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Ses interviews / Presse 1990-99 / Le Journal du Dimanche 1999 |
Repères
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Dans "Belle-maman", elle est l'irrésistible tornade blonde qui plonge un très attachant Vincent Lindon dans une situation des plus inextricables. Une grande comédie qui suggère des choses assez subversives sur la morale et ce que devrait être l'amour. La comédie peut être un genre majeur, on le sait depuis Billy Wilder et plus récemment Woody Allen ou Pedro Almodovar. Le savoir-faire de Gabriel Aghion n'est pas loin de supporter la comparaison. Après "Pédale douce", sa "Belle-maman" va donner des couleurs à notre cinéma maison : une bonne histoire bien jouée, et de surcroît filmée avec un goût marqué pour les jolies lumières. 17 sur 20. Tout en haut de l'affiche, un Vincent Lindon hilarant et tendre. Il est Antoine, un homme "à la rue" sur un plan affectif, habité par l'amour soudain et improbable qu'il éprouve pour sa belle-mère (Catherine Deneuve) le jour où il est quand même censé épouser sa fille (Mathilde Seigner). Une situation inextricable a priori qui avait toutes les chances de virer à l'eau de boudin théatro-boulevardière sans une bonne dose d'adresse, un sens très sûr pour le comique de situation et finalement une certaine forme de classe. C'est élégant de bout en bout, crédible tout autant et ça permet à une Catherine Deneuve de nous livrer un numéro d'anthologie, tout en élégance et détachement. Un de plus. Le film, l'air de rien, souffle
pas mal de choses assez subversives sur ce que devraient être les
rapports amoureux. On sent que vous vous plaisez
à essayer de faire rire. Le film pose pas mal de questions
sur la morale et sur ses limites. Qu'est-ce qui est plus "immoral"
? Tomber amoureux de sa belle-mère le jour de son mariage et oser
le lui avouer ? Ou bien rester avec sa fille, que l'on n'aime plus, histoire
de surtout pas lui faire de la peine ? Comme "Pédale douce",
"Belle-maman" compte aussi son lot de marginaux sublimes. Line
Renaud par exemple, truculente en lesbienne amateur de cigares. A terme,
des couples homo aspirent à pouvoir un jour adopter des enfants
comme les autres couples. Qu'est-ce que ça vous inspire ? Une scène du film vous
a-t-elle demandé un travail particulier ? Il ne vous était pas
arrivé de chanter à l'écran depuis "Je vous
aime" de Claude Berri. Vous vous êtes essayée
au rap avec une vraie aisance. Vous fumez beaucoup dans le
film. Léa n'a rien non plus
contre un p 'tit pétard... Lors d'une soirée, quand
un groupe "fait tourner" comme on dit, vous ne vous laissez
jamais tenter ? ...Qui rappelle votre rôle
dans "Place Vendôme". On a dit que vous avez pris des
risques en acceptant de jouer une femme cassée par l'alcool. Est-ce
que le vrai risque ne serait pas de ne pas prendre de risque, en ne jouant
que des femmes transparentes ? C'est manifeste encore dans
le dernier Philippe Garrel ("Le vent de la nuit"). On sort indemne
de rôles si violents ? Est-ce que ce personnage de
"Belle-maman" vous en a rappelé d'autres ? Vous continuez de faire rêver.
L'an dernier, le magazine Studio a titré sur "L'intrigue Deneuve". Même au cinéma,
le mot "vieillir" appliqué à vous, paraît
impropre tant vous parvenez à faire de la séduction une
idée neuve à chaque apparition. N'est-ce pas un peu agaçant
de s'entendre dire souvent "Catherine Deneuve ? Elle est "encore"
belle" ! De Xavier Beauvois à
Léos Carax, beaucoup de jeunes cinéastes vous réclament. |
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