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Ses interviews / Presse 1980-89 / Jours de France 1988 |
Repères
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Catherine Deneuve, éblouie
par le renouveau de Bagatelle, adore également flâner à
travers la roseraie. Scintillante et lumineuse comme une vraie star, Catherine Deneuve a inauguré Bagatelle, qui réouvrait ses portes après une spectaculaire rénovation. En rose, comme il se devait - toutes les invitées ont respecté la suggestion des organisateurs de cette éblouissante soirée -, Catherine arriva en robe fuchsia, au bras du décorateur Jacques Grange, maître d'uvre du renouveau de Bagatelle. Cette réouverture du château de Bagatelle est une réussite, s'extasie Catherine Deneuve. On a rarement envie de vivre dans un château. Les meubles y semblent comme parqués pour la visite. Ici, tout respire le charme, le raffinement. Les éclairages mettent en valeur les bibelots, les tableaux. On n'a pas oublié la chaleur, le confort qu'apportent les double-rideaux. Ici, les taffetas aux couleurs délicates changent tout. Un bonheur de vivre se dégage de Bagatelle. J'aimais déjà infiniment le parc, les jardins. Je viens souvent m'y promener. Surtout à travers la roseraie. On y trouve une grande paix. J'adore flâner au milieu des massifs de clématites. Je suis une amoureuse de Bagatelle. J'admire Jacqueline Nebout, chargée des parcs et jardins de Paris. Quel rôle merveilleux ! C'est une fée. Tout Paris semble comme touché par sa grâce. Les places refleurissent en permanence. Les harmonies de couleurs deviennent plus recherchées, parfois plus audacieuses ou au contraire subtiles. Moi qui suis une passionnée de fleurs et de plantes - leur respiration et leur métamorphose me sont indispensables - je n'arrive pas à entretenir des rapports sereins avec elles. Nous avons des relations passionnelles. C'est inévitable. Je les quitte souvent - mon métier m'y oblige. Lorsque je reviens chez moi, je me jette sur elles, avec mon trop plein d'amour, comme prise de regrets : avec des élans excessifs dus à ma mauvaise conscience. Je compense en étant possessive. Je les baigne trop longtemps. Je les nourris trop. "Tu me quittes, je m'étiole. Je reviens, je vous dévore". Trop d'amour peut brutaliser. Je devrais procéder par petites approches, petites touches. Faire de la microchirurgie. Et je me lance dans de grandes opérations d'élagage. Je taille à tout va. Malgré tout, malgré les cicatrices que je leur inflige, nous nous adorons. Divine Catherine d'un film à l'autre. Elle sort d'un personnage poussé au désespoir et à la tragédie dans "Fréquence meurtre", le film d'Elisabeth Rappeneau. La psychiatre Deneuve, qui réconforte à l'antenne, vit un cauchemar dans sa vie privée. Auparavant, dans "Agent trouble", sous la direction de Jean-Pierre Mocky, le cheveu court et frisotté, l'humour à belle dent, elle devient plus retorse qu'un inspecteur de police lorsqu'elle mène elle-même l'enquête. Et elle n'a pas fini de nous surprendre. Gérard Oury écrit actuellement un scénario "explosif" totalement inspiré de l'affaire du Rainbow Warrior. Les faux époux Turenge, vous vous souvenez ? L'Etat sens dessus dessous... Le SDECE en question, décapité lui aussi. Catherine Deneuve jouera le personnage inspiré du vrai capitaine Dominique Prieur. Invitée à déjeuner par Gérard Oury, l'homme miracle du cinéma, le pape de la comédie à la française, le cinéaste des records ("La Grande Vadrouille" et "Le Corniaud" sont au panthéon du rire), Catherine Deneuve en rit encore. II m'a raconté comment il imaginait son film, intitulé "Vanille Fraise". Ce n'est vraiment pas triste. Ce "Vanille Fraise" occupe effectivement tous les instants de Gérard Oury. Depuis sept mois, avec sa fille et collaboratrice Danielle Thompson, il travaille à l'écriture de cette comédie. Une réalité débridée, qui comme toujours dépasse largement la fiction. Michel Blanc et Pierre Arditi doivent partager l'affiche avec Catherine Deneuve. "Nous avons discuté du projet. Comme un déjeuner ne nous a pas suffi, nous y avons ajouté un dîner. J'ai l'accord de principe de Catherine et des deux autres comédiens. Mais je respecte trop les comédiens pour leur demander de s'engager définitivement avant d'avoir lu le scénario page par page, ligne par ligne, explique Gérard Oury. Et Danielle et moi sommes loin de l'avoir tout à fait terminé". "Si tout va bien, nous devrions tourner "Vanille Fraise" en avril 1989. A Rome, Naples, Capri et Positano. Un retour à l'Italie pour toute l'équipe, vingt-quatre ans après le tournage mémorable du Corniaud". En attendant que le méticuleux
Gérard Oury achève ce scénario diabolique et comique,
Catherine Deneuve - dès la présentation de la collection
de son couturier préféré, Yves Saint Laurent - partira
en juillet pour les Etats-Unis où ses propres collections de bijoux
et le lancement de son parfum l'accaparent. Et tant pis pour les plantes
qui, une fois de plus, soupireront en silence en attendant le retour de
cette belle de jour qui n'en finit pas de les quitter pour les aimer plus
fort encore. |
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