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Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve

J'ai des amis psychanalystes, et puis je me suis
instruite de la psychanalyse qui m'intéresse comme toute technique
qui vise à alléger la souffrance. De plus, un acteur,
par refus ou par acceptation, croise forcement la psychanalyse. Par
sa propension naturelle au narcissisme et à l'introspection,
mais aussi par une réceptivité très ouverte,
une sorte d'instinct au monde et aux gens. |
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Ce n'était pas évident. Mais j'étais
protégée par un scénario très rigoureux
que Ruiz et Pascal Bonitzer ont corrigé, peaufiné jusque
pendant les premiers jours de tournage afin que le film soit parfaitement
logique dans le diabolique. Surtout, j'aime l'idée que la plus
folle des deux n'est pas celle qu'on croit. |
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Que je sois Solange la blonde, une femme ordinaire
qui bascule dans l'extraordinaire, ou Jeanne la rousse, une psychanalyste
très sophistiquée, dans les deux cas je devais être
très contenue, contrôler mes sentiments. Le spectateur
doit sentir que, derrière une apparence impeccable, tout est
très lourd à l'intérieur. |
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Ca n'est pas non plus une performance : mes deux
personnages sont tellement typés par leurs manières
de s'habiller, de se coiffer, de se maquiller, que c'était
au contraire une performance de la non-performance. |
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Après le tournage, je me suis aperçue
que c'est aussi un film comique mais pas une comédie pour autant.
C'est le contexte réaliste qui donne aux scènes leur
force d'insolite et d'humour. Raoul Ruiz a développé
une ironie énorme mais dont je savais, parce qu'elle est manipulée
par un homme d'une immense culture, qu'elle ne serait pas désinvolte
ou poujadiste. C'est une construction implacable et diabolique comme
un mathématicien qui s'amuserait avec des équations
folles. C'est un jeu de l'esprit pour lui et un jeu visuel pour les
autres. |
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Extraits d'interviews
de Raoul Ruiz

Il y a deux Catherine Deneuve. Il
a celle de Buñuel, image forte, froide, énigmatique.
Et celle de Téchiné, plus vulnérable, plus fragile,
plus complexe et plus accessible. J'ai eu envie de jouer avec les
deux, dans " Généalogies d'un crime ", en
lui confiant ce personnage qui était à la fois la doctoresse
et l'avocate, l'aurais pu écrire chaque personnage pour un
versant particulier de Catherine, mais il me paraissait plus intéressant
d'utiliser, à l'intérieur de chacune de ces deux femmes,
l'ensemble de ses facultés, et de la faire passer, à
l'intérieur d'une même scène, de Buñuel
à Téchiné... Je ne pouvais pas imaginer le film
avec quelqu'un d'autre. C'est certainement l'une des premières
fois où j'ai eu ce sentiment-là. Il n'y avait qu'elle
pour jouer ce personnage inexplicable - qui est donc à la fois
une énigme et quelqu'un qu'on n'a pas besoin d'expliquer. Il
a suffi d'une conversation pour qu'elle accepte. Avant même
de lire le scénario. |
Raoul Ruiz, Studio Magazine 1998
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Extraits de critiques

Avec un sens jubilatoire de la mise
en scène, Ruiz construit un labyrinthe bourré de références,
de clins d'il, de chausse-trapes,
de fausses pistes et de règlements de compte. C'est malin -
mais aussi assez bavard et plutôt vain. Un peu largué,
un peu ennuyé, il vous restera cependant les acteurs. Deneuve,
dans un double rôle, s'amuse à se perdre dans cet univers
où Melvil Poupaud, acteur fétiche de Ruiz, est le plus
troublant des guides. |
Jean-Pierre Lavoignat, Studio
Magazine 1997
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1997
Couleurs
1h53
Rôle de Jeanne / Solange |
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Réalisateur
: Raoul
Ruiz
Acteurs : Melvil Poupaud, Michel Piccoli,
Bernadette Lafont, Andrzej Seweryn, Hubert Saint-Macary, Mathieu Amalric,
Patrick Modiano
Scénario :
Raoul Ruiz, Pascal Bonitzer
Photo : Stefan Ivanov
Musique : Jorge Arriagada
Résumé
: Une avocate cherche à démonter les mécanismes
du jeu subtil et pervers auquel se sont livrés une psychanalyste
et son neveu, et qui a conduit au meurtre de la première par
le second...
Festival
de Berlin 1997
Photos du film


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