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Le travail avec Lars von Trier

On dit que c'est vous qui avez pris contact avec Lars von Trier. Comment cela s'est-il passé ?
Je lui ai écrit, il y a quelques années. Il n'était pas encore question de "Dancer in the dark". J'avais vu "Breaking the Waves" (1996), et c'était un film qui me concernait. Un film très émouvant, qui a éveillé en moi des émotions très fortes.

Lorsque vous choisissez un projet, vous ne tenez pas seulement compte de l'histoire, du scénario, ou du rôle qu'on vous propose. Le réalisateur du film a pour vous une importance aussi grande, ou peut-être même plus grande.
C'est exact, et d'ailleurs mon rôle dans "Dancer in the dark" est secondaire. Mais ce qui est intéressant dans ce cas précis, c'est que nous avons eu la possibilité de développer nos rôles au cours du tournage. Le caractère du personnage est bien sûr défini dans le scénario, mais c'est un portrait ouvert que l'on pouvait influencer et développer. On pourrait dire que le portrait était tracé en noir et blanc, et que nous pouvions intervenir avec notre propre gamme de couleurs. Kathy, mon personnage, n'a pas réellement une histoire à elle, et on discerne mal ce qui lui est arrivé, ses expériences antérieures. Là, il y avait place pour apporter soi-même quelque chose. Et Lars nous a laissé la possibilité d'improviser autour des dialogues.

Je suppose qu'il est plus difficile d'improviser quand on ne s'exprime pas dans sa langue maternelle.
Evidemment ! La mémorisation des dialogues est une chose, mais travailler dans une langue qui n'est pas la vôtre fait un peu peur. Et c'est la première fois que je m'aventure dans un projet qui a des bases aussi floues. Ce n'est déjà pas facile d'improviser en français...

Considérez-vous que ce défi a été positif ?
Cela m'a beaucoup intéressée, c'est une forme cinématographique libre, à laquelle nous ne sommes pas étrangers en France. Travailler avec Lars a été très stimulant. J'aime son sérieux. C'est peut-être une sorte de sérieux nordique. Mais il possède une force particulière, tout en étant très sensible, très torturé. Il a un fort besoin de sécurité, en même temps qu'il transmet une sensation de sécurité.

Dans une interview parue dans les Cahiers du Cinéma (n °535), vous avez critiqué les metteurs en scène qui s'installent devant le moniteur, et montrent un intérêt minime ou inexistant pour la communication directe avec les acteurs. Lars travaillait ainsi, il y a quelques années, avant de changer.
Oui, son contact avec les acteurs est extrêmement direct et présent. Et surtout, il est lui-même derrière la caméra. Cette présence est très reposante et stimulante. Elle crée une confiance qui facilite la prise de risques : ceux-là mêmes qu'il attend qu'on prenne pour lui. Dans cette expérience de tournage, il y a donc eu des choses à découvrir et à regarder, et il était nécessaire de bien réfléchir à la façon de poser les pieds, et où les poser. Cela a été un voyage mémorable dans l'inconnu.

Dans ce film, il y a d'une part des acteurs avec une longue expérience du cinéma comme vous. Péter Stormare et David Morse, et d'autre part une novice comme Björk.
Est-ce que cela a posé des problèmes ? Pas pour moi. Mais je sais que cela en a posé à Björk. Sa façon de s'investir dans son rôle est totale. Et elle n'a peut-être pas la même faculté que nous d'entrer et de sortir du rôle que nous jouons. Elle s'est tellement identifiée à Selma que ça lui a posé des problèmes pour l'assumer. Cela a aussi posé des problèmes aux autres, surtout à Lars. Mais Lars et Björk ont tous les deux des tempéraments d'artiste très forts, ils sont tous les deux très têtus, et donc, bien entendu, les collisions étaient inévitables. Björk n'aime pas non plus refaire une prise. Elle préfère jouer sa scène une seule fois. C'est pour cela qu'il y a une si grande intensité dans son jeu. Liée au fait qu'elle s'est approprié le destin de Selma avec beaucoup de sérieux.

Je sais que, d'ordinaire, vous ne regardez pas les rushes pendant que vous travaillez sur un film mais, cette fois-ci, avez-vous vu quelque chose de " Dancer in the Dark " ?
Juste quelques scènes. Le numéro chanté dans le train par exemple, qui est très original, très énergique.

Est-ce que vous chantez dans le film ?
Mon rôle n'a que quelques répliques chantées. Et puis je ne chante pas. Je ne sais pas chanter. Malheureusement.


Par : Stig Björkman
Photos :


Film associé : Dancer in the dark



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