|
||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ses interviews / Presse 1980-89 / Elle 1984 |
Repères
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
|
Le quartier du Marais, à Paris. Un trottoir. Les bruits d'un tournage. Une équipe en tournage : celle d'Elie Chouraqui. Une histoire qui s'appellera "Paroles et musique". C'est le chemin qui mène à Catherine Deneuve, alias Madame Louise Tissot, "la romancière et journaliste célèbre, la George Sand de son époque, qui s'est fait une vie indépendante des hommes, superbe, intelligente et lucide. Celle qui va séduire ce gros nigaud de Charles Saganne et l'amener où elle veut : dans son lit". Louise et Charles, c'est-à-dire Deneuve et Depardieu, se retrouvent une fois de plus à l'écran pour "Fort Saganne", le film qui ouvrira le festival de Cannes 84. "Ma prestation représente dix minutes de tournage dans le film", dit Catherine Deneuve de cette voix claire et directe qu'elle peut rendre à l'envi chaude ou neutre et froide. La voyant, je repense aux rôles qui, à mon avis, l'ont faite ce qu'elle est pour nous : "Les parapluies de Cherbourg", "Belle de jour", "Tristana", "Le sauvage ", "Le dernier métro", "Benjamin", "Je vous aime"... ni tout à fait la même, ni tout a fait une autre. Vous avez eu longtemps droit
à être définie comme "le bloc de glace". Et quelle est la phase actuelle
? Pourtant, dans "Fort Saganne",
vous faites à nouveau fondre ce pauvre Charles Saganne qui arrive
tout brûlant de son désert. D'une façon plus générale,
à voir vos films, on éprouve de votre part une impression
de silence et de distance : d'une certaine manière, même
votre voix peut être silencieuse. Comme si vous voyiez les gens
venir de loin. Comme si vous les connaissiez d'avance. Je veux dire qu'on
a l'Impression que vous êtes comme ça, depuis toujours, même
à l'époque où vous alliez au lycée La Fontaine
et viviez chez vos parents. Quand vous étiez petite,
vous aviez le temps d'observer. Aujourd'hui, les choses sont sans doute
différentes ? Vous suscitez pourtant le sentiment
de connaître les hommes avant même qu'ils n'aient levé
le. petit doigt. Vous avez envers eux un air d'indulgence narquoise. On
sent que les hommes ne vous font pas peur et que c'est peut-être
ce qui leur fait peur. Oui, mais en l'occurrence, il
s'agissait d'un cas de folie qui brise toutes les règles. Dans
des cas plus "normaux", on sent que l'intégrité
de votre "citadelle" est toujours préservée de
l'amour-passion. Quel était votre livre
préféré à cette époque ? Et aujourd'hui ? Vous aimeriez écrire
? Vous n'écrivez jamais
? Même des lettres à vos amis, aux gens que vous aimez ? Pour en revenir aux hommes et
aux femmes, ne pensez-vous pas qu'après la guerre des sexes des
années 70, l'hyper-féminisme des années 80 ressemble
à une sorte de donjuanisme, comme si c'étaient les hommes,
désormais, qui faisaient tapisserie ? Pourtant on entend souvent les
femmes se plaindre actuellement en disant : "Y a plus de mecs, y
a plus d'hommes". Auriez-vous aimé faire
un autre métier ? |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
|
|