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La fêlure blonde

De Catherine Deneuve, on disait qu'elle avait un secret et un secret à mes yeux intéressant, puisque cette jeune femme belle, blonde et célèbre, qui séduisait les Américains par son charme français, et les Français par sa beauté américaine ne s'était pas permis depuis 20 ans la moindre faute de goût : je ne l'avais jamais vue parler de son art avec des sanglots dans la voix, je ne l'avais jamais vue sur la plage de Saint-Tropez, cajoler un enfant extrait pour la circonstance d'un collège suisse ; je ne l'avais jamais vue, non plus, ceinte d'un tablier de percale et l'air malicieux, tourner une sauce béchamel sur ses fourneaux. Et je ne l'avais jamais vue dans une gazette comparer les charmes de Vadim à ceux de Mastroianni. Ses rapports amoureux n'avaient jamais fait les choux gras du moindre reporter ou du moindre magazine, pourtant friands de ces péripéties. J'ignorais tout de sa vie privée. Bref, j'appréciais en elle une pudeur, une discrétion, une fermeté que je savais, par expérience, difficiles. Selon leur degré de sympathie, la presse en général et ses interviewers en particulier parlaient de sa froideur ou de son mystère. Que la timidité et la réserve fussent considérées comme un mystère, n'en était pas un, en tout cas pour moi à notre époque, où, comme on le sait l'exhibitionnisme des uns va au grand galop au-devant de l'indiscrétion des autres, et où l'intérêt de l'interviewé pour lui-même non seulement comble l'intérêt de l'interviewer mais très souvent le déborde. Je parle ici uniquement des stars, dont la carrière après tout, demande sinon exige, tout, le temps et partout, la présence de caméras et de haut-parleurs, présence qui leur deviendra vite délicieuse ou haïssable, selon leur nature, mais qui ne leur sera plus, plus jamais, indifférente.

Il y a belle lurette aussi que l'on dénonce dans des films, des pièces, des livres, la lancinante mutilation que votre propre image peut infliger à votre nature, et surtout la féroce absence que laisse en vous cette image lorsqu'elle s'absente aussi des affiches, des échos et des mémoires. Contemplée, chérie, aimée par des millions d'êtres humains, physiquement désirée par la moitié de ces millions, comment se résigner à n'être plus, un jour, désirée, aimée, chérie et contemplée que par un seul homme ou une seule femme ? Et cette vieillesse, même lointaine, qui se révèle déjà cruelle, humiliante et pénible pour tout le monde, comment supporter qu'elle soit en plus pour vous dégradante, déshonorante, implacable ? Comment supporter que le temps, cet ennemi vague de tout un chacun, devienne pour vous un ennemi si précis, si complet, destructeur aussi bien de votre carrière, votre entourage, votre mode de vie, que de votre travail même, c'est-à-dire, un peu, de votre honneur... Un ennemi qui fera de vous, un jour forcément, l'objet à abattre pour ceux ou celles qui, nés plus tard, se retrouveront automatiquement les vainqueurs, les voleurs de tout ce que vous avez possédé, gagné par vos mérites, ou acquis au dépens de rivaux démodés. Pour désirer, et si on l'a déjà, retenir cette célébrité devenue fatale (je ne parle pas, bien évidemment, de la renommée des comédiens mais de la célébrité des vedettes), ne fallait-il pas être un peu fou ou un peu masochiste ? Je roulais donc dans ma tête ces grandes pensées tout en roulant dans ma petite voiture vers l'appartement de Catherine Deneuve.

Je sonnai à sa porte. Elle m'ouvrit et j'oubliai aussitôt ces sombres pronostics. Je me trouvais en face d'une jeune femme superbe qui semblait avoir à peine passé la trentaine et qui semblait aussi gaie, aussi naturelle, que si nous avions été en classe ensemble. Ce qui, je l'ajoute tout de suite pour moi qui suis très largement son aînée (avantage qui m'échoit de plus en pensée par mon infériorité en matière d'organisation, de maturité) [...]

La célébrité, ses soleils et ses casseroles, certaines femmes comme Garbo ont passé la moitié de leur vie à la fuir. D'autres comme Bardot ont failli lui abandonner la leur. D'autres, tant d'autres, tellement d'autres, l'ont recherchée jusqu'à leur mort, et certaines sont mortes de n'avoir pu la trouver. Mais chez toutes ces vedettes, hommes ou femmes, qu'il se soit transformé en passion ou en horreur, en nécessité ou en névrose, il y avait au départ un désir de résonance, d'écho, de reflet. Si on peut je crois, devenir innocemment, par simple et dévorante passion de jouer, un monstre sacré du théâtre, je ne crois pas en revanche qu'on puisse aussi innocemment devenir une vedette ou une star de cinéma. Car s'il y a belle lurette que le mythe de la star avec ses fourrures, ses bijoux, ses amants, ses fêtes, ses triomphes, son art et son perpétuel bonheur de vivre, il y a belle lurette que ce mythe s'est révélé moins facile à vivre qu'à rêver.

[...] non seulement lui suffirait mais la comblerait en retour. Ma vision du vedettariat ayant été dès mon arrivée parfaitement démentie par la seule présence de Catherine Deneuve, je préfère lui laisser la parole à elle ou du moins, à tout ce que ma mémoire a pu retenir d'un après-midi ensoleillé et pluvieux place Saint-Sulpice où se battaient des pigeons gris. Je ne citerai pas mes propres questions, d'abord parce que je ne m'en souviens pas et ensuite parce que leur absence permettra aux lecteurs de créditer d'ingéniosité et de quelque bon sens, lesdites questions...

C'est très gentil de venir me voir mais quelle drôle d'idée ? Je n'ai pas grand chose à dire, vous savez... Je ne sais pas si comme ça, sans vous connaître, je pourrai vous donner une interview bien originale ni bien intéressante pour vous...

De quoi allons-nous parler, alors ? de ce que vous voulez. Les journalistes disent que je suis froide et distante mais je ne me sens ni froide ni distante, je me sens simplement naturelle et j'ai horreur de parler de ma vie privée. Est-ce que cela vous paraît extravagant à vous ? Non, bien sûr. C'est quand même étonnant cette époque où tout le monde doit laver sa chemise, ouvrir son lit ou exhiber ses sentiments en public. Je trouve ça affreux. Remarquez, je ne suis pas pudique par discipline, j'ai été élevée comme ça. Ca facilite la pudeur, le secret, donc le bonheur dit-on. Heureuse, suis-je quelqu'un d'heureux ? Comment le savoir ? Il y a des moments où je suis très heureuse, des moments où je suis très malheureuse, et très peu entre les deux. En fait, voyez-vous, quand je suis très heureuse, ça me fait peur. J'ai l'impression que le malheur, enfin la mélancolie est plus normale que la gaîté, que la joie. Quand je suis heureuse, j'ai l'impression que je vais devoir le payer plus tard et même souvent il m'arrive de le payer d'avance. Par exemple, je me suis arrêtée de fumer pour compenser une surprise, un bonheur que je n'attendais pas... Vous trouvez ça fou... Eh bien moi, je ne trouve pas le bonheur naturel ; et je vous assure qu'il y a beaucoup de gens comme moi. J'en connais beaucoup qui ont peur du bonheur, enfin qui adorent ça, bien sûr, mais qui en ont peur.

Vous savez, je ne suis pas une passionnée de Freud, je ne suis pas passionnée par l'inconscient. En revanche, je crois que Freud a raison quand il dit que tout se passe pendant l'enfance. Je sais, je suis persuadée, dans mon cas, d'avoir eu un choc, un traumatisme quelconque dans mon éducation qui m'a donné cette impression de culpabilité perpétuelle dont je ne suis pas arrivée à me débarrasser. Cela peut paraître bizarre chez moi mais c'est ainsi. Je suis difficilement arrivée à vivre avec moi-même, à me dresser, à m'équilibrer et même si je me sens beaucoup moins à la merci de mes propres humeurs, j'ai des moments de grandes dépressions comme de grands bonheurs, indépendamment de ma volonté et de ma raison, comme tout le monde, j'imagine !

En fait, je ne pensais pas qu'on pouvait adorer la vie en étant pessimiste sur elle. Quand je dis pessimiste sur la vie, je ne pense pas aux gens. Je ne suis pas pessimiste sur la nature humaine, mais en fait, cela m'est assez facile puisque je suis libre de choisir "mes gens". Je ne cherche le contact que de ceux que j'aime. C'est-à-dire de ceux qui sont bons, fidèles, loyaux, intelligents, sensibles. Je n'ai aucune envie d'aller m'affronter avec les autres, de perdre mon temps à des chocs. Je déteste les rapports de force. J'ai toujours détesté ça, que ce soit dans l'amour, dans l'amitié, ou dans le travail.

Mon travail, vous voulez que nous parlions de mon travail ? Eh bien, disons que je fais un métier que j'aime beaucoup et que je commence à connaître assez bien. Dans certains cas même, je peux donner des conseils aux jeunes metteurs en scène avec lesquels je travaille. Je suis très perfectionniste. J'adore l'atmosphère des studios. Je connais les fils d'un film, ses ressorts, je connais les tensions d'un studio comme je connais les perfectionnements que l'on peut apporter à certaines scènes. Et si c'est possible, ou si c'est indispensable, ou si ça peut simplement être utile sans jeter de trouble j'essaie d'y aider.

Pour une actrice, voyez-vous, je considère que le plus important, c'est d'abord le choix de son scénario. Je fais très attention à l'histoire et au personnage que je vais interpréter. Je détesterais jouer un rôle que je ne sente pas, que je n'aime pas, que je n'imagine pas. En revanche, je ne rêve que sur des réalités, enfin sur des personnages que l'on me propose. Je n'ai jamais rêvé d'être Phèdre, Anna Karénine ou Madame Bovary. J'ignore pourquoi mais mon imagination ne s'exerce qu'à partir de projets réels. Le théâtre par exemple, le théâtre dont je sais bien qu'il est sûrement passionnant, terrifiant et merveilleux, le théâtre ne me serait pas possible. J'aurais bien trop peur de cette foule, puisque déjà, j'ai un peu peur des individus, au départ, que ce soit des fans, des badauds ou des journalistes. Je ne sais jamais s'ils sont vraiment là par sympathie ou par une sorte de curiosité cruelle. Ce n'est pas que j'aie peur de ce que l'on dira de moi dans les journaux : en fait je ne leur dis rien qu'ils puissent vraiment déformer. Au contraire, j'essaie plutôt de les faire parler, eux, ceux qui viennent m'interviewer. Je m'intéresse beaucoup à certains, à ce qu'ils disent quand ils sont un peu sensibles. Et puis c'est trop injuste, après tout, c'est toujours le même qui pose des questions, toujours la même à laquelle on s'intéresse. Il n'y a pas de raison.

Mon Dieu, je ne vous ai même pas offert à boire, c'est dramatique, vous ne voulez rien ?... Vous ne pouvez vraiment plus boire d'alcool du tout, c'est épouvantable ! Moi, de temps en temps, j'adore ça. Je bois deux, trois whiskies comme ça, pendant une semaine, dix jours, quinze jours, ça m'enlève ma timidité, ça me rend très gaie. Je trouve tout facile, agréable, léger. Je me sens sure de moi. Enfin ! Cela dit, quand je dis que je bois, c'est un petit peu exagéré. Je m'arrête quand je veux et il y a des mois entiers où je ne bois pas une goutte d'alcool. Mais il y a des soirs, on ne sait pas pourquoi, grâce à lui, on parle, on s'amuse comme des fous. Moi-même, je ne sais pas raconter des histoires drôles, je ne suis pas ce qu'on appelle une comique mais j'adore rire. J'ai des amis avec lesquels nous rions interminablement pour des bêtises. Comme tout le monde d'ailleurs.

En amitié, je tiens beaucoup à très peu. Je ne me soucie ni de ce qu'ils sont, ni de ce qu'ils font, ni de leur milieu social. Qu'ils soient célèbres est le dernier de mes soucis. Mes amis, je les estime et je les respecte. Mais, comment dire, je ne leur permets pas de se dévaloriser mes yeux. Par exemple, dans votre cas, on dit que vous avez jeté l'argent par la fenêtre et très souvent à de faux amis. C'était peut-être de vrais amis, mais moi, je n'aurais pas pu faire cela. Je regrette que les rapports d'argent amènent des rapports de force. J'aime bien l'idée que l'amitié soit basée sur la gratuité. Si un ami avait un problème je l'aiderais mais j'aurais peur de déséquilibrer notre relation, d'installer un rapport de domination.

Cela dit, l'argent je m'en moque. Il rentre par une porte, il ressort par l'autre, tant pis ! Dieu merci, j'ai quelqu'un qui s'occupe de ma comptabilité, qui s'occupe de tout, mais je suis la vraie responsable et ça c'est tuant ; j'en ai tellement assez de m'occuper des comptes, des impôts, des choses, je trouve ça épuisant pour une femme, vraiment épouvantable, mais il faut le faire, donc je le fais. Quand je dis que je jette l'argent par la fenêtre, c'est faux, je veux dire par là que je ne peux pas résister parfois à certains élans. Par exemple, quand je vois un très bel objet, même s'il est ruineux, même si je n'en ai pas les moyens, eh bien j'oublie complètement la valeur de l'argent et j'entre et je l'achète. Cet appartement est rempli d'objets que j'ai achetés comme ça, alors que je n'aurais pas dû le faire... Je suis bien d'accord avec vous, il ne faut pas se faire des ennuis à soi-même. On en a déjà assez qui viennent de l'extérieur. Et je ne compte pas ceux que je me forge moi-même, grâce toujours à cette culpabilité que je n'arrive pas à repousser.

Enfin, il ne faut pas exagérer, j'ai l'air de parler d'une manière angoissée mais je suis quelqu'un de très heureux en général et j'essaie d'apprendre le goût du bonheur à mes enfants, c'est le plus important. Ca, et certaines lois, certaines règles de conduite. Par exemple, ces derniers temps, j'avais des rapports que je trouvais froids, lourds, faux avec mon fils que pourtant j'adore. Eh bien, j'ai pris la décision d'arrêter ce gachis. Nous nous sommes séparés, il est allé de son côté, moi du mien et je crois que c'était nécessaire, bien, et pour l'un et pour l'autre. Je ne supporte par les situations fausses, les amitiés tronquées, les amours infidèles. J'aime les choses claires, nettes, surtout avec les enfants ; il est tellement important d'apprendre aux enfants le sens de la réciprocité. Il y a des hommes aussi qui l'ignorent, mais ceux-là, je les fuis, ceux-là sont trop dangereux. Je n'aime pas la tension chez moi. Il faut dire que c'est très fatigant, vous savez, de tourner. On est épuisé après, on a besoin de calme, de repos, de tranquillité, de solitude ; enfin cette solitude choisie par moi-même ne m'ennuie jamais. Il m'arrive de passer des heures la nuit et le jour, comme ça, à ne rien faire, à traîner, à regarder par la fenêtre, à perdre mon temps. Alors je feuillette des journaux, je lis quelquefois des livres mais pas souvent. J'adore regarder des vieilles revues, voir des photos d'avant, relire des vieux textes. Ca me distrait beaucoup.

Si je n'avais pas été comédienne, je ne sais pas du tout ce que j'aurais pu faire. Je crois que j'aurais aimé être antiquaire. J'adore les objets, les beaux objets. J'adore retrouver un bois, un style, j'adore chiner...

La politique ? De temps en temps, je m'engage. Par exemple, vous vous rappelez la loi sur l'avortement de Simone Veil. J'avais signé un papier comme quoi je m'étais fait avorter illégalement. Vous aussi, d'ailleurs je crois. C'était un sujet privé, mais une loi importante. Mais je ne veux pas prendre position pour quelqu'un, c'est une exploitation de la popularité que je trouve malsaine.

Je crois quand même qu'il y a des choses dont on ne se remet pas ou très mal, certaines morts par exemple, dont on n'arrive pas à se libérer. Mais parlons d'autre chose, il y a tellement de choses merveilleuses dans l'existence. On est bien d'accord. Il fait beau, il fait doux, il fait bleu, Paris est si beau... Comment j'aimerais que soit écrit votre article ? Je ne sais pas, pourquoi ? Quelle drôle d'idée, quelle drôle de question ! Mais non, je ne tiens pas à le relire, je vous fais confiance. Si vous y tenez, je le relirai, c'est comme vous voulez. Je n'aime pas contrarier les gens. Eh bien cet article, je ne sais pas, je voudrais un peu qu'il soit comme un conte de fées, qu'il y ait quelque chose de magique, d'optimiste qui me rassure, que ce soit comme une espèce de promesse de bonheur. Quelque chose qui, le matin, quand je me réveille, me donne confiance en moi. C'est bête n'est-ce pas ? C'est très difficile de dire ça à quelqu'un qu'on ne connaît pas, qu'on a vu quelques heures, et qui doit imaginer, sans mentir, des choses sur vous. Mais je crois que c'est bien ça.

Là, elle s'arrêta. Et j'aurais pu en faire autant. Si, en relisant cet article, je n'avais pas soudain compris sa manœuvre et l'origine de ce faux secret qui l'auréole. Je vis soudain que j'avais passé plus de temps à expliquer qu'elle n'était pas ceci qu'à affirmer qu'elle était cela. J'ai écrit par exemple qu'elle n'était pas prétentieuse mais je ne sais pas si elle est modeste. Qu'elle n'était pas froide mais je ne sais pas si elle est passionnée. Qu'elle n'était pas faible mais je ne sais pas si elle est forte. XXXXXXXX soit forte, je crois que c'est une femme fragile, courageuse et effrayée et qui a plus peur d'elle-même que de n'importe qui. Il me paraît presque évident que l'on ne peut afficher cette sérénité, cet équilibre et cette sorte de détachement amical sans avoir peur. Et si Catherine Deneuve m'a dit cent fois : " Je ne suis pas ceci ou je ne suis pas cela ", c'est parce qu'elle ne se sentait ni la force ni l'envie de dire : " Je suis ceci, je suis cela ". Et peut-être, en effet, faut-il de l'innocence et de la naïveté et presque une forme de bêtise pour affirmer : " Je suis ceci, je suis cela ", et peut-être en effet aussi ce sentiment d'innocence, quelqu'un ou quelque chose le lui a-t-il fait perdre pour qu'elle n'ose pas parler d'elle autrement que dans une forme interro-négative.

Et pourtant, blonde, belle, éclatante et séduisante comme elle l'est, sensible aussi, et n'ayant " que l'on sache " jamais fait de mal à personne (et l'on sait vite à Paris dans ce milieu), et pourtant aimée par des hommes, aimant ses enfants et aimée du public, qui, plus que Catherine Deneuve, pourrait prétendre impunément qu'elle existe telle qu'elle est ? Je l'ignore et peut-être cela est-il le meilleur et le pire de son charme que cette lueur mate qui parfois surgit du châtain de ses yeux, s'affole et laisse deviner une fêlure dans toute cette blondeur.


Par : Françoise Sagan


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