Sa carrière / Films / Huit femmes
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Extraits d'interviews de Catherine Deneuve

Le sujet du film

Dans ce huis-clos, un membre de la famille va être assassiné. Cloîtrées dans leur maison, les femmes vont se suspecter les unes les autres, ayant toutes une raison d'avoir commis ce meurtre. Ce qui augmente I'intensité de I'intrigue policière, ce sont les liens familiaux qui unissent ces femmes. Leurs rapports restent, en revanche, assez drôles bien que cruels et débridés. Ce drame familial va leur donner I'occasion de dévoiler des secrets enfouis, de régler leurs comptes. Avec ma sœur, par exemple, interprétée par Isabelle Huppert, le dialogue est d'une violence inouïe.

Quand j'ai rencontré François Ozon, je connaissais certains de ses courts métrages, j'ai trouvé son projet très fantaisiste et très attirant. Et puis lorsqu'il s'agit de chanter, les actrices ne peuvent qu'être d'accord, tant voilà quelque chose de jubilatoire.

Je ne connaissais pas "Toi jamais", la chanson de Sylvie Vartan. J'ai adoré l'interpréter. J'ai adoré chanter. Quel plaisir, quelle liberté ! Cela m'a rappelé le bon temps des "Parapluies de Cherbourg" et l'atmosphère des films de Jacques Demy. J'ai tellement pris goût à cette expérience que j'ai pris contact avec une personne qui écrit actuellement des chansons pour moi.

Au début, j'ai pensé que cette réunion de vedettes était une fausse bonne idée, le scénario était assez plan-plan, bourge, désuet, Au théâtre ce soir. En plus, je trouvais mon personnage casse-gueule : méchant et antipathique mais sans fond et donc pas très marrant à jouer. Ensuite Ozon s'est mis à retravailler. C'est un garçon charmant mais surtout très bosseur. Un scout qui contrôle tout.

Ce n'est pas un film à la manière de... C'est beaucoup plus naïf : Ozon nous présente son arbre de Noël. En même temps, c'est un peu plus compliqué car je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui faire une comédie au premier degré, en toute innocence. L'histoire du cinéma nous pèse sur les épaules et l'époque, tout ce qu'on sait, ne permet plus cette sorte de grâce ou d'insouciance. Dans toutes les comédies contemporaines, il y a toujours un moment, une scène, où ça grince.Y compris dans celle-ci. C'est ce mélange de naïveté et de quant-à-soi qui fait à l'arrivée un film insolite.

[à propos de la misogynie supposée du film]
C'est une mauvaise querelle, hors sujet. "8 femmes" est un film de genre qui ne prétend pas représenter quoi que ce soit de la condition des femmes d'aujourd'hui. Il me semble, si on est féministe, qu'il y a d'autres occasions de s'énerver. Si vous voulez de la misogynie au cinéma, revoyez "Femmes". C'est quoi le rêve de toutes les femmes du film de Cukor ? Se caser avec des mecs bourrés de blé et avoir des enfants. Très progressiste. C'est une mentalité que j'abhorre depuis l'âge de 12 ans. Et que j'ai évitée lorsque il m'est arrivé de me marier.

J'imagine qu'il y a un certain bonheur pour le spectateur à découvrir des actrices qu'il connaît très bien, dans des rôles très fabriqués... Même pour jouer ce rôle de bourgeoise qui s'écaille peu à peu, il faut s'abandonner beaucoup. Sinon, on joue de manière mécanique, on se rétracte derrière le personnage sous prétexte qu'il nous est aux antipodes. Le décor également est irréel, les costumes sont des années 50, toutes ces femmes ne rêvent que d'être entretenues.

Catherine Deneuve, Elle 2002

Les personnages

Ce sont des petites bonnes femmes qui évoluent dans un univers mesquin. Puis, au fil de l'histoire, leurs failles apparaissent et elles délivrent leurs secrets. Dans la vie, j'aurais plutôt tendance à défendre le droit aux personnes de les garder pour elles. Tout groupe tient sur un certain nombre de sous-entendus, et ce n'est pas parce qu'on sait, et qu'on sait que l'autre sait, qu'il faut forcément être explicite. Tenir compte des autres, c'est tenir compte de leur écoute, des interférences et de ce que vont provoquer nos paroles. Le jour où on se dit tout, c'est le déchirement absolu sans qu'il y ait pour autant une vérité qui s'affirme, et c'est ce qui se passe dans "8 femmes".
Catherine Deneuve, Elle 2002

Que sont en effet ces huit femmes sinon huit monstresses, huit caricatures ? Elles révèlent autant l'obstination et l'autorité d'Ozon que sa misogynie.

Moi, j'étais assez étonnée. Je n'arrêtais pas de me dire : "Qu'est-ce qu'elle est méchante, cette Gaby !" Non que cela me gêne vraiment de jouer un personnage méchant, mais je trouvais que c'était une méchanceté au premier degré, et donc pas très intéressante. Je la voyais comme une femme égoïste, capricieuse, vaine... Après, j'ai dépassé cela parce que nous en avons parlé avec François et qu'il en est ressorti plus d'humour, plus d'ironie. Mais au début, je la trouvais idiote. Une poule ! C'était une petite poule !

Le rôle lui-même est de composition pure. Il s'agissait de créer un personnage de film américain des années cinquante. Gaby n'est pas quelqu'un de très sympathique. Elle est égoïste. Elle a ces comportements de femme bourgeoise de province, entretenue. Il faut fournir des efforts pour se mettre dans cette situation, par rapport à l'homme absent par exemple. Ce type de femme dépendante est très éloignée de ma conception, de ce qu'une femme peut vivre aujourd'hui comme de la femme en général.

Mais Gaby, ce n'est pas une femme qui me touche beaucoup : les hommes, l'argent, être entretenue, c'est franchement pas tellement mes critères.
Catherine Deneuve, citée dans L'Est Républicain 2002

Une fois de plus, ça m'épingle au mur comme la blonde un peu froide, garce, tout ça. Mais franchement je m'en fous, je viens de finir le nouveau film de Tonie Marshall, où je suis tellement autre chose.

La sœur, ça m'a rappelé des souvenirs de chamailleries avec mes propres sœurs, pas à ce point-là de vannes mais quand même.

Je n'aime pas les performances, je trouve qu'on peut prendre des risques et faire des choses à contre-emploi, je n'aime pas cette idée qu'il faut prouver qu'on est une bonne actrice.
Catherine Deneuve, citée dans L'Est Républicain 2002

Les partenaires

J'ai été très heureuse de mieux connaître Isabelle Huppert et Fanny Ardant que je croisais sans cesse mais avec lesquelles, étrangement, je n'avais jusqu'alors jamais tourné. Danielle Darrieux a si souvent été ma mère au cinéma que cela ressemblait à une belle histoire qui se prolonge. Quant à Ludivine Sagnier et Virginie Ledoyen, je les ai tout de suite adoptées.

Entre les actrices, cela s'est très bien passé. Il régnait une très bonne entente, sans rivalités. Et Dieu sait pourtant que les personnages que nous incarnions étaient mesquins !

C'était très agréable de vivre pendant deux mois dans un univers exclusif de femmes. Je n'avais encore jamais connu cette expérience-là. [...] Le tournage a détruit ce vieux cliché machiste en vertu duquel huit comédiennes ensemble se déchireraient forcément et se jalouseraient. Eh bien, on s'est toutes très bien entendues et on a formé une formidable famille nombreuse.

C'était la première fois que je tournais dans un film sans aucun personnage masculin présent. Cette expérience m'a montré qu'il était possible de tourner avec des actrices, dans une sorte d'harmonie. Non pas que j'avais des doutes là-dessus, mais c'est toujours bien d'en avoir la preuve. On a été jusqu'au bout dans une certaine gaieté. S'il y avait des tensions, elles provenaient du style du film : toutes les scènes sont très découpées, tournées rapidement.
Catherine Deneuve, Elle 2002

Son idée de réunir une bande de filles m'a enchantée. Loin de m'effrayer, l'aventure m'a tout de suite semblé intéressante et agréable. Bonheur de partager, de faire équipe, d'être une partie d'un tout. Vous savez, être seule à porter un film, c'est un stress et une lourde responsabilité. Je n'ai eu que du plaisir à jouer en famille. D'autant que j'allais retrouver Danielle Darrieux, ma mère au cinéma pour la quatrième fois. On a tort de croire que le cinéma est une affaire d'ego. C'est plutôt une école de patience et de modestie - on attend des heures pour quelques minutes de tournage, il faut se plier à la technique, faire confiance à toute une équipe. Alors, être huit dans l'œil de la caméra, c'est plutôt réconfortant.
Catherine Deneuve, Paris Match 2002

J'ai retrouvé Danielle Darrieux, qui incarnait déjà ma mère dans "Les demoiselles de Rochefort", de Demy et "Le lieu du crime", de Téchine. J'ai eu aussi beaucoup de plaisir à tourner avec Fanny Ardant, qui joue ma belle-sœur, beaucoup ri avec Emmanuelle Béart, ma femme de chambre, et les petites Virginie Ledoyen et Ludivine Sagnier, mes filles dans le film.

Pour ma bagarre avec Isabelle Huppert, j'ai apprécié la présence des cascadeurs qui nous ont réglé la scène comme du papier à musique. Pas évident de se crêper le chignon sans se faire mal, ni sans éclater de rire. Ca m'a rappelé mes bagarres autrefois avec mes sœurs. C'est ma scène d'amour avec Fanny Ardant qui m'a le plus secouée. Nous étions toutes deux très gênées, pudiques, intimidées. Quand on nous voit à l'écran, on rit beaucoup je crois, mais on est aussi troublé par le mélange de réalisme, de fantaisie et d'ambiguité. Ca a été une expérience particulière, très particulière.
Catherine Deneuve, Paris Match 2002

[A propos de la scène de baiser avec Fanny Ardant]
On était un peu tendues, oui, parce que l'on redoute toujours …! Les scènes d'amour de toute façon, [...] c'est toujours une chose que l'on redoute souvent, les acteurs comme les actrices. Parce que ce contact physique d'un seul coup fait que l'on n'est plus dans un rôle, il y a une espèce de sensation. Et oui forcément, parce qu'à partir du moment où on se touche et en plus il y vraiment une sensation, il y forcément une autre forme d'émotion, si vous voulez, que l'on ne peut pas contrôler vous voyez. Quand il y a un contact physique c'est autre chose, donc on redoute toujours un peu ça parce qu'on sait qu'on n'est plus vraiment complètement acteur et quand même temps il y a quand même une scène à jouer.

Le tournage

Si le film est inspiré d'une pièce de théâtre, il n'est pas du théâtre filmé. Tout cela est très stylisé. Mais cela constitue une contrainte d'être durant deux mois dans un décor unique, de porter un costume unique et des personnages qu'on ne quitte pas. Cela comporte un danger, celui de la routine. J'ai toujours peur de l'installation dans quelque chose. J'ai essayé de garder une vivacité, une certaine "humeur". Mais une sorte d'évidence est aussi permise par ce type de contrainte. Dès lors que l'on porte un costume, un corset, des faux ongles, le maquillage, etc., avant même d'arriver au tournage, on est déjà physiquement dans le personnage. La façon de se mouvoir et de s'asseoir va beaucoup plus de soi. Cela aide beaucoup.

Le port d'un uniforme, aussi élégant soit-il, ajouté à l'enfermement dans un studio a accentué avec bénéfice le côté pensionnat de femmes. De fait, on s'est très vite organisées. Entre les prises, on faisait salon dans une partie du décor et là on fumait comme des malades en se racontant des histoires. Cétait un petit troupeau assez déconnant. Même si de l'extérieur on aurait bien aimé apprendre des petites histoires de rivalité, de jalousie. Désolée, non. Par exemple, le film m'a permis de faire connaissance avec Isabelle Huppert. Je ne le regrette pas.

Mettre tous les matins des robes corsetées, des bas à couture, des faux cils, des faux ongles, c'est très contraignant. D'autant qu'on n'avait pas le temps de préparation des vieux films américains auxquels Ozon se référait. Le rythme était frénétique.

Sur le plateau, I'ambiance était très agréable. Comme nous tournions dans un seul décor, nous avions pris nos habitudes. Dans la cuisine, on se réunissait pour discuter, fumer des cigarettes et boire des cafés, comme dans une vraie maison. Cette famille de cinéma était devenue la mienne...

On descendait prendre le thé, ou comme on était toutes des fumeuses, on fumait d'un côté quand il tournait de l'autre côté parce qu'on avait cette possibilité, c'était suffisamment grand pour qu'on puisse être là et avoir des apartés.

Nous nous sommes beaucoup amusées. François et son chorégraphe Sébastien Charles voulaient nous faire faire des choses très stylisées, mais qui ne fassent pas du tout comédie musicale, ce qui n'était d'ailleurs pas notre ambition. D'autant que François tenait à les tourner dans la continuité, donc le temps de la prise était assez long. Et nous ne sommes ni chanteuses ni danseuses...

François Ozon est à la fois très directif: il est présent à la caméra, définit le cadre, il est très sûr de ce qu'il veut. Dans le même temps, il laisse les actrices très libres.

La phrase de François Truffaut qui circule dans "8 femmes" n'est pas celle que je préfère, peut-être, justement, parce qu'elle est très importante pour moi.
Catherine Deneuve, Elle 2002

Extraits d'interviews de François Ozon

Toutes avaient vu mes films... sauf Catherine Deneuve. Et comme c'est autour de Catherine que le film est construit, puisqu'elle est le pivot de la famille et donc de l'intrigue, son accord a très vite emmené le tout.
François Ozon, Le Film Français 2002

Je me suis vite rendue compte que le pivot de mon film, c'était Gaby, qui a l'âge de Catherine Deneuve. J'ai attendu sa réponse pour organiser la distribution autour d'elle. Par chance, elles ont toutes eu envie de travailler ensemble sans crainte, contrairement à ce que je redoutais. Catherine m'a tout de suite dit : "Oui ! J'adore les femmes !".
François Ozon, Femme 2002

Catherine Deneuve trouvait le projet de "Huit femmes" original, bizarre et, donc, intrigant. Plus encore lorsque je lui ai dit que je voulais faire chanter chacune des huit actrices. Depuis Demy, et jusqu'à Lars von Trier, elle a toujours montré qu'elle était partante pour des projets où la musique, la danse et la chanson avaient un rôle à jouer.
François Ozon, Studio Magazine 2002

Des actrices comme elles, qui ont une telle carrière, qui ont fait autant de films, c'est ce qu'elles aiment. L'inattendu. Et c'est vrai pour toutes. Pour qu'elles aient du désir, il faut leur donner des choses extraordinaires à faire ; en tout cas, pas banales. On ne demande pas tous les jours à Isabelle Huppert et à Catherine Deneuve de se crêper le chignon ! Ou à Catherine Deneuve d'assommer Danielle Darrieux d'un coup de bouteille !
François Ozon, Studio Magazine 2002

J'ai choisi Catherine Deneuve parce que je voulais une actrice qui représente, en France comme à l'étranger, le cinéma français. Le casting s'est ensuite construit autour d'elle.
François Ozon, Positif 2002

Quand on choisit une actrice comme elle, on sait qu'elle n'arrive pas seule, mais accompagnée de ses rôles et metteurs en scène passés - auxquels le spectateur se réfère forcément, même inconsciemment. Quitte à me coltiner toute cette mémoire, j'avais envie de travailler dessus, de m'amuser avec. Entre beaucoup d'autres clins d'œil on s'est inspiré de l'affiche de "Belle de jour" pour le portrait de Catherine Deneuve qu'on voit dans le film.
François Ozon, Télérama 2002

Dès le début, je leur avais dit que je les voulais toutes glamour et magnifiques. Je voulais qu'elle fassent rêver. [...] Pour Catherine, j'ai pensé au look de Lana Turner, à la façon de bouger de Marilyn Monroe.
François Ozon, Femme 2002

Dans la journée, le plateau ressemblait à un salon de thé : chaque actrice avait son fauteuil, elles se regroupaient dans un coin et discutaient. Leurs egos se sont un peu neutralisés, toutes ont fait des efforts. Elles savaient que la réussite du film reposait sur chacune d'elles...
François Ozon, Femme 2002

Catherine a besoin que je lui explique mon découpage, elle a besoin de chercher des déplacements, elle travaille dans le mouvement.
François Ozon, Studio Magazine 2002

Catherine est très instinctive. Elle aime bien qu'on s'adapte à sa manière.
François Ozon, Madame Figaro 2002

Catherine Deneuve, qui a certainement plus de liberté quand elle travaille avec Téchiné, n'aimait pas que je lui impose ses déplacements. Alors elle se rattrapait sur les dialogues. C'est elle qui a eu l'idée, lorsqu'Isabelle Huppert pleure dans la cuisine, de l'appeler "Titine". C'était très touchant et cela enrichissait leur relation.
François Ozon, Positif 2002

Pour son affrontement avec Catherine Deneuve, j'ai dit des choses à Emmanuelle Béart sur le personnage de Catherine que j'avais cachées à cette dernière.
François Ozon, Positif 2002

Pendant le tournage, on a proposé à Catherine Deneuve une étole de fourrure parce que je savais qu'elle aimerait. En plus, ça rendait un discret hommage à Marilyn.
François Ozon, Positif 2002

Catherine est venue [aux rushes] parce que ça l'aide à travailler. Au début, cela m'inquiétait parce que, d'habitude, mes acteurs ne viennent pas voir les rushes. Mais, en fait, c'était très bien, car elle comprenait mieux ce que je cherchais. Ce qui est marrant, c'est qu'après, elle appelait les autres en leur disant : "Je vous ai vue dans telle scène, vous êtes formidable !"
François Ozon, Studio Magazine 2002

Dans le scénario, il y avait une phrase de Truffaut qui résonnait entre elles [Catherine Deneuve et Fanny Ardant] : "te voir, c'est à la fois une joie et une souffrance". Cette réplique, Depardieu dans "Le dernier métro" et avant lui, Belmondo dans "La sirène du Mississipi", l'avaient déjà lancée à Catherine. Dans mon film, quand elle la prononce, on voit le visage de Fanny dans le rideau rouge. A la répétition, j'étais nerveux, inquiet de ce que Catherine en penserait. Je lui ai dit : "c'est un petit vol". Elle m'a répondu : "non, c'est un très bel emprunt". Tourner avec elle a été une expérience très forte. Elle donne beaucoup aux autres actrices et a apporté à son personnage une humanité qui n'existait pas sur le papier. C'est quelqu'un de très aventureux.
François Ozon, Femme 2002

Catherine et Fanny ont eu, toutes les deux, des rôles magnifiques avec Truffaut, et elles l'ont toutes les deux aimé. C'était joli de jouer avec, puisque, dans le film, elles sont un peu rivales, d'une certaine manière. En plus, cette phrase de Truffaut m'est venue naturellement, parce que c'est quelque chose que je ressens profondément, comme beaucoup de gens. Ce n'est qu'après que je me suis dit : "est-ce que je vais oser la faire dire à Catherine ?". Un jour, avant le début du film, on a fait une lecture avec Catherine et Fanny. Je leur ai donné la nouvelle version du scénario. On lisait les répliques et on est arrivés à celle-ci. Moi, je jouais le rôle de Suzon, qu'interprète Virginie. Catherine m'a dit la phrase de Truffaut et elle m'a souri. Moi, j'étais tout rouge et j'ai balbutié : "excusez-moi, j'ai commis un petit vol". Et elle m'a répondu : "non, c'est un bel emprunt". Fanny n'a rien dit. Elle a juste souri.
François Ozon, Studio Magazine 2002

Cela excite les acteurs qu'on leur propose de l'inattendu. On s'imagine que Catherine Deneuve doit être bien habillée, impeccable, alors qu'en réalité c'est une femme qui a vraiment envie de faire des choses extraordinaires. Cela se voit d'ailleurs dans les choix de sa carrière. Donc, aucun problème pour cette scène [avec Fanny Ardant]. Au contraire, il y a eu une grande complicité, elles ont bien rigolé. Elles m'ont juste dit : "On ne veut pas que ce soit vulgaire, on veut que ce soit bien filmé".
François Ozon, Marie Claire 2002

Extraits d'interviews de ses partenaires


Quand je rencontre Catherine Deneuve sur un tournage, je suis sa mère ! Cela fait quatre fois. Mais c'est la première fois qu'elle m'enferme dans un placard. Dans "8 femmes", elle me rappelle Marilyn et, d'ailleurs, c'est comme ça que je l'appelais. Avoir pour fille Catherine, si régulièrement, dans des univers imaginaires si divers, est très émouvant : comme si une autre vie se jouait malgré nous, en dehors de nous. Le temps d'un film, elle s'impose, Catherine est ma fille, et je me souviens d'elle, la première fois, toute gamine, ses petits cheveux châtains, son visage adorable.
Danielle Darrieux, Elle 2002

Elle connaît toutes les chansons, de Radiohead à Petula Clark. Elle aime faire rire mais, quand il y a un fou rire général durant une prise, c'est la seule qui réussit à garder son sérieux. Elle est tactile, prévenante - elle a offert des brins de muguet à tout le monde, le jour du 1er mai -, et discrète.
Virginie Ledoyen, Elle 2002

Catherine Deneuve était maternelle, protectrice et attentionnée.
Virginie Ledoyen, Paris Match 2002

Chacune a sa propre méthode. Chez Catherine Deneuve, c'est inné et donc apparemment insouciant.
Ludivine Sagnier, Le Film Français 2002

Vous m'avez toujours encouragée. Je me souviens très bien, le jour de ma tirade, vous étiez là, très présente. Vous m'avez même apporté à boire...
Ludivine Sagnier, CinéLive 2002

J'étais en train de parler avec Catherine Deneuve et, tout d'un coup, je me suis souvenue d'elle dans "Le dernier métro" et je me suis mise à pleurer. Elle m'a dit : "Arrête, tu ne vas pas pleurer, c'est ridicule !", en me donnant une petite tape sur la main. Catherine a cette image d'icône du cinéma, mais elle a vraiment les pieds sur terre.
Ludivine Sagnier, Oh La 2003

C'était l'équilibre la terreur. Donc il n'y a pas eu d'ego manifeste, sinon cela aurait confiné au ridicule. Je suis arrivée la dernière, comme après la bataille. J'étais l'outsider. Je n'avais tourné avec aucune des atrcies présentes. Dès le premier jour, je me suis retrouvée plantée devant elles pour exécuter ma chorégraphie, et c'était un peu : "Alors, vas-y, montre-nous ce que tu sais faire..." La seule chose à laquelle j'ai pu me raccrocher, ça a été le regard de Catherine dans lequel il y avait de la bonté. Elle comprenait que mon cœur allait exploser dans ma poitrine.
Fanny Ardant, Première 2004

Je n'avais jamais joué avec Catherine Deneuve mais je l'aimais. Parce qu'elle est un lien avec François [Truffaut], comme Claude Berri. Quand j'étais allongée sur elle, pour la scène où je l'embrasse sur la bouche, je lui disais : "Je suis une fausse maigre, hein, faites attention".
Fanny Ardant, Première 2004

Extraits de critiques

Cluedo policier, coffre à jouets cinéphile, radiographie mélancolique des passions féminines, comédie musicale et drôlatique, portrait amoureux et vachard de quelques grandes actrices françaises : "Huit femmes" est tout cela. Avec talent, maîtrise et une petite dose de perversité, François Ozon joue et gagne.
Télérama 2002

" Huit femmes " est un petit chef-d'œuvre, un thriller glamour qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte. Voici huit raisons pour courir le voir.
1) Le casting. Historique! La fine fleur féminine du cinéma français, toutes générations confondues, s'y épanouit dans une floraison de fiel et d'élégance. Une constellation d'actrices, qui vont, 1 h 43 durant, se déchirer de leur bec badigeonné de rouge et de leurs ongles manucurés. Un festival de stars-icônes qui jouent avec leur image ou se jouent d'elle, avec la même délectation. Huit panthères dans une même cage... Un casting d'enfer. Un exploit - et un plaisir - total.
2) Le scénario. Adaptée d'une pièce des années 60 de Robert Thomas, l'intrigue est un feu d'artifice de chausse-trappes, de fausses pistes, de pièges et de rebondissements, dignes d'Agatha Christie, dynamité, en plus, par des dialogues percutants et un humour noir qui, derrière leur légèreté, ne sont pas très rassurants quant à la nature des femmes - et des hommes.
3) Le look. Un travail subtil sur la lumière enveloppe les huit actrices d'une aura rétro et dramatique. L'architecture théâtrale des décors magnifie l'action et ménage la montée de la tension. Élégance suprême, enfin, des costumes, qui sont en totale adéquation avec la psychologie de celles qui les portent.
4) La mise en scène. Affinant ses partis pris stylistiques, François Ozon mène, avec un singulier mélange de tact et d'audace, de fascination et de distance, cette danse de séduction et de mort, tout en laissant à chacune de ses interprètes assez d'espace pour qu'elle imprime sa marque. Un équilibre parfait.
5) Le jeu de miroirs. Les actrices qui s'interpellent derrière leurs personnages, les clins d'œil à " Femmes " de Cukor, mais aussi au " Dernier métro ", à " Marie-Octobre ", à " Gilda, à " Les hommes préfèrent les blondes " et même à " Hairspray ", démultiplient notre premier plaisir de spectateur et, au-delà de l'exercice de style, approfondissent notre trouble.
6) La chanson et la danse. Avec un culot jubilatoire, le réalisateur ponctue son film de huit intermèdes musicaux : chacune de ses héroïnes se révèle en dansant et en chantant. Un summum de kitsch, vite transcendé par l'émotion.
7) La passion, même vénéneuse, dont déborde ce film pour les femmes et les actrices. A ce point-là, c'est rare.
8) La liberté, l'audace et le talent dont témoignent autant les actrices que leur metteur en scène. Et qui ont permis à cette entreprise folle et glamour d'exister. Comment ne pas être sous le charme ?
Studio Magazine 2002

2002
Couleurs
1h43
Rôle de Gaby



Images du film

Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Danielle Darrieux, Isabelle Huppert, Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Virginie Ledoyen, Ludivine Sagnier, Firmine Richard, Dominique Lamure
Scénario : François Ozon, d'après la pièce de Robert Thomas
Photo : Jeanne Lapoirie
Musique : Krishna Levy

Résumé : Dans les années 50, une grande demeure bourgeoise en pleine campagne : on s'apprête à fêter Noël. Mais un drame se produit : le maître de maison est assassiné. Huit femmes proches de la victime sont présentes et l'une d'elles est forcément la coupable. Commence alors une longue journée d'enquête, faite de disputes, de trahisons et de révélations, où l'on apprend très vite que chacune a ses raisons et cache des secrets insoupçonnés.
La vérité éclatera, cruelle et tragique, faisant tomber les masques et les faux-semblants.

Festival de Berlin 2002
Festival d'Edinburgh 2002
Festival de Montréal 2002
Festival de Toronto 2002
Festival de Boston 2002

Prix
Festival de Berlin 2002 : Ours d'Argent de la Meilleure Contribution Artistique Individuelle à l'ensemble des actrices
European Awards 2002 : Prix collectif de la Meilleure Actrice

Nominations
Césars 2003 : Film / Réalisateur / Actrice (Fanny Ardant et Isabelle Huppert), Second Rôle Féminin (Danielle Darrieux) / Espoir Féminin (Ludivine Sagnier) / Scénario / Musique / Photo / Son / Costumes / Décor

Chanson "Toi jamais" chantée par Catherine Deneuve

Extrait de "Toi jamais"

Voir le clip sur le site de TV5

Site officiel de François Ozon



Site sur Isabelle Huppert

Photos du tournage

Photos du film

Photos du clip tourné par Dominique Issermann

Photos de la promotion



Documents associés

Imprévu 2001
CinéLive 2002
L'Humanité 2002

Libération 2002
Le Nouvel Observateur 2002