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La saison du plaisir

La lumière de l'été

Ma saison préférée, c'est l'été. Le début de l'été. Parce que les jours sont plus longs et que je suis toujours obsédée par le temps. Plutôt par le manque de temps. Et ce que j'aime dans l'été, en plus de la beauté de la végétation, c'est ce miracle : 18 heures sur 24 de lumière ! Et d'une lumière souvent très belle. J'ai toujours été très sensible à la lumière...

Une rare complicité

J'espérais que Daniel et moi, on s'entendrait bien mais je n'osais pas imaginer une telle complicité. André avait déjà pensé nous réunir il y a deux ans. De jouer un frère et une sœur qui ont des rapports aussi passionnels et enfantins, a forcément nourri cette complicité. Et aussi le fait que Daniel, André et moi, on ne soit pas tout à fait des grandes personnes ! Daniel est un acteur au sens complet du terme. Il aime jouer. Il arrive à donner une incroyable réalité à toutes les situations. C'est excitant de jouer avec lui parce qu'on a l'impression qu'il ne sait jamais ce qu'il va dire la phrase d'après. Il cherche avant tout - et avec une belle énergie - à faire passer des choses, à communiquer l'essentiel. D'une sincérité évidente, il est aussi capable d'un étonnant sens de la dérision. Il est très généreux, très drôle mais on sent de l'inquiétude dans son regard. Et de la mélancolie. C'est ce qui me touche beaucoup. Il a un rire formidable. Un rire d'adolescent... Et tellement communicatif.

Ma fille pour partenaire

C'est André qui a eu l'idée de demander à ma fille, Chiara, de jouer... ma fille. Mais on a très peu de scènes en commun et ce sont essentiellement des scènes de famille, des repas. Je crois que de débuter avec moi devait la rassurer. Lorsqu'on a tourné ensemble les premières fois, elle m'a dit que de me voir en face d'elle et d'avoir mon regard la réconfortait. Comme si c'était à la fois le personnage qui était là et sa mère. Elle m'a dit que ça la protégeait. De quoi ? Je ne sais pas ! (Rires.) Je ne vais ni l'encourager a poursuivre, ni la décourager. Je ne pourrais lui dire de toute manière que ce que je pense par rapport à des choses que j'ai vécues, moi, mais qui ne seront forcément pas les mêmes que celles qu'elle va vivre, alors... En aucun cas, je ne chercherai à l'influencer. Chiara est quelqu'un qui a énormément de caractère. Ce n'est pas une influence qu'elle recherche, mais des explications. Elle veut comprendre avant tout. C'est son premier film. Tout, encore, est en devenir...

Un bonheur renouvelé

André, il dirige tout le temps. II aide les acteurs à aller jusqu'au bout de ce qu'ils veulent faire, il les aide à prendre des risques. C'est même ça qu'il attend d'eux. Il est toujours extrêmement aigu, extrêmement présent, extrêmement vigilant. Il ne se laisse jamais entraîner par ce qui pourrait être contraire à l'esprit de la scène. En même temps, il est très disponible, très ouvert. On n'a jamais l'impression que le film existe tant qu'on n'a pas tourné la scène. C'est un sentiment excitant - et un peu effrayant : on ne se sent pas toujours à la hauteur de son espérance. On travaille sans filet. Et aussi... avec un filet, puisqu'il demande beaucoup mais qu'il est toujours là, très attentif. Pour moi, c'est un grand plaisir de travailler avec lui. Je ne savais pas au moment où nous nous sommes rencontrés que nous aurions une telle complicité, parce que je ne pense jamais au futur d'une relation, mais elle s'est développée naturellement au fil du temps. Et je sais aujourd'hui que c'est un bonheur chaque fois renouvelé.

L'enfance retrouvée

J'ai adoré l'idée d'André de demander à Marthe Villalonga de jouer ma mère. Cette mère pleine de bon sens, à l'esprit vif, au caractère entier. C'est tellement fort, ces rapports entre cette fille, ce fils et leur mère. A la fois tellement doux et tellement triste. C'est un sentiment étrange de s'apercevoir qu'on est toujours, même adulte, l'enfant de sa mère, l'enfant de ses parents... J'aime cette image de la tendresse retrouvée, de l'enfance retrouvée. Elle symbolise le film et me rappelle bien sûr le tournage. J'ai toujours mal vécu la fin du tournage sur les films d'André. Il y a à chaque fois une grande mélancolie...

Sa venue à Cannes couronne une année exceptionnelle


Par : Jean-Pierre Lavoignat
Photos : Brigitte Lacombe (couverture), Marianne Rosenstiehl


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