Sa carrière / Films / Indochine
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Anecdotes sur le tournage

C'est Catherine Deneuve qui a suggéré de faire dessiner ses robes par Gabriella Pescucci, une couturière italienne qu'elle avait rencontré en 1977 sur le plateau de "Coup de foudre" de Robert Enrico. Des problèmes de production avaient définitivement interrompu le tournage mais Catherine Deneuve n'a pas oublié celle à qui elle avait promis : "nous retravaillerons ensemble".

C'était le premier jour de tournage, et je n'étais pas à prendre avec des pincettes… Nous avons commencé par la scène finale, celle des retrouvailles avec sa fille adoptive, au bagne. Pour elle aussi, c'était très difficile. Elle devait imaginer, dans sa tête, tout le parcours du film pas encore tourné, découvrir une équipe. Catherine court dans cette scène. Elle s'est littéralement jetée dans le film. Elle voulait s'impressionner elle-même, m'impressionner et impressionner les autres. C'était vraiment beau.
Régis Wargnier, Première 1993

Décimée par la fatigue, l'équipe entière s'affalait dans les fauteuils du décor. Rien n'allait… Catherine arrive dans un costume qui ne me convenait pas. Puis on discute sur une réplique. Jean Yanne avait du mal à jouer sur le ton de la tendresse. Catherine faisait des suggestions. Climat tendu… Mes plombs ont sauté, et j'ai dit : "On va tourner, après tout, faites ce que vous voulez…" Catherine a dit alors : "Je ne tourne pas dans ces conditions". Je me suis dit : "Oh la la ! C'est la fin du bonheur, j'ai tout gâché…" C'est là que Catherine a demandé à toute l'équipe de sortir et m'a dit : "Régis, prenons notre temps. Je ne vous connais pas, mais au fond, je vous connais, on travaille ensemble depuis plusieurs semaines, on s'entend bien, on fait de belles choses, j'en suis très contente. Mais là, qu'est-ce qui ne va pas ? Il faut qu'on en parle". Je lui ai répondu : "Catherine, cette scène, je l'ai écrite, je l'ai rêvée, et je n'en retrouve pas le goût". Elle : "On va travailler dans ce sens. Voulez-vous qu'on change les dialogues ? Jean va s'y mettre aussi". Puis elle a dit à l'équipe : "Vous pouvez revenir", et tout le monde a pensé : "Quelle classe !" Elle a su désamorcer une crise parce qu'elle avait, plus que moi, l'expérience d'un tournage. Plus d'humanité aussi.
Régis Wargnier, Première 1993

Extraits d'interviews de Catherine Deneuve

La genèse du projet


J'avais connu Régis lorsqu'il était assistant. On avait sympathisé et je me rappelle - vous savez comment il est : entier, très passionné, très orgueilleux - qu'il m'avait dit : "Est-ce que vous feriez un film avec moi ?" Il y avait un vrai désir dans sa question, mais aussi comme un défi... J'avais dit oui. Il m'avait fait lire le script de "La femme de ma vie", il était intéressant, original. On s'est revus régulièrement, et de là est né "Indochine"...

On s'était déjà approchés, Régis et moi, il y a quelques années (pour "La femme de ma vie"). On s'était vus, on avait parlé, il avait écrit et réécrit et puis finalement, j'avais renoncé. On est restés en contact, je suis allée voir ses deux premiers films avant qu'ils ne sortent, il me disait qu'il avait envie de faire un film avec moi, d'écrire un film pour moi... Je ne peux pas retrouver précisément ce qu'il m'a dit mais j'ai le sentiment qu'il aurait pu me dire ce que disait Truffaut quand il a écrit "Le dernier métro" : qu'il voulait m'écrire un rôle à la fois d'un personnage romanesque et d'une femme responsable, déterminée. Un rôle d'une femme-femme, d'une femme qui n'est plus une jeune fille mais qui ne sera peut-être jamais tout à fait une adulte. Un personnage qui soit en harmonie avec le genre de personne que j'ai l'air d'être, aussi bien dans la vie que dans les films.

Ce qui m'a fait peur, ce qui m'a inquiétée en général, c'était de me dire : "Ça a été écrit pour moi, ce sont des scènes magnifiques. Est-ce que je suis capable d'être aussi bien que ce qu'ils ont imaginé, que ce qu'ils ont rêvé...". Voilà, c'était ça ma peur et.., ça l'est encore ! Ce sont des craintes qu'on a, quand on sait que le scénario est très beau, quand on sait que le rôle est très beau et que, non seulement, il faut le réussir mais qu'il faut aussi surprendre... Et on ne surprend jamais mieux que lorsque l'on se surprend d'abord soi-même. Quand les scènes sont très fortes, très riches, comme c'est le cas dans "Indochine", c'est plus difficile de trouver des choses à soi, d'inventer des choses en plus, de dépasser ce qui est écrit sur le papier...

Le sujet

C'est la peinture d'un univers où les gens sont finalement toujours pris dans les tourments de leur vie personnelle - et c'est ça qui l'emporte sur tout. Ça ressemble à la vie mais c'est beaucoup plus romanesque que la vie... Mais, dans la vie, c'est un peu comme ça aussi, non ? On croit qu'on décide alors que finalement on est porté par ses émotions, par ces sentiments, révélés ou cachés...

Le personnage

Ce rôle d"lndochine" est en effet une somme de tout ce que j'ai fait au cinéma - peut-être parce que Régis Wargnier me connaît très très bien à travers mes films... Bien sûr, aujourd'hui, il me connaît beaucoup mieux parce qu'on se voit énormément, qu'on se parle beaucoup mais quand il a écrit "Indochine" ses scénaristes, il l'a écrit avec, en tête, tous les films que j'ai faits... Cela m'a à la fois émerveillée et fait terriblement peur... [...] Parce qu'on se dit tout de suite : "Comment surprendre encore?" Et puis, bien sûr, parce que c'est un rôle complexe, un projet énorme.... Mais j'ai tellement aimé le scénario. Il est magnifique lyrique et romanesque : tout ce que j'aime !

Le personnage est assez proche de moi par certains côtés... [...] Assez distante comme ça en apparence, mais passionnelle, avec des pulsions fortes. Assez secrète et en même temps, violente... Je connais les états d'âme de ce type de personnage. Je pense que beaucoup de femmes vont s'y reconnaître.

Et elle [Dominique Blanc] ajoute : "Même les arbres, s'ils étaient sincères, ne pousseraient pas..." C'est la phrase la plus cruelle qu'on puisse me dire à moi personnellement, qui adore tellement les arbres ! [...] C'est une scène magnifique sur l'imposture de la beauté. Si on est beau dehors, on devrait être encore plus beau à l'intérieur ! Sinon il y a quelque chose d'encore plus injuste, c'est un paradoxe presque insupportable...

Ce que j'aime dans ce personnage, c'est que c'est quelqu'un de romanesque et d'humain, qui a des défauts... Tant mieux ! (Rires) Ce n'est pas quelqu'un d'idéalisé. Il y a même des moments où elle est assez dure. Mais... on pardonne tout à une femme amoureuse !

Le scénario d'"lndochine" se déroulait en 1930. Je ne pouvais donc garder mes cheveux longs. J'avais d'abord voulu essayer une perruque, mais, avec mon épaisseur de cheveux en dessous, elle me faisait une tête énorme. J'en ai donc fait couper. Cela allait bien avec la silhouette que j'avais choisie d'esquisser. Anglaise et maigre.

Le tournage


Quand je suis partie à Hanoï, je m'attendais à trouver un pays dévasté. Je suis partie avec des malles pleines, on m'avait dit qu'on ne trouvait pas d'ampoules électriques... En fait, tout est compliqué, mais la vie est très possible. Nous étions des touristes privilégiés, certes, mais les conditions étaient tout à fait bonnes.

Le plus gros problème, peut-être, c'était de ne pas pouvoir communiquer avec l'extérieur. Faire la queue à la poste et ne pas arriver à avoir sa communication. Mais finalement on s'y habitue... On s'habitue à retrouver ses livres en fin de journée parce que la lumière tombe assez tôt, on s'habitue au bruit des ventilateurs, aux moustiquaires bien bordées, à la douceur du soir... On s'habitue à n'entendre que des bicyclettes, à boire du thé...

Je lis, j'écris, je me balade beaucoup à pied, je fais des promenades en voiture... Et comme en plus, c'est un pays où je ne suis pas connue j'ai un sentiment de liberté que je peux rarement avoir en Europe, d'autant qu'il y a ici, comme dans les pays méditerranéens, cette décontraction des pays chauds...

C'est particulier d'être sur un tournage où les gens vous investissent de tous les pouvoirs, parce que vous êtes qui vous êtes, avec votre expérience. Moi, il faut que je sois comme d'habitude, au minimum. Et, si possible, que j'étonne les gens, que je sois mieux qu'avant. A qui je peux confier ces doutes ? Ça fait de vous une drôle de femme, sur le moment.

Je me souviens d'un matin ici, en Malaisie, où l'on a tourné dans une plantation d'hévéas, c'était extraordinaire. Les saigneurs d'hévéas qui récoltent le latex, avançaient en rang, au milieu de la brume, leur petite lampe sur la tête, c'était magique... Là. vous n'avez plus aucun effort à faire : vous êtes dans le film tout de suite.

Il y avait quelqu'un de la brigade des stups qui était là. On a tourné avec du véritable opium en studio à Paris. On m'a donc expliqué les effets... J'ai retrouvé certains états qu'on connaît, qui peuvent être produits par l'alcool ou certains analgésiques, et puis on imagine, c'est notre métier. L'ambiance de la fumerie est très juste, très bien rendue grâce à la photo de François Catonné.

Ce qui m'a pesé au bout de quelques mois, c'est de ne presque jamais sourire. Eliane est un personnage tourmenté.

C'est tellement rare un tournage où l'on est aussi heureux, heureux de travailler, de tourner - même s'il va des scènes dures, des choses compliquées et des conditions pas toujours faciles. C'est tellement exceptionnel. Tout. L'ensemble. Le projet, l'aventure, le pays... Je me dis que quand ça va s'arrêter, ça va être terrible... Je ne suis pas du tout préparée au mot FIN !

Le tournage d' "Indochine" a été un bonheur... Ensuite, c'est un rôle qui a beaucoup compté pour moi, qui a eu beaucoup de retombées. Le rôle de la maturité...
Catherine Deneuve, Studio Magazine 1998

C'était une belle année ! Je ne veux pas jouer les anciens combattants et raconter mon Viêt-nam mais "Indochine" était vraiment une belle aventure...

Extraits d'interviews de Régis Wargnier et des scénaristes

Un rôle qui soit la somme de tous les désirs que j'ai eus envers elle, la somme de tout ce que j'ai senti d'elle à travers ses films, de tout ce que j'ai vu et imaginé…
Régis Wargnier, Studio Magazine 1992

Au début du film, elle est apparue comme un mythe mais, très vite, elle a cassé cette image. Les jours où elle ne devait pas tourner, elle venait avec son petit appareil photo. Avant même de dire bonjour, clic-clac ! Et le lendemain, chacun avait un tirage de la photo. A Hanoï, elle avait sa boutique. Elle y achetait des T-shirts sur lesquels elle faisait imprimer "Indochine" et elle en offrait à tout le monde. Personne ne la connaît sous ce jour.
Régis Wargnier, Première 1993

Louis Gardel : Ce qui nous a tous fait rêver depuis le début, c'est Catherine Deneuve… C'était une fondation pour le film. Et comme on l'aime tous beaucoup, on a beaucoup rêvé sur son personnage…

Erik Orsenna : Et on s'est même payé le luxe de l'engueuler ! A un moment, on vous dit : "Il y a Yvette qui engueule Catherine Deneuve". Et vous pensez : "Je suis là, moi, petit rat de scénariste, et je vais me faire le plaisir d'engueuler la Deneuve. Sur quoi ? Sur la beauté forcément !". C'est un luxe inouï, un plaisir immense… Vous vous frottez les mains, et ça sort...
Louis Gardel et Erik Orsenna, Studio Magazine 1992

Catherine était magnifique. Très simple et chaleureuse avec l'équipe, mais aussi très professionnelle. Le plateau est une seconde nature pour elle.

Régis Wargnier

Dans la vie, Catherine est une personne extrêmement vivante, pleine d'entrain, infatigable. Le soir, après le tournage, elle voulait toujours sortir, aller dîner, prendre un dernier verre… J'étais obligé de lui dire "non" pour être en forme le lendemain !

Régis Wargnier

[A propos d'une fête peu de temps avant la fin du tournage]
On avait mis de la musique et j'avais invité Catherine à danser. Elle me disait qu'elle était contente car il nous restait encore quelques scènes à tourner. Puis elle m'a soufflé à l'oreille : "Je crois que nous ne nous sommes pas trompés de rendez-vous cette fois-ci…"

Régis Wargnier

Extraits de critiques

Le premier atout, le premier plaisir et la première d' "Indochine", c'est Catherine Deneuve... Quoi de plus mystérieux que ce visage, si pur, si parfait, si lisse ? On sent bien ce qu'il peut receler de pensées secrètes, de fêlures et d'inquiétudes, de troubles et d'emballements. C'est sur ce paradoxe qu'a misé Régis Wargnier en construisant "Indochine" autour de Catherine Deneuve. Il l'aime - et ça se voit. Pas une seconde, il n'a cherché à casser son image. Il a voulu au contraire jouer avec cette image, la prolonger, la pousser dans ses retranchements, puiser dans sa richesse et son ambiguïté. Et offrir ainsi à l'actrice l'un des plus beaux personnages qu'elle ait eus depuis longtemps. Celui d'une femme autoritaire, menant de main de maître, dans l'Indochine des années 30, sa plantation d'hévéas et son usine à caoutchouc, mais prête en même temps, d'autant plus qu'elle sent le temps qui s'accélère, à se brûler aux feux de la passion, à céder à tous les vertiges... A la fois forte et vulnérable. Dure et troublante. Cassante et blessée. Un mélange de distance et d'abandon. Un peu comme si son personnage du "Dernier métro" et celui du "Lieu du crime" ne faisaient plus qu'un. Dans ce rôle-somme, Catherine Deneuve est magnifique. Et c'est peu de le dire, il faut la voir. Pas seulement parce qu'elle y est évidemment extrêmement belle, séduisante et émouvante mais parce qu'elle y fait un travail remarquable. On a même du mal à employer le mot travail, tant tout ce qu'elle fait dans le film, tant tout ce qu'elle est, n'a justement jamais l'air d'être le fruit d'un travail. Ce qu'elle apporte, ce qu'elle évoque, c'est l'évidence, le naturel, la liberté.... Elle a investi ce personnage avec une grâce, une délicatesse et une puissance confondantes, glissant littéralement d'une scène à l'autre, d'un sentiment à l'autre, aussi différents soient-ils. Elle est magique. C'est dans ces nuances, dans ces subtilités que se trouve le grand art.
Jean-Pierre Lavoignat, Studio Magazine 1992

1992
Couleurs
2h40
Rôle d'Eliane



Images du film

Réalisateur : Régis Wargnier
Acteurs : Vincent Perez, Linh Dan Pham, Jean Yanne, Dominique Blanc, Henri Marteau, Hubert Saint-Macary
Scénario : Catherine Cohen, Louis Gardel, Erik Orsenna, Régis Wargnier
Photo : François Catonné
Musique : Patrick Doyle
Costumes : Gabriella Pescucci

Résumé : Des vies qui se détruisent, un empire qui s'écroule, la guerre et l'amour se dévident en parallèle dans l'Indochine des années 30.

Prix
National Board of Review 1992 (USA) : Film Etranger
Césars 1993 : Actrice / Second Rôle Féminin / Photo / Décors / Son
Golden Globes 1993 : Film Etranger
Oscars 1993 : Film Etranger
Political Film Society 1994 (USA) : Prix Democracy

Nominations
Césars 1993 : Film / Réalisateur / Second Rôle Masculin / Espoir Féminin / Musique / Montage / Costumes
Oscars 1993 : Actrice
Goya 1993 : Film Européen
British Academy Awards1994 : Film non Anglophone
Political Film Society 1994 (USA) : Prix Human Rights

Photos du tournage

Photos du film



Documents associés

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Elle 1992
Marie Claire 1992
Paris Match 1992
Première 1992
Studio Magazine 1992
Les Cahiers du Cinéma 1993

Première 1993
Source inconnue 1993
Télé Magazine 1993
Paris Match 1995
Régis Wargnier
Golden Globes 1993
Oscars 1993
Studio Magazine 1997