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Pour ma part, je refuse
d'être en représentation dans la vie, je ne veux pas
être toujours apprêtée, mais pouvoir librement
me promener, m'habiller comme je veux, en somme être naturelle.
Mais en même temps je ne refuserai pas de jouer le jeu quand
il le faut, car par son métier, par l'image qu'elle donne d'elle-même,
une actrice se doit de se montrer aussi dans la vie à son avantage,
très belle, très arrangée, très sophistiquée
même, cela fait partie de sa personnalité. C'est aussi
une question de respect pour le public, ne pas avoir l'air de dire
: que la représentation que je vous donne sur l'écran
vous suffise... Mais surtout ne pas être esclave du rôle. |
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Je
n'ai jamais eu d'attaché de presse personnel, jamais eu une
conception globale, mais c'est vrai que j'ai eu l'instinct de garder
un certain recul. Je me demande toujours si ce que je suis supposée
faire est bien pour moi, bien pour le film. |
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J'ai simplement précisé
en arrivant [aux Etats-Unis] que je n'accepterais pas de rencontrer
tout le monde sytématiquement, que je voulais avoir un droit
de regard sur tout ce qui me concernait afin que l'on ne m'entraîne
pas sans cesse dans des réceptions, conférences de presse
ou cocktails. Ce qui ne m'a pas empêchée, pendant des
journées de travail très fatigantes qui représentaient
douze heures hors de chez moi, de rencontrer énormément
de gens, d'accorder des entretiens - mais toujours dans le cadre du
tournage - et en refusant effectivement la plupart des photos que
l'on me demandait de faire, car j'estime qu'il faut être très
difficile sur ce plan et puis je n'aime pas poser. Il ne s'agissait
donc pas d'une attitude de ma part, car je vis exactement de ta même
façon à Paris, sortant assez peu, à la fois par
goût et par manque de temps. Pourquoi irais-je perdre des heures
et des soirées dans des cocktails alors que j'ai si peu de
temps à consacrer à mes amis ? Quant à vouloir
créer une espèce d'image de moi-même, de Catherine
Deneuve star, c'est précisément ce que je refuse, le
côté fabriqué des choses... |
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J'ai beaucoup plus de
problèmes pour le métier de représentation, j'ai
beaucoup de mal... On me dit que j'ai l'air de le faire très
bien, mais moi j'ai de plus en plus de mal. Je dis toujours que tout
ce que je veux c'est tourner, parce qu'au moins quand on tourne on
peut dire non à tout, on est dans le tournage, on est dans
le film. Et vraiment ça me coûte de plus en plus, le
reste, tout ce qu'il y a a autour. Parler des films ça va,
quand on parle des films, mais c'est très rare, ça arrive
une fois sur cinquante. Le reste du temps, c'est du babillage et des
images. Donc finalement ce que je préfère sont les moments
où on est en direct. J'ai de plus en plus de mal à accepter
l'interprétation des gens, leur montage... Je trouve ça
insupportable qu'on puisse comme ça sortir des phrases de leur
contexte, présenter les choses de façon incomplète.
En même temps "c'est la vie", on est toujours interprété,
c'est pourquoi j'ai de plus en plus envie de ne faire que des choses
en direct pour éviter, à mes yeux en tout cas, le malentendu
et éventuellement la mauvaise foi. Je n'aime pas l'idée
d'être utilisée, disons, contre ma volonté. Et
ça ne s'améliore pas avec le temps. |
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C'est un autre rôle.
C'est amusant. Je le prends comme un jeu. Sérieux. Un jeu sérieux
comme l'est le cinéma. Mais je ne me suis jamais laissé
prendre par les apparences de la notoriété. Cela ne
m'a jamais épatée. Même à 20 ans. A aucun
moment je n'ai eu l'impression de devenir un objet, une idole. Ma
vie a toujours été plus concrète que ça... |
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Il
y a beaucoup de choses auxquelles il faudrait résister quand
on est acteur. Savoir dire non... pour ne pas être utilisé
malgré soi. Il faut se faire rare. Pas forcément se
montrer sous un jour idéal, mais se faire rare. De ce côté-là,
j'ai une réputation d'emmerdeuse. |
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