Ses interviews / Presse 1990-99 / Source inconnue 1993
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Deneuve Oscar du fair-play

Je suis folle de joie pour "Indochine". Et pour Régis Wargnier et toute l'équipe du film. Car avec cet Oscar du meilleur film étranger, c'est tout le cinéma français qui est récompensé. Ce film prouve que notre cinéma peut lui aussi produire de grandes œuvres, à la fois ambitieuses et romanesques, qui séduisent tous les publics. Je savais que je n'aurais pas l'Oscar de la meilleure actrice. Et cela me paraît normal. Comment une actrice française peut-elle lutter contre Emma Thompson, Susan Sarandon ou Mary McDonnell ? Que Emma Thompson ait gagné me semble juste. Il me reste l'immense plaisir d'avoir été nominée en même temps qu'elles. L'immense honneur d'être parvenue au top des compétitions mondiales avec un film français.

Fair-play, la Deneuve. Même sans Oscar. Il est vrai que 1993 restera sa grande année. "Indochine" lui a déjà valu un César de la meilleure actrice, le second après celui remmporté pour "Le dernier métro", en 1981. Autre récompense, deux semaines auparavant, le Golden Globe décerné à "Indochine" par l'association de la presse étrangère de Los Angeles. Un podium qui a donné le grand frisson à toute l'équipe du film. Jamais Catherine Deneuve n'aura porté un rôle aussi longtemps. Quatre ans bientôt. L'aventure de ce film dure en effet depuis l'été 1989. Depuis que l'idée a chatouillé le producteur Eric Heumann, puis le réalisateur Régis Wargnier, puis Catherine elle-même. Et enfin un trio d'auteurs de haute volée : Erik Orsenna, prix Roger-Nimier, prix Goncourt ; Louis Gardel, grand prix du roman de l'Académie Française et Catherine Cohen, coscénariste de " La femme de ma vie ", le premier film de Régis Wargnier, lui-même co-auteur du scénario d' "Indochine".

Tous quatre, dès lors, vivent hantés par le visage de Catherine Deneuve. La première audace d'Erik Orsenna, c'est de "se payer" la beauté de Deneuve. Il s'en frotte encore les mains lorsque la comédienne Dominique Blanc lui lance à la figure : "C'est pas beau d'être si beau quand on n'ai pas de beauté..."

Catherine, ça la fait sourire. Ambassadrice de l'élégance française dans le monde entier, elle est contrainte en permanence de se soucier de son apparence physique.

On croit que chez moi, c'est comme une seconde nature. Eh bien, pas du tout. C'est une discipline qui me gâche la vie, dit-elle.

La "liberté", pour elle, c'est de tailler ses rosiers sans maquillage, un bon vieux pull sur le dos. Le jardinage est sa vraie passion. La terre lui est vitale, comme ce besoin de regarder une carte d'état-major et de se dire que dans ce petit espace-là, et seulement là, elle n'est plus prisonnière de son image.

Lorsque je me suis fait couper les cheveux, il y a quelques mois, cela a quasiment été une affaire d'Etat, comme s'il me fallait demander l'autorisation, par référendum, à tous ceux qui se croient propriétaires de ma personne... C'est tout bête, j'avais juste envie de savoir quel effet ça pouvait faire d'avoir une nuque de garçon !


Par : Christine Gauthey
Photos : P. Demarchelier


Film associé : Indochine



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