Ses interviews / Presse 1990-99 / Ciné Télé Revue 1996
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"Je me réjouis d'être à nouveau entourée de très jeunes enfants"

Une journée très ensoleillée à Los Angeles. Catherine Deneuve, the "French Icon", comme disent les Ricains, est venue faire la promotion des "Voleurs", d'André Téchiné. Entre la salle de conférence de presse, où elle répondait aux journalistes locaux, et avant de s'engouffrer dans sa limousine noire qui devait filer à l'aéroport, Ciné-Télé-Revue a pu s'entretenir avec la star. Interview sans cliché.

"Le Iieu du crime", "Ma saison préférée" et, il y a quelques semaines, "Les voleurs". Dites-nous, entre André Téchiné et vous, c'est le grand amour ?
J'ai commencé à travailler avec lui il y a quinze ans. Nous sommes devenus très proches. Lorsqu'il m'a proposé "Les voleurs", j'ai signé, et pour la première fois de ma vie, sans même avoir lu le scénario. Après "Ma saison préférée", André Téchiné, Daniel Auteuil et moi-même souhaitions collaborer à nouveau ensemble. La désir de nous retrouver était si fort que nous avons accepté ce projet sans même savoir de quoi iI s'agissait.

Interpréter une lesbienne, ça ne vous a pas semblé trop difficile, voire contre nature ?
Je n'étais pas effrayée du tout. Simplement anxieuse parce que je ne possédais aucune référence en la matière, si je puis m'exprimer ainsi.

C'était un rôle assez casse-gueule, non ?
Si je vivais en Amérique, j'aurais peut-être refléchi à deux fois avant de l'accepter. Les gens sont très conventionnels aux Etats-Unis. En interprétant une lesbienne, il y aurait eu de grands risques d'être assimilée ainsi. C'est plutôt embarrassant, non ? Les Européens sont plus ouverts d'esprit, plus conscients des réalités de la vie. Ils comprennent qu'il ne s'agit que d'un film et non d'une transposition de votre propre vécu !

Pour la première fois, après des années de silence, d'introspection, vous levez le voile sur votre sœur et sur la douleur profonde qu'a provoquée sa disparition. Pourquoi avoir attendu trente ans pour en parler ?
On m'a simplement donné l'opportunité de le faire. Et j'en avals l'envie. Quelque part... le besoin. Je ne voulais pas que le souvenir de Françoise s'efface, qu'il se dilue dans l'oubli. Je voulais que la nouvelle génération sache qui elle était, ce qu'elle représentait à mes yeux. Françoise me manque. Sa présence, son souffle, ses rires sont toujours ancrés très fortement en moi. Vous savez, nous étions si proches l'une de l'autre, si sœurs, si indissociables !

Votre fille, Chiara, attend un heureux événement [pour le mois de janvier 97]. Etre grand- mère, cela vous fiche-t-il le bourdon ?
(Rires.) Au contraire, je me réjouis à l'idée d'être à nouveau entourée de très jeunes enfants. Leur omniprésence, leurs cris vous réchauffent le cœur, particulièrement au moment des fêtes de Noël. Ils vous insufflent un supplément de vie.

Une nouvelle folie s'est emparée des femmes américaines : le cigare. Etes-vous une adepte ?
Non. Je vais même vous dire : cette mode m'inquiète car elle symbolise quelque part un malaise social aux Etats-Unis. Le reflet d'une société qui va jusqu'aux extrêmes parce qu'elle est trop figée dans ses interdits. En France, je connais très peu de femmes accros aux cigares, peut-être parce que, contrairement à l'Amérique du Nord, nous ne sommes pas aussi rigides vis-à- vis de la cigarette. Si les dames fument aujourd'hui le cigare, c'est pour afficher leur égalité avec les hommes, mais surtout pour suivre un mouvement, une mode qui consiste à afficher sa réussite sociale. Le cigare, c'est aussi un moyen de se donner bonne conscience, une sorte d'alibi dans un pays où fumer une cigarette est devenu un geste qu'on assimile à un crime. Je peux aisément comprendre que l'on interdise de fumer dans le but de protéger l'environnement, sa santé et, en particulier celle des enfants, mais j'ai été récemment très choquée d'apprendre qu'un jeune garçon a été exclu d'un établissement scolaire pour avoir embrassé une fille sur la joue. Où va-t-on ? J'aurais aimé pouvoir débattre de ce sujet à la télévision. Vous imaginez le traumatisme ressenti par cet enfant ? Comment voulez-vous que, dans le futur, il construise des relations normales, et particulièrement avec les femmes ? Cette décision est une hypocrisie monstrueuse. Je suis scandalisée.

L'actrice Goldie Hawn a déclaré récemment que pour réussir à Hollywood, iI fallait soit être une starlette aux gros seins, soit une très vieille dame, genre Miss Daisy. Un commentaire ?
De nombreuses comédiennes, en effet, se plaignent des difficultés liées à l'âge. Le désir de rester jeune tourne ici, en Californie, à l'obsession. Cela dépasse les limites de l'entendement. Fort heureusement, en Europe, les hommes et les femmes mûrs sont appréciés par le public. Ils représentent une sorte d'accomplissement, d'aboutissement, de réalisation de soi. La maturité est gratifiante, attirante même. En tout cas, pour moi, ce n'est pas une tare. Rester jeune à tout prix, vous ne trouvez pas cela terrifiant ?

Vous êtes une très belle femme. Quel est le secret de votre fraîcheur, de votre beauté ?
(Rires.) Etes-vous sure de bien m'avoir regardée ? J'ai pris un peu de poids, je me suis épaissie. Non, non, cessez de me mentir. Ou de vous mentir ?

La forme, pas les formes, ce n'est pas un de vos préceptes ?
Pour être honnête avec vous, je ne suis pas une hystérique du sport. De nature, je suis nerveuse, tendue, j'ai donc besoin de me relaxer. Je fais quelques exercices pour soulager mes douleurs de dos et je pratique aussi le stretching avec l'aide d'un professeur. Cela dit, je suis pleinement consciente que je devrais me mettre au régime. Mais, vous savez, après toutes ces années d'efforts pour soigner mon physique, ma présentation, j'ai tendance aujourd'hui à me laisser un peu aller. Je ne suis plus aussi stricte que par le passé. Par chance, je suis une personne très dynamique. Je ne tiens pas en place, je suis très active, si bien que je reste en forme tout naturellement !

Votre statut de mégastar vous permet-il encore de faire vos courses ?
Absolument Je vais même vous étonner. Je fais mon marché le dimanche matin, je vais au hammam, au cinéma, et tout cela à pied. Ça n'a rien d'étonnant. Je vis à Paris dans le même quartier depuis quinze ans. Les gens sont habitués à me voir déambuler. Ils me laissent tranquille, et me respectent. J'imagine mal cette liberté à Hollywood.

Avez-vous lu les Mémoires de Brigitte Bardot ?
Non. Et Je ne les lirai pas !

Pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas très tendre ?
Ohhhh, je ne suis pas surprise. Vous l'êtes, vous ? Brigitte Bardot n'a jamais été très sympathique avec les êtres humains en général. Ni sympathique tout court. C'est une misanthrope.

Elle aime au moins les animaux...
Oui. Mais, je me méfie des gens qui leur vouent une telle adoration !

N'apprécieriez-vous pas les animaux ?
Bien sûr que si, mais quand j'accorde des interviews, je parle davantage de mes amis, des gens que j'aime, que de mes animaux domestiques. Non, décidément, Brigitte Bardot est trop étroite d'esprit. Et pour revenir à votre question, je n'ai pas lu son livre, et je n'ai pas l'intention de le faire. Je trouve toute cette affaire pathétique.

Quelles relations entretenez-vous avec Roger Vadim, le père de votre fils, Christian ?
Aucune. Il est le père de mon fils, une... relation, un point c'est tout. Nous ne nous voyons jamais. Sauf pour le mariage de Christian. Là... c'était incontournable. A part cet événement familial, nous n'avons pas l'occasion de nous rencontrer, de nous fréquenter. Nos vies sont très éloignées l'une de l'autre. Et c'est bien ainsi...

Seriez-vous partante pour vous marier à nouveau ?
C'est amusant. Il y a bien longtemps qu'on ne m'a posé cette question. Eh bien, je peux être amoureuse sans pour autant envisager le mariage. On divorce si vite de nos jours. Cela dit, je n'ai rien contre. J'ai marié mon fils, comme je vous le disais à l'instant. J'étais d'ailleurs assez surprise, Christian ne m'en avait pas parlé... Et moi qui pensais qu'il était du genre à ne jamais mettre une bague au doigt ! Néanmoins, j'étais très heureuse. J'aime beaucoup sa femme. En ce qui me concerne, si vous voulez tout savoir, je ne suis pas seule actuellement et je vais très bien, merci !

Envisagez-vous de retravailler, un jour, à Hollywood ?
Pourquoi pas ? Mais jusqu'à présent, j'avoue que les propositions qui m'étaient adressées étaient plutôt inintéressantes, inconsistantes. Et puis, de nombreux projets me retenaient en Europe. Participer à un film aux Etats-Unis, simplement pour dire qu'on fait partie de la distribution, cela n'a aucun sens à mes yeux.

Vous pourriez vivre loin de Paris ?
J'aime voyager. Mais quitter définitivement la capitale, ça, jamais.

On vous dit froide, distante...
Je ne suis pas gaie, gaie, mais iI m'arrive de rire, rassurez-vous !


Par : Delphine et Franck Rousseau
Photos :


Film associé : Les voleurs



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