Ses interviews / Presse 2000-09 / Site Web d'Arte 2004
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Quand Catherine devient Marie

Comment avez-vous entendu parler du projet ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'y participer ?
C'est Louis Gardel qui a initié le projet et j'ai été, dès le départ, très liée à son développement. J'ai toujours dit que j'étais intéressée par un projet qui se prête vraiment à la télévision, et qui ne pourrait pas se faire au cinéma, en raison de son sujet ou de sa longueur. Quand Louis Gardel m'a parlé de Marie Bonaparte, il y a deux ans, j'ai tout de suite eu envie d'y participer.

Connaissiez-vous le personnage de Marie Bonaparte ? Avez-vous mené un travail de recherche et de documentation ?
J'ai lu beaucoup de choses sur le personnage, même si au moment du tournage, il faut arriver à oublier ce qu'on a lu. En même temps, c'est un personnage tellement concret, tellement ancré à la fois dans la réflexion et l'action, que je n'ai pas eu trop de mal à me la représenter.

Qu'est-ce qui vous intéressait le plus chez ce personnage ?
Ce n'est pas un personnage qui m'attirait a priori, mais je connaissais son histoire et je trouvais que c'était un sujet vraiment intéressant pour la télévision : il me semblait que la psychanalyse était un sujet plus difficilement envisageable pour le cinéma. En plus, comme il s'agissait de télévision, on pouvait se permettre d'avoir une durée de trois heures. Ce qui m'intéressait surtout chez ce personnage, c'est qu'elle savait tout à la fois tenir son rang d'altesse royale et s'en servir pour obtenir des privilèges, et qu'en même temps elle revendiquait sa liberté de penser, sa curiosité sur elle-même. C'est un personnage ambivalent, complexe, d'une très grande richesse dramatique.

Avez-vous été décontenancée par la liberté de parole de cette femme ?
Pas du tout. Je savais que c'était une femme au franc-parler incroyable. Nous avions même imaginé des scènes aux dialogues plus crûs : elle s'intéressait en effet à l'Afrique et au drame de l'excision. Je suis très heureuse que le film s'ouvre sur une scène très crue, très médicale, parce que c'est à l'origine de toute sa quête et de sa difficulté à vivre comme une femme "phallique".

Elle fait aussi preuve d'un certain snobisme quand elle s'oppose au mariage de son fils avec une femme de condition modeste.
Je ne crois pas que ce soit la raison : elle adore son fils et comprend qu'il s'apprête à épouser une femme divorcée et plus âgée que lui... Malgré sa liberté de penser, elle estime qu'en tant que Bonaparte, il faut tenir son rang. Et puis, pour une mère, qu'elle soit Bonaparte ou pas, un fils qui se marie est toujours un déchirement. La belle-fille ne sera jamais la belle-fille idéale, et il n'y a pas de belle-mère idéale non plus pour un gendre.

Louis Gardel avait déjà écrit deux rôles pour vous, pour "Fort Saganne" et "Indochine".
Oui. J'ai retrouvé le sérieux de Louis Gardel, sa justesse, son exigence. Il n'hésite pas à tout écrire, quitte à couper après. Il a mené un formidable travail d'écriture et de recherche pour l'ensemble des personnages.

Les costumes créés par Catherine Leterrier jouent un vrai rôle dans la manière de caractériser votre personnage. Pouvez-vous m'en dire un mot ?
Catherine Leterrier est l'une des costumières de cinéma les plus douées que je connaisse. J'avais déjà travaillé avec elle sur "Le sauvage", et j'ai cherché à collaborer de nouveau avec elle. Je n'ai jamais renoncé, même si elle est très souvent occupée. J'étais donc très heureuse qu'elle puisse travailler sur ce film. Ça ne lui faisait pas peur, ce qui est capital car je crois que je n'ai jamais porté autant de costumes différents dans un film et que tout était à fabriquer ! Elle était consciente du fait que lorsqu'on change souvent de costumes, on risque de tuer l'émotion et la réalité d'un personnage. Elle s'est donc beaucoup attachée à travailler avec des matériaux anciens qu'elle a fait retravailler pour moi. Elle a cherché des tissus qui n'existent plus aujourd'hui, des matières très souples, très molles, qui ne font ni neuves, ni reconstitution. On a pu passer beaucoup de temps à essayer et réessayer les différents costumes. C'est très important, surtout pour un film d'époque, d'avoir l'impression que la silhouette se dessine.

Dans quel état d'esprit étiez-vous à l'idée de retrouver Heinz Bennent, 23 ans après "Le dernier métro" ?
J'étais très heureuse, même si lui était très anxieux et hésitait à faire le film au dernier moment. Pourtant, quand on s'est retrouvés, c'est comme si on avait fini "Le dernier métro" six mois plus tôt. Nous avons eu une simplicité de rapports, une estime réciproque, qui a beaucoup facilité les choses.

C'est vous qui avez imposé Benoît Jacquot comme metteur en scène. Pourquoi ?
Cela fait longtemps que je voulais travailler avec lui et je sais que la psychanalyse l'intéresse particulièrement. Je savais qu'il aurait une manière d'aborder le sujet de manière profonde et légère à la fois, qu'il ne s'appesantirait pas sur le thème de manière sentencieuse ou démonstrative.

C'est la deuxième fois que vous tournez pour la télévision. Est-ce que vous ressentez la même liberté qu'au cinéma ?
Oui, mais il faut dire que j'ai été très gâtée. Car nous avons eu, chaque fois, beaucoup de temps. Ce qui me gêne toujours à la télévision, c'est qu'en dépit des moyens importants, on tourne l'équivalent de deux ou trois films de cinéma dans le même laps de temps que pour un seul long métrage. J'ai eu la chance de tourner dans des conditions exceptionnelles.


Par : Franck Garbarz


Film associé : Princesse Marie

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