui
écrivent, c'est de rentrer dans l'univers de quelqu'un. |
|
Ce n'est pas si simple
d'être une actrice. Quand on accepte un rôle, même
après avoir lu et relu le scénario ; on n'est nullement
certaine de s'investir dans des uvres, pas plus persuadée
que l'on sera à la hauteur de ses ambitions... |
Catherine Deneuve, XXX
|
C'est très important
d'avoir une apparence de virginité, en tout cas pour un metteur
en scène. Pour un acteur qui tourne depuis longtemps, le danger
c'est la lassitude. Quand on va voir un acteur au cinéma, on
a tous envie à la fois de le retrouver et d'être surpris
par lui, qu'il y ait quelque chose de plus. |
|
Les réalisateurs
ne sont pas des gens que vous choisissez pour la vie, ce sont des
rencontres de tournage. Parfois, de vraies rencontres se font. Mais
je ne cherche pas à transformer systématiquement des
histoires de tournages en histoires d'amitié. |
|
J'ai toujours trouvé
qu'il y avait un manque d'aboutissement, en général,
dans les scénarios. On a tendance à vous envoyer un
scénario en disant : "De toute façon, ce n'est
pas définitif, on va le retravailler". Et on ne le retravaille
pas toujours. |
|
Je trouve que les producteurs
devraient être davantage partie prenante. Ils devraient tenir
un rôle plus important. Aujourd'hui, ce sont les télévisions
qui financent les films et certains producteurs s'en contentent. Or,
ils devraient être de vrais partenaires pour les cinéastes.
Ils devraient pouvoir critiquer, demander des changements sans que
leurs remarques soient prises comme un crime de lèse-majesté
par l'auteur. |
|
Le danger véritable
pour un acteur c'est de rester sur un personnage et de ne pas en bouger.
Personnellement, ça ne m'a jamais effrayée de tenter
des trucs, sans doute parce que je suis un peu inconsciente, parce
que j'ai envie de surprendre, de me surprendre, de me faire plaisir. |
|
J'aime aller à
l'aventure et connaître des sensations. Le vrai risque pour
les acteurs, c'est de se banaliser. |
|
J'ai surtout une réticence
pour des rôles antipathiques, je l'avoue. Je ne sais pas si
c'est l'actrice ou la femme qui parle. [...] Je ne pourrais pas m'identifier
à un personnage antipathique. Peut-être est-ce le besoin
d'être aimée. |
|
Je sais que c'est naif, mais je ne pourrais pas
jouer une femme qui me déplairait. Ce n'est pas parce que ces
rôles ne colleraient pas à mon image, c'est par impossibilité
de donner une image de moi qui me déplaît. |
|
J'aime alterner un film
d'auteur avec une comédie, en passant par un film d'époque.
C'est l'essence même du métier d'acteur. |
|
J'éprouve un réel
plaisir à travailler avec des gens très différents.
Pour moi, le metteur en scène compte plus que l'histoire. Tout
de suite après viennent, en compléments indispensables,
la qualité du scénario et le choix des acteurs qui me
sont soumis. |
|
Le métier serait
ennuyeux s'il ne nous permettait pas à chaque fois de prendre
et de courir des risques. |
|
J'aime, bien sûr,
avoir des projets, mais je redoute les engagements prématurés.
J'attends de lire au moins un premier travail. Mes projets actuels
sont encore au stade de l'écriture. Tout n'aboutit pas forcément.
Et pour nous, les acteurs, l'attente peut aussi être un plaisir. |
|
J'aime la fiction et
le cinéma récréatif. Mais j'ai une préférence
pour les personnages contemporains, confrontés à des
problèmes d'aujourd'hui. Je suis généralement
peu attirée par les sujets historiques tournés vers
le passé. Peut-être le serai-je un jour pour la télévision. |
|
J'ai toujours eu envie
d'aller vers des gens et des films me donnant l'impression de bouger.
Cela n'a rien à voir avec l'idée de surprendre coûte
que coûte, ou d'être là où l'on ne m'attend
pas... C'est ma démarche à moi, en zigzag. |
|
J'aime me surprendre.
C'est très égoïste. Dans ses rôles, il faut
faire des choses qui vous correspondent sans toujours tenir compte
de son image. Cela comporte des risques, mais c'est une excitation
essentielle pour continuer. |
|
Je ne calcule rien. Je n'agis jamais
par réaction, pour, ou contre. Je fonctionne à la crédibilité,
à l'envie que j'ai de faire les choses, surtout si cela me
semble cohérent. La cohérence, c'est tout ce qui compte
pour moi. |
|
J'aime avoir des projets, plus que des engagements
prématurés. Ils sont, actuellement, au stade de l'écriture.
Tout n'aboutira pas forcément. Pour les acteurs, l'attente
peut, aussi, être un plaisir. |
Catherine Deneuve, Nice Matin
2000
|
Ils ont été
égoïstes, mes choix. C'est avant tout pour moi-même,
pour des rencontres. J'ai besoin d'être convaincue. Même
si le succès, qui est une chose que l'on espère toujours,
n'est pas à l'arrivée, il faut que j'aie mon intime
conviction. |
|
Quand on a fini un film, je n'ai jamais
envie de retravailler tout de suite avec un metteur en scène,
j'ai besoin de temps, de passer à autre chose. |
Catherine Deneuve, citée
dans L'Est Républicain 2002
|
Je ne suis pas avide, impatiente de tourner avec
Untel ou Untel. Ce qui doit arriver arrivera. Je sais aussi que certaines
choses ne se feront jamais. Par exemple, je ne tournerai jamais avec
Alain Resnais. J'adore son cinéma mais il est évident
que je ne suis pas une actrice pour lui : je n'ai pas un passé
assez classique, je n'ai jamais fait de théâtre, je ne
cadre pas avec son univers... Mais c'est comme ça, je n'en
éprouve aucun chagrin. La demande vient des cinéastes
: ce sont eux qui écrivent, qui pensent aux acteurs. |
|
Il m'est arrivé d'appeler des jeunes cinéastes
dont j'avais beaucoup aimé le film. C'est plutôt pour
communiquer mon enthousiasme, pas un appel du pied pour tourner ensemble.
Ça me semble un peu faussé, pas très juste, de
faire ce genre de sollicitation. En fait, les metteurs en scène,
c'est comme les journalistes, il ne faut pas les voir en dehors du
travail. Il faut que le travail et les relations privées restent
séparés, indépendants l'un de l'autre. Les critiques
ne doivent être sensibles qu'à ce qu'ils voient sur l'écran,
il ne faut pas qu'ils se laissent émousser par le charme personnel
d'un réalisateur ou d'un acteur. |
|
Il m'est arrivé de tourner parce que j'avais
besoin de travailler mais j'ai toujours choisi, même ceux que
j'ai faits pour des raisons financières. Je ne crois pas à
la pureté de l'acteur. Les acteurs ne font pas que des films
pour l'art. Nous ne sommes pas des anges. |
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