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Extraits d'interviews
de Catherine Deneuve

Pour revenir à
Carax, ce n'est pas tant que je cherchais à le connaître,
mais il y a eu cette proposition. Nous nous sommes rencontrés,
le projet était difficile à monter. J'ai accepté
de tourner la bande-annonce présentée à Cannes
l'an dernier, alors que je n'avais pas signé le contrat et
que je n'étais pas sure de faire le film pour des problèmes
de calendrier. La bande-annonce a permis de financer les effets spéciaux.
Je me suis dit : "Au moins, je serai dans la bande-annonce".
Le film a été reporté et j'ai pu le faire. |
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Je ne crois pas qu'il
attendait grand-chose de moi. Je n'ai pas un grand rôle dans
le film. Il m'avait choisie pour ma ressemblance avec Guillaume Depardieu
qui est le personnage principal et dont je suis la mère. Ça,
je l'ai su assez vite, il ne m'a pas raconté d'histoire. C'est
un personnage que je ne sentais pas trop, une femme assez autoritaire
avec des rapports à la limite incestueux, sans l'être...
très loin de moi. Mais c'était une chose très
courte, ça ne m'a pas posé de problèmes. J'avais
quand même envie de tourner avec lui. |
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Je ne suis pas entrée
dans l'univers de Leos Carax, parce que je ne pense pas que Carax
ait cherché à m'entraîner dans son univers. De
toute façon, à moins d'une relation personnelle qui
se prolonge, je ne pense pas qu'on entre dans l'univers des cinéastes.
Comme on n'entre pas dans la tête des gens. Mais je me suis
sentie très bien dans ce film. J'avais vu les autres films
de Carax, c'est quelqu'un que j'admire. Ce film était l'occasion
de le voir et de le connaître un peu mieux. Je l'ai vu un peu
plus, mais je ne le connais pas mieux, parce que les tournages sont
compliqués et parce que c'était un film difficile pour
lui. Nous nous sommes vus ce qu'il fallait, dans l'harmonie. |
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Je savais que mon rôle
était bref. Faire un travail traditionnel aurait été
disproportionné, hors de propos, et je n'ai pas ressenti le
besoin de le faire. Je n'avais pas beaucoup de questions à
poser à Carax non plus, la lecture du scénario m'avait
donné l'essentiel. Mon personnage n'a qu'une petite part dans
l'histoire que raconte le film, mais une part qui permet de faire
comprendre quelles relations Pierre a connues et ce qui pouvait le
faire fuir, ou le faire courir après quelque chose de plus
vrai, de plus sincère que la relation imposée par la
loi du sang qui perd subitement son sens pour lui. |
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Ce qui m'a le plus surprise chez Leos, c'est sa
timidité, sa sensibilité à fleur de peau et sa
détermination à faire le film coûte que coûte.
Je l'aime beaucoup. J'ai accepté plus que parce que je savais
que ce serait intéressant de tourner avec lui que pour le film
lui-même. |
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Carax, j'ai l'impression
que c'est quelqu'un qui n'a pas beaucoup de relations avec les acteurs
sur le tournage. Il est complètement dans son film, très
délicat, d'une grande sensibilité, il doit être
timide et il s'en sert, aussi. En même temps, l'ambiance était
assez agréable, pas du tout froide, simplement on sent bien
qu'il n'est pas du genre à tutoyer ou à taper sur l'épaule,
mais personnellement, ça m'allait très bien ! |
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Leos Carax est un metteur
en scène qui a besoin de temps, mais c'est vraiment un cinéaste.
Il est dans son film et sa démarche est de rechercher. Avec
moi, ça s'est bien passé, mais je n'ai tourné
que quatre semaines pour le début du film, la partie la plus
idyllique qui se déroule en Normandie, dans un château.
Léos Carax est quelqu'un d'assez timide, il parle peu aux gens
sur le tournage. Mais c'est sa personnalité. Je ne pense pas
que ce soit un jeu, je pense qu'il est comme ça. Il ne parle
pas beaucoup, mais, en revanche, il écrit, il envoie des fax...
C'est quelqu'un de très sophistiqué, d'étrange.
Quelqu'un qui a un univers, mais qui est mal à l'aise avec
les gens. |
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[la
scène de la mort de Marie]
Ce n'est pas ce que j'ai préféré faire dans le
film, mais le tournage de cette scène était assez beau.
C'est toujours autre chose, l'atmosphère de la nuit. C'est
à la fois toujours plus difficile de tourner, et là
il faisait en plus très froid, et en même temps c'est
toujours une ambiance plus forte. Le plan le plus difficile, c'était
en effet celui où Marie est morte et où la moto arrive
sur elle en tournant dans tous les sens. |
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J'ai beaucoup aimé
tourner avec Guillaume, c'est un garçon touchant, singulier,
plus fort qu'on ne le croit
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Extraits de critiques

Un château, une pelouse où se battent
des jets d'eau, une mère aimante et belle comme le jour (Deneuve,
bien sûr), une fiancée fraîche comme le désir,
une forêt profonde... |
Jean-Pierre Lavoignat, Studio
Magazine 1999
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1999
Couleurs
2h15
Rôle de Marie
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Réalisateur
: Léos Carax
Acteurs : Guillaume Depardieu, Katerina
Golubeva, Delphine Chuillot, Laurent Lucas
Scénario : Léos Carax,
Lauren Sedofsky et Jean-Pol Fargeau, d'après le roman "Pierre
ou les ambiguïtés" de Herman Melville
Photo : Eric Gautier
Musique : Scott Walker
Résumé
: Pierre qui vit, heureux, avec sa mère dans un château
perdu dans la forêt, et s'apprête à se marier, croise
sur son chemin une étrange jeune femme, qui va lui révéler
un secret de famille et aussi lui ouvrir les yeux sur le monde...
Festival
de Cannes 1999
Festival de Gijon 1999
Prix
Festival de Gijon 1999 : Acteur
Nominations
Festival de Gijon 1999 : Film
Photos du tournage

Photos du film






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