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Ses interviews / Presse 1990-99 / Télérama 1993 |
Repères
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Le texte ci-dessous est une lettre envoyée par Catherine Deneuve au journal Télérama en utilisant son droit de réponse. Suite à l'article paru dans le Télérama n ° 2262 du 19 mai 1993, et conformément à l'article 13 de la loi de 1881, je demande à utiliser mon droit de réponse. J'ai lu avec stupeur dans votre journal l'article de la journaliste Marlène Amar, qui, à l'en croire, se trouvait sous la table de la cuisine familiale quand j'étais enfant puisqu'elle écrit sans hésiter que j'étais une "petite fille complexée", "secrète et silencieuse" à qui "sa mère ne disait jamais qu'elle était jolie", etc. Cette journaliste était également présente, je suppose, dans mon lit de lycéenne, quand elle remarquait, écrit-elle, que je lisais alors Gide (?), et aussi, affirme-t-elle, Salinger "pour me dévergonder" (!). Toutes ces informations, sorties d'"interviews" hors contexte, sont plus révélatrices de sa personnalité que de la mienne. Sur sa lancée, rien ne l'arrête, Marlène Amar, dans une plume déchaînée, se livre à la psychanalyse à distance de quelqu'un qu'elle n'a jamais rencontré, une personne qui, selon elle, voudrait "en finir avec son image de star irréelle et glacée, en finir avec la petite fille secrète et silencieuse de son enfance"... Pourquoi ? La journaliste continue d'asséner, sans hésiter, ses affirmations néo-psychologiques sur mes troubles : "Son désarroi à se dévoiler... la peur en le faisant de trahir ses limites..." Je ne vais pas reprendre tout l'article où, entre deux délires sur la vie privée de la femme, la journaliste attaque férocement la comédienne pour terminer d'un trait qu'elle veut définitif : dans le dernier film d'André Téchiné, écrit cette journaliste, Deneuve essaie "DE DEVENIR ACTRICE". La critique est heureusement libre. Et je trouve rassurant de ne pas faire l'unanimité dans ma carrière professionnelle. Mais exhiber des faux dessous sur deux pages dans Télérama, des pseudo-révélations sur ma vie, dont elle ne connaîtra jamais les vrais tumultes ! tout cela n'a d'autre valeur informative que de mettre noir sur blanc les fantasmes qui travaillent l'inconscient d'une journaliste qui estime que le journalisme n'a pas à se préoccuper de vérité et d'information. Signe de la dérive d'un magazine destiné à l'élite culturelle qui ne recule plus devant la vulgarité du journalisme de ragots. Quant à mon piédestal, n'en ayant jamais eu l'usage, je le lui laisse afin que son regard puisse prendre un peu de hauteur. Télérama devrait le savoir, mais je suis obligée de le répéter ici, publiquement, pour ses lecteurs : un journal a pour vocation de publier des informations. De vraies informations. Catherine Deneuve
Réponse de Télérama L'attaché de presse, Dominique Segall, vous a demandé de nous accorder une interview à l'occasion de la sortie de "Ma saison préférée". Vous avez refusé. Nous avons donc été contraints de faire un portrait, en utilisant des citations tirées de Télérama (n°2205, 15 avril 1992) et de L'Express du 9 avril 1992. Je n'ai rien inventé. Et d'ailleurs, le fait de dire que vous étiez une petite fille secrète et silencieuse, que vous lisiez Gide ou que vous avez une image de star glacée, est-ce vraiment inacceptable ? Il m'aura sans doute manqué de vous rencontrer. Pour mettre de la chaleur dans leurs écrits, les journalistes ont besoin, c'est légitime, d'avoir en face d'eux des êtres de chair et de sang. Vous avez, en tous les cas, prouvé par votre lettre que vous l'étiez. Marlène Amar |
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