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Ses interviews / Presse 1980-89 / Flash 1985 |
Repères
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Belle encore et toujours, intelligente, Catherine Deneuve, quand on l'interviewe, demeure sur la réserve. Heureusement, cela ne dure guère. En quelques minutes, tout bascule, vous découvrez qu'elle a un vrai sens de l'humour, un côté pince-sans-rire : tout à coup voilà une autre femme. Rien d'étonnant que cette femme-là ait accepté de tourner "Pourvu que ce soit une fille", de Mario Monicelli avec une distribution choc : Stefania Sandrelli, Liv Ullman, Giuliana de Sio (qui monte en flèche de l'autre côté des Alpes), Philippe Noiret et Bernard Blier. A voir cette cascade de noms, on pourrait presque deviner l'histoire : un petit groupe de femmes, lassées de l'inconduite et de la lâcheté masculine, s'installe dans une sorte de communauté, à laquelle s'intégreront - laborieusement et à quel prix ! - Noiret et Blier. Drôle, féroce pour les hommes, ce film n'est pas tendre non plus pour les femmes. Et, bizarrement, il est interprété par des femmes de tête. Décidément, pour Catherine Deneuve qui s'était offert une année sabbatique, c'est un retour à la femme forte telle qu'on l'a vue dans "Paroles et musique", "Le bon plaisir" ou "Je vous aime". Elle rit doucement : L'année sabbatique c'est tout simplement parce que je n'ai pas eu de propositions qui m'intéressaient suffisamment ! Elle rit. Elle a un joli rire et une manière de redresser la tête très élégante. Elle se dit paresseuse ; on la dit femme d'affaires : Oui, pour les bijoux et parce que l'on m'a proposé d'avoir une ligne de parfums. Et vous savez, le parfum c'est une sorte de mystère. Cela me fascine, voilà pourquoi je m'en occuperai... Alors, si elle n'est pas vraiment la femme d'affaires que l'on croit, rigoureuse et organisée, comment vit-elle ? C'est selon... En vacances, je me lève tard, puis je fais les boutiques. (Mais c'est Saint Laurent qui l'habille officiellement). Quand je tourne, la vie est différente, bien entendu, elle se règle selon le rythme du film. Elle a achevé "Le lieu du crime", d'André Téchiné avec qui elle avait déjà tourné "Hôtel des Amériques". Elle a des projets dont elle n'a pas envie de parler, et des idées. Je deviens exigeante sur le choix des films, alors j'aime mieux ne pas en faire que ne pas en être satisfaite. Et puis, il y a les enfants, je m'en occupe, bien que maintenant... Christian (le fils de Roger Vadim) a vingt-deux ans ; comme sa mère il veut être comédien. Chiara, la fille qu'elle a eue avec Marcello Mastroianni, a près de quinze ans. Du coup, on pense à plus tard, pas à la retraite, mais à la vieillesse. Elle dit : Si je vous disais que les rides et tout le reste ne me font pas peur, je serais une belle menteuse mais bon... que faire sinon se battre ? A quarante ans, elle a encore manifestement le temps de s'inquiéter de ses rides. En revanche, elle a eu un mot qui, tout compte fait, la définit bien : "Se battre". Une battante, Catherine Deneuve ? Oui, à n'en pas douter. Et l'image qu'elle a imposée si fort, de femme de tête et d'autorité, n'est pas complètement étrangère à son caractère quoi qu'elle en dise. Elle se dissimule derrière un sourire : C'est tout le plaisir des comédiens : être un personnage, et un autre, et tous à la fois.
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