Ses interviews / Presse 1990-99 / Télé Câble Hebdo 1995
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Une star de lumière entre au couvent

Catherine Deneuve, comme toujours élégante, vêtue par Yves Saint Laurent, a fait sensation au dernier Festival de Cannes. Elle présentait "Le couvent", de Manoel de Oliveira projeté le même jour que le dernier film de Chiara Mastroianni, sa fille.

La plus belle des actrices françaises est aussi la plus éclectique ; depuis ses débuts, elle ne s'est pas contentée d'utiliser son physique exceptionnel, mais a mis son talent d'actrice au service d'artistes aussi originaux que variés, comme Luis Buñuel, qui en fit une perverse "Belle de jour" et une "Tristana" dure et sensuelle.

A Cannes, elle a pris le temps de jouer les "ambassadrices de bonne volonté" et a remis à Pierre Viot, le président du Festival, la première des médailles Fellini créée par l'UNESCO pour le Centenaire du cinéma. Elle a aussi et surtout présenté "Le couvent" avec son partenaire John Malkovich et encouragé sa fille, Chiara Mastroianni, héroïne de "N'oublie pas que tu vas mourir", de Xavier Beauvois, qui a obtenu le Prix spécial du jury. Avec sa franchise et sa subtilité habituelles, Catherine Deneuve s'est confiée à la presse.

L'an dernier, vous étiez présidente du jury. Cette année, vous venez en tant qu'actrice, pour la quatrième fois en compétition officielle. Quelle activité préférez-vous ?
Je préfère ce que je connais le mieux, jouer la comédie. Je ne recherche pas la compétition, mais je préfère être jugée plutôt que juger !

Quel effet cela vous fait-il d'être en compagnie de votre fille, Chiara Mastroianni ?
C'est une première ! Le film dans lequel joue Chiara a été présenté le même jour que "Le couvent", cela fait beaucoup d'événements à la fois, des plaisirs mélangés, plus de tensions et d'inquiétudes, des coïncidences et des moments uniques dont j'essaie de profiter. Il y a deux ans, Chiara venait à Cannes pour un film dans lequel nous jouiions toutes les deux. Je ne me sens pas blasée de venir à ce festival, et j'ai l'impression d'avoir été encore plus inquiète que Chiara sur les réactions du public. Ces appréhensions sont éphémères, mais il reste le film, et c'est l'essentiel.

Avez-vous aimé le film de Xavier Beauvois avec Chiara ?
Je ne sais pas si je l'aime ou non, mais je peux affirmer qu'il m'a surtout bouleversée.

Qu'est-ce qui vous a déterminée à tourner ce film ?
A l'origine, il existait une envie réciproque, Manoel de Oliveira et moi avions eu des contacts indirects : j'avais confié à une journaliste portugaise mon désir de tourner avec lui, il en a été informé et s'est mis à développer un sujet pour moi. Je l'ai rencontré au Portugal et je suis allée vers lui. Je n'ai pas l'habitude d'être aussi directe, mais une fois n'est pas coutume !

Comment procédez-vous pour choisir un film ?
Je ne cherche pas à être séduite par un scénario, mais à combler un désir de rencontre. Le but final d'un film est de plaire, c'est certain, mais à part le souhait qu'il soit vu par le maximum de gens, ce qui m'a poussée c'était l'envie d'être avec Manoel de Oliveira. Je me suis engagée en connaissant les décors et les angles de prises de vue, sans me demander si le sujet me plaisait ou non. D'ailleurs, tout n'est pas révélé au public dans le film, ni à la fin.

Voyez-vous un point commun entre Buñuel avec qui vous avez tourné et Manoel de Oliveira ?
Oui ! L'obscurité ! Voilà leur point commun, qui, personnellement, me convient.

Qu'y a-t-il de séduisant dans l'obscurité ?
Dénouer quelque chose qui fascine, intéresse et fait peur. Je préfère entrer dans l'expérience personnelle d'un auteur, c'est un peu physique comme sensation ; chacun doit y trouver sa propre interprétation. John Malkovich et moi, nous sommes entrés dans un rébus, mais ça a beaucoup de charme !

Qu'en est-il des forces obscures, du Diable qui apparaissent dans "Le couvent" ?
Je crois au Diable. On parle de plus en plus des anges gardiens, je suppose que si on en a autant besoin, c'est que le Diable existe. En tout cas, je suis d'accord pour vivre avec cette réalité.

On dit de vous que vous êtes une actrice rapide. Avez-vous eu du mal à vous intégrer dans l'univers plutôt lent de Manoel de Oliveira ?
Je suis quelqu'un d'à la fois très rapide et de contemplatif. L'endroit où nous avons tourné, au Portugal, est sublime, un de ces lieux que l'on choisit pour y établir des édifices religieux, en harmonie avec la lumière, le soleil et l'eau, où l'on peut se sentir incroyablement bien si on peut rester dans un endoit totalement silencieux. Pour une personne nerveuse comme moi, c'est très bénéfique et apaisant. Je ne force pas les choses. Je ne cherche pas obligatoirement à trouver une porte et à l'ouvrir avec une clé ; je sais voir ce qu'on ne montre pas, je crois avoir assez d'imagination et de fantaisie pour aborder ce que je ne comprends pas nécessairement. Je ne cherche pas à m'intégrer à tout prix.

Une belle rencontre


Par : Hélène Merrick
Photos :


Film associé : Le couvent



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