Belle, dynamique, talentueuse, le rayonnement de Catherine Deneuve notre incontestable ambassadrice de charme, dépasse largement le cadre du 7ème art. Double, elle nous révèle un autre visage dans "Agent trouble".

Pour tout cela et bien plus encore, il était donc que son beau et célèbre visage soit le premier à s'inscrire en hologramme sur la "Tour des Césars", qui se veut promotrice de la culture cinématographique française auprès du grand public. Fait depuis le 29 juin dernier ! Cela lui plaît bien d'ailleurs :

Oui ! J'aime beaucoup cette idée de prolongation, d'image qui continue à bouger, est différente. Après "Marianne" qui était un symbole, c'est une suite très positive. Cela m'étonne moins d'être la première choisie pour cet hologramme que lorsque je l'ai été pour représenter "Marianne". Je me suis dit : "La France a bien changé !" C'est fou le chemin qu'ont fait les femmes, car il y a vingt ans seulement, il aurait été impensable qu'une comédienne, mère de deux enfants, tous deux hors mariage, puisse être le symbole de la France !

Dans le salon de son bel appartement parisien, encombré de plantes, de bibelots qu'elle collectionne, de revues sur le cinéma, elle évolue, superbe, le teint lisse et la chevelure somptueuse, sans marquer la moindre trace de fatigue. Elle est pourtant sur tous les fronts. A peine terminé le tournage du film de Mocky, elle filait aux Etats-Unis, histoire de promouvoir "Deneuve" le parfum qui porte son nom, et dont elle s'est activement occupée.

Tout le monde a un "nez", dit-elle. Il le fallait d'ailleurs, à partir du moment où j'avais décidé de participer vraiment à la fabrication.

Seulement ce parfum fabriqué en France est développé aux Etats-Unis "et la promotion à l'échelle américaine, soupire Catherine Deneuve, c'est énorme !". S'éloignerait-elle tout doucement du cinéma ?

Pas du tout. Vous savez, les films et les parfums comme les bijoux, c'est peu différent. Cela demande la même sensibilité. Je ne m'occupe absolument pas des "affaires". Je ne suis en rien une business woman. Je suis, je reste une actrice.

Au point d'accepter de se faire enlaidir pour le plaisir de Jean-Pierre Mocky qui nous la montre frisottée et à lunettes, dans "Agent trouble" (sortie fin août), aux côtés de Pierre Arditi, Richard Bohringer et Tom Novembre.

Enlaidie ? Pas du tout. Différente, c'est tout. Différente et désuète. C'est l'histoire d'une femme solitaire et hors de la modernité. Je devais donc être moins blonde et peut-être un peu moins éclatante. C'est agréable de se transformer. C'est plus facile, aussi, le physique aide à trouver la réalité du personnage que l'on crée. Moi, je ne cherche pas à être laide. Pour quoi faire ? Prouver que je suis une bonne comédienne ? Je n'ai rien à prouver. C'était peut-être un pari, moi j'aime les surprises, donc le risque. Je trouve que, jusqu'ici on a accordé une importance un peu démesurée à une bien légère transformation. Comme, à mon avis, on accorde toujours un peu trop d'importance aux comédiens, à leurs faits et gestes... Un comédien, le plus intelligent soit-il, moins on le voit, moins il parle et... mieux c'est.

Elle dit cela sur un ton charmant, le sourire tranquille. En voilà une au moins que le succès n'a pas changée.

Mais si, éclate-t-elle de rire. Je me suis adoucie, je suis un peu moins difficile, du moins j'essaie, dans mes rapports avec les gens dans le travail. Savez-vous que j'ai eu deux "Prix Citron". A dire vrai, un Prix Orange m'aurait gênée bien davantage, je me méfie, par principe, de ceux qui, ayant un métier public, sont trop aimables, je trouve cela suspect, très circonspect.

Elle parle de façon directe, spontanée, l'humour corrosif, avec une grande drôlerie qui frise l'insolence.

Que cela me fait plaisir à entendre ! J'en ai vraiment assez de cette image glacée que l'on pose sur moi depuis les débuts. Il est certain que j'essaie d'être organisée, équilibrée, de cloisonner les différents moments et chapitres de ma vie, mais c'est vrai aussi que je ne suis pas tout à fait sage, ni raisonnable. Sinon, comment pourrais-je faire ce métier irrationnel où la sensibilité, la versabilité ont une nette tendance à l'emporter sur le fond des choses, empêchant de les voir comme elles sont. Moi, je m'applique à ne pas masquer trop...

Pour l'aider, rien de mieux qu'un entourage harmonieux et équilibré.

Ce n'est pas dans ma nature, dit-elle, de m'entourer de gens qui me seraient, de toute façon, acquis !

Et, avec tendresse, elle cultive ses amis. Elle est fascinante d'équilibre, parfaitement épanouie…

Cela se voit ? C'est vrai, dit-elle. Comme tout le monde j'ai des passes difficiles mais il m'est impossible de ne pas me rendre compte de cette chance qui m'a été donnée et que je savoure.