Ses interviews / Presse 2000-09 / Le Nouvel Observateur 2002
Repères
  Biographie
Famille
 
  Presse 2010-2019
Presse 2000-2009
Presse 1990-1999
Presse 1980-1989
Presse 1960-1979
Radio et télévision
Livres
  Hommages
Dessins
Photos
  Caractère
Centres d'intérêt
Opinions
Engagements
 

Mode de vie
Style
Coups de cœur
Sorties et voyages

Une famille nombreuse

Même pour moi qui déteste m'ennuyer, la seule lecture du scénario n'aurait pas suffi à me convaincre d'accepter ce rôle, si je n'avais vu auparavant les courts et longs métrages de François Ozon, notamment son premier film, "Sitcom", qui annonce plus "Huit Femmes" que "Sous le sable". Et puis j'ai rencontré Ozon, qui m'a persuadée de me lancer dans cette aventure très folle et très risquée. Que sont en effet ces huit femmes sinon huit monstresses, huit caricatures ? Elles révèlent autant l'obstination et l'autorité d'Ozon que sa misogynie. Cette scène, par exemple, ou je me roule par terre, ce catch amoureux avec Fanny Ardant, était redoutable sur le papier... Mais j'avais confiance dans le regard cinématographique d'Ozon comme, dans "Les voleurs", j'étais rassurée par celui d'Andre Téchiné quand il me filmait dans une baignoire avec Laurence Cote. C'est très important, le regard...

La légèrete, la frivolité qui s'attachent à ce film auraient été inimaginables si Ozon n'avait choisi le cadre des années 50. Car une telle gaieté n'est guère contemporaine. II n'empêche que, mettre tous les matins des robes corsetées, des bas à couture, des faux cils, des faux ongles, c'est très contraignant. D'autant qu'on n'avait pas le temps de préparation des vieux films américains auxquels Ozon se référait. Le rythme était frénétique.

Je ne connaissais pas "Toi jamais", la chanson de Sylvie Vartan. J'ai adoré l'interpréter. J'ai adoré chanter. Quel plaisir, quelle liberté ! Cela m'a rappelé le bon temps des "Parapluies de Cherbourg" et l'atmosphère des films de Jacques Demy. J'ai tellement pris goût à cette expérience que j'ai pris contact avec une personne qui écrit actuellement des chansons pour moi. J'ai maintenant envie d'enregistrer un disque. C'est dire combien ce film d'Ozon a servi de révélateur.

C'était très agréable de vivre pendant deux mois dans un univers exclusif de femmes. Je n'avais encore jamais connu cette expérience-là. Heureusement, cela dit, qu'il y avait des techniciens sur le plateau ! J'ai vérifié à cette occasion que le propre des femmes - pour qui seul compte l'amour, le reste étant accessoire - est de toujours parler entre elles des hommes. L'inverse n'est pas vrai. En revanche, le tournage a détruit ce vieux cliché machiste en vertu duquel huit comédiennes ensemble se déchireraient forcément et se jalouseraient. Eh bien, on s'est toutes très bien entendues et on a formé une formidable famille nombreuse.

J'ai été très heureuse de mieux connaître Isabelle Huppert et Fanny Ardant que je croisais sans cesse mais avec lesquelles, étrangement, je n'avais jusqu'alors jamais tourné. Danielle Darrieux a si souvent été ma mère au cinéma que cela ressemblait à une belle histoire qui se prolonge. Quant à Ludivine Sagnier et Virginie Ledoyen, je les ai tout de suite adoptées. Chacune d'entre nous voulait que les autres soient au mieux. On avait le sentiment de faire une œuvre commune.

A la fin du tournage, je me disais que j'ai vraiment de la chance dans ma vie : elle m'aime comme je l'aime.


Par : Jérôme Garcin
Photos :


Film associé : Huit femmes



Documents associés