Sa carrière / Propos sur le cinéma / Le metteur en scène et les partenaires
Photos
  Biographie
Famille
 
  Presse 2010-2019
Presse 2000-2009
Presse 1990-1999
Presse 1980-1989
Presse 1960-1979
Radio et télévision
Livres
  Hommages
Dessins
Photos
  Caractère
Centres d'intérêt
Opinions
Engagements
 

Mode de vie
Style
Coups de cœur
Sorties et voyages


Ce qu'en a dit Catherine Deneuve


J'ai parfois peur de décevoir. Et ça me paralyse. Je fais partie du type d'acteur qu'il faut pousser. J'ai tendance à en faire moins que trop.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je trouve qu'il faut faire confiance à un acteur lorsqu'il estime que la phrase n'est pas juste, qu'il a des difficultés à la faire passer. Bien sûr, les acteurs n'ont pas toujours raison ! Mais il faut faire confiance à leur instinct...

En général, avec un metteur en scène, j'essaie de comprendre d'abord comment il est, comment il fonctionne, sans oublier, bien évidemment, ce dont moi j'ai besoin... Ce que j'attends surtout, c'est une espèce de cohérence entre ce qu'ils disent, ce qu'ils font, ce qu'ils ont écrit, ce qu'ils ont choisi de raconter...

Il y a une forme de pouvoir que je trouve naturel pour une actrice ou un acteur, c'est le pouvoir de convaincre, de faire partager ses points de vue... Ce sont des choses qui se discutent sur le terrain. C'est comme les épreuves de fond, ce sont des choses qu'il faut prouver à chaque fois...

Je ne peux pas être complètement dirigée. Je ne suis pas quelqu'un à qui on peut dire : "Voilà ce que tu dois faire". Je ne peux pas m'abandonner complètement à quelqu'un, ni faire les choses les yeux fermés. Ce qui est vrai, c'est que j'ai besoin de travailler avec des gens que j'estime et surtout dont le fonctionnement est, pour moi, au-dessus de tout soupçon quant à leurs motivations profondes.

Seul, un acteur ne peut pas exprimer son talent. Il a besoin d'être sollicité, dirigé, mais aussi poussé, aimé, porté, pour ne pas refaire ce qu'il a déjà fait.

C'est une situation précaire, très exposée, de jouer la comédie devant des gens qu'on ne connaît pas. Il faut se sentir un peu aimé, oui.

J'ai une voix assez ferme, une diction assez nette, et je sais que souvent les gens ont l'impression que je suis quelqu'un de très arrêté, enfermée dans un cadre. Alors que je suis au contraire une actrice qui s'abandonne assez facilement, à condition de sentir une très grande confiance dans le metteur en scène. N'étant pas vraiment capable de demi-mesure dans ce domaine, j'essaie de ne travailler qu'avec des gens avec qui je me sens en confiance. Même s'il m'arrive parfois de me tromper, ce qui compte, c'est d'être en confiance dans le travail.

Avec le temps, je trouve que les acteurs sont beaucoup plus fragiles sur eux-mêmes, il y a toujours un doute, un sentiment de la répétition, une lassitude. Quand on tourne avec des metteurs en scène qui ne vous dirigent pas, on sait qu'on est sur un registre où on ne prend pas de risques, sans même que se soit voulu ou délibéré, on est sur une lancée où l'on sait ce qu'on peut faire, ce qu'on va faire et il n'y a rien de nouveau. Ça m'est arrivé, comme tout le monde, on n'échappe pas aux mauvais films, on n'échappe pas à la convention. Une carrière, sur la longueur, est aussi faite d'aléas, ce n'est jamais entièrement idyllique.

Je suppose qu'on me considère comme une actrice exigeante, mais j'espère, dans un sens positif. Je suis comme tout le monde, je m'entends mieux avec certaines personnes qu'avec d'autres. Si je ne suis pas en confiance à propos d'un projet, je peux être sur la défensive, ou, plutôt, je me protège car je suis anxieuse.
Catherine Deneuve, Hello Magazine 1999

Quand on est invitée, entre guillemets, sur un film, comme je l'ai beaucoup été ces derniers temps, c'est un peu plus mélancolique : on n'a pas les mêmes relations avec l'équipe, on se sent plus extérieure... [...] Il faut d'ailleurs que je fasse attention à cela, à ne pas devenir une sorte de plus, de cerise sur le gâteau...

Quand on refuse un rôle à un metteur en scène, même si la raison est légitime, il lui reste toujours une petite blessure difficile à effacer.



Je souhaite travailler en harmonie avec le metteur en scène. Je n'aime pas les rapports d'antagonisme, les conflits. Il faut que je me sente en confiance. Je n'ai pas très envie de prendre des initiatives. Je veux être tenue par le metteur en scène, entrer dans son monde. Mais, si je sens, au tournage, des faiblesses et des incohérences, alors, je prends mon personnage en main et je m'y tiens. Les acteurs sont les éléments principaux d'un film. Ce sont eux qu'on regarde. Le rôle de la mise en scène est de raconter et de servir une histoire, donc, les acteurs. Une bonne mise en scène ne doit pas se voir, mais se laisser deviner.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Desservir un acteur, c'est manquer de psychologie, ne pas savoir le mettre en situation, ne pas savoir le diriger. Mais c'est surtout manquer de psychologie : un metteur en scène n'a pas le droit de ne pas savoir, de ne pas sentir qu'un acteur, ce n'est pas la même chose qu'une machine, qu'une caméra...


J'aime bien qu'on me laisse faire, mais je suis quand même quelqu'un qui a besoin d'être poussé, parce que je suis un peu timide encore. Mais j'aime bien évidemment être libre. Je n'aimerais pas quelqu'un qui m'étoufferait, car je serais blessée. Je suis étonnée quand je vois certains metteurs en scène. Je me dis : comment peut-on être metteur en scène si l'on n'a pas appris avant toute chose à parler aux acteurs ? Un metteur en scène qui ne sait pas parler aux acteurs, c'est quelqu'un qui est infirme, parce que tout ce qu'il fait, tout ce qu'il veut (peu importe la technique), tout passe à travers les acteurs. Il faut apprendre à parler à l'acteur.

Moi qui suis assez réaliste, critique, qui demande beaucoup, il faut que j'aie une confiance très grande dans la personne qui me dirige, et du coup, ma confiance devient totale, j'accepte même de faire certaines choses que je ne comprends pas, ce qui ne me gêne pas.

C'est un des reproches que je ferais aux metteurs en scène en général, de souvent manquer de psychologie par rapport aux acteurs, de ne pas se rendre pas compte à quel point les acteurs peuvent se fermer du fait de leur fragilité, dès lors qu'on leur dit des choses trop brusquement, dans le feu de l'action. J'ai souvent vu ça, même avec des metteurs en scène ayant des rapports privilégiés avec les acteurs.

Je suis une femme de terrain et d'instinct, et je ne travaille qu'avec des gens que je connais bien. J'ai besoin d'avoir une relation de confiance, vraiment amicale avec le metteur en scène. Et j'ai besoin d'être poussée, il faut qu'il me pousse dans la bonne direction et m'aide à aller plus haut, un ton au-dessus, parce que j'ai tendance à jouer un cran en dessous.

Quant à l'abandon, j'ai besoin, pour aller loin, de travailler avec des gens en qui j'ai une confiance totale et qui me poussent. J'ai besoin d'être poussée...

Il faut que je sente chaque scène indispensable. Enfin, cohérente. Utile. Il faut qu'il y ait une vraie justification de la part du réalisateur. Un coup de cœur, un coup de tête, mais une raison.

Moi, si on ne me donne pas les moyens de bouger, d'avancer, de progresser, je perds pied. l'ai besoin qu'on me parle, qu'on me pousse...

J'aime bien qu'on me laisse faire, mais je suis quand même quelqu'un qui a besoin d'être libre. Je n'aimerais pas quelqu'un qui m'étoufferait, car je serais blessée.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je suis très malheureuse lorsque, pour des raisons souvent techniques - parce que je suis au maquillage pendant que le metteur en scène prépare la scène -, j'arrive et qu'on me dit : "Eh bien, voilà, ce sera là". J'aime être là quand que le metteur en scène est en train de réfléchir à la mise en place, à la manière dont il conçoit la scène ou le plan. En même temps, quand un metteur en scène vous dit : "Bon, il faudra être là pour la mise en place", on sait qu'il faut être disponible, en forme, et on n'a qu'une heure pour trouver. Les metteurs en scène sont parfois complexés par le fait que, du fait. que les acteurs sont là, il faille tout de suite trouver, sans oser dire qu'ils n'ont pas encore trouvé comment faire la scène. Certains metteurs en scène sont suffisamment ouverts pour savoir qu'on a le droit de ne pas savoir.

Je me sens en général plus à l'aise dans les premières prises, quitte parfois à me tromper complètement. Mais si les plans sont très compliqués, on s'aperçoit parfois qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de prises. [...] Mais je souffre un peu quand même. Quand on dit : "Coupez !, on la refait !", au bout de la cinquième, de la sixième ou de la septième prise, s'il n'y a rien eu de particulier, l'acteur se met à douter terriblement. Mais c'est souvent très positif, si l'on sait que le metteur en scène veut quelque chose, qui n'est pas encore sorti, qui n'est pas là. N'empêche qu'au bout de dix prises, on est quand même un peu angoissé. S'il n'y a pas eu d'accidents de texte, ou de pépins techniques, on sait que ça vient forcément des acteurs, et qu'il y a quelque chose qui n'est pas encore là.

Lorsqu'on découpe énormément, quand on fait des plans larges, des plans rapprochés, des gros plans, un plan à droite, un plan à gauche, on ne sait plus bien ce qu'on fait... Moi, en tout cas. Peut-être parce que j'ai été habituée à ces metteurs en scène qui avaient un langage cinématographique, qui recherchaient davantage à aller dans les sens de la scène qu'à faire des effets...



C'est vraiment très fréquent que les cinéastes aient leur regard sur le combo. C'est comme un regard éloigné et qui juge, ce n'est pas un regard sur vous qui vous soutient. Il y a quelque chose de physique, une vibration, là-dessus, je suis tout à fait d'accord. C'est aussi pour cette raison que le cadreur est très important, même si c'est quelqu'un avec qui on ne parle jamais. C'est la personne, après le metteur en scène et l'ingénieur du son, dont on est le plus proche, celle qui sait le mieux et qui a vu vraiment.

Moi, personnellement, je suis contre la vidéo sur les tournages. Pour "La guerre des étoiles", pourquoi pas ? Mais diriger les acteurs en les regardant sur un écran, ça me semble incroyable, oui. Très déplaisant...

Je suis toujours catastrophée par la présence du combo sur un tournage. Le combo ramène à quelque chose d'extrêmement concret ce qui n'est qu'une image partielle, il rend objectif ce qui doit rester totalement subjectif. C'est un instrument de vérité, qui dit la vérité tout en mentant, puisque le film terminé dira autre chose. Il crée un autre centre d'intérêt, qui peut incroyablement déconcentrer l'équipe du tournage. C'est un sujet de discussion sévère avec les metteurs en scène, d'autant qu'on l'utilise de plus en plus. Quand il y a des scènes compliquées, techniquement difficiles, je comprends que ce soit agréable et utile de vérifier sur un moniteur, mais le nombre de fois où l'on voit un metteur en scène en train de regarder son moniteur au lieu de regarder le visage de ses comédiens... Alors que, curieusement, l'écoute au casque est toujours exacte. Si j'ai un doute concernant une prise, je refuse de regarder le combo, je préfère écouter au casque : je sais que si c'est bien au casque, alors la prise est bonne. On ne dira jamais assez à quel point la bande son d'un film compte pour cinquante pour cent.

Le son, aussi, me passionne. A mes yeux, c'est 30 % de la réussite d'une image. Et on n'y attache pas toujours l'importance qu'il faudrait. C'est vrai, quand on répète et que surgissent des problèmes de son, il arrive toujours un moment où tout le monde s'énerve et dit "Allez, on tourne quand même", avec la certitude que ça s'arrangera au studio. On ne devrait pas !

Il y a la fameuse histoire du "combo" ! C'est mon cheval de bataille, ça ! Le combo, c'est ce petit écran témoin - très pervers, selon moi - qui permet de visionner une prise pendant ou aussitôt après l'avoir tournée. Pour une scène techniquement difficile, c'est utile. Seulement, sur certains tournages, vous sentez l'attention de toute l'équipe se concentrer non pas sur ce qui se tourne, mais sur le reflet donné par le combo. Un reflet tellement exact qu'il fait peur. Parce qu'il prive la caméra et, même, l'acteur de la part de liberté indispensable. Bref, sur "Les voleurs", j'ai fait des déclarations incendiaires sur le combo à Libération, et André s'est senti visé. Il doit s'en souvenir...

Ce qui m'a le plus agréablement surprise [sur le tournage du "Couvent"], c'est l'absence de contrôle vidéo, cette plaie qui envahit aujourd'hui pratiquement tous les tournages. C'est très perturbant pour les acteurs qui, après la prise, se ruent pour se regarder, sans doute par angoisse ou curiosité. Moi, je ne veux même pas me voir là-dessus, c'est entièrement faux, c'est comme si on enregistrait un disque et qu'on aille dans le local technique écouter le résultat avec un son de radio pourri. C'est plat, c'est moche, c'est sans mystère, ça ne révèle que les défauts et c'est parfaitement objectif, bref, c'est le contraire du cinéma. Si on avait tout surveillé à la vidéo sur le tournage de Citizen Kane, je suis certaine que Welles se serait empêché certaines audaces. Ne serait-ce que son utilisation de la profondeur de champ qui n'existe pas en vidéo.

C'est difficile de tourner avec des femmes. [...] C'est un constat que je peux faire aujourd'hui, sans forcément me l'expliquer. La nature humaine a un sens et on peut supposer qu'être du sexe opposé est finalement plus complémentaire qu'on ne le croit. Et cela n'a rien à voir avec l'amour que j'ai pour les femmes ou l'affection que je porte aux réalisatrices avec lesquelles j'ai travaillé. Mais c'est difficile. Peut-être que, tout à coup, c'est un univers trop féminin pour moi.

Les femmes sont assez audacieuses pour parler des choses de l'amour. Elles ont un point de vue plus acéré, et aussi moins de difficulté et de gêne à filmer les choses qu'elles ont écrites. Elles sont plus pugnaces vis-à-vis des acteurs et des actrices quand il s'agit d'obtenir ce qu'elles ont en tête. Tandis que les metteurs en scène hommes ont parfois tendance à renoncer devant la pudeur des acteurs et la leur.

Le gros plan me fait souffrir par ce que je n'ai alors d'autre partenaire que la caméra ou qu'une marque à la craie à côté de l'objectif. Je n'éprouve aucun plaisir à être ainsi bloquée. Immobilisée.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je préfère avoir un partenaire que de jouer seule. Mais cela dépend des gens : il y a des acteurs qui aiment jouer vraiment, avoir un texte à défendre. Moi, je préférerais toujours les yeux de quelqu'un en face de moi.

J'adore jouer avec de jeunes acteurs, j'adore les jeunes gens, filles et garçons, car il y a une envie, une passion, une énergie qu'on ne trouve pas toujours lors des rencontres avec d'autres partenaires. C'est certain qu'il y a aussi un côté maternel.

Ce qu'en ont dit ses partenaires et réalisateurs


Catherine est une femme d'une grande intelligence, c'est la marque de sa fonction d'actrice. Sur un plateau, elle est sensible à tout ce qui se passe autour d'elle. Il y a peu de choses qui lui échappent. Parce que c'est une remarquable comédienne, elle se méfie du personnage, elle se méfie des films qu'elle tourne. Ce qui compte pour elle, c'est la relation de confiance avec le metteur en scène, sans aucune arrière-pensée. La lumière, le son, les décors, elle est sensible à tout cela. C'est une actrice qui "apporte des cadeaux". C'est-à-dire que sur le plateau, elle va au-delà de ce qui avait été écrit pour elle. Une actrice non conventionnelle, voilà l'un de ses secrets.
Alain Corneau, Télé Star 1984

Ce qu'il y a de frappant en Catherine, c'est qu'il y a un double personnage en elle. Dans la vie, c'est vraiment ce que j'appellerais une "Normande", une femme très active, très proche de la nature, très logique, bref, une terrienne. Sa vie de comédienne l'oblige à être différente, car on ne peut pas être à la fois comédienne et terrienne. Un acteur vit dans l'imaginaire et il ne peut y avoir aucune logique dans le métier de comédien. A partir de l'instant où elle aborde son métier, Catherine devient autre, elle apparaît plus distante, plus retranchée, moins chaleureuse, moins proche des choses de la vie. On parle toujours de Catherine comme d'un être glacé or, elle est tout à fait le contraire de cela. Mais je crois qu'elle a suffisamment de force et de pudeur pour se donner cette apparence qui, en fait, lui sert à se protéger. De plus, les rôles qu'on lui a offerts contribuent à lui donner cette image. On lui a souvent fait jouer des femmes de tête — ce qu'elle est — mais en même temps, elle est vulnérable, ce qui fait sa séduction et son charme pour un metteur en scène, car elle est capable de faire passer, à travers les personnages glacés qu'on lui confie, cette espèce de feu intérieur qui est en elle. C'est une très grande comédienne qui se montre à chaque fois encore meilleure. Elle donne l'impression de pouvoir offrir plus et d'être en deçà de ses possibilités, un peu comme un très grand danseur qui exécuterait six entrechats merveilleux et que l'on sent capable d'en faire neuf.
Philippe de Broca, Jours de France 1983

C'est la seule, et même parmi les actrices connues, qui ait une représentation exacte de son image au cinéma. Elle sait exactement comment elle va être dans tel ou tel plan, comment sera la lumière, elle comprend le tournage aussi bien qu'un metteur en scène, elle a une expérience inouïe du cinéma. Elle ne se trompe pas et c'est pour cela que sa carrière est exceptionnelle, non seulement par la qualité mais par sa longévité.

Francis Girod, Marie-Claire 1984

Avec Catherine, j'ai toujours l'impression de pouvoir aller plus loin ; j'ai la chance qu'elle accepte de se mettre en danger dans les rôles que je lui propose. C'est vraiment une interprète idéale parce que, contrairement à d'autres acteurs, elle ne projette aucun cliché psychologique dans le personnage. Très souvent, les acteurs se font une idée de leur personnage mais, n'étant ni scénaristes ni cinéastes, cette idée du personnage est terriblement "clicheteuse". Ils manquent de perspicacité pour donner sa complexité à un personnage, ce qui débouche souvent sur des réductions un peu banales. Deneuve échappe à ça. Elle ne tire jamais le personnage vers des simplifications qui risqueraient d'être caricaturales.
André Téchiné, Les Cahiers du Cinéma 1986

Je connais un peu Catherine dans la vie, mais, sur l'écran, au bout de quatre films, le mystère reste insondable qui me donne envie de tourner avec elle, sans fin... Peut-être parce qu'elle n'est jamais là où on l'attend. Toujours ailleurs. Toujours en avance. A tel point que, dans certains films, ses partenaires - et, parfois, ses metteurs en scène - ont du mal à la suivre : ils ne vont pas assez vite. Elle dit ses répliques à toute allure et, en même temps, les module. Elle a, donc, la rapidité et le contraire de la rapidité. Elle peut, soudain, devenir un masque d'une extrême violence. Elle vous contemple et, soudain, vous confond. Elle est opaque et légère. Et le geste le plus simple, avec elle, devient mystérieux. Elle ne fait jamais "son intéressante" comme on disait jadis, elle a, au contraire, un jeu minimaliste. Mais elle arrive à créer un suspense rien qu'en portant un verre à ses lèvres. Et, quand elle parle, c'est plus mystérieux encore : cette voix qui s'échappe, une ligne de fuite perpétuelle...


Ce qui est agréable quand je travaille avec Catherine, quand je lui indique une proposition, c'est qu'elle réagit, intervient, corrige si besoin. On discute. C'est un vrai dialogue de confiance.
Régis Wargnier, Livre "Est-ouest, journal d'un tournage" 1999

Catherine entre dans un film pour le meilleur, et c'est à nous, les metteurs en scène, d'être à la hauteur du rêve partagé.
Régis Wargnier, Livre "Est-ouest, journal d'un tournage" 1999

 



Documents associés