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Ce qu'en a dit Catherine
Deneuve

J'ai parfois peur de décevoir.
Et ça me paralyse. Je fais partie du type d'acteur qu'il faut
pousser. J'ai tendance à en faire moins que trop. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Je trouve qu'il faut faire confiance à
un acteur lorsqu'il estime que la phrase n'est pas juste, qu'il a
des difficultés à la faire passer. Bien sûr, les
acteurs n'ont pas toujours raison ! Mais il faut faire confiance à
leur instinct... |
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En général, avec un metteur en scène,
j'essaie de comprendre d'abord comment il est, comment il fonctionne,
sans oublier, bien évidemment, ce dont moi j'ai besoin... Ce
que j'attends surtout, c'est une espèce de cohérence
entre ce qu'ils disent, ce qu'ils font, ce qu'ils ont écrit,
ce qu'ils ont choisi de raconter... |
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Il y a une forme de pouvoir
que je trouve naturel pour une actrice ou un acteur, c'est le pouvoir
de convaincre, de faire partager ses points de vue... Ce sont des
choses qui se discutent sur le terrain. C'est comme les épreuves
de fond, ce sont des choses qu'il faut prouver à chaque fois... |
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Je ne peux pas être
complètement dirigée. Je ne suis pas quelqu'un à
qui on peut dire : "Voilà ce que tu dois faire".
Je ne peux pas m'abandonner complètement à quelqu'un,
ni faire les choses les yeux fermés. Ce qui est vrai, c'est
que j'ai besoin de travailler avec des gens que j'estime et surtout
dont le fonctionnement est, pour moi, au-dessus de tout soupçon
quant à leurs motivations profondes. |
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Seul, un acteur ne peut
pas exprimer son talent. Il a besoin d'être sollicité,
dirigé, mais aussi poussé, aimé, porté,
pour ne pas refaire ce qu'il a déjà fait. |
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C'est une situation précaire,
très exposée, de jouer la comédie devant des
gens qu'on ne connaît pas. Il faut se sentir un peu aimé,
oui. |
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J'ai une voix assez ferme,
une diction assez nette, et je sais que souvent les gens ont l'impression
que je suis quelqu'un de très arrêté, enfermée
dans un cadre. Alors que je suis au contraire une actrice qui s'abandonne
assez facilement, à condition de sentir une très grande
confiance dans le metteur en scène. N'étant pas vraiment
capable de demi-mesure dans ce domaine, j'essaie de ne travailler
qu'avec des gens avec qui je me sens en confiance. Même s'il
m'arrive parfois de me tromper, ce qui compte, c'est d'être
en confiance dans le travail. |
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Avec le temps, je trouve
que les acteurs sont beaucoup plus fragiles sur eux-mêmes, il
y a toujours un doute, un sentiment de la répétition,
une lassitude. Quand on tourne avec des metteurs en scène qui
ne vous dirigent pas, on sait qu'on est sur un registre où
on ne prend pas de risques, sans même que se soit voulu ou délibéré,
on est sur une lancée où l'on sait ce qu'on peut faire,
ce qu'on va faire et il n'y a rien de nouveau. Ça m'est arrivé,
comme tout le monde, on n'échappe pas aux mauvais films, on
n'échappe pas à la convention. Une carrière,
sur la longueur, est aussi faite d'aléas, ce n'est jamais entièrement
idyllique. |
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Je suppose qu'on me considère
comme une actrice exigeante, mais j'espère, dans un sens positif.
Je suis comme tout le monde, je m'entends mieux avec certaines personnes
qu'avec d'autres. Si je ne suis pas en confiance à propos d'un
projet, je peux être sur la défensive, ou, plutôt,
je me protège car je suis anxieuse. |
Catherine Deneuve, Hello Magazine
1999
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Quand on est invitée,
entre guillemets, sur un film, comme je l'ai beaucoup été
ces derniers temps, c'est un peu plus mélancolique : on n'a
pas les mêmes relations avec l'équipe, on se sent plus
extérieure... [...] Il faut d'ailleurs que je fasse attention
à cela, à ne pas devenir une sorte de plus, de cerise
sur le gâteau... |
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Quand
on refuse un rôle à un metteur en scène, même
si la raison est légitime, il lui reste toujours une petite
blessure difficile à effacer. |
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Je souhaite travailler
en harmonie avec le metteur en scène. Je n'aime pas les rapports
d'antagonisme, les conflits. Il faut que je me sente en confiance.
Je n'ai pas très envie de prendre des initiatives. Je veux
être tenue par le metteur en scène, entrer dans son monde.
Mais, si je sens, au tournage, des faiblesses et des incohérences,
alors, je prends mon personnage en main et je m'y tiens. Les acteurs
sont les éléments principaux d'un film. Ce sont eux
qu'on regarde. Le rôle de la mise en scène est de raconter
et de servir une histoire, donc, les acteurs. Une bonne mise en scène
ne doit pas se voir, mais se laisser deviner. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Desservir un acteur, c'est
manquer de psychologie, ne pas savoir le mettre en situation, ne pas
savoir le diriger. Mais c'est surtout manquer de psychologie : un
metteur en scène n'a pas le droit de ne pas savoir, de ne pas
sentir qu'un acteur, ce n'est pas la même chose qu'une machine,
qu'une caméra... |
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J'aime bien qu'on me laisse
faire, mais je suis quand même quelqu'un qui a besoin d'être
poussé, parce que je suis un peu timide encore. Mais j'aime
bien évidemment être libre. Je n'aimerais pas quelqu'un
qui m'étoufferait, car je serais blessée. Je suis étonnée
quand je vois certains metteurs en scène. Je me dis : comment
peut-on être metteur en scène si l'on n'a pas appris
avant toute chose à parler aux acteurs ? Un metteur en scène
qui ne sait pas parler aux acteurs, c'est quelqu'un qui est infirme,
parce que tout ce qu'il fait, tout ce qu'il veut (peu importe la technique),
tout passe à travers les acteurs. Il faut apprendre à
parler à l'acteur. |
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Moi qui suis assez réaliste,
critique, qui demande beaucoup, il faut que j'aie une confiance très
grande dans la personne qui me dirige, et du coup, ma confiance devient
totale, j'accepte même de faire certaines choses que je ne comprends
pas, ce qui ne me gêne pas. |
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C'est un des reproches
que je ferais aux metteurs en scène en général,
de souvent manquer de psychologie par rapport aux acteurs, de ne pas
se rendre pas compte à quel point les acteurs peuvent se fermer
du fait de leur fragilité, dès lors qu'on leur dit des
choses trop brusquement, dans le feu de l'action. J'ai souvent vu
ça, même avec des metteurs en scène ayant des
rapports privilégiés avec les acteurs. |
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Je suis une femme de terrain et d'instinct, et
je ne travaille qu'avec des gens que je connais bien. J'ai besoin
d'avoir une relation de confiance, vraiment amicale avec le metteur
en scène. Et j'ai besoin d'être poussée, il faut
qu'il me pousse dans la bonne direction et m'aide à aller plus
haut, un ton au-dessus, parce que j'ai tendance à jouer un
cran en dessous. |
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Quant à l'abandon,
j'ai besoin, pour aller loin, de travailler avec des gens en qui j'ai
une confiance totale et qui me poussent. J'ai besoin d'être
poussée... |
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Il faut que je sente chaque scène
indispensable. Enfin, cohérente. Utile. Il faut qu'il y ait
une vraie justification de la part du réalisateur. Un coup
de cur, un coup de tête, mais une raison. |
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Moi, si on ne me donne
pas les moyens de bouger, d'avancer, de progresser, je perds pied.
l'ai besoin qu'on me parle, qu'on me pousse... |
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J'aime bien qu'on me laisse
faire, mais je suis quand même quelqu'un qui a besoin d'être
libre. Je n'aimerais pas quelqu'un qui m'étoufferait, car je
serais blessée. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Je suis très malheureuse
lorsque, pour des raisons souvent techniques - parce que je suis au
maquillage pendant que le metteur en scène prépare la
scène -, j'arrive et qu'on me dit : "Eh bien, voilà,
ce sera là". J'aime être là quand que le
metteur en scène est en train de réfléchir à
la mise en place, à la manière dont il conçoit
la scène ou le plan. En même temps, quand un metteur
en scène vous dit : "Bon, il faudra être là
pour la mise en place", on sait qu'il faut être disponible,
en forme, et on n'a qu'une heure pour trouver. Les metteurs en scène
sont parfois complexés par le fait que, du fait. que les acteurs
sont là, il faille tout de suite trouver, sans oser dire qu'ils
n'ont pas encore trouvé comment faire la scène. Certains
metteurs en scène sont suffisamment ouverts pour savoir qu'on
a le droit de ne pas savoir. |
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Je me sens en général
plus à l'aise dans les premières prises, quitte parfois
à me tromper complètement. Mais si les plans sont très
compliqués, on s'aperçoit parfois qu'il est nécessaire
de faire un certain nombre de prises. [...] Mais je souffre un peu
quand même. Quand on dit : "Coupez !, on la refait !",
au bout de la cinquième, de la sixième ou de la septième
prise, s'il n'y a rien eu de particulier, l'acteur se met à
douter terriblement. Mais c'est souvent très positif, si l'on
sait que le metteur en scène veut quelque chose, qui n'est
pas encore sorti, qui n'est pas là. N'empêche qu'au bout
de dix prises, on est quand même un peu angoissé. S'il
n'y a pas eu d'accidents de texte, ou de pépins techniques,
on sait que ça vient forcément des acteurs, et qu'il
y a quelque chose qui n'est pas encore là. |
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Lorsqu'on découpe énormément,
quand on fait des plans larges, des plans rapprochés, des gros
plans, un plan à droite, un plan à gauche, on ne sait
plus bien ce qu'on fait... Moi, en tout cas. Peut-être parce
que j'ai été habituée à ces metteurs en
scène qui avaient un langage cinématographique, qui
recherchaient davantage à aller dans les sens de la scène
qu'à faire des effets... |
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C'est vraiment très
fréquent que les cinéastes aient leur regard sur le
combo. C'est comme un regard éloigné et qui juge, ce
n'est pas un regard sur vous qui vous soutient. Il y a quelque chose
de physique, une vibration, là-dessus, je suis tout à
fait d'accord. C'est aussi pour cette raison que le cadreur est très
important, même si c'est quelqu'un avec qui on ne parle jamais.
C'est la personne, après le metteur en scène et l'ingénieur
du son, dont on est le plus proche, celle qui sait le mieux et qui
a vu vraiment. |
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Moi, personnellement,
je suis contre la vidéo sur les tournages. Pour "La guerre
des étoiles", pourquoi pas ? Mais diriger les acteurs
en les regardant sur un écran, ça me semble incroyable,
oui. Très déplaisant... |
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Je suis toujours catastrophée
par la présence du combo sur un tournage. Le combo ramène
à quelque chose d'extrêmement concret ce qui n'est qu'une
image partielle, il rend objectif ce qui doit rester totalement subjectif.
C'est un instrument de vérité, qui dit la vérité
tout en mentant, puisque le film terminé dira autre chose.
Il crée un autre centre d'intérêt, qui peut incroyablement
déconcentrer l'équipe du tournage. C'est un sujet de
discussion sévère avec les metteurs en scène,
d'autant qu'on l'utilise de plus en plus. Quand il y a des scènes
compliquées, techniquement difficiles, je comprends que ce
soit agréable et utile de vérifier sur un moniteur,
mais le nombre de fois où l'on voit un metteur en scène
en train de regarder son moniteur au lieu de regarder le visage de
ses comédiens... Alors que, curieusement, l'écoute au
casque est toujours exacte. Si j'ai un doute concernant une prise,
je refuse de regarder le combo, je préfère écouter
au casque : je sais que si c'est bien au casque, alors la prise est
bonne. On ne dira jamais assez à quel point la bande son d'un
film compte pour cinquante pour cent. |
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Le son, aussi, me passionne. A mes
yeux, c'est 30 % de la réussite d'une image. Et on n'y attache
pas toujours l'importance qu'il faudrait. C'est vrai, quand on répète
et que surgissent des problèmes de son, il arrive toujours
un moment où tout le monde s'énerve et dit "Allez,
on tourne quand même", avec la certitude que ça
s'arrangera au studio. On ne devrait pas ! |
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Il y a la fameuse histoire
du "combo" ! C'est mon cheval de bataille, ça ! Le
combo, c'est ce petit écran témoin - très pervers,
selon moi - qui permet de visionner une prise pendant ou aussitôt
après l'avoir tournée. Pour une scène techniquement
difficile, c'est utile. Seulement, sur certains tournages, vous sentez
l'attention de toute l'équipe se concentrer non pas sur ce
qui se tourne, mais sur le reflet donné par le combo. Un reflet
tellement exact qu'il fait peur. Parce qu'il prive la caméra
et, même, l'acteur de la part de liberté indispensable.
Bref, sur "Les voleurs", j'ai fait des déclarations
incendiaires sur le combo à Libération, et André
s'est senti visé. Il doit s'en souvenir... |
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Ce qui m'a le plus agréablement surprise
[sur le tournage du "Couvent"], c'est l'absence de contrôle
vidéo, cette plaie qui envahit aujourd'hui pratiquement tous
les tournages. C'est très perturbant pour les acteurs qui,
après la prise, se ruent pour se regarder, sans doute par angoisse
ou curiosité. Moi, je ne veux même pas me voir là-dessus,
c'est entièrement faux, c'est comme si on enregistrait un disque
et qu'on aille dans le local technique écouter le résultat
avec un son de radio pourri. C'est plat, c'est moche, c'est sans mystère,
ça ne révèle que les défauts et c'est
parfaitement objectif, bref, c'est le contraire du cinéma.
Si on avait tout surveillé à la vidéo sur le
tournage de Citizen Kane, je suis certaine que Welles se serait empêché
certaines audaces. Ne serait-ce que son utilisation de la profondeur
de champ qui n'existe pas en vidéo. |
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C'est difficile de tourner
avec des femmes. [...] C'est un constat que je peux faire aujourd'hui,
sans forcément me l'expliquer. La nature humaine a un sens
et on peut supposer qu'être du sexe opposé est finalement
plus complémentaire qu'on ne le croit. Et cela n'a rien à
voir avec l'amour que j'ai pour les femmes ou l'affection que je porte
aux réalisatrices avec lesquelles j'ai travaillé. Mais
c'est difficile. Peut-être que, tout à coup, c'est un
univers trop féminin pour moi. |
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Les femmes sont assez
audacieuses pour parler des choses de l'amour. Elles ont un point
de vue plus acéré, et aussi moins de difficulté
et de gêne à filmer les choses qu'elles ont écrites.
Elles sont plus pugnaces vis-à-vis des acteurs et des actrices
quand il s'agit d'obtenir ce qu'elles ont en tête. Tandis que
les metteurs en scène hommes ont parfois tendance à
renoncer devant la pudeur des acteurs et la leur. |
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Le gros plan me fait souffrir
par ce que je n'ai alors d'autre partenaire que la caméra ou
qu'une marque à la craie à côté de l'objectif.
Je n'éprouve aucun plaisir à être ainsi bloquée.
Immobilisée. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Je préfère avoir un partenaire que
de jouer seule. Mais cela dépend des gens : il y a des acteurs
qui aiment jouer vraiment, avoir un texte à défendre.
Moi, je préférerais toujours les yeux de quelqu'un en
face de moi. |
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J'adore jouer avec de
jeunes acteurs, j'adore les jeunes gens, filles et garçons,
car il y a une envie, une passion, une énergie qu'on ne trouve
pas toujours lors des rencontres avec d'autres partenaires. C'est
certain qu'il y a aussi un côté maternel. |
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Ce qu'en ont
dit ses partenaires et réalisateurs

Catherine est une femme d'une grande
intelligence, c'est la marque de sa fonction d'actrice. Sur un plateau,
elle est sensible à tout ce qui se passe autour d'elle. Il
y a peu de choses qui lui échappent. Parce que c'est une remarquable
comédienne, elle se méfie du personnage, elle se méfie
des films qu'elle tourne. Ce qui compte pour elle, c'est la relation
de confiance avec le metteur en scène, sans aucune arrière-pensée.
La lumière, le son, les décors, elle est sensible à
tout cela. C'est une actrice qui "apporte des cadeaux".
C'est-à-dire que sur le plateau, elle va au-delà de
ce qui avait été écrit pour elle. Une actrice
non conventionnelle, voilà l'un de ses secrets. |
Alain Corneau, Télé
Star 1984
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Ce qu'il y a de frappant
en Catherine, c'est qu'il y a un double personnage en elle. Dans la
vie, c'est vraiment ce que j'appellerais une "Normande",
une femme très active, très proche de la nature, très
logique, bref, une terrienne. Sa vie de comédienne l'oblige
à être différente, car on ne peut pas être
à la fois comédienne et terrienne. Un acteur vit dans
l'imaginaire et il ne peut y avoir aucune logique dans le métier
de comédien. A partir de l'instant où elle aborde son
métier, Catherine devient autre, elle apparaît plus distante,
plus retranchée, moins chaleureuse, moins proche des choses
de la vie. On parle toujours de Catherine comme d'un être glacé
or, elle est tout à fait le contraire de cela. Mais je crois
qu'elle a suffisamment de force et de pudeur pour se donner cette
apparence qui, en fait, lui sert à se protéger. De plus,
les rôles qu'on lui a offerts contribuent à lui donner
cette image. On lui a souvent fait jouer des femmes de tête
ce qu'elle est mais en même temps, elle est vulnérable,
ce qui fait sa séduction et son charme pour un metteur en scène,
car elle est capable de faire passer, à travers les personnages
glacés qu'on lui confie, cette espèce de feu intérieur
qui est en elle. C'est une très grande comédienne qui
se montre à chaque fois encore meilleure. Elle donne l'impression
de pouvoir offrir plus et d'être en deçà de ses
possibilités, un peu comme un très grand danseur qui
exécuterait six entrechats merveilleux et que l'on sent capable
d'en faire neuf. |
Philippe de Broca, Jours de France
1983
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C'est la seule, et même
parmi les actrices connues, qui ait une représentation exacte
de son image au cinéma. Elle sait exactement comment elle va
être dans tel ou tel plan, comment sera la lumière, elle
comprend le tournage aussi bien qu'un metteur en scène, elle
a une expérience inouïe du cinéma. Elle ne se trompe
pas et c'est pour cela que sa carrière est exceptionnelle,
non seulement par la qualité mais par sa longévité.
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Francis Girod, Marie-Claire 1984
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Avec Catherine, j'ai toujours l'impression
de pouvoir aller plus loin ; j'ai la chance qu'elle accepte de se
mettre en danger dans les rôles que je lui propose. C'est vraiment
une interprète idéale parce que, contrairement à
d'autres acteurs, elle ne projette aucun cliché psychologique
dans le personnage. Très souvent, les acteurs se font une idée
de leur personnage mais, n'étant ni scénaristes ni cinéastes,
cette idée du personnage est terriblement "clicheteuse".
Ils manquent de perspicacité pour donner sa complexité
à un personnage, ce qui débouche souvent sur des réductions
un peu banales. Deneuve échappe à ça. Elle ne
tire jamais le personnage vers des simplifications qui risqueraient
d'être caricaturales. |
André Téchiné,
Les Cahiers du Cinéma 1986
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Je connais un peu Catherine dans la vie, mais,
sur l'écran, au bout de quatre films, le mystère reste
insondable qui me donne envie de tourner avec elle, sans fin...
Peut-être parce qu'elle n'est jamais là où on
l'attend. Toujours ailleurs. Toujours en avance. A tel point que,
dans certains films, ses partenaires - et, parfois, ses metteurs
en scène - ont du mal à la suivre : ils ne vont pas
assez vite. Elle dit ses répliques à toute allure
et, en même temps, les module. Elle a, donc, la rapidité
et le contraire de la rapidité. Elle peut, soudain, devenir
un masque d'une extrême violence. Elle vous contemple et,
soudain, vous confond. Elle est opaque et légère.
Et le geste le plus simple, avec elle, devient mystérieux.
Elle ne fait jamais "son intéressante" comme on
disait jadis, elle a, au contraire, un jeu minimaliste. Mais elle
arrive à créer un suspense rien qu'en portant un verre
à ses lèvres. Et, quand elle parle, c'est plus mystérieux
encore : cette voix qui s'échappe, une ligne de fuite perpétuelle...
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Ce qui est agréable quand
je travaille avec Catherine, quand je lui indique une proposition,
c'est qu'elle réagit, intervient, corrige si besoin. On discute.
C'est un vrai dialogue de confiance. |
Régis Wargnier, Livre "Est-ouest,
journal d'un tournage" 1999
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Catherine entre dans un film pour
le meilleur, et c'est à nous, les metteurs en scène,
d'être à la hauteur du rêve partagé. |
Régis Wargnier, Livre "Est-ouest,
journal d'un tournage" 1999
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