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Elle revient au petit écran pour célébrer
le savoir-faire à la française. Pour une nouvelle fiction,
il faudra attendre : l'expérience des "Liaisons dangereuses"
l'a choquée et blessée.
Vous êtes la présentatrice
de cette série consacrée au génie français.
On connaissait votre passion pour le jardinage mais pas pour les métiers
de l'art.
Les gens sont toujours étonnés qu'une actrice puisse s'intéresser
à autre chose qu'au cinéy ma. C'est pour cette raison que
j'évite de parler de mes goûts personnels. Oui, c'est vrai,
j'aime les jardins, la botanique. Mais il se trouve aussi que j'aime les
maisons, les objets. C'est pourquoi je m'intéresse à ces
artisans aussi grands que modestes qui, par leur obstination, leur talent,
leur travail, savent les créer ou leur redonner vie. C'est pour
leur témoigner mon respect, mon admiration que j'ai accepté
de présenter la série d'Annie Schneider.
Vous vous êtes tellement
impliquée dans l'aventure qu'en plus de la présentation
des différents métiers, vous avez tenu à interviewer
vous-même certains de ces grands artisans.
Je suis curieuse et j'aime savoir comment les choses sont faites. Il me
fallait donc, moi aussi, aller dans les ateliers. J'adore, entre autres,
le travail du métal et j'ai eu la chance de découvrir le
dernier lieu parisien où se pratique le moulage au sable. Une véritable
caverne d'Ali Baba où les frères Amaury travaillent le bronze
comme au XIXe siècle. J'aime aussi la laque. Avec Nicole Judet-Bruglèr,
j'ai pu en savoir plus sur la Compagnie des Indes qui en importait. De
la même façon, je m'intéresse aux textiles. Pour refaire
le brocard d'or et d'argent de la chambre du Roy, à Versailles,
il a fallu, aux deux dernières grandes manufactures françaises,
Tassinari-Chatel et Prelle, trente ans à raison de deux centimètres
et demi par jour !
Dans l'atelier du grand doreur
sur bois, Jacques Goujon, vous avez même demandé à
essayer un outil.
Oui, la fameuse pierre d'agate dont les doreurs se servent pour brunir,
c'est-à-dire vieillir, les feuilles d'or qui viennent d'être
collées sur le bois. Cet outil me fascinait depuis longtemps. Comme
me fascinent tous ces outils que les artisans d'art utilisent et qui n'ont
pas changé depuis la nuit des temps. C'est émouvant et réconfortant
de se dire qu'aucune machine ne pourra servir aussi bien leur savoir-faire.
Oui mais, du coup, ces métiers
sont en voie de disparition.
Trop coûteux parce qu'ils demandent beaucoup de minutie et de temps,
ils sont aussi irremplaçables pour préserver notre patrimoine
et notre culture.
Madame de Merteuil, dans "Les
liaisons dangereuses", était votre premier grand rôle
à la télévision. Cette expérience vous a-t-elle
satisfaite ?
Oui et non. Je ne savais pas qu'à la télévision,
la diffusion et le diffuseur pouvaient à ce point-là remettre
en cause un film. Après un tournage formidable, les dates de la
diffusion n'ont été communiquées qu'au dernier moment
et le film a été amputé d'une heure. Rupert Everett
a été doublé. L'attitude de TF1 m'a profondément
choquée et blessée.
Est-ce à dire que vous
n'êtes plus prête à jouer pour la télévision
?
Je serai beaucoup plus méfiante. Entre-temps, j'ai tourné
"Marie Bonaparte", avec Benoît Jacquot. Un autre tournage
magnifique. Ce film qui compte deux volets sera diffusé sur Arte,
début mars et cela m'a un peu réconciliée avec le
petit écran.
D'ici là, quels sont
vos projets ?
Début 2004, je jouerai sous la direction
de Téchiné. Ensuite, peut être un disque.

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