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Catherine Deneuve singulièrement passionnée

Amoureuse dans la comédie romantique de Tonie Marshall "Au plus près du paradis", Catherine Deneuve incarne un héroïne au joli grain de folie sur la piste d'un amour absolu. On la suit, on y croit, elle nous donne des ailes tant elle y est bouleversante de naturel.

Elle se livre peu, se fait rare. Un entretien avec elle est un cadeau. On y va, un peu noué, luttant contre cette peur qui bouscule les mots, les bloquant en travers de la gorge. C'est une star. La plus grande. On la devine, on la précède, on la suit du regard guand elle arrive. Elle s'impose. Évidente. S'assied, sourit. Son regard survole la salle. Bêtement, on a envie d'applaudir. Non, ce serait désastreux. Ne pas l'ennuyer. Vider ses poumons, reprendre sa respiration, capter son regard. Ne pas lui dire gu'on l'admire depuis toujours, qu'on l'a adorée dans son dernier film, gu'elle nous bluffe. Ne pas recharger son magnéto. S'imprégner de son aura pour rester zen. Ne pas lire ses notes. Zut ! où est passé ce foutu stylo ? Mettre toute la fascination qu'elle nous inspire dans le regard, et commencer.

Catherine Deneuve est à l'affiche d' "Au plus près du paradis", une comédie romantique de Tonie Marshall. Elle y incarne une femme "un pied sur terre, un pied dans les rêves, qui veut croire qu'elle peut revivre son amour de jeunesse trente ans plus tard, et le retrouver comme dans son film culte ("Elle et lui" avec Cary Grant et Deborah Kerr) en haut de l'Empire State Building à New York". Le romanesque est dans chaque image, et Catherine Deneuve, délicieuse Fanette, lutte, résiste, hésite entre deux amours, entre illusion et présent.

Comment abordez-vous un scénario ?
Je suis toujours très critique à la première lecture. Quand il a été écrit pour vous, on voudrait pouvoir ne dire que des choses gentilles, mais on est bien obligée de penser qu'il va y avoir un film.

Comment cela s'est passé avec Tonie Marshall ?
Avec elle, la lecture du scénario n'était pas totalement une découverte. J'avais déjà des bribes du film, du personnage. Elle m'avait envoyé des petits mots, des fax pour me parler de mon personnage.

Vous avez aimé sa façon de procéder ?
Beaucoup. On ne dit pas les mêmes choses quand on écrit un billet. C'est une sorte de monologue. Il n'y avait pas de discussion, je prenais ça comme des billets doux.

Dans le cinéma d'aujourd'hui, les comédies sentimentales ne sont pas si courantes...
C'est pour cela qu'elles sont intéressantes. Les comédies font appel au fragile, à l'anecdotique. C'est beaucoup plus difficile, délicat à écrire. On ne sait pas si l'alchimie va prendre.

Que vous inspire le personnage de Fanette, avec un pied sur terre, l'autre dans les nuages ?
Une sorte de réalité féminine, avec l'envie forte de rêver sa vie et en même temps la difficulté à oublier le reste.

Vous pourriez vivre comme elle ?
Pas du tout. La personnalité de Fanette est très loin de moi. Mais je la comprends, et ça me plaisait beaucoup d'entrer dans son personnage. J'avais du plaisir à la voir vivre, tout en sachant que rien en elle ne me correspondait, ni les relations qu'elle a avec sa fille, ni celles qu'elle entretient avec les hommes.

Vous y croyez, vous, à la force immense d'un premier amour ?
Pour Fanette, ce n'est pas la force, c'est le rêve, le mythe, l'idée qu'elle s'en fait. On peut avoir vécu des amours passionnelles, tragiques, et avoir besoin de les enfouir. Elle, c'est le contraire. Dans son immaturité, elle pense que cet amour qu'elle n'a pas vécu, elle doit l'affronter aujourd'hui. Moi, je pense que le passé est le passé, que l'on n'aime plus les mêmes personnes trente ans après.

Fanette attend tout le temps cet homme qu'elle a aimé. Dans l'amour, l'attente est-elle si exaltante ?
C'est ce qui nous confronte à la réalité des sentiments. Avec les signes tangibles physiques, les mains plus froides ou plus chaudes, le cœur qui bat trop fort... Les débuts d'une histoire d'amour sont délicieux, et l'attente, à ce moment précis, est aussi délicieuse.

Mais, pour Fanette, c'est une histoire vieille de trente ans !
À laquelle elle veut se raccrocher, à un moment de sa vie où elle croit ne plus connaître l'état amoureux.

Jouer les grandes amoureuses au cinéma, ça vous porte ?
C'est formidable, et j'ai beaucoup de chance d'avoir joué Fanette, car n'est plus un rôle pour ma génération. Dans le cinéma d'aujourd'hui, les grandes amoureuses ont de 25 à 30 ans.

Vous avez pris ce film comme un cadeau ?
Je ne me suis pas rendu compte que cela serait si plaisant. Maintenant, je ne peux m'empêcher de penser que certaines personnes vont être agacées, dérangées par cette situation, qu'elles jugeront peu raisonnable.

Le coup de foudre après 50 ans, ça vous paraît peu crédible ?
Bien sûr que ça arrive, mais moins fréquemment qu'à 20 ans !

Fanette pourrait-elle être une midinette ?
Non, Fanette ne veut vivre que sa propre histoire, avec un homme qu'elle a aimé autrefois.

Une douce utopiste ?
Une hyper romantique, avec un petit grain qu'elle laisse s'épanouir. Les femmes sont assez douées pour accepter cet état-là.

Dans sa quête de retrouver son grand amour, Fanette rencontre un autre homme, bien réel celui-là...
Elle ne le voit pas tout de suite, mais il s'impose dans ce voyage où elle est à la recherche d'autre chose. Le reconnaître, c'est laisser partir l'illusion et se remettre en danger.

Vous êtes d'accord sur les termes "se mettre en danger" ?
Tomber amoureux comporte toujours un danger. Déjà le danger de souffrir.

Un jour, dans un café, il a à son égard un geste violemment érotique...
C'est une façon de lui dire "arrête de parler, arrêtons de jouer, de nous tourner autour". J'aime ce geste-là à ce moment du film.

Dans la vraie vie, vous auriez pu l'accepter dans une situation similaire ?
Pourquoi pas ? En tout cas, quand je l'ai lu dans le scénario, j'ai trouvé beau et plausible qu'il fasse cela à ce moment de leur histoire.

Deux hommes traversent ce film : Cary Grant à la faveur d'un film de référence, et William Hurt. Vers gui vont vos préférences ?
Ils sont si différents ! Je trouve Cary Grant irrésistible, charmeur, inquiétant, sexy, élégant mais pas glacé. Une allure folle. C'est le genre d'acteur qui, comme Mastroianni, pouvait affronter les situations les plus ridicules et rester d'une drôlerie extraordinaire.

Et William Hurt ?
Il est plus ours, plus fermé, plus puritain aussi, mais il a beaucoup de charme.

Il a dit de vous, après le tournage, qu'il avait rencontré une personne humaine. Comment le prenez-vous ?
Comme un compliment. J'imagine qu'il pense que je suis une femme avant d'être une actrice. La deuxième partie du film devait se tourner à New York à partir du 14 septembre. William Hurt était sous le choc de la tragédie du 11 septembre. Nous avons tenté de l'aider à traverser ce cauchemar.

Que doit être un homme pour vous plaire ?
Il faut déjà qu'il soit intelligent (rires). On oublie trop souvent de le dire. Après (rires), qu'il ait de belles oreilles, et de la fantaisie, surtout.

Pourriez-vous traverser l'Atlantique sur un coup de tête pour rejoindre un homme ?
Je l'ai fait. Je n'ai pas donné de rendez-vous en haut de l'Empire State Building, mais prendre un avion pour rejoindre quelqu'un trente-six heures, oui, bien sûr, et rien ne m'arrête.

La fille de Fanette ne semble pas accepter que sa mère soit hors normes. Comment votre fille vous voit-elle ?
Je ne sais pas comment elle me voit, il faudrait le lui demander. Nous sommes très proches. Je l'ai vue grandir, passer chaque étape, devenir femme, actrice, maman. Quand les hasards d'un tournage nous réunissent, c'est une joie.

Comment la regardez-vous ?
Parfois, il m'arrive de voir une photo d'elle dans un magazine, et je me dis : elle a changé, quelque chose en elle est différent. J'ai la liberté de penser : quelle belle jeune femme ! Et ce n'est plus ma fille. Ça m'émeut, et ça me trouble.

Quel regard portez-vous sur les jeunes acteurs ?
Je ne porte pas de regard, je les croise et je les trouve pour la plupart très sérieux. Les enjeux sont plus lourds, les films plus chers, les carrières plus courtes, pas assez de rôles. Tout est plus brutal qu'avant. Il y a de moins en moins d'insouciance.

Vous avez tourné un nombre impressionnant de films. Avec qui aimeriez-vous tourner aujourd'hui ?
Scorsese, Jonathan Demme, Coppola, Blier, Brisseau, et beaucoup de jeunes metteurs en scène que je trouve très talentueux.

Vos films les plus importants ?
"Les parapluies de Cherbourg" de Jacques Demy, "Le sauvage" de Jean-Paul Rappeneau, ma première comédie. Ma rencontre avec Buñuel et Polanski. Truffaut, bien sûr, et Téchiné, très important dans ma vie professionnelle et personnelle.

Vos choix, en matière de cinéma, sont éclectiques...
J'ai simplement tourné avec des metteurs en scène qui m'intéressaient, qui m'attiraient, sans souci de plan de carrière.

Vous aimez changer de registre ?
Oui, mais parfois, quand j'interprète un personnage loin de moi, comme celui de "Huit femmes" ou celui de Fanette, il y a toujours quelqu'un pour me dire "c'est tellement toi, j'ai reconnu une attitude, un geste..."

Vous avez dit : ma vie, c'est 50 % le cinéma, puis 60 %...
En vérité, c'est plus. Parfois, je frôle les 70 %, mais ça peut s'inverser, et ma vie perso reprend le dessus. J'aimerais tourner moins, mais je suis incapable de résister à un projet intéressant.

Quelle est votre attitude à l'égard des interviews ?
Je n'en donne pas beaucoup. Trop parler d'un film induit des réponses mécaniques, trop parler de soi devient difficile avec le temps.

Avez-vous été blessée par la presse ?
J'ai tellement eu à me battre quand j'étais jeune, quand l'image l'emportait sur le fond par rapport à des situations personnelles, j'en ai tellement souffert, trouvé cela si injuste, que j'ai pris l'habitude de me protéger. Je trouve scandaleux, sous prétexte que l'on fait un métier public, que des gens se permettent de parler de ce qu'ils ne connaissent pas, d'émettre des opinions et des jugements faux. Je suis restée sur la défensive, réservée mais pas fermée.

La beauté de Catherine

Quel rapport entretenez-vous avec votre image ?
Conflictuel, pas très calme. Le mieux, c'est quand je m'accepte, aujourd'hui, à l'heure qu'il est, à l'âge que j'ai.

Êtes-vous plutôt eau et savon ou démaquillant ?
Démaquillant. J'ai une peau très fragile, et le savon ne m'aime pas.

Eau ou vin ?
Les deux. L'eau dans la journée, le soir du vin.

Sucré ou salé ?
Les deux, hélas !

Ce à quoi vous ne pouvez résister ?
Tout ce qui se mange à la cuillère : soufflé, purée...

Gymnastique ou stretching ?
Stretching et gymnastique une ou deux fois par semaine. On mélange avec la méthode Mézière et le yoga chez Marie-Laure de Crozefon, kinésithérapeute.

Institut ou thalasso ?
Thalasso.

Soleil ou ombre ?
Ombre avec un peu de soleil.

Votre maquillage hors plateau ?
Même si je suis paresseuse pour me maquiller quand je ne travaille pas, je me fais toujours la bouche et les sourcils. Un joli sourcil donne de l'esprit au regard. Je les brosse et les redessine avec un crayon Porte-Mine de Clarins. Gloss ou rouge à lèvres, du rouge clair au foncé de Terry, Saint Laurent, Shiseido.

Vos produits fétiches ?
Une poudre de soleil Fleur de Teint de Clarins, formidable mais malheureusement en série limitée ; le khôl pour les yeux de Lancôme.

Vos crèmes de soin ?
J'alterne, mais je suis fidèle à Clarins, Shiseido, Françoise Morice et Joëlle Scotto.

Pour le corps ?
J'essaie tout.

Pour les cheveux ?
La ligne EInett de L'Oréal, les shampooings EIsève de L'Oréal, les produits Christophe Robin, et, pour les soins, Josiane, chez Patrick Ales.

Toujours, dans votre sac ?
Un gloss, un rouge à lèvres, MAC, Terry, Saint Laurent, de la poudre de chez MAC, une petite brosse à cheveux et une bombe de laque EInett. J'en ai aussi une dans ma voiture.

Une adresse miracle ?
L'institut Françoise Morice, pour ses soins du visage exceptionnels.

Massages ?
Du shiatsu, séances chez un acupuncteur ostéopathe, Jean-Michel Été ; séances chez un ostéopathe, pour libérer les tensions du dos et des épaules.

Côté diététique ?
J'essaie d'être raisonnable sans l'être tout le temps. Les régimes, j'en connais les règles de base. Je sais que l'alcool dans la journée, les sucres rapides, les graisses sont à fuir, mais Je suis gourmande, et le soir, je fais quelques excès.

Votre poids varie souvent ?
C'est la grande houle. Quand je réussis à perdre le poids que je veux, je n'arrive jamais à aller jusqu'à la période de stabilisation.

Un rendez-vous indispensable ?
Avec Béatrice, ma manucure, ex de Carita, ex de Saint Laurent.

Une bonne nuit ?
Une nuit qui suit une bonne soirée et huit heures de sommeil.

Votre premier geste de beauté le matin ?
Une pulvérisation d'eau de La Roche-Posay.

Ensuite ?
Me brosser les cheveux devant ma fenêtre. Après (rires), un kilo de vitamines, un jus de pamplemousse et un chocolat chaud avec une cuillerée de miel (souvenir de Madeleine Geista).


Par : Dominique Lionnet
Photos : Patrick Swirc


Film associé : Au plus près du paradis

Visitez le site officiel de Patrick Swirc



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