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Au plus près de Catherine
Deneuve |
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Dans le nouveau film de Tonie Marshall, écrit spécialement
pour elle, la star poursuit un amour absolu et joue sur toute la gamme
des émotions. La performance d'une actrice qui aime surprendre.
Vous portez "Au plus près
du paradis" sur vos épaules. Ce n'est pas trop lourd ?
Si, c'est trop. Fanette, mon personnage, est tout le temps à l'image.
Le tournage a été très long, avec une présence
de chaque jour, dans toutes les scènes. Je ne suis pas un coureur
de fond. Je préfère avoir des moments pour me ressourcer.
Supporter l'intensité du regard posé sur vous est très
difficile.
Tonie Marshall dit avoir été
inspirée par votre déclaration : "Le cinéma,
c'est formidable, mais au fond je suis une amoureuse".
C'est mon fonctionnement. Je suis plus instinctive et amoureuse dans la
vie. L'amitié, pour moi, fait partie des sentiments amoureux. C'est
assez large.
Comment avez-vous préparé
ce rôle de Fanette obsédée par son amour de jeunesse.
En essayant d'être le plus ouverte possible pour m'identifier à
cette femme qui n'est pas insatisfaite de la vie mais qui est dans une
période de transition. Elle finit un livre sur un peintre, et sa
fille, qui vivait avec elle, vient de quitter la maison. Elle se fixe
sur une phrase entendue comme une huître à son rocher et
quitte Paris pour New York, où elle imagine un rendez-vous à
l'Empire State Building, comme dans "Elle et lui" ( NDLR : de
Leo McCarey avec Deborah Kerr et Cary Grant). C'est très romanesque.
Dans le film, on ne sait jamais si c'est la réalité ou sa
réalité à elle. C'est une chose que je comprends
tout à fait. J'accepte tous les comportements les plus excessifs
du sentiment amoureux. Rien ne me paraît impossible.
Comment s'est passé votre
rencontre avec William Hurt ?
C'est un très bon acteur, un homme sensible. Il était très
fragilisé parce que nous avions tourné après les
événements du 11 septembre. Nous avons malgré tout
joué des scènes de comédie, au Canada et à
New York, mais il a beaucoup souffert.
Lars Von Trier, François
Ozon, Tonie Marshall, vous faites des choix audacieux
J'aime me surprendre. C'est très égoïste. Dans ses
rôles, il faut faire des choses qui vous correspondent sans toujours
tenir compte de son image. Cela comporte des risques, mais c'est une excitation
essentielle pour continuer.
Au Festival de Venise, vous
avez déclaré que vous n'étiez pas une artiste mais
que vous pratiquiez une activité artistique
Dans la mesure où je ne produis pas une uvre du début
jusqu'à la fin, je ne me considère pas comme une artiste.
J'ai un goût pour les choses artistiques mais pour moi, un artiste
est quelqu'un de complet qui pense, donne à voir, à sentir,
à toucher ou à lire et écouter ce qui vient de lui.
Les acteurs sont des interprètes, pas des auteurs.
Vous avez été
tentée d'écrire ou de réaliser ?
Il n'y a pas à être tentée, ce n'est pas comme entrer
dans une confiserie. Ce sont des métiers pour lesquels j'ai de
l'admiration et dont je vois de plus en plus la difficulté. Je
suis interprète, même si je joue en solo par moments.
Vous tournez beaucoup. Après
plus de 80 films comment naît encore le désir ?
Comment ça je tourne beaucoup ? Depuis "Au plus près
du paradis", tourné il y a plus d'un an, j'ai fait "Les
liaisons dangereuses", pour la télé. C'est tout.
Ce n'était pas un reproche
Je vais vous dire ce que je pense : il y a tellement de films qui passent
à la télévision que le public a l'impression que
nous sommes omniprésents. Il faudrait que les acteurs s'effacent
un peu plus mais aujourd'hui, entre les festivals, les hommages et les
cycles, c'est impossible. Regardez "Huit femmes", il est encore
à l'affiche et sort en Europe et aux Etats-Unis. Je vais en Grande-Bretagne
le mois prochain pendant que François Ozon, le réalisateur,
ira au Japon. Là, je pars au Portugal faire une participation dans
le film de Manoël de Olivera, et je tournerai le Téchiné
l'année prochaine. Rien de plus.
Vous serez bientôt Madame
de Merteuil dans "Les liaisons dangereuses", sur TF1. Le petit
écran est-il devenu incontournable, même pour vous ?
Absolument pas. Je n'ai aucune raison de faire de la télévision
à moins que cela soit justifié. Le projet des "Liaisons
dangereuses" était magnifique : 3 épisodes d'une heure
et demi - impossible au cinéma - une réalisation de Josée
Dayan, une adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt, et avec des acteurs comme
Rupert Everett.
Aux Etats-Unis, une comédienne
qui a 30 ans de carrière ne tourne plus. Comment expliquez vous
ce phénomène qui ne s'applique pas à la France ?
Tout le système est différent. L'Amérique, c'est
l'Amérique. Non n'avons pas la même attitude que les anglo-saxons
avec les femmes, l'amour et l'apparence physique. Les latins sont plus
humains.
Pour vous le paradis cela ressemble
à quoi ?
Le paradis serait une équation entre le moment idéal, dans
un lieu idéal, avec les personnes idéales. Ce ne peut être
qu'un instant exceptionnel avec ceux que l'on aime. Rien de durable, sinon
c'est le quotidien.
Un certain art de vivre
Hobby : Jardinage, décoration.
Adore chiner.
Cuisine française, italienne et thaïlandaise.
Pays : La France pour sa beauté et sa diversité.
Signe particulier : Aime aller au cinéma en salle.
Films de référence : La nuit du chasseur, La splendeur des
Amberson, Le fleuve.
Projets : Passionnée de chanson et pense à un disque : "Etre
interprète est un plaisir physique".

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