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La plus secrète des stars françaises

"Il n'y a plus de star !" affirme Catherine Deneuve. Pourtant le public et les metteurs en scène la font régulièrement mentir. La blonde la plus célèbre du cinéma français a perfectionné son art de film en film. Aujourd'hui au sommet, elle révèle sa vraie nature : un mélange explosif de froideur et de passion, de grâce et de vitalité. Le feu sous la glace. La beauté.

Une tornade blonde. Catherine Deneuve, métamorphosée en femme vampire, a fait sensation, un soir de mai dernier, vers minuit, sur l'écran du palais du Festival de Cannes. D'une beauté presque irréelle, touchant au mythe, elle était la vedette d'un film fantastique : "Les prédateurs" de Tony Scott.

Demi-déesse égyptienne ayant survécu près de six mille ans grâce au sang de ses victimes et vivant dans le New York des années 80, avec les corps et âmes d'autres humains, elle prolonge la vie de ses amants. Le dernier en date : David Bowie. Deneuve et le roi David, un couple sophistiqué, étrange. Quant à l'autre amant, c'est une femme : Susan Sarandon, physique superbe, sauvante mettant au point une nouvelle formule de sang synthétique. Deneuve - Susan Sarandon, un couple choc. Des rapports torrides.

Déroutante Catherine. Avec "Les prédateurs" (six ans se sont passés depuis "II était une fois la légion" avec Gene Hackman et Terence Hill), elle a marqué très fort son retour au cinéma anglo-saxon. Bien décidée à ne pas se laisser enfermer dans le cliché de la femme belle, terriblement lointaine. Un seul but : surprendre à chaque film. Sans provocation mais cherchant à "aller toujours plus loin afin de parvenir, dit-elle, à ce bonheur professionnel, sans lequel il n'y a pas de bonheur personnel". Avec "Les prédateurs", la comédienne a trouvé une grande satisfaction. Une étape capitale dans sa carrière. Et puis, il y a la rencontre de David Bowie, fascinante rock-star. Elle avoue : "Jouer avec lui fut un travail entièrement nouveau mais étant donné que, dans le film, il vieillit considérablement vite, je n'avais plus vraiment l'impression de jouer en face de lui. David était enfoui sous un épais maquillage lui donnant l'aspect d'un vieillard de deux cents ans ! Mais Bowie sur scène, en concert, interprète déjà. Je crois qu'il est un acteur-né ! "

Quant aux scènes d'amour, jugées "hard" aux Etats-Unis et qui ont fait l'objet d'un nouveau montage, Catherine Deneuve déclare :

J'ai une opinion très mitigée sur l'érotisme et la nudité dans les films. Dans "Les prédateurs", de telles scènes sont nécessaires, car elles font partie intégrante d'un rituel. Généralement, je suis contre ce genre de scènes. Cependant, quelqu'un comme Ingmar Bergman montre la nudité d'une manière très érotique. Je crois que lorsqu'une actrice est nue à l'écran, elle se trouve non seulement dépouillée de ses vêtements, mais également de son masque de comédienne. Nue, on redevient essentiellement une personne...

Sorti en plein été, à la sauvette, "Les prédateurs" n'a pas remporté le succès mérité, compte tenu de ses qualités esthétiques et de sa prestigieuse distribution. Pour autant, la vedette ne s'est pas laissé décourager. Depuis la mi-juin, Catherine Deneuve n'a pas eu le temps de souffler beaucoup. Deux films en tournage.

Son visage auréolé de blondeur, le sourire lumineux, les yeux pétillants d'humour, c'est le "look classique" qu'elle a adopté pour "Le bon plaisir" mis en scène par Francis Girod, d'après le roman de Françoise Giroud. Une histoire qui se déroule dans les coulisses du pouvoir. Catherine y est la maîtresse d'un homme politique (interprété par Jean-Louis Trintignant), devenu plus tard président de la République. L'affaire serait banale, si cette femme n'avait eu un enfant de cet homme. Une lettre volée révélera ce secret d'État. Un scandale que le ministre de l'Intérieur (Michel Serrault) tentera d'étouffer.

Le trio du "Bon plaisir" se connaît bien, et le tournage à Paris et New York s'est déroulé dans une atmosphère agréable. Catherine a retrouvé Jean-Louis Trintignant et Michel Serrault. qu'elle avait croisés dans "L'argent des autres" de Christian de Chalonge.

Je n'aime au fond que ça, travailler, confia-t-elle. Quand je ne tourne pas, je me sens vide. Certes, je me balade, je vois des gens, mais j'attends le jour où je pourrai retravailler.

Et elle précise que. selon le conseil de Josef Von Sternberg à Marlène Dietrich, elle tient toujours à garder quelque chose d'elle-même pour le donner dans son prochain film.

Serait-ce le cas avec "Fort Saganne" d'Alain Corneau, tiré de l'œuvre de Louis Gardel ? Pas sûr, car là, elle n'a accepté qu'une "participation exceptionnelle". Super-production de 40 millions de francs, montée grâce à la volonté de la productrice Albina de Boisrouvray, "Fort Saganne" est un pari pour notre cinéma. Deneuve journaliste séduit Gérard Depardieu, jeune lieutenant dans le désert saharien au début du siècle. Passion explosive. A la différence de beaucoup, ça ne dérange pas du tout la grande Catherine de ne faire qu'un passage dans un film. Philippe Noiret, Sophie Marceau, autres vedettes de "Fort Saganne", accompagneront Depardieu pour des extérieurs difficiles en Mauritanie.

Il faut souligner la fidélité de Catherine Deneuve ses partenaires. Ainsi avec Gérard Depardieu, qu'elle avait conseillé à Bernardo Bertolucci, le réalisateur du "Dernier tango à Paris". C'est un jeune épatant, lui dit-elle un jour. Mais il est trop occupé. " Bernardo Bertolucci suivra le conseil de son amie pour "1900".

Deneuve-Depardieu, c'est un peu le couple fétiche du cinéma français d'aujourd'hui. Les nouveaux Morgan-Gabin. Ensemble, ils ont trusté les Césars avec "Le dernier métro" de François Truffaut. Ensemble encore dans "Je vous aime". Et encore dans "Le choix des armes", d'Alain Corneau. Gérard Depardieu dit à propos de Catherine : "C'est l'homme que j'aurais voulu être. Il y a en elle un accord parfait entre la féminité et la masculinité". Réponse de l'intéressée : "Depardieu est un acteur féminin !" Sourire. Restent une complicité et une tendresse réciproques qui passent fort bien dans "Je vous aime ". Catherine en a d'ailleurs choisi le titre définitif puisque le film devait s'appeler "Les hommes de ma vie". Sans oublier que ce film fut l'occasion de nous montrer Deneuve chanteuse avec Depardieu, sur des paroles et une musique de Serge Gainsbourg.

En vingt ans de carrière, elle a perfectionné son métier de comédienne. Au début, elle avait du mal à conjuguer talent et beauté. Elle l'a appris sur le tas. L'ange blond a joué au démon. Son élégance calculée, son aspect fragile et fort à la fois, l'ont souvent entraînée vers des personnages dramatiques. Elle l'a senti. D'où la nécessité de changer de registre avec des comédies comme "Le sauvage" de Jean-Paul Rappeneau, "Courage fuyons" d'Yves Robert, et au printemps dernier, "L'Africain" de Philippe de Broca. Pourtant, sur un plateau, on la dit difficile à vivre. Philippe Noiret, qui a tourné "L'Africain" au Kenya en sa compagnie, conserve un bon souvenir : "Catherine est très vive, très directe, presque brutale parfois, ce qui donne dans la comédie quelque chose de très amusant. Voir cette beauté quasi parfaite avoir ce tempo, cette vigueur et cette agressivité, ça crée un contraste tout à fait intéressant. Quand elle vient se heurter contre ma masse et ma bonhomie apparente. Disons que les choses "rebondissent bien" !"

Première "star" du cinéma français ? Catherine Deneuve répond :

Non, les stars ça n'existe plus. C'est un moment d'histoire. Il y a dans l'étiquette "monstre sacré" quelque chose de figé. Une star reste épinglée sur un mur dans l'imagination du public, et moi, j'aime circuler, ne pas raréfier la notion de travail. Travailler, c'est noble. Montrer les dessous de son métier me paraît suspect.

L'envers du miroir, c'est pas son truc. Enigmatique. Elle se définit comme une "inconnue célèbre". D'ailleurs, elle n'accepte les interviews qu'avec une extrême parcimonie. Ce n'est pas tant pour cultiver un certain " mystère Deneuve " que pour se préserver elle-même.

Je me donne pour que je puisse prétendre à une certaine tranquillité en dehors des studios. Je reconnais que j'ai un goût excessif pour le secret. Je trouve que moins on dit de choses, mieux c'est. Je peux très bien aller à des soirées où je ne dis pas un mot. On a dû me prendre pour une imbécile.

Alfred Hitchcock aurait trouvé dans cette nature une interprète de choix pour ses suspenses. Un regret : le film qu'il préparait pour elle, quelque part en Finlande, et que la mort ne lui a pas laissé le temps de mener à bien.

Mais où est donc la vraie Catherine Deneuve ? Difficile de la cerner, car elle-même, pour la promotion de ses films, refuse de faire le service "après-vente", comme dit Simone Signoret.

J'ai toujours refusé les reportages où l'on vous demande d'aller au marché, dans les magasins. J'y vais évidemment, mais je n'ai pas à le prouver en allant acheter des fruits, des fleurs ou des pommes de terre. Tout comme je refuse absolument que l'on photographie ma chambre à coucher ou ma salle à manger.

En dehors de son métier qui la passionne, Deneuve confie :

J'ai d'autres intérêts dans la vie. J'ai deux enfants, une famille, des amis à voir et je veux prendre le temps de vivre ma vie personnelle. Je ne veux rien sacrifier. Ni ma vie, ni mon métier et, pour l'instant, j'ai réussi à allier les deux. Ma vie personnelle n'est pas intéressante pour les autres, mais elle est primordiale pour moi.

Si elle fut l'épouse du photographe anglais David Bailey, très vite elle sut qu'elle n'était pas faite pour le mariage.

Je crois, dit-elle, que le mariage au départ a été institué par des hommes pour des raisons pratiques.

Résultat : elle ne passe plus devant le maire, et assume son statut de "mère célibataire" avec son fils Christian (20 ans) et sa fille Chiara (11 ans). L'aîné a fait ses débuts au cinéma dans "Surprise-Party" réalisé par son père Roger Vadim. Réaction de la maman :

C'est un métier difficile, aujourd'hui plus que jamais. J'espérais que Christian aurait vu et compris les difficultés... Mais il a été tenté par le diable, évidemment. C'est sa vie, sa nouvelle vie. je suis bien obligée de l'admettre.

Catherine et son fils partagent un même goût pour le rock : les Stones, Charlélie Couture, Joe Cocker, David Bowie... Ils vont au concert. Ce fut le cas pour le spectacle de Carole Laure et Lewis Furey au thêâtre de la Porte Saint-Martin.

La petite fille, Chiara, compte énormément :

Je lui parle italien pour qu'elle n'oublie pas la langue de son père (Marcello Mastroianni), sinon elle parle français, à l'école comme à la maison. Quand je pars longtemps, je l'emmène, pour éviter un trop grand déchirement, mais depuis sa naissance, je lui ai toujours fait mener une vie très régulière.

A Paris, où elle habite dans le quartier Saint-Sulpice, Catherine peut aussi se consacrer à son autre passion, les jardins. La campagne la tente beaucoup.

La nature, c'est rassurant.

Elle n'ignore rien du secret des plantes. Elle aime se promener en Sologne, en Toscane où elle va souvent. Les vastes plans d'eau la fascinent " parce que c'est la vie, indispensable comme le feu". Et puis, elle aime chiner dans les magasins d'antiquités.

Si je n'étais pas comédienne, je serais devenue "brocanteuse". J'aime aller à la découverte des objets.

Le 22 octobre prochain, Catherine Deneuve fêtera ses quarante ans. Rayonnante, en pleine forme, toujours au top-niveau, inclassable, elle continuera de hanter notre imaginaire. La star, même si elle affirme qu'il n'en existe plus.

La plus secrète des stars françaises


Par : Alain Grasset
Photos :


Films associés : Les prédateurs, Le bon plaisir, Fort Saganne, L'Africain

 

 



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