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Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve

"Fréquence
meurtre" a été un film difficile à faire.
[...] J'étais vidée. Je n'ai eu que deux ou trois mois,
ce qui est peu pour moi, avant d'enchaîner avec le film de Dupeyron.
Il faut savoir qu'il est parfois pénible de se sortir d'un
rôle. On en garde souvent des soubresauts pendant une longue
période. |
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On aime ou on n'aime pas
cette structure dassique, mais on peut dire que l'adaptation d'Elisabeth
Rappeneau est très rigoureuse et très forte, c'est son
film d'auteur. Les dialogues d'Audiard sont excellents. Je trouve
que I'histoire américaine est parfaitement transposée
à la mentalité française. |
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Sur un film j'aime bien
qu'on me laisse faire, je suis quelqu'un qui a besoin d'être
libre. Je n'aimerais pas quelqu'un qui m'étoufferait, car je
serai blessée. J'ai aimé la façon qu'a Elisabeth
Rappeneau de diriger les acteurs. Je me dis : comment peut-on être
metteur en scène si l'on a pas appris avant toute chose à
parler aux acteurs. |
Catherine Deneuve
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Je vais de plus en plus
vers le quotidien. En fait, rien ne m'amuse autant que de me mettre
au service de rôles d'aujourd'hui. Je suis aussi une femme à
la bourre, soucieuse du danger. |
Catherine Deneuve, citée
dans VSD 1987
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Extraits d'interviews
d'Elisabeth Rappeneau

En fait, je connais Catherine
depuis longtemps puisque j'avais travaillé comme scripte sur
des films où elle jouait, ce qui a fortement contribué
au climat de confiance qui a régné sur le tournage.
Pour tout vous dire, Catherine représente à mes yeux,
un audacieux mélange de force et de fragilité. On ne
dirige pas vraiment un tel monstre sacré mais on peut la reprendre
sur certaines intentions mal passées. En l'occurence, je lui
ai demandé d'adopter un débit moins rapide qu'à
l'accoutumée pour composer une personne calme, non virevoltante
et d'un caractère bien assis. Et elle a suivi ces indications
sans hésiter une seconde. Sinon, elle m'a soufflée plus
d'une fois, j'ai constamment été surprise au point de
perdre toute contenance et d'éclater en sanglots. Elle est
tout sauf glacée, Catherine. Et veille à tout, elle
a tenu par exemple à rencontrer avant le tournage tous les
comédiens qui serait ses partenaires. Mais je veux insister
surtout sur sa force, son impact émotionnel et sa faiblesse,
échapper à son image. C'est sur cette faille que nous
avons travaillé. |
Elisabeth Rappeneau, Cinétoiles
1988
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Son secret, c'est un
rapport de forces entre agression et fragilité. Elle a, comme
l'on dit, un sacré caractère, mais s'entend à
merveille avec les gens qui ne lui cachent en aucun cas la vérité.
Elle supporte mal qu'on soit, par elle, intimidé : et, pourtant,
son dynamisme est vulnérable. Pour l'alimenter, elle se crée
des zones de sécurité. Dans mon film, pour devenir Jeanne
Quester, médecin, elle a déjeuné avec un psychiatre,
s'est nourrie de son vocabulaire et de ses observations, s'est souvenue
jusqu'à s'en faire mal d'épisodes graves de sa propre
existence. Il y a des phrases totalement à elle, qui ont jailli
dans le dialogue. Spontanées. Incontrôlées. |
Elisabeth Rappeneau, VSD 1987
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Extraits d'interviews
de ses partenaires

II est toujours très
impressionnant de rencontrer un mythe vivant. C'est une femme très
directe, très entière, très simple, doublée
d'une comédienne avec laquelle il est extrêmement agréable
de travailler. Elle aime s'amuser et rire, et en même temps,
elle reste très professionnelle et sérieuse dans son
travail. Elle n'hésite pas à participer à la
mise en valeur d'une scène. Face à des grands comédiens
on se demande de quelle façon on va les aborder, et puis leur
talent fait que la rencontre a lieu immédiatement. Ce fut la
même chose avec Signoret. De plus nous partagions la même
idée sur l'interprétation des scènes, j'aurais
voulu tourner plus longtemps, je n'avais que 10 jours. On parlait
la même langue dans le travail et elle avait l'intelligence
de mettre ça en avant. Les rapports personnels, dans ces cas-là,
sont d'autant plus forts que l'on a pas besoin de se raconter nos
vies. C'est par l'entente sur le travail qu'on s'est rejoint . |
André Dussollier, Cinétoiles
1988
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C'est une grande comédienne,
très intense, qui manie très bien l'émotion.
Dans certaines scènes, elle m'a pratiquement tiré les
larmes. Pourtant, elle est très drôle, très gaie
; elle se met à chanter. N'étant ni hautaine, ni préoccuppée
par par le star-système, elle est prête à aider
les gens. Dans "Fréquence meurtre", elle montre une
facette de son jeu très intéressante qui rn'a pas été
beaucoup exploitée, et cela sans l'artifice de perruque et
de lunettes. J'avais les jetons avant de tourner avec elle, surtout
sur un terrain qui ne m'est pas familier. Elle m'a facilité
la tâche. Tous ne le font pas. Si j'écris un scénario,
c'est un personnage qui me viendra à l'esprit. |
Martin Lamotte, Cinétoiles
1988
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Je n'avais pas d'idée
préconçue sur le cinéma. J'arrivais à
dix heures le matin, et l'après-midi on tournait pour de vrai.
Catherine, je l'avais vue à la télé ou sur les
magazines. On a fêté mon anniversaire et sommes devenues
bonnes copines. Le plus intimidant, ce fut de lui faire des câlins
comme si elle était ma véritable mère. Mais comme
elle m'aimait bien... |
Inès Claye, VSD 1987
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Autres extraits d'interviews

C'est La comédienne, avec un L majuscule, actuellement
en France. Ça ne limite pas le choix des producteurs, mais
elle est la Femme N°1, que ce soit au niveau physique, comédie,
rapports dans la vie, photogénie. Elle représente
l'idéal pour un producteur qui a un sujet avec une femme
de 35 ans. La vraie prouesse est d'obtenir un contrat avec elle.
On passe un examen lorsqu'on lui présente le scénario,
surtout pour un producteur comme moi, car je suis très
impliqué dans l'écriture du scénario. Le
"Oui" est une véritable récompense. De
plus, elle a une gamme très étendue de jeu, du "Sauvage"
à "Fréquence meurtre". Ce qui m'étonne
le plus c'est sa force de vivre. On sent qu'elle est vivante,
c'est toujours inédit. Ses regards ne sont jamais les mêmes,
chose très rare. je trouve qu'elle fait son métier
de façon remarquable, elle parle très bien de la
photo, aussi bien sur elle que pour le film en entier. Elle ferait
une très bonne productrice, elle est déjà
une très bonne productrice d'elle-même. En même
temps elle conserve les émotions et les angoisses des comédiens.
C'est un bonheur pour un producteur, avec les caprices et les
difficultés d'un personnage vivant. Le plus formidable
sont sa pudeur et sa retenue. Elle est d'une discrétion
rare, c'est une des femmes qui se montre le moins dans le show-biz.
De plus elle adore les jardins, une passion que je partage.
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Yves Robert, producteur, Cinétoiles
1988
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Un débit très important, très rapide, pas
toujours facile à enregistrer. La plupart du temps de dominante
blanche, la couleur de sa voix comporte des excès complètement
inattendus dans les graves ou les aigus. Sa personnalité
transpire totalement dans sa voix, dans sa façon d'être
naturelle, en restant extrêmement réfléchie.
Catherine domine sa vie privée et sa vie de comédienne,
mais ne sacrifie ni l'une ni l'autre car elle a le don de l'organisation
et de la clarté, ce que le public prend pour de la froideur.
Elle a la chance d'être fondamentalement chaleureuse et
vraie. Elle fait partie de ces rares acteurs qui ne sont pas comédiens
à la ville.
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Jean-Pierre Ruh, ingénieur
du son, Cinétoiles 1988
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1988
Couleurs
1h43
Rôle de Jeanne |
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Réalisateur
: Elisabeth Rappeneau
Acteurs : André Dussollier,
Martin Lamotte, Etienne Chicot
Scénario : Elisabeth Rappeneau
et Jacques Audiard, d'après le roman de Stuart Kaminsky
Photo : William Lubtchansky
Musique : Philippe Gall
Résumé
: Un mystérieux psychopathe harcèle jusque sur les ondes
une psychiatre qui anime une émission de radio.
Photos du film

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