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Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve

J'ai fait un film que
j'aime beaucoup avec Hugo Santiago. Et je suis ravie qu'il n'ait pas
hésité à me soumettre son histoire car certains
acteurs ne veulent pas prendre le risque de tourner avec un metteur
en scène peu connu ou ne correspondant pas à leur univers.
Moi si ! Je fais mes choix en fonction du sujet et non pas en fonction
de la notoriété d'un metteur en scène. Et Hugo
Santiago n'évolue pas du tout dans le même univers que
moi, ce qui ne nous a pas empêchés de faire un film ensemble.
Pour moi c'est très important ; et s'il m'a proposé
ce rôle, c'est qu'il savait que j'étais ouverte à
toutes propositions car, pour moi, l'essentiel est que des gens continuent
à être inspirés par moi, d'écrire pour
moi. Et je crois qu'ils le savent. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Françoise Gerber 1981
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J'ai tout de suite été
très excitée par ce rôle complètement original
pour une femme. Car Hugo désirait vraiment mettre cette femme,
Claude Alphand, dans des situations jusqu'ici considérées
comme très "masculines"... Mon personnage n'a donc
aucun des attributs habituels de la femme. Un mari ou des enfants,
par exemple... Et ses rapports avec les autres sont beaucoup plus
fondés sur l'humour, la décontraction, la force parfois,
que sur le charme... C'est pour cela que l'idée de jouer ce
détective très "cool", très "relax",
m'a beaucoup amusée... |
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Mais il faut bien reconnaître
que même dans le film de Santiago, où j'ai un rôle
très actif, ce sont des femmes qui sont dans des situations
dites "masculines". Ce sont des femmes qui n'ont pas un
comportement d'homme, mais qui ont un comportement qui n'est pas celui
que l'on a l'habitude de voir au cinéma en général.
Que ce soit dans le film de Buñuel ou dans celui de Santiago,
puisque je fais un détective privé. C'est vrai, ça
existe, mais enfin, c'est rare de voir une femme détective
privé. |
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Tourner avec quelqu'un d'aussi excessif
que Santiago, c'est forcément intéressant. Et très
enrichissant. Les sud-américains, comme lui, sont tellement
loin de nous ! Et c'est agréable pour une actrice française
de pouvoir sortir un peu de notre cartésianisme français.
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Parce qu'un film dont l'image est aussi belle,
aussi soignée, cela veut forcément dire, pour tout le
monde, une présence et une tension constantes. Et, pour les
acteurs, beaucoup, beaucoup d'attente ! Car Santiago tourne souvent
des plans-séquences très, très longs avec des
mouvements d'appareils très compliqués, qui demandent
donc une longue préparation. C'est parfois un peu frustrant.
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Pendant le tournage d' "Ecoute
voir", Hugo Santiago m'a dit un jour : "Je suis plus intéressé
par ce que vous me cachez que par ce que vous me montrez". Cela
m'a fait sourire et je me suis dit : "Oui, il ne doit pas avoir
tout à fait tort". Voilà tant d'années que
l'on me répète ce genre de choses que je suis bien obligée
d'admettre que cela doit être vrai. Quelque part... |
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C'est un film qui n'est pas tout à fait
réussi, mais je l'aime bien. En le revoyant récemment,
je me suis moi-même un peu agacée. J'aurais dû
jouer avec un peu moins de sérieux. Ca manquait de simplicité.
Mais ce rôle, c'était le rêve : pouvoir tirer au
revolver, casser la figure... Le mythe de la grande blonde glaciale
en prenait un coup ! Et cela m'amusait de montrer une femme qui, dans
un métier d'homme, ne profite pas de son charme féminin. |
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Heureusement, il y a
des erreurs que j'ai faites et que je trouve intéressantes.
Je pense notamment à "Ecoute voir" d'Hugo Santiago.
un film raté qui m'a cependant permis d'apprendre bien des
choses. Tant que j'ai l'impression d'apprendre sur un plateau, ça
me va. |
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Pour "Ecoute voir", j'avais été
emballée par le scénario, j'ai beaucoup d'admiration
pour Hugo, mais il aurait fallu quelque chose qui le pousse vers plus
de réalisme. Il y avait trop de second degré, on regardait
ça un peu comme dans un miroir. Le personnage que j'interprétais
n'était pas assez charnel. |
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C'est vrai, j'ai pris des risques
surtout avec des réalisateurs qui n'étaient pas "cartésiens".
Cela tient à ma volonté d'aller, de temps en temps,
vers le déraisonnable. C'est comme un rythme biologique. Je
me tiens souvent sur la réserve, c'est mon caractère...
J'ai été ravie de jouer ce rôle non conventionnel.
D'autant que lorsqu'au cinéma on montre un homme dans l'exercice
de son métier, on ne lui demande pas de faire ses preuves.
Pour une femme, c'est encore tellement nouveau que l'on attend la
démonstration. Alors cela m'amusait de montrer une femme qui,
dans un métier d'homme, ne profite pas de son charme féminin,
mais adopte des attitudes masculines : elle est dure, agressive, ironique,
sans peur et sans scrupules... Bien que le film ne soit pas entièrement
réussi, j'aime beaucoup "Ecoute voir"... |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Extraits de critiques

Le ton de la photo, la bande sonore
et le jeu excellent de tous les acteurs (Catherine Deneuve, Samy Frey,
Antoine Vitez, Anne Parillaud, Florence Delay, Didier Haudepin) aident
à suivre les méandres obscurs de ce drame souterrain
dont certains aspects risquent de garder une partie de leur mystère. |
Robert Chazal, France-Soir 1979
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1978
Couleurs
2h04
Rôle de Claude |
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Réalisateur
: Hugo Santiago
Acteurs : Sami Frey, Florence Delay,
Anne Parillaud, Didier Haudepin, Antoine Vitez
Scénario : Hugo Santiago, Claude
Ollier
Photo : Ricardo Aronovich
Musique : Edgardo Canton, Michel Portal
Résumé
: Une femme détective privé est chargée d'une enquête
par un drôle de savant. Elle ira beaucoup plus loin...
Photos du tournage

Photos du film







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