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Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve
C'était un personnage nouveau
pour moi : celui d'une aventurière, avec des traits qui étaient
loin de moi, mais dans un climat si étrange que le film n'entre
dans aucun genre. C'est une histoire d'amour très pathétique,
très passionnée, très romantique - et cela correspond
tout à fait à la personnalité de Truffaut, ce
romantisme - avec des éléments comme l'aventure, l'intrigue
policière, qui viennent se mêler à cela
Mais j'ai assez de mal à parler de ce film parce que le tournage
a été merveilleux, facile, agréable, sans aucun
problème, dans une ambiance formidable, avec une confiance
totale
C'est comme le bonheur en fin de compte, cela ne se raconte
pas : il faut le vivre ou en être témoin pour comprendre.
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Avec Truffaut, j'ai eu l'impression
de bouger sans avoir à me déplacer physiquement. C'est
avec lui que j'ai appris que la force d'un regard ne correspond pas
forcément à un gros plan les deux yeux dans l'objectif
de la caméra. C'est avec lui que j'ai appris des "trucs"
techniques : on ne joue pas de la même façon un film
bourré de "plans séquences" et un autre minutieusement
découpé, tel "Le Bon Plaisir". |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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C'était un tournage très particulier
parce que Truffaut n'avait pas voulu écrire les dialogues à
l'avance. On a tout tourné dans l'ordre chronologique et Truffaut
écrivait au fur et à mesure du tournage pour que les
choses évoluent, pour que quelque chose de fort se passe. Il
écrivait la veille au soir les dialogues du lendemain ; c'était
assez périlleux, surtout sur un si long tournage trois mois,
déplacement à La Réunion... On avait parfois
des difficultés, on manquait de recul, on ne pouvait pas discuter
les dialogues mais, en même temps, ce risque était passionnant. |
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Ça a été un tournage long
et difficile, il écrivait les dialogues au fur et à
mesure. Il avait donné un rôle de perdant à Belmondo,
qui était une vedette populaire, et le public n'a pas marché.
J'aime beaucoup ce film. |
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{L'échec de "La sirène du Mississipi"]
m'a beaucoup attristée : un sujet très romanesque, une
histoire d'amour... J'adorais ce film. Mais il était tellement
contre les lois du genre, contre mon image habituelle et surtout celle
de Belmondo. Le public n'a apparemment pas accepté que Belmondo
joue un homme faible, qui subit. C'était une série noire
vraiment noire. Mais je considère que c'est un film important.
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Le premier film que j'ai
tourné avec Truffaut s'intitulait "La sirène du
Mississippi", avec Belmondo. Ça n'a pas très bien
marché, ça ne le pouvait d'ailleurs pas dans la mesure
où il s'agissait d'une histoire d'amour négative. Le
public n'aime pas voir un homme fort ravagé par une passion.
Mais c'était superbe. C'est un des films que je suis très
fière d'avoir tourné. |
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Extraits de critiques
Je ne suis pas sûr que Jean-Paul
Belmondo soit le personnage du rôle. Quelque chose de fort,
de décidé en lui, crée des doutes sur la veulerie
qu'il montre, dès qu'il a retrouvé sa femme. Catherine
Deneuve est plus convaincante et j'admire beaucoup la transformation
qu'elle opère de son personnage et comment elle se révèle
une petite garce implacable et cruelle. |
Les Echos 1969
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Les plus beaux, les plus
émouvants moments de "La Sirène", sont les
moments dits, les moments de confidence chuchotée, d'aveu ouvert
: Belmondo chantant la beauté de Catherine Deneuve devant un
feu de cheminée, en un sublime morceau d'anthologie qui prend
place dans la galerie des hommages passionnés que, par le biais
du cinéma des artistes comme Sternberg, Rossellini, Godard
ont rendu à leur interprète. |
Guy Braucourt, Cinéma 1969
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L'actrice est superbe
d'ambivalence, insaisissable, intrigante dans tous les sens du mot
: une incarnation de la fiction et de ses miroitements les plus équivoques. |
Le Mensuel du Cinéma 1993
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1969
Couleurs
1h40
Rôle de Julie / Marion
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Réalisateur
: François
Truffaut
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Michel
Bouquet, Nelly Borgeaud, Marcel Berbert, Martine Ferrière, Yves
Drouet
Scénario : François
Truffaut, d'après le roman de William Irish
Photo : Denys Clerval
Musique : Antoine Duhamel
Résumé
: Louis, homme riche et esseulé, qui vit à La Réunion,
a décidé d'épouser une jeune fille connue par correspondance.
La jeune femme s'enfuit un jour avec l'argent de son mari. Il engage
un détective, qui la retrouve : en fait, c'est une artiste de
cabaret. C'est l'histoire d'un amour fou.
Photos du tournage



Photos du film









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