|
Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve

L'histoire est celle d'une
rencontre qui bouleverse la vie de deux êtres. Je suis l'épouse
d'un des co-directeurs d'un trust très puissant, qui a Jack
Lemmon sous ses ordres. Je m'ennuie avec mon mari : je m'ennuie à
mourir, car je ne sais pas m'ennuyer. L'ennui, cela s'apprend comme
un art. A peine avons-nous échangé, Jack et moi, de
banales paroles de sympathie, qu'une série d'événements
s'abat sur lui. Nommé chef de service, ce modeste employé
brûle les étapes. Il grimpe si vite et si haut que, si
je ne le soutenais pas dans son escalade, il prendrait sa promotion
pour une invraisemblable aventure. Notre roman d'amour naît
de cette nuance : je le persuade de croire à l'incroyable ;
dans un New York au mois d'août, que nous découvrons
en couple libre, où la caméra nous suit, amoureux parmi
tant d'autres. |
|
Leur folle romance est
soutenue par le point de vue de deux excentriques délicieux,
que personnifient deux gloires de l'écran : Myrna Loy et Charles
Boyer. Vous voyez que, pour mes débuts à Hollywood,
j'ai été bien entourée. |
Catherine Deneuve, citée
dans CinéMonde 1969
|
J'aimais bien le scénario de "Folies
d'avril". Mais il m'est difficile d'expliquer pourquoi certains
films comme celui-là m'ont donné, tout d'un coup, une
telle importance. Le mot "star" ne s'applique pas très
bien aux actrices européennes. C'est toujours lié à
un certain physique, une façon de faire rêver les foules.
Je ne me sens pas star. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Lorsque je suis allée
jouer "Folies d'avril", de Stuart Rosenberg, on disait que
le cinéma français allait être arrêté
pour un an au moins : j'avais 25 ans, j'étais à Paris
avec ce petit garçon que j'élevais et je ne supportais
pas l'idée de rester paralysée. Par contre, je ne suis
jamais partie avec l'intention de m'exiler à Hollywood. Simplement,
c'était une occasion à saisir, peut-être que j'avais
besoin de cela, tourner en anglais, pour me motiver, me forger...
|
|
Ça aurait pu être
une comédie, mais malheureusement, j'avais le rôle de
la jeune femme romantique
J'aimais le scénario, mais
je crois que ce n'était pas comme ça que j'aurais dû
commencer là-bas. Et le film a été très
ma! sorti en France, en plein été... Ceci dit, quand
un film plait vraiment beaucoup, il peut sortir au mois d'août.
Alors que là
Le film n'a pas été un triomphe
aux Etats-Unis, mais il a quand même marché là-bas.
|
|
C'est l'organisation qui
m'a plus frappée par rapport à celle des Français...
Les deux films que j'ai tournés là-bas étaient
moins fantaisistes. Je me levais beaucoup plus tôt, j'avais
l'impression de travailler davantage. Pour une nature un peu latine
comme moi, ce n'est pas idéal. Quand j'avais fini, il était
temps de rentrer en France et je ne me suis jamais attardée
à faire du tourisme. |
|
Je n'ai pas été tellement dépaysée
là-bas, malgré les moyens et les proportions énormes
de tout (studios, équipe, etc.) parce que Stuart Rosenberg
est un meneur en scène qui connaît et admire beaucoup
le cinéma européen et qu'il tourne et dirige d'une façon
simple et rapide qui ne pose pas de problème d'adaptation pour
le comédien. Et puis le sujet en lui-même - comédie
intime à trois, quatre personnages - n'appelle pas la mise
en route de tout l'appareil de la production américaine. |
|
Tourner une comédie
américaine, sur le rythme des studios US, avec un acteur tel
que Lemmon, c'est une expérience précieuse. Lemmon est
l'invention, la finesse, l'amitié même. Mais c'est aussi
un grand professionnel, qui ne laisse rien au hasard, qui n'est jamais
pris au dépourvu quand il doit se perfectionner lui-même.
Il a ceci de précieux : il sait vous entraîner dans son
rythme, tout en respectant votre personnalité. Il ne dévore
jamais ses partenaires. Et pour une débutante à Hollywood,
c'est infiniment précieux. |
Catherine Deneuve, citée
dans CinéMonde 1969
|
J'ai découvert
ce que c'est que de travailler dans le souci de la rentabilité.
Les Américains ne tiennent pas compte du fait que vous êtes
une femme. Il faut être debout à l'aube, et toujours
sur le plateau, même quand on ne tourne pas. Ce qui est épuisant. |
|
J'ai simplement précisé
en arrivant [aux Etats-Unis] que je n'accepterais pas de rencontrer
tout le monde sytématiquement, que je voulais avoir un droit
de regard sur tout ce qui me concernait afin que l'on ne m'entraîne
pas sans cesse dans des réceptions, conférences de presse
ou cocktails. Ce qui ne m'a pas empêchée, pendant des
journées de travail très fatigantes qui représentaient
douze heures hors de chez moi, de rencontrer énormément
de gens, d'accorder des entretiens - mais toujours dans le cadre du
tournage - et en refusant effectivement la plupart des photos que
l'on me demandait de faire, car j'estime qu'il faut être très
difficile sur ce plan et puis je n'aime pas poser. Il ne s'agissait
donc pas d'une attitude de ma part, car je vis exactement de ta même
façon à Paris, sortant assez peu, à la fois par
goût et par manque de temps. Pourquoi irais-je perdre des heures
et des soirées dans des cocktails alors que j'ai si peu de
temps à consacrer à mes amis ? Quant à vouloir
créer une espèce d'image de moi-même, de Catherine
Deneuve star, c'est précisément ce que je refuse, le
côté fabriqué des choses... |
|
Extraits d'interviews
de Jack Lemmon
J'ai tenu à y avoir
Catherine pour partenaire parce que son visage, son allure, suggèrent
la poésie. Elle apportait un charme tout particulier aux "Parapluies
de Cherbourg". Dans "Folies d'avril", elle représente
la vie spontanée, libre, spirituelle, par rapport aux contingences
bourgeoises et matérialistes qui menacent particulièrement
les Américains. |
Jack Lemmon, cité dans
CinéMonde 1969
|
Extraits de critiques

Folies d'avril, film-piège,
plutôt secret, met en tout cas en valeur les dons rares, la
fraîcheur et la grâce de Catherine Deneuve. Elle a un
regard incomparable, qui fait fondre d'émotion dès qu'il
exprime la moindre bagatelle : c'est une merveilleuse actrice, en
constant épanouissement et progrès, et - dans son registre
- nous n'en avons point d'autre. Le cinéma français
aurait bien tort de la laisser partir souvent en voyage. |
Henri Chapier, Combat 1970
|

|
1970
USA
Couleurs
1h34
Rôle de Catherine
|
|
Réalisateur
: Stuart Rosenberg
Acteurs : Jack Lemmon, Peter Lawford,
Myrna Loy, Charles Boyer, Jack Weston
Scénario : Hal Dresner
Photo : Michel Hugo
Musique : Marvin Hamlish
Résumé
: Howard séduit, sans le savoir, l'épouse de son patron,
et ils décident de partir ensemble.
Photos
du film









Photo publicitaire

|