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Ce qu'en a dit Catherine
Deneuve...

C'est grâce à Rappeneau que j'ai
pu faire de la comédie. J'avais été emballée
par le rôle de "La vie de château" qui jurait
avec mon étiquette de jeune première romantique. "Le
sauvage" m'a fait retrouver ce plaisir : l'impression de faire
quelque chose de musical, avec un rythme à respecter, comme
si on chantait juste ou faux. |
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Rappeneau adore les
actrices qui parlent vite, c'est une musique qui lui plaît,
un rythme de parole qui convient bien à la comédie.
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En tournant avec Jean-Paul Rappeneau,
je me souviens que j'essayais vraiment d'entrer dans son univers,
qui est totalement musical. Je savais que le rythme était important,
et j'essayais de lui rendre les notes qu'il attendait de moi. |
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La comédie c'est très musical.
Quelqu'un qui sait très bien faire ça, c'est Jean-Paul
Rappeneau. Il a un sens de la mesure à l'intérieur d'une
scène, les temps prennent une importance. Parce qu'il peut
y avoir une bonne scène, mais si le rythme n'y est pas, c'est
fini. |
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C'est quelqu'un qui écrit
des partitions exactes. Il écrit ses films comme on écrit
une musique et je suis une interprète très consentante
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J'ai beaucoup aimé travailler
avec lui, car il a un ton, un style formidable, et j'étais
d'autant plus contente que personne n'aurait écrit pour moi
ce personnage qui a surpris beaucoup de gens. |
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Comme c'est quelqu'un qui travaille
dans la douleur, il avance plutôt lentement. Il prend, il reprend,
il arrête, il renonce, il reprend... |
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Jean-Paul (Rappeneau) est quelqu'un que j'aime
énormément. On se voit peu mais on s'envoie des petits
mots, on se laisse des messages... |
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Ce qu'il a dit sur
Catherine Deneuve...
On m'avait dit : "Vous
n'arriverez pas à la faire bouger, c'est du marbre". Or,
j'ai eu du mal à la freiner. Cette blonde diaphane et immobile
était un bulldozer. Avec un punch, un humour, un aplomb fabuleux,
bref, l'idéal pour jouer la comédie. Elle présente
tout ce dont peut rêver un metteur en scène de comédie.
C'est la personne capable de dire le plus de mots dans le moins de
secondes possibles tout en ne perdant pas une seule syllabe. Elle
qui, a priori, semblait statique, cache un moteur de Formule 1.
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Jean-Paul Rappeneau, Marie-Claire
1984
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Dans les deux films que j'ai faits
avec Catherine Deneuve, elle était là pour agiter les
personnages masculins du film. [...] Ce sont ses apparitions qui donnent
le rythme et qui faisaient sortir les héros de leur calme.
Et pour cela, elle est irremplaçable. Les gens ont une idée
de Catherine Deneuve qui ne correspond pas à la réalité.
C'est quelqu'un de très chaleureux. Et en plus, sous son apparente
fragilité, elle a une énorme résistance physique.
Je ne connais personne qui coure plus vite qu'elle. Si un jour je
refais un film avec elle, j'en ferai une femme énergique et
responsable, avec des enfants. Comme elle. |
Jean-Paul Rappeneau, cité
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
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En 1965, pour mon premier film, "La vie de château",
je cherchais une comédienne vive et rapide. J'avais pensé
à Françoise Dorléac, alors plus connue que
sa sur Catherine Deneuve. Hélas, très fantasque,
elle ne venait pas à mes rendez-vous. Ça m'a agacé.
A la sortie des "Parapluies de Cherbourg", ma productrice
m'a suggéré Catherine. Je n'étais pas emballé
car je me demandais si cette femme que l'on disait calme et sage
pourrait jouer ma comédie. Bien m'en prit de m'entêter
car Catherine fut extraordinaire. A tel point que dix ans plus tard
quand j'ai voulu faire un film trépidant, "Le sauvage",
j'ai immédiatement pensé à elle. Dans ces deux
histoires, elle fut une vraie tornade, possédant un éclat
et une beauté inouïs. Car elle est tout le contraire
de la femme placide qu'on imagine. En elle se cache un turbo. A
tel point que dans les poursuites du "Sauvage", elle courait
si vite que Montand ne pouvait pas la rattraper. S'il fallait la
définir, je dirais qu'elle correspond à l'image idéalisée
que j'ai de l'héroïne française. Elle pourrait
jouer des héroïnes de Balzac, Stendhal, Proust et Giraudoux,
sans problème. Elle est la star blonde française comme
Isabelle Adjani est la star brune. Je caresse même le rêve
de les faire tourner dans le même film. Mais met-on deux crocodiles
dans le même marigot ?
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Né
en 1932, Jean-Paul Rappeneau, qui fut longtemps assistant et scénariste,
entame en 1966 une carrière personnelle placée sous le signe
du classicisme. Perfectionniste, le cinéaste prépare longuement
ses projets, ce qui explique les longs moments d'absence qui jalonnent
sa carrière. Sept films (tous magnifiques) en presque quarante
ans, dont quatre sont des productions lourdes en costumes. Il sait diriger
des masses de figurants dans des scènes d'action ("Cyrano
de Bergerac", film qui a reçu 10 Césars) et raconter
une histoire d'amour conjuguée au passé avec l'efficacité
des meilleurs réalisateurs hollywoodiens des années cinquante.
Films avec Catherine Deneuve
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