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Le nom que porte le personnage de Catherine
Deneuve n'a pas été choisi au hasard par Gaël Morel
: Lachenay est le nom d'un ami d'enfance de François Truffaut.
Celui-ci s'était aussi amusé à utiliser ce pseudonyme
pour signer certaines de ses critiques dans les Cahiers du Cinéma
et avait lui-même fait un clin d'oeil en donnant à Jean
Desailly, héros de "La peau douce", le nom de Pierre
Lachenay.
Extraits d'interviews
de Gaël Morel
Catherine donne l'illusion qu'elle
n'a aucune technique alors qu'elle peut tout faire, sans jamais
se répéter ni être dans une mécanique.
C'est une actrice puissante. |
Gaël Morel, CinéLive
2007
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On sest mis au travail sans
penser à lactrice qui allait interpréter Camille.
Ce nest quune fois le scénario terminé,
trois ou quatre mois plus tard, quon sest posé
la question. Et cest Christophe, qui connaissait mon admiration
et mon désir pour Catherine, qui ma poussé
à le lui proposer. Jhésitais un peu. Lorsquon
écrit pour une actrice et quelle vous dit non, on
est un peu déçu et on a toujours peur, forcément,
de lêtre une deuxième fois. En même temps,
je me souvenais quelle mavait dit quelle préférait
rater un rendez-vous plutôt quune rencontre. Donc,
une rencontre était toujours possible. Il nempêche
que jhésitais... Mais dune part, Christophe
mincitait à le faire et puis, au fond de moi, je
me disais : « Je nai pas écrit ce rôle
pour elle. Le désir de Camille est venu avant le désir
de Catherine ». Finalement, ça collait bien avec
la personne quest Catherine Deneuve. Cest une actrice
qui naime pas être flattée, qui aime être
traitée comme une actrice. Lorsque je lui ai envoyé
le script, je lui ai dailleurs écrit un petit mot
dans lequel je lui disais que ce nétait pas un rôle
écrit pour elle, mais quà la fin du scénario,
je métais dit que ce serait trop dommage de ne pas
le lui proposer... |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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[Catherine Deneuve] a répondu
relativement vite. Cest après avoir dit oui quelle
a hésité. Mais, paradoxalement, cétait
une période assez riche, parce que Catherine se posait
de bonnes questions sur le rôle et sur le scénario,
sur sa capacité dinvestissement dans un sujet pareil.
Il est clair que le thème la touchait, leffrayait
même peut-être, et quil nétait
pas question pour elle de faire ce film-là à la
légère. Jai limpression quelle
voulait que ce soit un scénario qui lemporte totalement.
On a donc eu plusieurs discussions. Et puis, un jour, elle a parlé
de faire une lecture. Moi, je naime pas du tout faire des
lectures. Lorsque je travaille, je veux que ce soit le plus vivant
possible, le moins formel. Je naime pas menfermer
dans un bureau. On sest donc retrouvés dans un bar,
mais je ne me sentais pas de lire à haute voix. Elle non
plus ! Finalement, on sest mis à tourner les pages
ensemble, et parfois, elle me posait une question. A la fin, je
lui ai dit que je naimais pas les lectures. Elle ma
dit « Moi non plus, je ne sais pas pourquoi jai demandé
ça ! » Cétait assez comique. Et puis,
jai dit : « Alors ? » Elle ma répondu
: «Eh bien, cest oui ». Cétait
au mois de mai, lannée dernière. Cétait
un très beau moment. A partir du moment où cétait
Catherine, jai voulu refaçonner le scénario
entièrement pour elle. Sachant que cest elle qui
les dirait, ça ma donné des ailes pour retravailler
les dialogues. |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Lidée, ce nest
pas dêtre dans la psychologie mais dans le mystère.
Par exemple, il est difficile de dire ce que Camille cherche,
mais elle est animée par quelque chose quelle sait
ou quelle semble savoir, et que nous, nous ne savons pas.
Avec le personnage de Camille, on est vraiment dans lopacité,
dans le mystère. Jusquà son dernier regard.
Même sil ny a pas dintention de ma part,
ni de la part de Catherine pour exprimer quelque chose de précis,
je pense que ce regard raconte beaucoup de choses. |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Catherine était un peu inquiète
mais, moi, je misais énormément sur lidée
que cette fin marcherait si le film fonctionnait. Parce que, à
ce moment-là, si le film a fonctionné, on est évidemment
en empathie avec elle. On est dans sa tête, dans son obsession,
dans ses yeux, dans son regard... Aujourdhui, lorsque je
regarde cette fin, jy trouve beaucoup de choses. Il y a
dabord un regard normal, puis la longueur du plan fait quon
lit autre chose, puis la musique se déclenche et fait quon
lit encore autre chose, puis le noir arrive qui fait quon
lit encore autre chose... |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Ma première image de Catherine
Deneuve, cest "Belle de jour". Je ne sais pas
si cest le premier film delle que jai vu, mais
je sais que cest le premier film dont jai le souvenir
quil ma donné envie de faire du cinéma.
Je lai vu à la télé, enfant, vers 9
ou 10 ans. Pour moi, cest un film denfant ! Jai
vu "Belle de jour" comme un film qui raconte lhistoire
dune femme qui fait quelque chose de mal et qui, tout dun
coup, se rend compte quun ami de la famille sait ce quelle
fait. Pour un enfant, cest de lordre de la transgression,
cest quelque chose qui est très parlant. Cest
vraiment ce film-là et elle dans ce film-là qui
mont fait aimer le cinéma. A partir de là,
je me suis intéressé à elle, jai vu
quil y avait des noms qui revenaient dans sa filmo, je me
suis intéressé à ces réalisateurs,
puis à dautres. Mon amour du cinéma est vraiment
né à travers elle. De lavoir rencontrée,
ça fait partie des grandes choses qui me sont arrivées
sur "Les roseaux sauvages". Ce nest quà
la fin du tournage de "Après lui" que je lui
ai raconté tout ça ! Elle savait à quel point
jaime lactrice quelle est mais elle ne savait
pas du tout limportance quelle avait eu pour moi comme
cinéaste... |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Jai balayé tout ça
en calquant Camille, non pas sur des images de Catherine liées
à ses films précédents, mais sur la première
image que jai de Catherine en vrai, quand elle est venue
sur "Les roseaux sauvages"... voir André, en
jean, les cheveux ébouriffés à peine retenus
par un crayon. Je voulais absolument la filmer comme elle métait
apparue. Je trouvais par exemple que le pantalon lui allait très
bien, quil était nécessaire pour le film quelle
ait cette coiffure très libre, que ses cheveux aient du
mouvement, et quelle nait, pour accentuer la nervosité
du personnage et son désarroi, ni sac à main ni
accessoires... Et puis, avec elle, dès quon est dans
une relation de travail, les choses sont évidentes. Je
pense quelle venait sur le film avec pas mal dappréhension,
elle sétait faite à lidée que
ce serait compliqué et dur, notamment à cause du
scénario et de ce quil raconte... Moi, jétais
comme elle. Javais dans lidée que le tournage
allait être compliqué parce que je navais jamais
tourné avec quelquun de cette dimension. |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Je fais souvent des plans très
composés, je prépare donc bien mon découpage,
je vais sur les lieux plusieurs fois, jenvisage déjà
les déplacements pour chaque personnage. Là, soudain,
jai réalisé avec angoisse que Catherine pouvait
très bien ne pas entrer dans ma mise en scène et
demander des répétitions pour voir comment les choses
allaient sagencer alors que pour moi tout était déjà
agencé dans ma tête. Mais je me suis vite rendu compte
quelle prenait un plaisir fou à se fondre dans ce
que javais imaginé. On a appris à se connaître
et à avoir un rapport très personnel. Elle a été
séduite aussi par léquipe dont linvestissement
et la qualité a dune certaine manière enrobé
la dureté du sujet et a donné au tournage quelque
chose de très festif et de presque tendre. En fait, il
y a eu une vraie histoire damour entre elle et léquipe.
Cétait comme si on faisait front tous ensemble. Ça
a donc été un pur bonheur et une leçon pour
tout le monde. Ce qui ma fait plaisir, cest de rencontrer
quelquun pour qui la vie est le cinéma. |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Comme les choses étaient
cadrées, prises en mains par moi et par léquipe,
cela permettait cet abandon... La première fois où
on la voit avec Guy Marchand à lhôpital, elle
essaye de parler mais ny arrive pas. On dirait quelle
sétouffe, quelle suffoque. Ce nétait
pas écrit. Cest comme si elle avait essayé
quelque chose, comme si cette scène avait été
improvisée... Je nai toujours pas compris comment
elle a fait. Je continue de penser quelle a une méthode
mais qui est tellement parfaite quelle est invisible.
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Gaël Morel, Dossier de
presse
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Javais envie de lui donner
un mari quelle navait encore jamais eu au cinéma.
Et puis, jaime bien lidée de lancer des ponts
entre les films, entre les cinéastes. Il ny en a
pas tant que ça avec lesquels je me sens complice : André
Téchiné, François Ozon, Christophe [Honoré]...
Javais adoré Guy dans "Dans Paris" et je
navais pas de meilleure idée que lui pour jouer le
mari de Catherine. Ça faisait deux bonnes raisons. Il a
une intensité, une belle humanité quon nutilise
vraiment pas assez dans le cinéma daujourdhui...
Jaime bien les castings quon nattend pas. Cest
ce qui ma guidé aussi pour Elli [Medeiros]. Cest
quelquun que jaime beaucoup dans la vie, et lorsque
je voyais régulièrement Catherine pour discuter
du scénario, je me disais que si elle me disait oui, Elli
jouerait sa petite sur. Pour moi, cétait évident.
Il y a entre elles quelque chose de familier, dans leur féminité,
leur allure, leur beauté, leurs voix. Avec aussi quelque
chose de volcanique. Et puis aussi, je voulais des acteurs qui
parlent vite, qui soient loin dun jeu naturaliste, trop
expressif... |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Pour moi, cétait important
que ce soit Elodie qui joue la fille de Catherine. Dabord,
je vous lai dit, parce que jaime que les films soient
aussi des histoires de cinéma, et cétait un
plaisir de partager ce moment avec Elodie. Elle a vu, elle, sur
"Les roseaux sauvages", à quel point jétais
bouleversé quand Catherine est venue nous rendre visite.
Cétait donc pour moi une grande joie de les réunir.
Dautant quElodie est une des meilleures actrices de
sa génération. Dans son jeu, elle est de la même
famille que Catherine. Elles ont, chacune à leur manière,
une espèce de facilité à tout faire. Elles
ne sont jamais dans la performance, mais dans lincarnation. |
Gaël Morel, Dossier de
presse
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Extraits d'interviews
de ses partenaires

Jouer avec elle, c'est un truc
incroyable, très excitant en soi. Dès le début,
elle a tout fait pour ne pas endosser le rôle de la reine-mère.
C'est quelqu'un de très généreux : elle ne
balance pas ses répliques et basta. Elle tend vraiment
la main. |
Thomas Dumerchez, CinéLive
2007
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Entre le personnage de Catherine
et le mien, c'est une relation ambiguë, à l'image
du film dans son entier. |
Guy Marchand, CinéLive
2007
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Extraits de critiques
Un très beau film sur le
pardon, à voir surtout pour l'extraordinaire performance
d'actrice de Catherine Deneuve, tout simplement bouleversante. |
Paris Match 2007
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Au cur du maelström
d'énergie qui secoue en permanence "Après lui",
Deneuve trouve son plus beau rôle depuis des lustres. L'air
de rien, elle donne plus que de raison, habitée à
tous les étages par un personnage dont la chaleur maternelle
est une formidable surprise. |
Grégory Alexandre,
CinéLive 2007
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Réalisateur : Gaël Morel
Acteurs : Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez, Guy Marchand, Luis
Rego, Elli Medeiros, Adrien Jolivet
Scénario : Christophe Honoré, Gaël Morel
Photo : Jean-Max Bernard
Musique : Louis Sclavis
Résumé : Camille voit sa vie
brisée par la disparition de son fils dans un accident de la
route. Incapable de faire le deuil, elle s'attache à Franck,
le meilleur ami de celui-ci, qui est aussi le responsable du drame.
Les proches de Camille ne comprennent pas son attitude. Le vide se fait
autour d'elle. Qu'importe le scandale, Franck devient l'objet consentant
de son affection .Mais il va prendre peu à peu conscience que
l'obsession de Camille le met en danger.
Voir
la bande-annonce
Festival
de Cannes 2007 (Quinzaine des Réalisateurs)
Photos du film












Photos du tournage


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