Ses interviews / Presse 1960-79 / Ciné Télé Revue 1962
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Avant tout, des choses agréables. Nous avons lu que récemment, à Cannes, vous vous êtes réconciliée avec Roger Vadim ?
Réconciliée ? Pourquoi ? Pensait-on que nous étions séparés ?

Il y a quelques mois, les journaux du monde entier ont écrit que Roger Vadim s'était sérieusement amouraché de Jane Fonda et que vous aimiez tendrement Johnny Hallyday.
Tout le "drame", comme ont écrit les journalistes, a été provoqué par mon voyage à Lyon entre le 12 et 15 décembre passés, pour aller écouter Johnny. Roger était resté à Paris à l'hôtel Georges V pour les derniers préparatifs de son nouveau film, "La ronde". Pendant que Johnny chantait et que je m'écorchais les mains à applaudir, la bombe explosa : "Catherine n'aime plus Roger Vadim mais aime Johnny Hallyday. Johnny n'aime plus Sylvie Vartan mais aime Catherine. Roger n'aime plus Catherine mais aime Jane Fonda". Qu'aurions-nous dû faire ? Afficher des manifestes dans tout Paris disant : "Roger aime Catherine et Catherine aime Roger" ?

Alors, l'histoire de Jane Fonda et de Roger…
...n'est qu'un roman inventé par les journalistes. L'amitié entre Jane Fonda et Roger Vadim remonte à 23 ans. Quand ils se connurent, elle avait trois ans et lui treize. Pour être précis, leur rencontre eut lieu en Amérique où Roger vivait avec son père, diplomate en mission. Ils se rencontrèrent de nouveau il y a sept ans, quand eIle vint à Paris avec l'intention de devenir peintre. Qu'y a-t-il d'étrange à ce que l'actrice Jane Fonda et son metteur en scène Vadim dansent ensemble dans une boîte de nuit ? Roger est un homme à qui il plaît de plaisanter et c'est pourquoi il répondit à l'ennuyeux trouble-fête qui l'importunait ce soir-là : "Jane et moi ? Mais certainement que nous nous marions". Je n'ai pas soupçonné un seul instant qu'il jouait avec le feu.

Donc vous vous considérez toujours comme la fiancée officielle de Roger Vadim ?
Qu'entendez-vous par "fiancée officielle" ?

La fiancée officielle se définit habituellement comme celle qui a reçu une promesse formelle de mariage de l'homme qu'elle aime.
Pour l'instant je n'éprouve aucun désir de me marier.

Mais vous avez eu un fils de Vadim. Une fille dans votre position ne devrait-elle pas se préoccuper de régulariser sa situation ?
En général on agit ainsi. Mais parfois les choses vont d'une autre manière à cause de l'éducation que l'on a choisie, à cause du milieu dans lequel on est contraint de vivre et de la conception qu'on a de la vie.

De tout cela, faut-il déduire que vos parents ont trouvé cette situation plus que normale ?
Ils ne m'ont pas donné d'explication. Mon père, Maurice Dorléac, qui est acteur au théâtre, et ma mère, Renée Simonot, qui a été une actrice d'un certain talent, ont dû accepter la réalité de la chose, avec une grande douleur cependant. Quand je parle du milieu et d'éducation, je m'en réfère à ce que m'a enseigné Vadim.

Donc, pour vous, Vadim a été un maître de vie plus que votre père et votre mère ?
N'exagérons rien. J'allais encore à l'école quand on m'a offert mon premier rôle de cinéma. Ma sœur Françoise avait déjà commencé sa carrière d'actrice et, un jour, elle m'amena avec elle sur le plateau. Un metteur en scène me remarqua et proposa à mon père de me faire tourner. Mon premier film, "Les petits chats", était si audacieux qu'il fut bloqué par la censure. Je retournai à l'école pendant un an puis je reçus une nouvelle proposition. Je tournai "Les portes claquent" et ensuite "L'homme à femmes". Un soir, à l'Epi Club de Montparnasse, un lieu alors à la mode, je rencontrai Roger Vadim. Il avait déjà derrière lui deux expériences maritales pas trop réussies : la première avec Brigitte Bardot et la seconde avec Annette Stroyberg. Ce fut le coup de foudre. Vadim m'apprit à devenir femme, à me faire une personnalité et à vivre dans le bonheur.

Vadim vous a ausi appris à devenir mère sans être épouse ?
Cela n'a rien à voir. L'enfant, je dois le dire, c'est moi qui l'ai voulu.

Pourquoi vous obstinez-vous à défendre Vadim à travers tout ? Ne devriez-vous pas avoir quelque motif de ressentiment contre lui ?
Pourquoi devrais-je défendre Vadim ? Je me défends simplement moi-même.

Mais n'êtes-vous pas encore fatiguée de jouer le rôle de la jeune fille privée de préjugés par Vadim ?
Quelqu'un croit-il que je joue un rôle ? C'est une erreur. Il est bien vrai que, dans la vie, on cherche à adopter les goûts et la façon de penser de la personne qu'on aime, mais la morale de toute cette histoire, c'est que, épousée par Vadim, j'aurais pu laisser mon mari pour une aventure et personne ne serait étonné. Au contraire, le fait que, n'étant pas mariée, j'ai accepté sans vergogne de m'unir à lui, est apparu monstrueux. Je ne sais si je suis une fille sans préjugés. Que les autres en jugent pour moi. Ce qui est certain, c'est que je ne me considère pas comme amorale. Du scandale, vraiment ? Mais à ma décharge, laissez-moi plaider pour mes vingt ans.

Si Vadim vous le demandait, cesseriez-vous de faire du cinéma ?
Certainement.

Qu'appréciez-vous le plus chez Vadim ?
Nous sommes tous un mélange de choses bonnes et mauvaises, de vices et de vertus. Mais pour ce qui le regarde, il ne me plaît pas d'entrer dans les détails. En général, je peux dire que c'est un homme d'une personnalité supérieure à n'importe quelle autre.

Combien de fois vous êtes-vous sentie réellement amoureuse dans votre vie ?
C'est une question trop indiscrète.

A vos doigts, je vois trois anneaux et, à l'annulaire, la fameuse bague de fiançailles avec le diamant de six millions que vous a offerte Vadim. Toutes ces bagues représentent-elles d'autres fiançailles ou bien faut-il les considérer comme une inconsciente réaction freudienne vers un désir insatisfait ?
Je les considère seulement comme des cadeaux.

Tous de Roger Vadim ?
C'est aussi une question impertinente.

Laissons-nous donc aller ! Vadim a été accusé de vous avoir enlevé l'âme du corps et de vous en avoir mis une autre à la place : celle de l'obsédante image de la femme qu'il porte en lui et sur laquelle il a fabriqué d'abord Brigitte et ensuite Annette.
Ce n'est pas vrai. Le fait que Brigitte soit devenue BB grâce à Vadim a créé cette légende. Il s'agit d'un phénomène qui ne s'est plus répété mais qui continue à fonctionner dans la fantaisie de la critique et du public.

En France, on vous a surnommée "Vadim numéro trois". Cette appellation ne vous gêne-t-elle pas ?
Cela me gêne parce que ça me rappelle le nom d'un avion supersonique ou d'un parfum de grande marque. Pour le reste, cela me laisse absolument indifférente.

Comment jugez-vous les femmes qui vous ont précédée dans le cœur de Vadim ?
Je connais bien BB. Ce n'est pas une grande comédienne, mais c'est une femme intéressante à laquelle je veux du bien. Je connais moins Annette : elle aussi est la femme avec laquelle Roger aura toujours quelque chose en commun : leur adorable petite Nathalie.

N'êtes-vous pas jalouse du passé de Vadim ?
Le jour où nous avons commencé à nous aimer, il m'a convaincue que je serais seule à réussir à briser le fil qui le reliait à son passé. Deux ans et demi ont passé depuis lors, qui comptent pour moi comme une éternité heureuse.

A Cannes, le film "Les parapluies de Cherbourg", interprété par vous, a battu "La peau douce", interprété par votre sœur, Françoise Dorléac. Maintenant, les malins habituels soutiennent qu'entre vous et votre sœur, une certaine rivalité serait née.
La victoire d'un film à un festival dépend d'une infinité de circonstances. Je peux garantir en général qu'entre moi et ma sœur, il n'existe aucune rivalité, comme il n'en n'existe pas entre nous et notre sœur Sylvie, qui à 17 ans, est déjà une actrice de talent.

Quelle est votre vie de tous les jours ?
Quand je ne travaille pas, je passe mes journées chez moi, rue Vineuse, au Trocadéro, avec mon fils, une réserve de bons livres et quelques disques de Mozart et de Bach (mes compositeurs préférés). Je n'aime pas la dolce vita, je ne suis pas superstitieuse, je ne possède pas de talismans, je ne crois qu'à ma chance. Pour conclure, je dirais que je suis ambitieuse mais pas arriviste.

Quel est votre bien le plus grand ?
Mon fils Christian, qui vient d'avoir un an ces jours-ci. Je ne peux en rester éloignée longtemps. Je le ferai venir à Florence (où nous tournerons les extérieurs de "Cœur dans le gosier"). Pour l'instant, ma plus grande préoccupation c'est de trouver une belle villa dans les environs de Florence où je pourrai vivre seule avec mon adorable Christian.

Ne vous semble-t-il pas que cette pathétique déclaration toute maternelle contraste un peu avec les déclarations "sans préjugés" d'il y a peu ?
L'humanité n'est-elle pas un mélange de contradictions ?

Est-il vrai qu'il y a trois semaine, alors que vous dansiez dans un "Whisky à gogo", joue contre joue avec Vadim, votre destin de troisième madame Vadim vous soit échu ?
A peu près. Pourtant que tous les bien-pensants de ce monde se tranquilisent. Si nous sommes jeunes et critiqués, le fond est bon et les intentions plus que sérieuses.

Mais alors, et votre manque de préjugés ?
Mon Dieu, ce n'est pas une interview, c'est un interrogatoire au troisième degré !


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Films associés : Les petits chats, Les portes claquent, L'homme à femmes, Les parapluies de Cherbourg



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