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Ce qui m'émerveille, c'est de voir que les gens m'aiment. C'est très réconfortant. Je vois bien qu'ils m'aiment. Ça ne peut pas laisser indifférent.

Il est faux de prétendre que tous les Français rêvent de moi comme si j'étais une image lointaine ou inaccessible. Bien au contraire, j'estime que je représente pour eux une réalité incontournable, ne serait-ce que parce que je m'impose à eux depuis tant d'années dans mes films, au point qu'il leur devient difficile de faire un autre choix !
Catherine Deneuve, citée dans Télé Star 1993

Être le dépositaire du rêve des autres ? Mais ça ne me déplaît pas du tout d'appartenir à l'imaginaire d'autrui. Et puis, je ne suis pas un symbole sexuel évident. J'inspire une certaine réserve à ceux que j'attire le plus. Mon personnage de "Belle de jour", je vous le disais tout à l'heure, est celui que le public a surtout gardé de moi : un personnage passionnel et glacé. Qui n'est pas moi, bien sûr.

Je crois que mon lien avec le public relève d'une sorte de pacte fondé sur la sincérité. Que j'incarne "Tristana" de Buñuel, l'héroïne du "Dernier métro" de Truffaut ou l'Emilie de "Ma saison préférée" d'André Téchiné, ce que l'on attend de moi, c'est le supplément d'âme que j'intègre à mon rôle, c'est la manière dont je vis les situations et les sentiments de mon personnage avec ma sensibilité et ma part de vécu. N'est-ce pas cette alchimie qui est plus intéressante qu'un étalage indécent d'émotions concernant des épisodes de ma vie privée ?
Catherine Deneuve, citée dans Télé Star 1993

Je n'ai probablement jamais rien dit ou fait qui puisse heurter les gens. Pourtant, on ne peut pas dire que mon schéma de vie privée soit très classique par rapport à l'idée que l'on se fait de la famille. Je n'ai jamais épousé les pères de mes enfants. On sait que je vis avec eux et que je m'en occupe. En cela, je suis malgré tout très conventionnelle.
Catherine Deneuve, citée dans Jours de France 1988

Une actrice est habituée à se regarder, donc à jouer un peu, même quand on ne joue pas devant une caméra. Pas forcément pour séduire, mais parce qu'on est habitué à avoir des rapports de séduction, dans le cinéma. On est là pour plaire, pour se faire aimer. On veut que les gens vous trouvent bien, qu'ils vous trouvent mieux que ce que vous pensez de vous-même. C'est ça... (la voilà songeuse, presque grave). Pour plaire aux autres, on est forcément prêt à faire des choses pour eux, pour qu'ils vous acceptent, qu'ils vous trouvent bien, agréable, intéressante. Pour se rassurer...

Quant à savoir comment le public me voit, je n'en sais rien, je ne me pose pas la question. J'estime que la vie va trop vite, qu'il, y a déjà beaucoup de choses plus graves auxquelles il faut faire attention dans ce métier pour que l'on s'attache à ce genre de soucis.

Par son métier, par l'image qu'elle donne d'elle-même, une actrice se doit de se montrer aussi dans la vie à son avantage, très belle, très arrangée, très sophistiquée même, cela fait partie de sa personnalité. C'est aussi une question de respect pour le public, ne pas avoir l'air de dire : que la représentation que je vous donne sur l'écran vous suffise... Mais surtout ne pas être esclave du rôle.

Beaucoup de gens croient me connaître sans avoir vu mes films. Ceux-là ont acheté des journaux dans lesquels ils m'ont vue : ils savent que j'ai deux enfants, et plein d'autres choses sur moi, souvent très superficielles... mais enfin, ils savent des choses à mon sujet. Mais ils n'ont pas vu mes films... Ou alors peut-être arrive-t-il un moment où il faut admettre que le physique est plus fort que tout ! Comme lorsque parfois des gens essaient de vous convaincre de quelque chose, et vous, vous avez votre idée dans la tête, et quoiqu'on vous dise, il n'y a rien à faire, vous n'en changerez pas ! [...] C'est vrai que le danger, pour les acteurs connus, est que le public a besoin de les fixer dans son imagination. Etre une "vedette", c'est "représenter" quelque chose, c'est sûr. Et on a beau savoir que l'on va voir cette personne dans un rôle différent, vivre une vie différente, il demeure toujours une certaine continuité...

J'aime bien le public mais je ne veux pas lui devoir quelque chose. [...] A partir du moment où les gens vous aiment, vous leur appartenez un peu.

Quand on fait du cinéma depuis pas mal de temps, les gens vous connaissent même s'ils ne vont pas vous voir sur grand écran. Vous leur appartenez donc d'une certaine façon, vous devenez quelqu'un qu'ils connaissent mieux.

Je ne veux pas alimenter ce qui me plaît le moins chez le spectateur. Le faire rêver, fantasmer, soit, mais à travers les films.

Je suis frappée du nombre de gens qui me disent : "On vous voit partout." Il suffit de deux couvertures de magazines, d'un film ancien à la télévision et on ne quitte pas l'actualité. Il y a un moment au contraire, où il faudrait arriver à freiner la curiosité parce qu'il y a répétition donc saturation. On existe dans l'esprit des gens, on n'a pas besoin de leur raconter comment vont vos amours, vos enfants.

J'ai toujours senti le regard des autres sur moi. C'est souvent flatteur et c'est souvent pesant... Quand on est moins en forme, quand on ne se sent pas bien dans sa tête ni dans son corps, on aimerait ne pas être regardée. Mais les inconvénients sont bien inférieurs aux avantages.

C'est vrai que la cruauté du public avec les gens qui font du cinéma depuis longtemps, est terrible. C'est horrible ce qu'on peut entendre. Des réflexions absolument épouvantables que les gens disent à haute voix. Ça m'est arrivé, il n'y a pas très longtemps. Ce jour-là, je me sentais en forme et je traversais la rue. Un jeune homme m'a reconnue et m'a interpellée familièrement, il était dans une voiture avec une jeune femme à côté de lui, et il m'a dit : "T'es moche!" J'étais sidérée mais j'ai trouvé ça tellement étonnant que j'ai ri. J'ai compris que c'était plus pour épater la jeune fille qui était à côté de lui. J'ai ri parce que ce jour-là, je me sentais en forme, mais un autre jour, j'aurais pu me sentir terriblement agressée.

Les gens me reconnaissent. Je vois parfois des regards effarés. Dans la rue, j'essaie d'être le plus discrète possible. Pour passer incognito, c'est le chapeau ou la casquette qui marchent le mieux, mais je n'ai pas recours à ces artifices. Je serais gênée si, malgré mes camouflages, quelqu'un me reconnaissait. Je me sentirais sotte. Je n'ai pas la phobie d'être reconnue... Ce qui m'indispose, c'est la grossièreté des gens. Face à leur sans-gêne à mon égard, je suis agressive. Et si l'on dit : "Catherine Deneuve n'est pas commode, pas sympathique", je m'en moque, cela m'est complètement égal.

En général, les gens sont gentils, pas agressifs, ce qui fait plutôt plaisir et ça va contre la fameuse légende : hautaine et glacée, etc. Les femmes m'aiment bien, je crois.

Si on me sourit, je souris à mon tour. Et si on me parle, je réponds.

Les gens, vous savez, ils vous reconnaissent toujours, partout. On peut être emmitouflée, pas maquillée, avec des lunettes, et ils vous reconnaissent quand même. C'est fou comme les gens sont physionomistes.

Mes films passent dans le monde entier. C'est d'ailleurs un peu barbant de ne pas pouvoir acheter des cartes postales au Paraguay ou au Kenya sans devoir signer tout de suite après un autographe au vendeur. En URSS, une fois, on ne m'a pas reconnue. Mais c'était l'hiver.


[Aimerait-elle avoir un fan-club ?]
Pas du tout. Ça flatte le côté dérisoire. Non pas que je veuille qu'on me prenne au sérieux, non, mais, je n'aime pas le bluff. Qu'on s'identifie, comme ça, dans sa tête, dans son imagination, c'est fatal, mais il ne faut surtout pas soutenir ce genre de choses. L'illusion, le rêve, c'est bien, mais il ne faut pas se laisser prendre au piège.

Je ne déchaîne pas de passion. Je préfère qu'on m'admire.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Les acteurs sont idéalisés, ils sont, obligatoirement, stéréotypés, ce ne sont plus des êtres vivants. Or je déteste les malentendus. Et je déteste décevoir.


C'est un effort pour une actrice d'être constamment regardée. Il faut le savoir. En fait, je suis très sauvage. J'ai tendance à être réservée.

Je ne suis pas tellement capable de vivre publiquement, d'être adulée. C'est peut-être une forme d'orgueil aussi : je veux être aimée pour moi-même ! Je préfère être jugée par certains plutôt que d'être adorée par une foule.

Je ne me sens pas menacée par les phénomènes de groupies. [...] Je n'y pense pas. Je suis ou folle, ou d'une naïveté incroyable, mais c'est mon caractère, mon réalisme. Je ne me mets pas à la place des gens qui se mettent dans tous leurs états quand ils me voient, parce que je ne me sens pas moi-même à une place aussi extravagante que ça.

Ça me donnerait plutôt envie de démentir, de dire aux gens qu'il ne faut pas admirer "trop", que souvent ils admirent pour de mauvaises raisons, qu'on ne peut pas admirer quelqu'un qu'on ne connaît pas, etc.

Il y a plein de gens que j'admire et que je n'ai pas envie de rencontrer. Les gens connus savent qu'on a une idée préconçue d'eux. Ça fausse tout. On va fatalement vers les déceptions.

En fait, il y a très peu de gens que j'ai envie de rencontrer. Bien sûr, il y a toujours le hasard de la rencontre, une personne qui me plaît, le charme qui opère... Mais, sinon, plus j'admire les gens, moins j'ai envie de les rencontrer. Je sais que la rencontre sera rapide, éphémère, et qu'elle ne saura jamais être à la hauteur de l'image que j'ai de cette personne. Pas parce que je risque d'être déçue, non, mais parce que ce que je connais d'elle, au travers d'une œuvre, d'une lecture, est beaucoup plus important. Et je suis d'autant moins avide de ces contacts que je n'ai pas le temps.

Le public, je ne le connais pas. Je l'aime et je respecte ses goûts, mais on ne peut pas me demander de chercher à lui plaire. S'il fallait que je fasse des choix en fonction de lui, ce serait impossible. Il faut que l'on m'accepte telle que je suis, je ne ferai aucune concession pour lui plaire.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Pour moi les films c'est vraiment fait pour le public, mais le public, c'est après, je ne veux pas y être confrontée. [...] Je ne veux pas être jugée sur le moment, je veux avoir le droit à l'erreur.

On ne peut rien contre l'opinion publique, vraiment rien ! Les gens gardent une image de vous, répercutée par les photos, ou certains échos de la presse. Cette image défie tous les changements d'emploi que vous avez pu tenter.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je ne peux pas faire des films en fonction du public uniquement. Et puis l'idée qu'on a de soi n'est pas forcément celle du public.

On ne sait jamais, en plus, ce que pense exactement de vous le public. Il n'y a pas de science exacte et on assiste à tellement de surprises d'un film à l'autre... Aujourd'hui, il ne suffit plus d'un nom à l'affiche pour faire venir les gens. Il n'y a aucun acteur qui soit vraiment un "sésame" pour les fréquentations. Et c'est tant mieux. Cela signifie que le public choisit les films, qu'il ne suffit plus d'afficher un casting prestigieux pour le convaincre d'aller au cinéma. C'est plutôt réconfortant. Il n'a plus à votre égard une adoration aveugle et sans restriction mais une réelle estime pour votre interprétation, de l'amour.

Moi, en public, c'est une partie de poker. [...] C'est une attitude, pas de défiance mais de retrait. Je ne crois qu'à l'intimité des rapports à deux, ou à trois, à la limite. Donc en public, ça n'est pas que je me méfie mais je ne peux pas correspondre avec plusieurs personnes à la fois. Donc je suis impassible, c'est vrai. C'est une attitude de convenances parce qu'il n'y a pas le choix.

Pour moi, tout se passe en tête-à-tête et rien en public. (Elle rit). En public, pour moi, c'est au cinéma, dans le noir.

Moi, j'essaie de ne pas être présente en dehors des films que je tourne, mais les gens disent "on vous voit souvent". C'est parce qu'ils me connaissent aujourd'hui plus par les films dans lesquels ils me voient, qui passent à la télévision, qu'autrement. Aujourd'hui, un acteur vit dans la mémoire du téléspectateur plus que dans la réalité du cinéma. [...] Moi, je ne suis pas productrice de mes films. Quand ils passent à la télé, ce n'est pas de mon ressort. Alors, en contrepartie, j'essaie le plus possible de créer une absence des écrans, qui ne peut être qu'éphémère, pour contrebalancer le désir que je crois indispensable à l'envie d'aller au cinéma. Or, ce désir passe forcément par un manque, une frustration, une absence. Et c'est difficile, parce que les gens n'ont plus le temps d'avoir du désir, on leur propose tellement de choses ! Ils sont comblés. [...] Du coup, je crois que les acteurs font attention à ne pas trop se montrer à la télé, je crois qu'ils y vont moins. D'un autre côté, faire la promotion du film, c'est continuer à le défendre, ça fait partie du travail de l'acteur, et puis, ne serait-ce que financièrement, le cinéma a besoin de la télévision. Mais la télé peut avoir un effet boomerang...



Le métier de star est plus géré par les autres que par soi-même. [...] J'ai une vie extrêmement privilégiée mais dans un environnement assez naturel. Etre star c'est le luxe de faire ce qui vous plaît. Ça, c'est le bon côté des choses. Cela dit, je sais que je ne peux pas aller dans un grand magasin toute seule ou passer plus de deux jours au festival de Cannes, ça me coûte trop. Les gens, les photographes, on vous attend à la sortie de l'hôtel, on se bouscule, vous êtes obligée d'aller à certains endroits, vous ne pouvez vous arrêter en route si vous voulez regarder quelque chose... Ça c'est le mauvais côté du statut de star. [...] J'en ai horreur. Je ne peux pas non plus aller dans certains quartiers à certaines heures... Je ne peux pas prendre le métro. En réalité je n'envisage pas de me trouver toute seule dans la foule. Non que j'aie peur qu'il m'arrive quoi que ce soit - les gens ne sont jamais agressifs avec moi - mais je n'aime pas devenir un centre d'attention. Et puis il y a des jours où je ne me sens pas en forme et je n'ai pas envie d'être regardée par les gens. Ces jours-là, je ne sors pas.

Pour échanger des choses profondes avec des amis, il faut avoir une complicité concrète de ce que l'on vit. D'où la difficulté de me confier en public. Il ne s'agit pas de garder un secret ou d'entretenir un mystère mais je ne veux pas tromper les gens, faire croire que je donne tout alors qu'il ne s'agit que d'une partie de moi-même.

Je me suis fait couper les cheveux, cette fois très courts, à la fin du tournage d' "Indochine". Je l'ai fait pour moi. Pas pour changer de tête, mais parce que je voulais savoir ce que cela faisait d'avoir une nuque de garçon. Et ce qui n'était, a priori, qu'un acte banal a pris une importance phénoménale en devenant presque une affaire d'Etat. Heureusement que je ne tiens pas compte de l'opinion des gens, car, à les entendre, et à la suite d'actes aussi personnels que quotidiens, il m'aurait presque fallu organiser un référendum. Oui, j'appartiens donc aux gens. Un peu. Je n'admets pas, mais je comprends qu'ils croient avoir un droit de regard sur moi. Par bonheur, la plupart ont des réactions positives. Sans cela, je serais très troublée.

Lorsque je me suis fait couper les cheveux, il y a quelques mois, cela a quasiment été une affaire d'Etat, comme s'il me fallait demander l'autorisation, par référendum, à tous ceux qui se croient propriétaires de ma personne...

Ça n'est pas ce que je préfère ; le sentiment que je peux être possédée sans être consentante. C'est un truc auquel je n'aime pas trop penser.

Les acteurs, en général, ont souvent ce qu'on appelle des groupies, des gens qui les admirent et sont aveuglés par ce qu'ils représentent. Qui ont vu tous leurs films, lisent toutes leurs interviews. On sait très bien que c'est dangereux. Il y a toujours une facette un peu inquiétante. Moi, j'ai toujours essayé, quand cela s'est produit, de mettre un peu de réalité dans tout cela, pour ramener les choses à des dimensions plus naturelles. J'essaie de me protéger de ça.

Je me suis très protégée, je suis quelqu'un de secret, de discret. Je n'aime pas parler de mes histoires. Je ne suis pas en demande de reconnaissance médiatique. Je n'ai pas le goût de ça.

Quelquefois on a envie de rencontrer les acteurs d'un film et je comprends que les gens soient fascinés, mais ils ne peuvent qu'être déçus.

Tout à l'heure, je suis arrivée chez un ami, un jeune ami, il était en train de regarder le câble et j'ai dit "Mais qu'est-ce que c'est que ça ? C'est moi ?" C'était "Peau d'âne" et je tombe sur une des plus jolies scènes, celle de la recette. Et évidemment, comment voulez-vous être à la hauteur de cette image après, quand je rencontre des petits enfants qui veulent voir héroïne de "Peau d'âne" ? Avec cette robe dorée, cette couronne, en train de chanter, faire sortir des poussins des œufs...

Moi, c'est comme si j'avais toujours su, même avant de faire du cinéma, que les acteurs n'étaient pas ces personnages merveilleux.



Je ne casse pas mon image ! Dans la vie, j'aime me présenter de façon assez impeccable. Des gens s'en tiennent à cela, il y a peut-être un refus de leur part à voir que je peux aussi être une femme cassée. Pourtant, le public aime aussi me voir "défaite"... On a toujours envie de détruire un peu celui qu'on aime. C'est une façon de se l'approprier. Quand quelqu'un est démuni, on a envie de le prendre dans ses bras, de l'aimer davantage. [...] Je ne crois pas que les gens aimeraient me voir totalement brisée... Les gens brisés nous renvoient à notre propre souffrance, c'est trop dur. Les gens aiment bien l'idée que vous êtes au bord de vous briser, mais il faut s'arrêter juste avant le précipice.

Il y a aussi des gens à qui je ne plais pas du tout. Et c'est très bien ! Cela ne m'angoisse pas, c'est même plutôt rassurant, parce que sinon, j'aurais trop l'impression d'être un stéréotype.

Les gens oublient très vite, comme si, au bout de trois ou quatre films, tout s'effaçait et ne subsistait plus qu'une vision mélangée, un peu floue. On ne retient finalement que l'image des dernières années, les photos spécialement destinées aux couvertures de magazines, plus sophistiquées et sans rapport avec le film. J'entends souvent aussi : "Ben alors, vous êtes mieux qu'à la télévision !", preuve que les gens ne vont plus au cinéma.

Ce n'est pas que je sois indifférente, mais là encore je reste fataliste : je ne me fiche pas du public, mais je ne peux pas faire mes choix uniquement en fonction de lui.

Je crois que les gens préfèrent l'image d'icône. Je crois que malgré tout, les gens préfèrent me voir blonde, souriante, voilà... je pense que même dans les films de Téchiné, je pense qu'il y a des gens qui ont du mal à m'accepter dans cette forme de nudité là parce je crois qu'il se trouve que bon l'image de l'icône ou de l'image comme ça blonde... est plus réconfortante, plus agréable à regarder je ne sais pas.

Je suis très fataliste. Je pense que les gens ont le droit de choisir ce qu'ils veulent comme moi j'ai le droit de choisir ce que je veux. Je fais des films pour que les gens aillent les voir et c'est vrai que s'il n'y avait pas de spectateurs, je crois que ça ne m'intéresserait plus. Mais en même temps, c'est vrai que je peux tenir compte du goût du public ou des gens qui m'aiment, mais en même temps je ne peux pas faire mes choix en fonction de ça, ça c'est impossible.

Il y a bien longtemps que j'ai cessé de me poser ce genre de questions, à savoir, si le public aime ou n'aime pas. J'essaie de faire ce qu'il me plaît et je ne peux en aucun cas changer mes choix ou orienter ma carrière en fonction du public.

Si une star se montre en train de faire ses courses ou de promener son chien, comment voulez-vous qu'elle suscite le désir ?

Très tôt, je me suis protégée des compliments, j'ai plus de mal avec les vacheries. C'est une question de caractère. Ça me détruit à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Parce que c'est toujours à côté, on attaque la personne privée, le physique. C'est pas parce qu'on s'expose qu'on doit être lapidé.


 

 

 

 

 

 

 

 



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