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Parce qu'on choisit toujours quand même. Même si le choix des acteurs est relatif. Ils choisissent parmi toutes les choses qu'on leur propose. Disons que le choix manifeste le caractère, la responsabilité, le goût. On choisit des choses plutôt que d'autres. On se révèle autant par ses refus que par ses choix.

J'ai refusé beaucoup de choses, mais ça n'a pas d'importance. Ce qui est important, c'est de savoir comment on a fait ce qu'on a fait. C'est plus difficile d'accepter que de refuser. Sauf quand c'est tout à fait évident, quand on a la chance que les gens écrivent pour vous, alors là, le problème ne se pose plus.

Je suis sûre que parfois mes choix sont influencés par la volonté de casser mon image. Je ne veux pas être étranglée. Je me méfie beaucoup de mon image : elle n'est pas ma meilleure amie.

Il est important de ne pas être fixé dans une case. Il faut pouvoir continuer à étonner. L'usure est alors peut-être moins grande. Mais c'est surtout pour satisfaire ma propre curiosité que je fais certains choix.

Quand on sait qu'on dépend du désir des autres, on n'a pas envie de s'appesantir et de prendre le risque d'être paralysé. Il faut essayer de suivre son instinct. C'est un métier où on a encore la possibilité de l'exercer.

L'essentiel dans ce métier, c'est, d'une part, de connaître ses possibilités et, d'autre part, d'avoir envie d'essayer de faire autre chose de très différent. Personnellement, je vois assez bien dans quels rôles je suis plausible et dans quel genre je ne le serais plus, mais je suis prête à prendre des risques pour changer, pour échapper au confort.

En général, je n'ai pas une idée précise d'un personnage et je ne refuse a priori aucun genre, aucun rôle. Parce que pour mol, le contact avec le metteur en scène et l'intérêt de l'histoire que l'on me propose comptent plus que mon rôle et je trouve qu'un grand rôle dans une histoire moyenne n'est pas très intéressant, alors qu'un rôle même secondaire dans une excellente histoire peut vous apporter énormément. Aussi, lorsqu'il m'arrive de refuser un projet ou de faire des réserves sur un scénario, c'est presque toujours par rapport à l'histoire et non par rapport à mon personnage dans le film.

Pour moi il est toujours aussi agréable de faire des choses qui sont si fortes, de tenir des rôles qui sont si dessinés, ce que l'on appelle des héroïnes. Même dans "Benjamin" où j'ai tourné pendant trois semaines un rôle épisodique, il y avait une progression qui faisait de ce personnage une héroïne, et cela c'est formidable pour une actrice, car l'on sent qu'il y a une courbe à suivre, une évolution psychologique à rendre, en somme quelqu'un que vous faites vivre à travers vous.

Toutes les expériences, par leur variété, sont satisfaisantes. Le gros avantage des acteurs, je trouve, c'est justement de pouvoir travailler avec des gens très différents, aux méthodes tellement éloignées les unes des autres. [...] C'est bien de changer, de n'être jamais prisonnière de quoi que ce soit. Même si l'on ne parvient jamais à se changer soi-même complètement, il est bon de travailler avec des metteurs en scène d'une nationalité, donc d'un tempérament, différents du vôtre.

Et c'est ce qui m'intéresse le plus dans ce métier ; pouvoir se déplacer, changer de personnage. Car rien n'est plus terrible que d'être classée dans un genre... C'est vrai que moi, avec mes cheveux blonds et ma silhouette, comme ça, on a tendance à vouloir me figer dans un rôle de jeune femme blonde, sophistiquée, froide, glaciale et tout ça ! Et moi, j'ai toujours eu envie de casser cette image-là ! Parce que je suis fatiguée d'entendre depuis si longtemps les mêmes adjectifs employés à mon sujet ! J'ai envie de continuer, peut-être pas à me surprendre, mais enfin disons, à m'amuser. J'ai besoin de m'amuser ! Et s'amuser, cela veut dire faire des choses différentes les unes des autres... Certes, il m'est arrivé de me tromper, ou de faire des choses que j'avais déjà faites, mais il faut que moi, j'aie l'impression qu'elles se font dans un contexte différent... En fait, il faut que j'avance, même si c'est à petits pas. Je ne supporterais pas de m'ennuyer à faire ce métier.

Je suis parfois obligée de dire que ce qui peut être intéressant pour quelqu'un d'autre ne l'est pas forcément pour moi, vous comprenez ? Ce n'est pas parce qu'une chose ne m'intéresse pas qu'elle n'est pas intéressante...

Moi j'ai à la fois envie de films bien faits et de films qui sortent de l'ordinaire. Et bien sûr, toujours, de travailler avec des gens qui ont une vraie personnalité.

J'aimerais, même si je tourne avec des réalisateurs très "classiques", que ceux qui ne le sont pas aient tout de même envie de travailler avec moi. Ça, ce serait une réussite l Je ne voudrais jamais être classée, que l'on dise un jour : "Oh, ce n'est pas la peine de lui proposer ce scénario, elle ne le fera jamais !" Je veux bien être dans une tour d'ivoire, mais pas y habiter. Je ne veux pas me fixer. Jamais.

Je lis tous les scénarios que l'on m'envoie. Je refuse quand ce n'est pas forcément original pour moi. Ce qui m'intéresse n'est pas toujours ce qu'a y a de meilleur. Mais il me faut un déclic, un désir profond, une envie personnelle.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Mes choix sont guidés par les impulsions. Et je choisis plutôt mes metteurs en scène. Mais il est vrai que lorsqu'on vient de faire un film qui a bien marché, on a envie de prendre des risques ; de même que lorsqu'on a travaillé avec un jeune auteur, on aime bien retrouver la sécurité que procure un cinéaste plus chevronné.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je crois principalement au cinéma d'auteur, quand le metteur en scène est plus qu'un technicien, quand il fait passer dans son travail sa personnalité, sa sensibilité. Dès le moment où je travaille avec lui, ma confiance est totale. Je compte sur lui pour découvrir un de mes visages ignorés, pour m'aider à révéler un nouvel aspect de mon talent. Je me sers du metteur en scène pour mieux me connaître.

Franchement, je pense que quelqu'un qui a fait un bon scénario peut faire un film décevant par rapport au scénario, mais ne peut pas faire vraiment un mauvais film. Je serais vraiment prête à faire confiance à quelqu'un qui aurait écrit un beau sujet et dont ce serait le premier film.

On vous propose des rôles en fonction de ce que l'on connaît, ou croit connaître de vous. Je rêve d'être à la fois une vedette et une actrice. C'est-à-dire que le personnage prenne le pas sur moi dans le film.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je n'ai jamais fait que des films que j'avais envie de faire. Bien sûr, il ne faut pas dire de choses malhonnêtes : les acteurs ne font pas toujours que les films qu'ils ont envie de faire mais disons qu'en gros, les films que j'ai faits, j'avais envie de les faire - peut-être d'ailleurs pas toujours pour de bonnes raisons !

Je ne calcule pas de faire un film drôle après un film tendre, un film populaire après un film difficile... C'est comme ça, au gré de mes envies, de mes besoins, de ce que je sens à ce moment-là, de ce qui me séduit... Malheureusement, ça ne se présente pas toujours dans le bon ordre, d'un point de vue de la carrière justement !

J'ai envie de faire des films qui me correspondent et en même temps je suis souvent attirée par des contraires extrêmes. Par peur de la monotonie, par peur de m'ennuyer...

Ce qui compte pour moi, c'est de continuer à donner une image suffisamment nouvelle pour créer une envie. Je choisis dans ce sens.

J'aime avoir du temps devant moi, voir venir les choses petit à petit. Je serais incapable d'enchaîner deux films à la suite l'un de l'autre. J'ai besoin, Dieu merci, de l'incertitude de ce métier pour le vivre bien. Les gens installés ou qui se sentent installés une fois pour toutes et qui font tout pour rester à cette place doivent avoir un gros problème et finissent par s'accrocher a des choses illusoires. Je ne veux pas me sentir installée. J'ai besoin de tenter des aventures, d'avoir l'impression de prendre des risques.

Autrefois, au cinéma, les femmes étaient des maîtresses ou des épouses ou des infirmières, mais le personnage féminin était toujours lié à la vie sentimentale, jamais à une vie active ou professionnelle. Maintenant, on est dans un rôle sentimental mais aussi insérée dans la vie. Que les femmes aient pris dans la vie des responsabilités, ça élargit les rôles des actrices au cinéma.

Je pense que l'actrice peut être consciente ou inconsciente du rôle qu'elle a à jouer, mais qu'il ne faut tout de même pas être trop imbu d'une mission. Parce que je crois que c'est à la fois un métier grave et un métier enfantin... Le cinéma a toujours ressemblé à la société dans laquelle nous vivons, que ce soit par mimétisme ou par réaction. Le cinéma est quand même le reflet d'une société très précisément. A ce niveau-là, on joue toujours un rôle, et je pense qu'il faut le savoir et l'oublier en même temps. Je suis très individualiste et je pense que les rôles que l'on doit jouer doivent être plus fonction de son caractère, da sa nature, et de sa propre évolution. C'est comme ça qu'on peut arriver à donner une image qui correspond à quelque chose que l'on souhaite et être cohérent avec soi-même.

Parfois, c'est vrai que j'accepte de faire des choses qui me semblent contradictoires avec ce que je pense ou avec ce qu'on devrait montrer des femmes aujourd'hui. J'accepte l'idée qu'il y a des contradictions dans ce que je fais, dans certains rôles. N'ayant pas la ferveur, par exemple, de Jane Fonda et tenant compte de certaines exigences pratiques. Je n'accepterai jamais des choses vraiment misogynes, mais j'accepte certaines choses dans la mesure où ça ne me semble pas trop grave, c'est vrai.

Je pense que le cinéma peut faire évoluer, mais surtout, il s'inspire énormément des événements, de la vie des gens, de la politique, donc le cinéma est le reflet de quelque chose qui sert ensuite à être un véhicule pour projeter et avancer en profondeur des idées qui resteraient le privilège de quelques-uns... Mais enfin, je vois plutôt le cinéma comme le reflet de quelque chose de déjà existant en ce qui concerne la politique.

Pour une actrice, je considère que le plus important, c'est d'abord le choix de son scénario. Je fais très attention à l'histoire et au personnage que je vais interpréter. Je détesterais jouer un rôle que je ne sente pas, que je n'aime pas, que je n'imagine pas.

J'aime bien rêver aussi et j'accepte de faire au cinéma des choses qui sont loin de moi. Mais ça, c'est comme les lectures que l'on choisit. Parfois, on a envie de s'éloigner d'une certaine réalité. Il y a de même certains rôles que j'ai aimé jouer. Je reconnais que ce ne sont pas des personnages réalistes, que ce sont des héroïnes d'une certaine façon.

Il est difficile pour les acteurs, quand ils ont des réticences à faire certaines choses, de faire la part entre les craintes personnelles et les craintes professionnelles. Beaucoup d'acteurs, sans être frileux, ont du mal en tant qu'êtres humains à accepter certaines choses. Moi-même, je m'interroge souvent : y a-t-il des choses que je répugne à faire par appréhension personnelle, ou par peur du risque, du ratage ?

De fait, j'ai plus envie de travailler avec des jeunes metteurs en scène, qui font leur premier film, mais la réciproque n'est pas toujours évidente, à cause de mon image. J'ai davantage envie, non pas de faire des films expérimentaux, mais de travailler avec des cinéastes qui ont plus envie que d'autres de faire un film, qui y mettent de l'énergie, pour qui c'est un vrai enjeu. Ça manque tellement dans les tournages, la vie, le rythme, l'énergie. Je n'ai pas envie de faire des films installés.

Ce qui m'intéresse, c'est de travailler avec des gens qui ont des idées précises sur moi, là, je peux m'abandonner totalement...

Il y a des metteurs en scène auxquels on ne peut pas dire non. Je n'aurais jamais dit non à François Truffaut, je ne dirais jamais non à Roman Polanski, je ne dirais jamais non à Rappeneau. Il y a des gens qui pensent tellement à leurs films, qui ont une idée de moi tellement personnelle, tellement précise, que même si j'ai des doutes, j'accepterai malgré tout parce qu'ils y ont pensé plus longtemps et mieux que moi.

Avec le temps, le nombre de films, la marge se rétrécit. Alors, il faut préserver son plaisir, y veiller. Je me connais, s'il y avait une lassitude, une cassure, je ne pourrais pas tricher. Ça se verrait, et ce serait irrémédiable...

Les hommes peuvent jouer des rôles de détraqués, de fous, de malades. Pas les femmes. En plus, avec le physique que j'ai, c'est encore plus difficile. Je suis trop bon genre.
Catherine Deneuve, Spectacle du monde 1992

C'est merveilleux quand on écrit pour vous, quand on rêve pour vous...

Je ne pense jamais en termes de carrière. J'écoute mon instinct. Il m'arrive parfois d'hésiter. Mais il m'arrive aussi d'avoir des emballements. D'une rencontre ou d'un projet nouveau, j'attends toujours plus de surprise. J'ai envie de chocs. Loin de moi donc l'idée de rester une femme à sa fenêtre. Et d'attendre.

J'aime les personnages qui se révèlent plus complexes et plus tourmentés que ce qu'ils apparaissent. [...] J'aime l'idée de jouer les femmes à l'extérieur lisse mais à l'intérieur déglingué. On dit que j'attire ce genre de personnages, mais peut-être est-ce moi qui les choisis délibérément. La double image, c'est troublant. Et il est toujours plus facile de jouer l'ambiguïté.

Forcément, je n'ai pas spécialement envie d'être la mère à chaque fois. Ce n'est ni un refus ni une coquetterie, ce serait plutôt un manque de désir par rapport à cette convention, la convention de l'âge, qui est quand même quelque chose de très emmerdant pour le cinéma. Ce n'est pas seulement une question de coquetterie physique. Parce que les hommes connaissent a priori moins les femmes à un certain moment.

Le cinéma est le reflet d'une société, et il est indéniable que la société actuelle est plus ouverte aux hommes. Les rôles masculins sont donc plus nombreux. C'est une question de quantité ou de durée, mais pas de qualité. Les comédiennes devraient plus souvent accepter des participations au lieu d'attendre les rôles principaux !

Je ne cherche pas à être séduite par un scénario, mais à combler un désir de rencontre.

Je préfère m'engager avec des gens qui m'inspirent confiance.

Je ne songe pas à une héroïne en particulier, je suis plutôt attirée par des scénarios originaux. Les héroïnes ne correspondent pas à ma façon de fonctionner. Je préfère devenir une héroïne au cinéma à travers un rôle plutôt que d'incarner un personnage connu que je devrais me contenter d'interpréter.

J'ai une attirance pour les choses que je ne peux a priori pas faire, des personnages simples et populaires…Par exemple, j'avais été bouleversée en lisant "L'honneur perdu de Katharina Blum". Ce n'est pas moi, mais j'aurais aimé jouer ce personnage qui m'avait émue.

Quand on est là depuis longtemps, il faut avoir la liberté de faire des films pour soi, commerciaux ou pas. Il n'y a pas de règles. Je ne suis pas du tout blasée, pas du tout, et j'ai vraiment besoin d'avoir envie.

Vieillir, c'est difficile à vivre pour n'importe quelle femme, mais pour une actrice, c'est emmerdant. Très très emmerdant ! Et les comédiennes qui vous disent le contraire sont des menteuses ! [...] Cela reste douloureux. En même temps, on s'en veut de souffrir pour ça, puisque c'est la vie. Mais dans la vie, tout le monde n'est pas confronté à son image comme l'est une actrice. Certains jours, c'est dur, et on souhaiterait un peu plus de douceur. Vieillir ne m'obsède pas mais ça me préoccupe. Car on sait que plus l'on avance, moins il y aura d'opportunités magnifiques à jouer la comédie. Interpréter des rôles de mère, ce n'est pas un problème en soi. Reste qu'il faut se faire à l'idée qu'il faudra un jour ou l'autre refuser certaines propositions parce que l'on n'a plus l'âge du rôle...

En gros, je tourne trois films en deux ans. Ça se régule comme ça car il y a beaucoup de choses qui prennent du temps avant et après les tournages. Pendant, c'est presque la période privilégiée. Avant, II faut lire beaucoup de scénarios, rencontrer des gens, et même si c'est écrit pour vous, il y a des choses à bouger. Je choisis surtout en fonction de mes envies de metteur en scène.

Quand on m'avance cet argument : "Vous verrez, c'est un scénario magnifique", cela n'a pas une réelle signification ; ce qu'il faut savoir avant tout, c'est qui va le tourner. Parce qu'entre Godard, Blier ou Téchiné vous n'aboutissez pas à la même œuvre. Naturellement, je parle d'artistes, pas de fabricants.

Quand on a fait beaucoup de films, on court deux dangers : devenir blasé et tomber dans la facilité. C'est pour cela que les gens originaux continuent de m'intéresser.

Aujourd'hui, j'ai passé un nouveau cap. J'ai la chance d'être à la lisière de deux profils. Je peux jouer les histoires d'amour, mais je peux aussi interpréter des héroïnes qui possèdent un passé, une véritable histoire, ce qui offre un registre plus large, plus fertile pour un réalisateur.

Je me considère avant tout comme une interprète, donc moins j'ai à intervenir sur le scénario, mieux c'est, même si, précise comme je suis, maniaque même !, je souhaite toutes les améliorations possibles. Mais, disons que c'est une discussion qui n'intervient que lorsque le scénario est définitif, que lorsque le tournage est proche. [...] En règle générale, à partir du moment où j'accepte de travailler avec un réalisateur, c'est que je rentre dans son univers, que je lui fais confiance, quitte à le suivre dans ses éventuelles erreurs. Avec le temps, ce métier me demande de plus en plus d'énergie, donc si je n'essaie pas un peu de me préserver pour le tournage, je cours le risque de m'user.

L'essentiel, c'est de rester fidèle à soi-même, à ce qu'on a envie de faire, et de ne pas réfléchir sans cesse au public. C'est là, en cherchant à tout prix à aller dans le sens de ce que les gens imaginent, que l'on risque de se perdre, de se répéter, de devenir un stéréotype... Il faut être à la fois vigilant et curieux.

Quand certains me disent que je prends un risque en tournant avec tel ou tel metteur en scène, je leur réponds qu'ils se trompent. Le risque n'est pas là ! Il est ailleurs. Le risque, c'est avant tout de se répéter. C'est de s'ennuyer et de devenir ennuyeux. De ne pas surprendre et donc de décevoir...

Si je choisis un film, c'est d'abord parce qu'il me plaît, parce que je ressens alors de la curiosité, de l'envie et du désir... Ma chance, c'est que je suis curieuse, que j'ai envie d'aller voir partout. Quand on a fait autant de films, on a envie de s'ouvrir sur autre chose. instinctivement, j'emprunte des sentiers où je n'ai pas l'impression d'avoir été auparavant, ou alors pas complètement...

Bien sûr, cela me réjouit qu'on écrive autant pour moi, mais ce qui me fait le plus plaisir, c'est qu'à travers les films que j'ai pu faire, j'ai donné envie à d'autres réalisateurs de travailler avec moi. Et peut-être de filmer quelque chose de différent de ce qu'ils ont vu. Sentir que ce désir est toujours aussi présent autour de moi, que j'inspire de nouvelles situations, c'est très motivant.

Je me vois vraiment comme un instrument. J'essaie de rentrer dans l'univers de quelqu'un, davantage encore que dans le rôle lui-même. Ce qui m'intéresse, et c'est pour cela que j'ai envie de travailler avec des gens qui écrivent, c'est de rentrer dans l'univers de quelqu'un.

Ce n'est pas si simple d'être une actrice. Quand on accepte un rôle, même après avoir lu et relu le scénario ; on n'est nullement certaine de s'investir dans des œuvres, pas plus persuadée que l'on sera à la hauteur de ses ambitions...
Catherine Deneuve, XXX

C'est très important d'avoir une apparence de virginité, en tout cas pour un metteur en scène. Pour un acteur qui tourne depuis longtemps, le danger c'est la lassitude. Quand on va voir un acteur au cinéma, on a tous envie à la fois de le retrouver et d'être surpris par lui, qu'il y ait quelque chose de plus.

Les réalisateurs ne sont pas des gens que vous choisissez pour la vie, ce sont des rencontres de tournage. Parfois, de vraies rencontres se font. Mais je ne cherche pas à transformer systématiquement des histoires de tournages en histoires d'amitié.

J'ai toujours trouvé qu'il y avait un manque d'aboutissement, en général, dans les scénarios. On a tendance à vous envoyer un scénario en disant : "De toute façon, ce n'est pas définitif, on va le retravailler". Et on ne le retravaille pas toujours.

Je trouve que les producteurs devraient être davantage partie prenante. Ils devraient tenir un rôle plus important. Aujourd'hui, ce sont les télévisions qui financent les films et certains producteurs s'en contentent. Or, ils devraient être de vrais partenaires pour les cinéastes. Ils devraient pouvoir critiquer, demander des changements sans que leurs remarques soient prises comme un crime de lèse-majesté par l'auteur.

Le danger véritable pour un acteur c'est de rester sur un personnage et de ne pas en bouger. Personnellement, ça ne m'a jamais effrayée de tenter des trucs, sans doute parce que je suis un peu inconsciente, parce que j'ai envie de surprendre, de me surprendre, de me faire plaisir.

J'aime aller à l'aventure et connaître des sensations. Le vrai risque pour les acteurs, c'est de se banaliser.

J'ai surtout une réticence pour des rôles antipathiques, je l'avoue. Je ne sais pas si c'est l'actrice ou la femme qui parle. [...] Je ne pourrais pas m'identifier à un personnage antipathique. Peut-être est-ce le besoin d'être aimée.

Je sais que c'est naif, mais je ne pourrais pas jouer une femme qui me déplairait. Ce n'est pas parce que ces rôles ne colleraient pas à mon image, c'est par impossibilité de donner une image de moi qui me déplaît.
Catherine Deneuve, Source inconnue

J'aime alterner un film d'auteur avec une comédie, en passant par un film d'époque. C'est l'essence même du métier d'acteur.

J'éprouve un réel plaisir à travailler avec des gens très différents. Pour moi, le metteur en scène compte plus que l'histoire. Tout de suite après viennent, en compléments indispensables, la qualité du scénario et le choix des acteurs qui me sont soumis.

Le métier serait ennuyeux s'il ne nous permettait pas à chaque fois de prendre et de courir des risques.

J'aime, bien sûr, avoir des projets, mais je redoute les engagements prématurés. J'attends de lire au moins un premier travail. Mes projets actuels sont encore au stade de l'écriture. Tout n'aboutit pas forcément. Et pour nous, les acteurs, l'attente peut aussi être un plaisir.

J'aime la fiction et le cinéma récréatif. Mais j'ai une préférence pour les personnages contemporains, confrontés à des problèmes d'aujourd'hui. Je suis généralement peu attirée par les sujets historiques tournés vers le passé. Peut-être le serai-je un jour pour la télévision.

J'ai toujours eu envie d'aller vers des gens et des films me donnant l'impression de bouger. Cela n'a rien à voir avec l'idée de surprendre coûte que coûte, ou d'être là où l'on ne m'attend pas... C'est ma démarche à moi, en zigzag.

J'aime me surprendre. C'est très égoïste. Dans ses rôles, il faut faire des choses qui vous correspondent sans toujours tenir compte de son image. Cela comporte des risques, mais c'est une excitation essentielle pour continuer.

Je ne calcule rien. Je n'agis jamais par réaction, pour, ou contre. Je fonctionne à la crédibilité, à l'envie que j'ai de faire les choses, surtout si cela me semble cohérent. La cohérence, c'est tout ce qui compte pour moi.

J'aime avoir des projets, plus que des engagements prématurés. Ils sont, actuellement, au stade de l'écriture. Tout n'aboutira pas forcément. Pour les acteurs, l'attente peut, aussi, être un plaisir.
Catherine Deneuve, Nice Matin 2000

Ils ont été égoïstes, mes choix. C'est avant tout pour moi-même, pour des rencontres. J'ai besoin d'être convaincue. Même si le succès, qui est une chose que l'on espère toujours, n'est pas à l'arrivée, il faut que j'aie mon intime conviction.

Quand on a fini un film, je n'ai jamais envie de retravailler tout de suite avec un metteur en scène, j'ai besoin de temps, de passer à autre chose.
Catherine Deneuve, citée dans L'Est Républicain 2002

Je ne suis pas avide, impatiente de tourner avec Untel ou Untel. Ce qui doit arriver arrivera. Je sais aussi que certaines choses ne se feront jamais. Par exemple, je ne tournerai jamais avec Alain Resnais. J'adore son cinéma mais il est évident que je ne suis pas une actrice pour lui : je n'ai pas un passé assez classique, je n'ai jamais fait de théâtre, je ne cadre pas avec son univers... Mais c'est comme ça, je n'en éprouve aucun chagrin. La demande vient des cinéastes : ce sont eux qui écrivent, qui pensent aux acteurs.

Il m'est arrivé d'appeler des jeunes cinéastes dont j'avais beaucoup aimé le film. C'est plutôt pour communiquer mon enthousiasme, pas un appel du pied pour tourner ensemble. Ça me semble un peu faussé, pas très juste, de faire ce genre de sollicitation. En fait, les metteurs en scène, c'est comme les journalistes, il ne faut pas les voir en dehors du travail. Il faut que le travail et les relations privées restent séparés, indépendants l'un de l'autre. Les critiques ne doivent être sensibles qu'à ce qu'ils voient sur l'écran, il ne faut pas qu'ils se laissent émousser par le charme personnel d'un réalisateur ou d'un acteur.

Il m'est arrivé de tourner parce que j'avais besoin de travailler mais j'ai toujours choisi, même ceux que j'ai faits pour des raisons financières. Je ne crois pas à la pureté de l'acteur. Les acteurs ne font pas que des films pour l'art. Nous ne sommes pas des anges.

 



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