Ses interviews / Presse 2000-09 / Elle 2003
Repères
  Biographie
Famille
 
  Presse 2010-2019
Presse 2000-2009
Presse 1990-1999
Presse 1980-1989
Presse 1960-1979
Radio et télévision
Livres
  Hommages
Dessins
Photos
  Caractère
Centres d'intérêt
Opinions
Engagements
 

Mode de vie
Style
Coups de cœur
Sorties et voyages

Catherine Deneuve nous conte "Peau d'âne"

En 1970, "Peau d'âne", c'était la féerie au cinéma. Aujourd'hui, petits et grands peuvent redécouvrir ce chef-d'œuvre grâce à une copie neuve et un DVD. Souvenirs du pays des merveilles de Jacques Demy.

"Peau d'âne" resurgit, et c'est comme si le film de Jacques Demy ne nous avait jamais quittés. L'émerveillement est intact, tandis que les enfants plébiscitent le film. "Je l'ai vu trois fois pendant les vacances de la Toussaint, je vais le voir une quatrième fois, et ensuite, j'arrête !", dit Adrienne, 6 ans, comme s'il s'agissait d'une drogue dure. Perroquet, vrais crapauds, âne banquier, rosé qui vous regarde dans les yeux : les enfants sont intarissables sur ce qui les a le plus enchantés. Mais le plus merveilleux, sans doute, c'est que Catherine Deneuve et Delphine Seyrig soient pour toujours "une vraie princesse et une vraie fée". Qui mieux que Peau d'âne elle-même pouvait évoquer pour nous un tournage féerique ? Ecoutons-la.

"Peau d'âne", c'est la grâce, portée par l'humour et le romantisme de Jacques Demy. Si le film avait tenu sur des effets spéciaux, il aurait forcément vieilli. Mais l'adaptation de Jacques est à la fois intemporelle et très personnelle. Il montre ce qui nous touchera toujours, qu'on ait 6 ou 100 ans. Le merveilleux et les émotions ne sont pas soumis au temps. Dans les films de Jacques Demy, il y a toujours un aspect artisanal, allié à une grande rigueur. Enfant, il faisait son cinéma en fabriquant lui-même ses petites figurines et sa lanterne magique, et, adulte, il a continué, avec plus de moyens. Il n'y a rien d'artificiel dans sa manière de concevoir des effets. Un royaume rouge, un royaume bleu ? Les chevaux seront peints. Jacques Demy recherchait toujours des solutions simples. Ce conte l'habitait depuis l'enfance. Il a ciselé les dialogues, de même qu'il a choisi le moindre objet du décor, et qu'il "voyait" exactement tous les personnages. Le merveilleux, pour moi, c'était aussi de jouer dans un film, en musique, en chansons, en costumes. Et quels costumes ! Le plus lourd était la peau d'âne. Une vraie peau d'animal, que j'avais à la fois sur le corps et sur la tête. La gueule de l'animal, surtout, pesait son poids. Il y a un côté Cro-magnon dans le film. Et, en même temps, une imagerie à la Pierre et Gilles. Une alliance unique du réalisme et du kitsch. Jacques Demy nous demandait d'outrer beaucoup le jeu. On devait soupirer, lever les yeux au ciel... Un jeu difficile, parce que très précis.

J'y allais les yeux fermés. Heureuse de retrouver cet univers. Un univers où toutes les relations interdites sont transfigurées. Jacques savait créer le merveilleux avec un rien, son regard le suscitait. Où que j'aille, le film m'a poursuivie. Il y a des rôles qu'on oublie. Mais, là, c'est le film lui-même qui ne m'a jamais quittée. Souvent, des amis me demandaient si j'en avais une copie. Mais, pour moi aussi, le film avait disparu. Si bien que je suis la première enchantée de pouvoir le redécouvrir dans ses couleurs d'origine !


Par : Anne Diatkine


Film associé : Peau d'âne



Documents associés