Sa carrière / Propos sur le cinéma / Les rôles
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Pour moi il est très difficile de changer d'emploi. Je corresponds, même physiquement, à un certain type de femme bourgeoise. Peut-être y a-t-il d'ailleurs au fond de moi quelque chose qui refuse de changer.

Entre les héroïnes de Buñuel ("Belle de jour", "Tristana") et les jeunes filles un peu féériques de Demy ("Les parapluies de Cherbourg", "Les demoiselles de Rochefort", "Peau d'âne"), il y a évidemment un monde. Pour moi, ce n'est, au fond, pas tellement opposé. La pureté ressemble souvent à l'extrême perversité. Quelqu'un m'a dit l'autre jour un vers très joli : "Et c'est d'avoir mordu dans tout le mal qui vous a fait une bouche si pure".

Aujourd'hui, on ne me confie évidemment plus des rôles de jeune première romantique et un peu fofolle. Mais cela ne me dérange pas, au contraire : j'estime qu'une comédienne doit pouvoir incarner des personnages qui conviennent à son âge. Et puis, j'aime beaucoup trop mon métier pour pouvoir imaginer de l'abandonner. Le cinéma, c'est ma vie...
Catherine Deneuve, citée dans Le Soir Illustré 1983

Les rôles de femmes raisonnables m'attirent très moyennement. Mais, vu mon âge, il est évident que l'on me propose des rôles qui arrivent à une espèce de maturité. Ce côté raisonnable ne correspond pas vraiment à ma nature.
Catherine Deneuve, citée dans Le Soir Illustré 1988

Je pense que j'évolue dans une direction qui me semble plus réelle aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois, que j'ai l'impression de représenter quelque chose de plus concret pour les gens. Je pense que je fais moins rêver, que je semble plus abordable.

Je sais que c'est naif, mais je ne pourrais pas jouer une femme qui me déplairait. Ce n'est pas parce que ces rôles ne colleraient pas à mon image, c'est par impossibilité de donner une image de moi qui me déplaît.
Catherine Deneuve, Source inconnue

Ca ne me gênerait pas de jouer quelqu'un de bête, mais ça me gênerait de jouer quelqu'un d'antipathique, un personnage pour lequel je n'éprouverais pas de sympathie…

Les gens qui m'aiment bien m'aiment pour mon physique et ceux qui ne m'aiment pas, c'est pour la même raison. Je n'accepterais pas [de m'enlaidir ou de me vieillir physiquement pour un rôle] parce que je ne trouverais pas à travers ça quelque chose qui m'aurait manqué dans ma carrière. Je n'ai pas envie de prouver à n'importe quel prix que j'ai du talent, même si on dit que les actrices qui sont jolies veulent être aimés pour leur talent et leur intelligence.

Je n'ai pas de préjugés ni d'interdits. Je ne suis contre rien et je peux aller très loin si le film est sincère. Mais provoquer pour provoquer, non. Le seul défi à sa propre image ou au public, je n'y crois pas. Je ne veux rien prouver.

Personnellement, je ne suis pas spécialement à la recherche de personnages de composition, mais peut-être est-ce que j'essaie d'attirer les rôles à moi, pour qu'ils me ressemblent davantage...

Mes rôles nourrissent, mes fantasmes m'enrichissent. Ce sont des curiosités assouvies. Ils me permettent de m'épanouir, de rêver d'une façon apaisante. De vivre les vies secrètes que, tous, nous avons envie de vivre. Ils me permettent non pas d'être quelqu'un d'autre mais d'être différente.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

J'ai appris à découvrir des êtres à travers les rôles. Un personnage, ce n'est jamais quelque chose qu'on prend comme ça, pour soi, et qu'on redonne. C'est d'abord quelque chose dont d'autres vous parlent, le metteur en scène, le scénariste, vos partenaires... C'est ensuite des mots qu'il faut apprivoiser, des situations qu'il faut affronter... Il vous faut faire connaissance avec des choses intimes de la personne imaginée, alors que dans la vie lorsqu'on croise quelqu'un, on reste le plus souvent à la périphérie. Avec les personnages, on est obligé d'aller très vite à ce qu'ils ont d'essentiel, de profond, d'intime. On est très vite attiré par ce qu'ils sont vraiment. Donc, on apprend beaucoup de choses. Sur soi et sur les autres.

J'ai l'impression de chercher à être le personnage mais je sais qu'il y a des gens qui disent que je suis toujours la même, que c'est moi qui absorbe les rôles et pas l'inverse. Moi, j'ai l'impression d'aller au devant des personnages. De plus en plus d'ailleurs. Par expérience, par goût de la découverte...

Quand on est connu, quel que soit le film, c'est difficile de faire oublier ce qu'on est et les personnages qu'on a joués précédemment, il faut savoir qu'on a un quart d'heure dans chaque film pour régler ce problème et pour imposer son nouveau personnage.

II y a des films où il faut savoir descendre de deux ou trois crans - je parle de l'apparence physique -, par souci de crédibilité.

Les acteurs doivent être des pages blanches. Pour un acteur ou une actrice connue, le plus complexe, c'est de faire oublier ses autres rôles, d'arriver vierge sur chaque nouveau tournage. Je m'efforce d'y parvenir sans la certitude d'y réussir à tous les coups.

Je ne suis pas une comédienne qui se glisse avec fluidité dans son personnage. C'est toujours conflictuel, difficile comme un combat où je laisse toujours quelque chose de moi. Chaque journée est un vrai round. Mais je pense qu'il ressort de cette relation passionnelle une certaine vérité d'interprétation.

J'ai une certaine pudeur vis-à-vis de moi-même, et j'ai du mal à travailler avant un tournage au sens où on l'entend habituellement. J'y pense, mais je n'aime pas me formuler les choses.

Quant à prendre des notes sur mes scénarios, jamais ! Peut-être est-ce à cause de mes rapports avec une certaine presse, mais je suis trop mal à l'aise avec la trace écrite. J'ai toujours peur qu'ensuite mes notes puissent être lues, sorties de leur contexte, détournées... J'écris des choses sur des morceaux de papier que je déchire automatiquement au bout d'un certain temps.

Il m'arrive d'en parler à demi-mots avec le réalisateur, tout dépend des relations que j'entretiens avec lui. Les médiations sont rarement directes, j'attends qu'il vienne vers moi de son plein gré, et, sur le plateau, je me limite à des questions d'ordre technique : où me placer, quel ton adopter...

C'est absolument vrai, même s'il n'est pas si évident de faire abstraction de tout, de se laver de tout a priori, de ne pas avoir de contenance, d'essayer d'être totalement ouvert, d'essayer vraiment de sentir ce que le metteur en scène veut, et de rentrer dans la scène comme il l'a écrite... Il ne suffit pas d'être dans le personnage, il faut aussi être dans la scène, et c'est encore une autre histoire. La scène, le film et le personnage, ce sont des boîtes différentes. Il faut essayer le plus possible de perdre toute conscience, de perdre conscience de son physique, ce qui n'est pas du tout évident quand on est filmé, d'oublier la présence de la caméra. Essayer d'être là, d'habiter vraiment la scène et la situation.

Le cinéma, c'est aussi ça, cette capacité de capter et de voir des choses que l'on veut donner, ou que l'on veut cacher. Je crois que le cinéma a cette faculté de capter ces choses-là, avec vous et malgré vous.

Chaque nouveau rôle, comme chaque situation nouvelle dans la vie, vous modifie. Pas forcément de manière violente, non, mais par petites touches et en profondeur.

S'exposer dans un film, c'est aussi une manière détournée de régler ses problèmes, un exutoire. Les rencontres, avec les personnages autant qu'avec les metteurs en scène, m'ont aidée à évoluer.

Dès lors que l'on porte un costume, un corset, des faux ongles, le maquillage, etc., avant même d'arriver au tournage, on est déjà physiquement dans le personnage. La façon de se mouvoir et de s'asseoir va beaucoup plus de soi. Cela aide beaucoup.

J'aime bien qu'on me parle de mon personnage avant le tournage. [...] Mais c'est vrai qu'après, au moment où l'on tourne, j'aime mieux travailler en... comment dire ?.... oui, c'est ça : en complicité presque muette. J'aime que cela passe par très peu de discussions, très peu d'indications... Sauf s'il s'agit de scènes où il y a des choses très compliquées à faire...

Il m'arrive d'en parler à demi-mots avec le réalisateur, tout dépend des relations que j'entretiens avec lui. Les médiations sont rarement directes, j'attends qu'il vienne vers moi de son plein gré, et, sur le plateau, je me limite à des questions d'ordre technique : où me placer, quel ton adopter...

Pendant la durée d'un film, je ne m'entoure que des choses qui m'aident à m'investir dans un personnage, un scénario inconnu.

Pour certaines scènes d'émotion, je trouve que c'est beau d'être mouillée, ça fragilise, ça rend plus vulnérable... Ça dramatise... Et puis la pluie, c'est une musique, ça ajoute quelque chose à l'émotion...

Quand on tourne avec moins de maquillage, les yeux cernés, moins de rouge à lèvres, on est tout de suite émouvante. Ce qui est plus difficile, c'est d'affronter pendant des semaines les regards de l'équipe, on se sent plus nu.



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