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Ce qu'en a dit Catherine
Deneuve...

Je l'ai rencontré
pendant le tournage des "Parapluies". II tournait un générique
de film, la nuit, dans un bateau. On n'était pas très
loin, on est allé le voir. J'avais été fascinée
par ce petit homme agile, volubile, avec ses yeux incroyables, cette
voix... Je trouve qu'il a un charme fou, Roman. Plus tard, on s'est
rencontrés un soir, il avait vu "Les parapluies",
et là, c'est drôle la vie. Qu'est-ce qu'on peut être
con quand on est jeune ! II m'a dit : j'ai une envie de film avec
vous. II est très romantique, Roman. II était fou des
"Parapluies de Cherbourg". II m'a fait lire un bouquin.
Je me suis vexée comme un pou. Je lui dis pas question. Quelque
chose comme ça. [...] II me proposait "Naïves Hirondelles",
la pièce merveilleuse de Roland Dubillard. Mais il s'agissait
d'un rôle d'idiote. Comme une idiote, j'ai refusé (elle
rit). Plus tard, je me suis dit que j'avais été idiote
et c'est comme ça qu'on a fait "Répulsion"
qu'il a écrit avec Gérard Brach, devenu un ami. J'aime
ce qu'il est, il me touche beaucoup. II fait du vrai cinéma,
ce qui devient rare. |
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J'ai tout de suite été
fascinée par son regard, son énergie, sa rapidité
d'esprit. Il était vif de partout. |
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Roman Polanski a aussi
beaucoup compté pour moi. [...] Roman était acteur,
il a toujours voulu être acteur. D'ailleurs il est acteur :
c'est quelqu'un qui joue beaucoup, qui explique beaucoup à
tout le monde et particulièrement aux acteurs. Il m'a appris
des choses sans vouloir me les apprendre : la manière d'habiter
une scène, de trouver des choses insolites, un peu dérangeantes.
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Ça a été
pour moi une expérience très particulière parce
que je n'étais pas habituée à voir quelqu'un
d'aussi vivant que Polanski. Parce que Polanski est quelqu'un de vivant
tout le temps, d'épuisant même. C'est quelqu'un qui s'occupe
de tout, qui connaît tout, qui s'intéresse à tout.
Que ce soit les lumières, le son, les maquillages. Il a une
formation classique réelle, plus une personnalité particulière.
C'est un directeur d'acteurs formidable. D'ailleurs, c'est lui-même
un acteur avant tout. Je crois que c'est ça qui lui plaît
le plus dans son métier. |
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Polanski, lui, est un metteur en
scène qui mime tout. Si vous devez vous allonger par terre,
il fera d'abord le tapis. Il est incroyable. Il adore les acteurs
mais, avant tout, il adore jouer. |
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Polanski m'a fascinée parce qu'il s'occupe
absolument de tout, y compris des accessoires. Avec un magnétisme
incroyable. |
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Ce qui est formidable avec lui, c'est
qu'il supervise lui-même absolument tout. Il a été
acteur, il fait le décor, il connaît les lumières.
Dans son école de cinéma, on lui a tout appris. C'est
la raison pour laquelle ses films ont vraiment un goût. Je ne
parle pas de bon goût, mais un goût, simplement, le goût
Polanski. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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Quand je l'ai rencontré,
j'ai été très contente de découvrir vite
que c'était qu'un qui avait du talent, parce que ça
m'a permis d'être plus tolérante. C'est quelqu'un qui
pense avoir quelque chose à prouver socialement et il fallait
vraiment qu'il réussisse de façon évidente. Sinon,
c'est vrai que son personnage, pour ceux qui ne le connaissent pas,
était peut-être agaçant, mais il avait bien le
talent dont il parlait. Car il est le premier à le dire
Enfin, il était... il y a longtemps que je ne l'ai pas vu...
J'ai beaucoup de sympathie pour lui. Pour des raisons évidentes,
ou d'autres, plus secrètes. |
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On
se rencontre de temps en temps. Quand j'ai connu Roman, personne n'avait
vu ses films. Tandis que je tournais à Cherbourg " Les
parapluies... ", lui réalisait de nuit le générique
d'un film français dans lequel il avait signé un sketch
["Les plus belles escroqueries du monde", 1964]. Lorsque
je vais rentrer, je vais l'appeler pour lui dire tout le bien que
je pense du "Pianiste", qui est absolument magnifique.
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Ce qu'il a dit sur Catherine
Deneuve...

Je ne me souviens plus de ma première rencontre avec Catherine.
Ce devait être en 1960, au temps où elle vivait avec
Vadim, pendant le tournage des "Parapluies de Cherbourg".
Par la suite, je l'ai revue à Paris. Nous nous aimions
beaucoup. Quand m'est venue l'idée de "Répulsion",
j'ai songé à elle. Sa personnalité, sa beauté,
et sa façon de jouer me plaisaient. Disons-le, j'étais
déjà un de ses admirateurs. Travailler avec elle
fut une rencontre dont je me souviens avec nostalgie. Elle s'est
mise entre mes mains, attendant chaque jour mes suggestions, me
regardant comme un élève regarde un professeur en
qui il a confiance. Notre seul différend eut lieu au cours
d'une scène déshabillée. Elle portait, sous
une chemise de nuit transparente, une culotte que je voulais qu'elle
retire par souci de vérité. Elle était très
gênée car c'était la première fois
que cette femme pudique se dévoilait. Ce n'est pas à
moi de dire si "Répulsion" fut un tournant de
sa carrière, mais on l'a dit. Quant à son image
d'actrice glacée, je crois qu'il s'agit chez elle d'une
apparence, d'une protection. J'aimerais retravailler avec Catherine
même si faire un film avec un acteur qu'on connaît
est difficile.
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Deux
ans après sa naissance en France (1933), ses parents décident
de revenir en Pologne, et de traverser l'Allemagne déjà
hitlérienne. La guerre éclate : camp de concentration pour
le père et la mère qui y meurt. Polanski s'échappe
du ghetto dans lequel il est emprisonné, traverse son pays, et
se fait héberger chez des familles catholiques. Dès les
années 50, il joue dans des films et s'initie aux techniques du
cinéma. Il réalise quelques courts métrages remarqués,
testant ainsi son humour noir, sa vision étrange des relations
humaines, son attirance pour l'étrangeté et la bizarrerie.
Il réalise "Répulsion" avec Catherine Deneuve,
et "Cul-de-sac" avec Françoise Dorléac : Polanski
installe son univers inquiétant, angoissant, basé sur la
psychologie d'êtres qui déraillent, souvent à cause
d'une solitude subie. Il réalise à Hollywood "Le Bal
des Vampires" puis "Rosemary's Baby". Polanski a tous ses
thèmes de prédilection en main : la sorcellerie, le mystique,
le sang, bref la plongée dans les enfers. A 35 ans il se marie
avec l'actrice Sharon Tate, qui sera assassinée un an et demi plus
tard, une véritable tragédie qui ne fait qu'accentuer le
fatalisme du réalisateur. Avec "Chinatown", il offre
au 7ème Art l'un des plus beaux films policiers. Il
obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes 2002 pour "Le pianiste",
qui raconte justement l'histoire d'un survivant du ghetto de Varsovie.
Films avec Catherine Deneuve





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