Ses interviews / Presse 2000-09 / A nous Paris 2004
Repères
  Biographie
Famille
 
  Presse 2010-2019
Presse 2000-2009
Presse 1990-1999
Presse 1980-1989
Presse 1960-1979
Radio et télévision
Livres
  Hommages
Dessins
Photos
  Caractère
Centres d'intérêt
Opinions
Engagements
 

Mode de vie
Style
Coups de cœur
Sorties et voyages

Le Paris de Catherine Deneuve

De "Belle de jour" à "Peau d'âne" en passant par "Indochine", la demoiselle de Rochefort est devenue la plus grande dame du cinéma français. Amoureuse du 7e art et de ceux qui le font, Catherine Deneuve est une femme fidèle. Rien d'étonnant donc à ce qu'on la retrouve ce mercredi à l'affiche des "Temps qui changent", le nouveau film de son cinéaste adoré, André Téchiné. La star a accepté de répondre aux questions d'"A Nous Paris" dans un grand palace parisien.

C'est votre 5ème film avec André Téchiné. Qu'est-ce qui vous attache à lui ?
Je ne sais pas, j'aime ses films, son univers, sa poésie, son charme provincial, sa rigueur, son élégance, son humour, sa simplicité, ses phobies... J'aime même ce que je n'aime pas chez lui... Mais je ne vous le dirai pas ! Au-delà de ses films, André Téchiné, c'est quelqu'un que je vois régulièrement dans la vie. Il se trouve qu'il est cinéaste et on a une amitié de cinéphiles, comme une amitjé de frère et sœur.

Dans le film, vous retrouvez votre premier amour, interprété par Gérard Depardieu, avec qui vous avez déjà tourné cinq films également. Comment se sont passées vos retrouvailles ?
C'est quelqu'un que je croise de temps en temps, mais ça faisait plus de dix ans qu'on n'avait pas travaillé ensemble. Et je l'ai retrouvé comme ça, très doucement, le temps ne comptait plus vraiment. On avait changé, mais finalement pas tant que ça.

Contrairement à vous, Gérard Depardieu tourne beaucoup. Ne trouvez-vous pas qu'il en fait un peu trop parfois ?
Je me garderai bien de porter un jugement public sur sa façon de fonctionner. Moi, je ne serais pas capable de faire tout ce qu'il fait, et je n'en ai pas envie non plus. Mais si, lui, c'est comme ça qu'il trouve son équilibre, qu'il survit, c'est son intensité à lui. C'est un peu plus que les autres, que beaucoup d'autres, même. Et puis, quand on fait tellement de choses, c'est normal qu'on ne puisse pas enchaîner chef-d'œuvre sur chef-d'œuvre. Il n'empêche que Depardieu est un très grand acteur. Les critiques qu'on lui fait, c'est parce que, étant donné l'estime qu'on lui porte, on lui en veut de ne pas être parfois plus rigoureux dans ses choix.

Aujourd'hui, vous n'avez plus rien à prouver au cinéma. Quelles sont vos motivations ?
Vous savez, on ne fait pas des films pour prouver quelque chose, mais parce qu'on a envie de travailler avec certaines personnes ou de tourner certains sujets plus que d'autres.

Pourriez-vous arrêter le cinéma ?
Je ne vois pas pourquoi j'arrêterais, franchement. Tant qu'on a du désir, il faut faire ce qu'on souhaite. Je ne pense pas que chez les acteurs - ou chez les cinéastes d'ailleurs -, il y ait un âge pour arrêter. C'est moins cruel que la musique ou la danse où l'on est très tenu par ses performances physiques.

Dans le film, vous tournez avec des jeunes comédiens comme Lubna Azabal et Malik Zidi. Vous êtes-vous sentie "obligée" de les mettre à l'aise ?
Non, je ne me suis sentie obligée de rien du tout. Mais, par mon caractère, j'aime bien les choses harmonieuses, donc j'essaie toujours de sentir comment est l'ambiance et de rester dans le positif, même si parfois je m'énerve. Je ne suis pas non plus la Madone qui vient donner sa bénédiction et apporter la bonne parole.

Gilbert Melki joue votre mari. Avez-vous été gênée par la différence d'âge qu'il y a entre vous ?
Je ne pense jamais à ça. Même dans la vie. je ne suis pas rappelée à l'ordre par cette réalité. Franchement, je ne pense pas que ce soit un problème.

Une des questions qu'on vous pose souvent concerne le théâtre. Alors, je viens aux nouvelles : vous ne voulez toujours pas monter sur scène ?
Non, je n'ai pas de scoop à vous donner là-dessus. Je continue à aller au théâtre, mais j'ai toujours la même attirance et le même effroi à l'idée d'y jouer. Mais ce n'est pas un "non" définitif car, sinon, je pense que je serais moins effrayée, même rien qu'à l'idée de l'évoquer.

Parlons un peu de Paris. Vous y êtes née. Enfant, quels souvenirs vous ont marquée ?
C'est surtout maintenant, quand je vois les changements à certains endroits. J'habitais dans le 16e, entre la porte d'Auteuil et le boulevard Exelmans, donc, quand j'y repasse, je revois le viaduc qui n'existe plus, la piscine Molitor qui n'est plus la même, mon lycée... Mais je ne suis pas trop passéiste là-dessus. Je trouve qu'il y a eu des réalisations formidables dans Paris. La Grande Arche de La Défense, la station de métro d'Othoniel, les sculptures de Bernard Benet dans le Jardin des Tuileries... Je suis très ouverte à ce Paris qui évolue.

Vous aimez Paris ?
C'est une si jolie ville... Plus je voyage et plus j'aime Paris. Je regarde toujours Paris avec des yeux plein de surprise. Quand je passe sur les quais et que je regarde le Grand Palais, en fin de journée, quand le soleil vient taper dans cette grande verrière, c'est extraordinaire. J'y suis d'ailleurs allée faire des photos, tellement je trouvais ça beau. Ou quand je traverse le pont et que j'aperçois au loin les Invalides. C'est un bâtiment d'une telle harmonie, d'une telle beauté. Et je me dis que l'or va se patiner, et que d'ici deux ou trois ans, ce sera encore plus beau. Ce sont des visions de Paris dont je ne me lasse pas. J'ai presque tous les jours un plaisir des yeux. Il faut vraiment qu'il pleuve beaucoup pour que je n'apprécie pas quelque chose à Paris.

Y a-t-il des choses qui vous dérangent à Paris ?
Sûrement. Attendez que je cherche... Ce qui me plaît, c'est que c'est propre, sans être trop propre, comme d'autres grandes villes à l'étranger qui sont très bien entretenues, mais trop clinquantes. Non, ce qui me dérange... Je n'aime pas trop les Champs-Elysées, je ne suis pas très fanatique de cette remise à neuf. Mais je ne trouve pas qu'on ait fait des choses trop moches à Paris. Les feux rouges sont bien... Les Abribus, je me dis que ça pourrait être pire... Non, attendez, je cherche, il doit bien y avoir quelque chose que je trouve moche quand même !

Si vous ne trouvez pas, c'est pas grave, vous avez peut-être un mot de conclusion ?
Moi, des conclusions ? Jamais ! Je suis toujours points de suspension...

"Tant qu'il y aura du désir"


Par : Fabien Menguy


Film associé : Les temps qui changent



Documents associés