Ses interviews / Presse 1980-89 / Source inconnue1986
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Vingt-trois ans après, Deneuve affronte Cannes

"Les parapluies de Cherbourg", c'était en 1963. Catherine Deneuve avait tout juste vingt ans. Elle accédait tout d'un coup au royaume des stars. Vingt-trois ans plus tard, une cinquantaine de films plus loin, auréolée d'une gloire internationale, resplendissante de beauté, Catherine Deneuve affronte à nouveau le jury du Festival de Cannes. Entourée de son metteur en scène, André Téchiné, de son partenaire, Wadeck Stanczak, de Danielle Darrieux et de Victor Lanoux, elle va défendre dans la sélection française "Le lieu du crime", un film émouvant et fort dans lequel, visage très dépouillé, regard blessé, elle joue, aux limites de la folie. Un grand rôle pour une femme pleine d'humour et de tonus dans la vie, symbole du charme, de la réussite, et… de la République.

Depuis "Les parapluies de Cherbourg", vous n'aviez pas eu un film en compétition à Cannes ?
J'ai présenté beaucoup de films à Cannes, mais depuis "Les parapluies", pas en compétition. Moi, je suis ravie pour l'équipe et pour le film qu'il ait été choisi, mais je n'ai pas l'esprit de compétition, pas d'émulation à la compétition, ce n'est pas mon truc.

Avez-vous souvenir d'avoir eu, à un moment de votre vie, l'impression soudaine que vous étiez devenue une star ?
Je pense que c'est arrivé avec "Les parapluies de Cherbourg", un film extraordinaire, un premier rôle d'héroïne et un grand succès populaire... et j'avais vingt ans. Depuis, j'ai parfois eu l'impression d'être une star à des moments fugitifs, à une façon d'être reçue, d'être mise sur orbite le temps d'une soirée ou d'un cocktail... Heureusement, la vie vous ramène vite sur terre.

Pour les Américains, vous êtes l'actrice française la plus célèbre [elle éclate de rire].
Vous savez, je suis sure que beaucoup d'Américains ignorent que je suis une actrice. Ils me voient à la télé, mais je suis l'image d'une française, sans savoir si j'ai un rapport avec la mode, les bijoux, le parfum.

Habillée par Saint Laurent, impeccablement coiffée, n'avez-vous pas l'impression que l'image que vous donnez de vous est un peu rigide ?
J'ai toujours refusé d'être coincée dans des cadres par mes rôles, par mes choix dans la vie. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, j'ai une vie moins conventionnelle qu'il n'y paraît. On dit que j'ai une allure bourgeoise, mais mis à part ma coiffure et ma façon de m'habiller, personne ne peut prouver que je mène une vie bourgeoise. Les gens savent peu de choses de moi...

On vous a pourtant figée dans le symbole de la République. Vous êtes devenue Marianne...
Si on m'en avait demandé l'autorisation auparavant, j'aurais probablement refusé. Mais on m'a présenté cela un peu comme le résultat d'un sondage, alors j'ai trouvé l'idée plutôt sympathique, franchement. Et puis, attention, nul n'est obligé d'avoir ma statue dans sa mairie. En outre, cela ne représente pour moi aucune obligation, ni professionnelle ni politique. Et puis, je ne me sens pas différente depuis.

Côté mode aussi, on vous a figée dans un style.
Les gens qui vivent avec moi me voient habillée de bien différentes façons. Les autres ne connaissent que mon image "soirée". De plus, si je ne m'imposais pas cet effort, j'aurais tendance à me laisser aller, parce que je n'aime pas passer beaucoup de temps à ma toilette.

Et le jean ?
J'en porte tout le temps, mais je ne trouve pas cela idéal. Le "training", ça oui, c'est confortable.

Vous semblez vivre à l'écart du monde du cinéma ?
C'est vrai [elle sourit], mais vous savez, je vis par le cinéma, pour le cinéma, je m'intéresse beaucoup au cinéma et je vis avec les gens de cinéma quand je travaille avec eux. Le reste du temps, j'ai besoin de m'aérer ailleurs avec des gens différents.

Alors, que faites-vous quand vous n'êtes pas plongée dans un film ?
Je lis, je vois mes amis, je m'occupe de mes deux enfants, j'étudie des scénarios. Depuis un an, je n'ai pas arrêté : je me suis beaucoup occupée de mon parfum. C'est moi qui en ai composé l'essence. Il est fabriqué en France et vendu seulement aux Etats-Unis pour le moment.

Parlez-nous un peu de votre fille, Chiara.
Je n'aime pas beaucoup parler d'elle parce qu'elle va à l'école et que je n'ai pas envie de la déranger. C'est une adolescente, elle a quatorze ans, physiquement, elle est très latine, mais de tempérament, elle me ressemble... malheureusement. Si je vais la chercher à l'école, elle me demande que ce soit discrètement. Je comprends très bien, ce n'est pas marrant pour elle d'être la "fille de...". J'espère bien que, de sa part, c'est de l'orgueil.

Croyez-vous qu'elle rêve de faire du cinéma ?
[Soudain péremptoire] Elle sait qu'il n'est pas question de parler de cela, c'est interdit. On parle d'études, pas au-delà... Mais c'est évident qu'elle doit en avoir envie. Lorsque j'avais son âge, tout le monde autour de moi parlait comédie, et moi, je n'avais absolument pas envie de faire un jour du cinéma...


Par : Geneviève Schurer
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