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Bonjour Catherine Deneuve. Merci mille fois de répondre à nos questions aujourd'hui.
Bonjour.

Vous êtes la vedette d'un film, qui est sorti mercredi, le film de Tonie Marshall "Au plus près du paradis". C'est un film où il n'y a pas un seul plan où vous ne soyez pas. Je le signale d'ailleurs à tous vos admirateurs.
Oui, ça risque aussi de se retourner contre le film, parce qu'à la limite, je me dis qu'on doit se dire : quoi, un film où on suit quelqu'un en gros plan, comme ça tout le temps, presque comme un documentaire ; alors que, c'est vrai que moi je l'appréhendais un peu d'ailleurs d'être à l'image tout le temps, mais ce n'est vraiment pas du tout un document sur moi. C'est vraiment une comédie romanesque, et un film au contraire où on suit des fils comme ça, c'est une comédie quand même.

C'est un film romantique, avec des rendez-vous d'amour manqués, et des rêves, des rêves de midinette.
Je ne trouve pas ça du tout "midinette" de penser qu'on peut retrouver un amour de jeunesse, et aimer comme la première fois. Non, je trouve ça tout à fait possible.

Vous avez fait ce tournage à New York, en partie, parce qu'il était prévu.
Oui, peu à New York. Peu à New York parce qu'on a été tourner au Canada, où on devait de toute façon tourner, mais où on a tourné beaucoup plus étant donné que ça s'est passé l'année dernière, après le 11 septembre, donc ça a été assez difficile même de quitter Paris, d'avoir à quitter la France pour repartir sur le continent américain. Moi je suis partie le 14 septembre, seule, c'est le premier jour où l'aéroport était rouvert, c'était assez étrange, et puis ça a été difficile parce que William Hurt, qui était donc mon partenaire, est Américain. Il habitait, lui, dans ce quartier, il connaissait les gens qui étaient là-bas.

Le quartier où il y a eu les attentats.
Oui dans le quartier des attentats, Il connaissait des gens qui étaient là, il connaissait très bien les pompiers aussi, parce que c'est comme un village cette partie de New York. Le drame était passé, mais il y avait une espèce d'atmosphère, comme ça, latente, d'une profonde tristesse, et puis d'inquiétude quand même aussi.

Vous avez déjà tourné avec plein d'acteurs américains : Robert de Niro...
Quelques-uns, quelques-uns...

... Jack Lemmon... Burt Reynolds... Gene Kelly... Et William Hurt, comment ça s'est passé ?
Très très bien. Très très bien. Je me suis très bien entendue avec lui ; moi j'ai l'impression que ça sort ça sur l'écran. Et puis c'est un personnage qui a une vie mouvementée aussi, c'est un homme complexe, donc c'est un homme intéressant !

Vous avez tourné des rôles très différents quand même. On vous a vue dans "Huit femmes", l'année dernière, avec un ton de comédie.
Oui, oui...

Très amusant "Belle-maman". Evidemment on a des souvenirs magnifiques de vos films avec Truffaut, films avec Buñuel, et je voudrais vous citer cette phrase des "Inrockuptibles", vous savez ce magazine culturel, qui dit : "il y a chez elle un potentiel "borderline" : à la limite, qui n'explose pas vraiment.
Oui, ça me plaît assez à moi. Ca me plaît assez parce que ça veut dire qu'on fait des choix comme ça, qui sont toujours un peu limite, mais qu'on reste du côté des vivants, du côté de ceux qui font les choses et qui sont encore fréquentables. Mais enfin, limite, parce que, je crois que ça correspond à ma nature. C'est-à-dire que, sous une apparence, comme ça assez calme, les gens me croient très équilibrée. C'est pas tout à fait vrai, et disons que je suis...

On a même dit "glacée", ça ne vous a pas toujours plu ça !
Ca ne peut pas plaire à quelqu'un, ni à un homme, ni à une femme je pense, quand on dit qu'on est glacé ! Mais c'est vrai que je pense que je suis réservée, et que je l'étais beaucoup plus encore avant, et qu'avec le temps il y a des choses qui se sont un peu estompées si vous voulez, mais que ça reste ma nature. Je suis quelqu'un de réservé, oui. Avec des excès, forcément, comme tous les gens qui sont réservés, forcément, il y a des fois implosion.

On n'est pas blasée quand on a une telle carrière, quand on a rencontré, travaillé avec autant de réalisateurs.
Non. Non par ce que je vais vous dire : d'abord les films ne m'appartiennent pas ; moi j'ai l'impression d'avoir participé ; je ne dis pas ça par fausse modestie, mais c'est comme ça, je sais le rôle que j'ai pu avoir dans le film, et ce que ça a été après, mais je fais franchement toujours la part des choses, peut-être trop même d''ailleurs des fois, et je ne peux pas être blasée parce que le cinéma pour moi, c'est un monde tellement large, tellement grand, il y a tellement de choses encore je pense que je pourrais faire, ou que j'aurais envie de faire, ce qui ne veut pas dire que je tournerai encore pendant vingt ans. Je n'en sais absolument rien d'ailleurs.

On espère en tout cas !
En tout cas, blasée, surtout pas. Non.

Toutes les grandes actrices vous admirent, parce qu'elles disent toutes que vous avez réussi, et vous réussissez toujours à maîtriser votre image.
Ca, je ne suis pas tellement d'accord quand même. Je trouve que quand même il y a des actrices qui sont beaucoup plus dans la maîtrise que moi en ce qui concerne l'image. En tous les cas, j'essaie de contrôler ce que je peux contrôler, mais je laisse passer beaucoup de choses. Vous savez, je pense que le problème, le danger quand on est dans le contrôle de l'image, c'est qu'on devient obsédé par ça, et le problème c'est qu'il y a trop de choses qu'on ne laisse plus passer. Et moi je ne veux pas être rattrapée par mon image de la vie d'aujourd'hui, je veux dire, je n'ai pas vingt-cinq ans, donc je laisse quand même passer des choses parce que je ne veux pas qu'il y ait un trop gros contraste entre l'image, disons sophistiquée qui peut être donnée des fois dans des couvertures de magazines, des choses comme ça, et l'image de ma vie, enfin telle que moi je me sens aujourd'hui. Je ne voudrais pas que les représentations, si vous voulez, de photos de moi soient trop éloignées de ma réalité d'aujourd'hui. Sans doute parce que c'est ma nature, et puis par orgueil aussi. Je ne voudrais pas vous voyez, qu'on se dise que j'ai tout l'air d'avoir trente ans ou trente-cinq ans en photo, non ! même dans les films d'ailleurs !

Comment vous réagissez aux critiques ?
Je ne les lis pas ! c'est très bien.

Sûr, sûr sûr ? Jamais ?
Très peu. Je ne les lis vraiment que si je pense qu'on me dit que vraiment la critique, même si elle est négative, est intéressante, peut m'apporter quelque chose. Mais sinon, franchement, non je ne les lis pas. Je demande comment ça se passe, mais... non. Parce que je vais vous dire : quand elles sont bonnes, le plaisir est très éphémère, quand elles sont mauvaises, on est sonné d'une façon !

Il y a dans le film de Tonie Marshall des scènes avec votre fille.
Oui.

Qui sont assez touchantes...
Moi j'aime bien le ton.

Ah oui... oui...
Le ton, c'est quelque chose d'assez différent... On sent qu'il y a un attachement, et curieusement c'est la fille qui voudrait rester avec la mère, qui se sent repoussée, et en même temps la mère comprend très bien, elle adore sa fille mais elle pense qu'il est temps qu'elle fasse... elle l'engueule un jour parce qu'elle vient lui dire bonjour, elle l'embrasse sur la bouche, et dit : mais non, tu es trop grande tu ne peux plus faire ça ! c'est évidemment l'opposé de mes rapports avec ma fille. Enfin, pas l'opposé, mais disons que ce n'est pas du tout mon histoire à moi ; mais je comprends très très bien ça. On sent qu'elles ont été très proches, c'est fusionnel avec sa mère.

Et vous ? non, vous n'êtes pas dans la fusion, deux femmes, deux belles femmes, deux actrices ?
Oui, mais on est dans une autre forme de fusion dans la mesure où ma fille a un enfant.

Chiara Mastroianni.
Oui, elle est mariée, elle a un enfant, mais on est très très attachées l'une à l'autre, ça a toujours été une petite fille étonnante, qui a toujours aimé la compagnie des adultes, qu'on pouvait emmener partout. Mais enfin de toute façon mes enfants, quand ils étaient petits, tant qu'ils n'allaient pas à l'école, je les ai toujours emmenés avec moi ; j'ai toujours aimé sa compagnie, et même maintenant, jeune adulte, j'adore sa compagnie quoi, c'est ma fille, mais c'est quelqu'un aussi, c'est vraiment sa personnalité que j'aime.

Et quand on est deux actrices, vous voyez les clichés qu'on peut dire sur...
Vraiment, c'est pas mon truc la rivalité. Vous voyez quand on a tourné "Huit femmes", les journalistes étaient très déçus, parce qu'évidemment ils auraient eu envie qu'on raconte, parce que huit femmes, huit actrices comme nous sur ce plateau.

Pas n'importe lesquelles !

Et il n'y avait malheureusement rien à raconter, parce que ça s'est très très bien passé. Moi je ne suis pas du tout dans la rivalité. Je suis d'une fratrie de femmes. J'aime beaucoup les femmes, et j'aime aussi les actrices. Ca ne veut pas dire que je suis une femme forcément gentille, vous voyez, c'est pas du tout ça, mais c'est vrai que la rivalité c'est pas mon truc. J'aime vraiment les femmes.

RTL
21 novembre 2002


Par : Ruth Elkrief


Films associés : Au plus près du paradis, Huit femmes



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