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Ses interviews / Presse 1980-89 / Elle 1986 |
Repères
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Le film de Téchiné qui sort en France, un parfum lancé aux Etats-Unis, Catherine Deneuve fait plus que jamais parler d'elle. Elégance, maquillage, régime, forme, elle se raconte aujourd'hui en beauté. Elle est assise dans son salon, en robe rose indien, le cheveu très doré. Un peu moins transparente peut-être qu'en photo, plus "les pieds sur terre" qu'éthérée. Elle est diaphane et elle a bonne mine. La peau pleine de sève est solide, tout comme la soie des cheveux et les épaules (carrées), la voix, et les mots qu'elle dit. Elle est belle, parfaitement, classiquement, lumineusement belle. D'une beauté à rendre fou le caricaturiste qui voudrait lui trouver un défaut à croquer, à compliquer la lâche de l'interviewer. On commence par parler du dernier film d'André Téchiné, "Le lieu du crime", qui sort bientôt, où elle est filmée "de très près, avec un visage dépouillé, dénudé comme André aime le faire pour ses actrices" dit-elle. Elle montre son partum qui vient de sortir aux Etats-Unis. Beau flacon à la sculpture aérodynamique qu'elle débouche un instant : ça sent la rose indienne et la maman poudrée juste avant le bal. C'est raffiné, équilibré, ça va à merveille à la Balance qu'elle est. Et la première question arrive qui brûle les lèvres devant cette vivante leçon de beauté. En beauté, n'a-t-on pas
tous les droits, y compris celui de se contredire ? Ne peut-on pas aimer
aussi bien le maquillage que le non-maquillage ? A côté de l'élégance,
existe-t-il un plaisir de la non-élégance ? Et le régime
et
non-régime ? Croyez-vous qu'on puisse apprécier
à la fois la forme et l'anti-forme ? Que l'anti-fitness, la non-énergie,
la nonchalance ont leur charme ? Que faites-vous quand vous êtes
très, très fatiguée ? Nous aussi, nous savons dormir, trop manger, ne pas nous maquiller, nous habiller sport sans être sportives pour autant. Mais nous n'avons pas le même look. Alors ? Alors, c'est simple. Catherine Deneuve, lorsqu'elle est loin de nous, est comme nous. Dès qu'elle se montre en public, elle est la Deneuve qui respecte à la fois son image et son public. Là, pas question de se laisser aller. "On ne doit pas être vélléitaire par rapport à son image", dit-elle. Autrement dit : quand on doit ou quand on veut être belle, on fait ce qu'il faut. Si son image semble taillée dans du cristal, c'est qu'elle y veille avec une précision de professionnelle qui sait se faire aider par d'autres professionnelles. La beauté est un travail, mais pas un travail à plein temps. Le reste du temps, on vit. Leçon de beauté d'autant plus efficace qu'elle ne veut rien nous "vendre". Ni évangile aérobique et dirigiste, ni réveil musculaire par salutation au soleil, ni régime miracle au riz complet (dont elle dit : "c'est beige, c'est triste, ça colle"). Elle ne donne pas de trucs ou plutôt elle n'en a qu'un. Elle s'est arrangée pour harmoniser deux vies : cinéma et quotidien, ombre et lumière, Deneuve et Catherine.
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