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Ce qu'a dit Catherine
Deneuve...
Je ne suis pas "froide",
je suis très réservée. |
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Je m'insurge contre cette
réputation de froideur. Je sais que je peux être "absente".
C'est une attitude. C'est un effort pour une actrice d'être
constamment regardée. Il faut le savoir. En fait, je suis très
sauvage. J'ai tendance à être réservée.
Je n'ai pas envie d'avoir avec les gens des rapports passagers. Je
n'aime pas les nouvelles "connaissances" ou alors il faut
que ce soit le fruit du hasard, d'une rencontre. |
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Je suis, je crois l'avoir fait comprendre, d'un
naturel réservé. Cela a suffi pour qu'on me jugeât
"froide" ou "dure". C'était inexact.
J'avais été confrontée à tout ce qu'un
film peut avoir d'imprévisible, à tout ce qu'il comporte
de problèmes de difficultés, d'accidents. Je suis
apparue, quelquefois, comme intransigeante. Mais c'était,
là, une attitude dictée par le souci de me donner
les plus grandes chances d'éviter ces accidents. Lorsqu'on
participe à la réalisation d'un film, il y a tant
d'imprévus, tant de complications qu'il vaut mieux, du moins
est-ce mon avis, soulever avant le tournage des questions auxquelles
on a pu s'arrêter et réfléchir. N'est-ce pas
une exigence légitime ?
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Quand on me disait que
j'étais froide, avant ça me blessait, maintenant plus
du tout, ou alors on peut être blessée parce que l'on
est percée à jour. Si j'étais triste et que l'on
me dise que je suis triste, ça n'est pas une insulte, mais
ça me toucherait. |
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Quand on me dit que je suis froide
et hautaine, ça ne me plaît pas. Qu'on dise que je suis
distante, je l'accepte. C'est vrai, je n'aime pas les faux rapports,
les fausses amitiés, le copinage. |
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Je suis plutôt une
observatrice. Plutôt vive dans mes réactions, mais lente
dans ma façon de ressentir les choses. Ce n'est pas de la prudence
dans rnes rapports avec les gens, mais j'aime bien laisser les gens
tranquilles. Ma façon de m'intéresser peut sembler distante,
comme ça, a priori. Peut-être est-ce l'attitude que j'aimerais
que l'on ait avec moi. |
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Ca ne peut pas plaire
à quelqu'un, ni à un homme, ni à une femme je
pense, quand on dit qu'on est glacé ! Mais c'est vrai que je
pense que je suis réservée, et que je l'étais
beaucoup plus encore avant, et qu'avec le temps il y a des choses
qui se sont un peu estompées si vous voulez, mais que ça
reste ma nature. Je suis quelqu'un de réservé, oui.
Avec des excès, forcément, comme tous les gens qui sont
réservés, forcément, il y a des fois implosion.
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Si la personne qui est
en face de moi ne m'intéresse pas, je ne fais pas d'efforts
démesurés. Et comme je suis réservée de
nature, je peux sembler carrément froide. Tant pis, je ne vais
pas changer maintenant. Je n'ai jamais été capable de
faire semblant. C'est comme ça. |
|
Il est exact que je ne
me lie pas facilement. Je ne suis pas très expansive, je ne
suis pas très ouverte - ce qui ne signifie pas que je ne le
sois pas du tout. Je reconnais aussi que je ne suis pas très
sociable, ni très mondaine. |
|
Je ne suis pas obnubilée
par l'idée de séduire tout le monde. Je choisis les
gens avec qui j'ai envie de parler, ce qui exclut d'avoir à
être naturelle et chaleureuse avec tout le monde sinon nous
ne le serions plus avec personne. Toutes nos relations deviendraient
complètement banalisées. Je suis capable de nouer des
contacts rapides avec des gens que je ne connais pas. Mais je dois
me protéger. Ce n'est pas de la froideur mais de la retenue,
une grande fragilité. |
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J'essaie pourtant de paraître
décontractée. Mais en fait, je me dédouble. Et
puis cette froideur me permet de garder une certaine distance vis-à-vis
des êtres et des choses. |
|
C'est vrai que je ne suis
pas très familière mais j'ai entendu des gens dire à
des acteurs des choses souvent abominables, par désinvolture.
Je trouvais ça tellement cruel et médiocre que je pensais
: "Mon Dieu, si l'on me disait ça, ça m'atteindrait
terriblement..." Et j'ai presque tout fait pour que ça
ne m'arrive pas... |
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Je ne supporte pas la familiarité. |
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J'ai une forme de réserve
naturelle dont je ne cherche pas toujours à me départir.
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Je suis très réservée,
mais pas pour autant farouche adepte des bonnes manières. J'ai,
peut-être, de l'allure comme ça. Mais je peux parfaitement
l'oublier. Je peux me conduire très très mal, Je peux
être très violente et très agressive. Je ne suis
pas quelqu'un qui se contrôle totalement. |
|
Je ne cherche pas à faire des mystères,
mais c'est vrai que, pour moi, le mystère fait partie de la
vie - surtout de la vie des actrices. Si je me cache, ce n'est pas
pour cultiver quelque chose qui me va bien, mais tout simplement parce
que c'est ma nature : j'ai toujours été comme ça,
alors... Quand j'étais plus jeune, on disait que j'étais
secrète, maintenant, on dit que c'est du mystère ! |
|
C'est vrai que je peux me fermer complètement
si je sens les choses qui se déplacent dans une direction qui
ne me plaît pas. Comme une coquille Saint-Jacques ! Immédiatement,
je me ferme et c'est fini ! Cela correspond à un refus de livrer
certaines choses qui font trop partie de moi-même... |
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C'est une façon
d'avancer masquée qui correspond à mon caractère.
Je suis plus un millefeuilles qu'un soufflé. Ça fait
plus de trente ans que ça dure et je sens que les gens ont
envie de tirer des conclusions, de dresser des bilans. J'ai l'impression
qu'aujourd'hui on veut mettre ma vie en boule. Deneuve mise en boule,
ça à l'air d'une boule de cristal, c'est magnifique,
ça brille, et on oublie les échecs, les erreurs. Or
on sait bien que la vie, et la mienne en particulier, n'est pas faite
comme ça. |
|
Je reconnais que j'ai un goût excessif pour
le secret. Je trouve que moins on dit de choses, mieux c'est. Je peux
très bien aller dans des soirées où je ne dis
pas un mot. On a dû me prendre longtemps pour une imbécile
! |
|
J'aime le secret. J'aime l'idée des choses
cachées. J'aime l'idée de pouvoir tout donner à
quelques personnes qui me sont chères et je ne peux pas concevoir
de donner des bribes à plein de gens. Moi, j'ai l'impression
qu'on a un potentiel qui peut s'user très vite. |
|
Je réclame le droit
au secret. En fait, je ne demande rien puisque je prends ce droit...
|
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Avec ma nature secrète
et très têtue, ce dont je suis certaine c'est que je
n'aurais jamais accepté de vivre les choses qui ne me convenaient
pas. On m'a appris très tôt cet égoïsme-là. |
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Il y a des gens qui aiment
se dévoiler ; moi, je préfère me dévoiler
indirectement. Cela dit, j'ai beau me dire que je ne veux pas trop
parler, je trouve quand même que depuis toutes ces années,
je me suis beaucoup livrée. Il y a peut-être encore des
gens pour qui je reste une énigme, mais c'est qu'ils font une
lecture trop rapide des choses... |
|
Moins les gens savent
de choses sur moi, mieux je me porte. C'est dans mon caractère.
Me donner et me dérober en même temps, c'est ce qui fait
ma force. |
|

J'ai tellement eu à
me battre quand j'étais jeune, quand l'image l'emportait sur
le fond par rapport à des situations personnelles, j'en ai
tellement souffert, trouvé cela si injuste, que j'ai pris l'habitude
de me protéger. Je trouve scandaleux, sous prétexte
que l'on fait un métier public, que des gens se permettent
de parler de ce qu'ils ne connaissent pas, d'émettre des opinions
et des jugements faux. Je suis restée sur la défensive,
réservée mais pas fermée. |
|
Les journalistes disent que je suis
froide et distante mais je ne me sens ni froide ni distante, je me
sens simplement naturelle et j'ai horreur de parler de ma vie privée.
Est-ce que cela vous paraît extravagant à vous ? Non,
bien sûr. C'est quand même étonnant cette époque
où tout le monde doit laver sa chemise, ouvrir son lit ou exhiber
ses sentiments en public. Je trouve ça affreux. Remarquez,
je ne suis pas pudique par discipline, j'ai été élevée
comme ça. |
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Je reste secrète
sur ma vie privée. Je trouve qu'on doit se contenter de mon
image, on n'a pas besoin d'en savoir plus. |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Je me suis toujours
protégée naturellement, parce que c'est mon caractère
d'être farouche sur la vie privée. [...] J'ai beaucoup
de goût pour les choses secrètes et privées, et
aucun désir de vivre en public. |
|
Je n'aime pas que l'on s'intéresse à
ma vie privée. Je trouve dommage que l'on interviewe les actrices,
disons les femmes connues, quelle que soit leur activité, et
qu'on arrive toujours à leur poser des questions personnelles,
c'est-à-dire sur leur vie privée. Je trouve ça
injuste dans la mesure où l'on ne pose pas ces questions aux
hommes connus. |
|
La vie privée des acteurs ne me préoccupe
pas. Seuls les projets professionnels des gens qui font le même
métier que moi m'intéressent. Je me refuse donc à
alimenter moi-même ce genre de confidences que l'on feuillette
distraitement dans les magazines. Je n'ai pas envie d'être "feuilletée".
|
|
J'ai toujours protégé
jalousement ma vie privée. Je suis connue pour faire des procès.
Je sais que j'ai une mauvaise réputation, mais vous ne pouvez
pas savoir comme on se sent violée quand on vous vole des morceaux
de vous sans votre consentement. [...] Cela dit, j'ai encore de la
chance. Je n'ai pas trop d'efforts à faire pour me protéger,
car je suis d'une nature très secrète et réservée.
|
|
L'idée qu'on fait plaisir aux lectrices
parce que c'est ce qu'elles ont envie de lire, je trouve que ça
ne flatte pas ce qu'il y a de meilleur en elles. On a tous tendance
à lire ça dans les journaux qu'on acheté ou qu'on
n'achète pas - quand je suis chez le coiffeur, dans une salle
d'attente, j'avoue que je lis aussi des choses pour lesquelles je
n'ai pas une grande admiration, mais disons que j'évite de
remplir, moi-même, ce genre de colonnes. |
|
Qui je suis dans la vie
ne regarde personne. Ce qui me frappe, c'est que, contrairement aux
comédiennes, les comédiens sont moins sollicités
sur leur vie privée, leurs vacances, leur vie personnelle.
[...] Une femme est sans doute plus attirante, même pour le
public. Raison de plus pour résister à une demande qui
est quotidienne. Je n'encourage pas du tout la curiosité sur
ma vie privée. |
|
Que l'on ne m'attaque
pas, cela me convient même très bien. (rires) D'ailleurs,
je crois que dans le cas contraire, je serais très vite blessée...
C'est vrai aussi que j'essaye de ne pas trop faire parler de moi,
de ma vie en dehors des tournages, mais là, c'est une question
de caractère. |
|
Al'idée que mon
âme pourrait s'étaler là, devant tout le monde,
je suis saisie d'angoisse. |
|
L'idée que des
gens puissent fantasmer sur vous sur Internet a quelque chose de terrifiant. |
|

Au fond, j'ai toujours
été une timide qui s'est laissée violenter. |
|
Quand on est timide -
je l'étais terriblement, je rougissais pour un oui ou pour
un non - on l'est dans la vie, pas seulement sur les plateaux. C'est
bizarre d'avoir choisi de faire un tel métier, avec cette timidité
! Mais je ne l'ai pas vraiment choisi, je me suis laissé entraîner... |
|
Maintenant que je suis
moins timide - et même si je le suis encore un peu - j'ai le
courage, quand j'ai vu un film formidable, d'appeler des gens que
je ne connais pas, et de laisser un message sur un répondeur.
Sans arrière-pensée. |
|
En fait, j'ai du mal à
accepter qu'on dise des choses de moi devant moi. J'ai toujours été
comme ça. C'est une question de caractère et cela ne
révèle rien sur moi de particulièrement positif.. |
|
Je me souviens de toujours avoir été
aimée, d'avoir toujours entendu des choses agréables
et, à l'époque, j'étais timide ; mais, même
aujourd'hui, il m'arrive d'en être gênée. Si on
me dit des choses aimables indirectement, ça va ; mais, comme
ça, en pleine figure, c'est très difficile à
recevoir. |
|
Je suis moi-même
étonnée de pouvoir faire du cinéma. Parce que
c'est vrai que je préfère toujours regarder plutôt
qu'être regardée. |
|

Si vous saviez le nombre
de fois où je me dis des trucs pour empêcher mon cur
de battre trop fort. [...] Parce que je suis très émotive
et que dans des lieux où il y a des gens que je ne connais
pas, je peux d'un seul coup étouffer ; ou perdre complètement
les pédales. |
|
Le cinéma va contre
ma nature de timide. Il y a plus de plaisir aujourd'hui mais, comme
pour le saut en parachute, plus de peur aussi. J'ai de l'assurance,
je me sens responsable des gens. Mon expérience m'aide et me
permet d'aider mais le trac reste énorme. C'est incroyable
cette émotion violente qui vous visse le ventre. Sur un tournage,
il y a encore des moments très douloureux. Comme aux montagnes
russes, le plaisir peut venir après des sensations horribles.
|
|
Je suis quelqu'un de très... d'assez nerveux. |
|
Je suis tellement nerveuse,
émotive et traqueuse ! Je me souviens, à l'anniversaire
d'Yves Saint Laurent, j'avais le trac de monter sur scène,
mais comme il était intimidé aussi, cela m'a aidée
de l'entraîner. |
|
A chaque fois que je dois aller sur scène
pour présenter ou recevoir quelque chose, c'est une souffrance
abominable, physiquement abominable. |
|
Je suis moi-même
très nerveuse. Mais chez moi, ça ne se voit pas beaucoup.
Enfin, ce n'est pas immédiatement sensible pour les gens qui
ne me connaissent pas bien. |
|
Je n'ai toujours pas une grande confiance en moi,
mais j'ai l'impression d'avoir pris un peu de l'assurance qui me manquait... |
|
Le trac vous paralyse,
vous glace, l'émotion, elle, peut vous faire verser une larme. |
|
Je sais que je ne peux
pas me contrôler, j'ai trop le trac, je sais que je ne peux
pas me faire confiance. |
|
[C'est] l'impression que je ne contrôle
plus rien et que tout m'échappe. Alors je me force à
faire des choses que j'ai l'impression de ne pas savoir faire, je
me mets dans des situations épouvantables, et après
je suis contente si j'ai réussi. Comme de faire des télévisions
en Amérique ou en Angleterre en direct, on est content d'avoir
dépassé sa peur. C'est comme un enfant
Il y quelque
chose de très physique. A chaque fois, je crois que ma peur
va diminuer, que je vais arriver à la domestiquer et à
la dépasser. Et bien non, je ne suis pas du tout à l'abri.
C'est vrai que parfois c'est moindre, mais d'autres fois c'est terrible.
J'essaie de me prouver quelque chose, d'arriver à dominer ma
crainte. |
|
Je ne me sens jamais bien au milieu
d'une foule. Il n'est pas normal de sentir autant de regards sur soi.
Lorsque je dois paraître en public, j'ai toujours une certaine
appréhension. Je dois me forcer - encore aujourd'hui - pour
y aller. Les premiers mètres, lorsque j'arrive quelque part,
me sont toujours très pénibles. Il y a encore plein
de choses dans la vie, dans cet aspect du métier, qui me coûtent
énormément. Mais heureusement, je vis dans un univers
très amical et je me sens très protégée.
|
|
Le théâtre par exemple, le théâtre
dont je sais bien qu'il est sûrement passionnant, terrifiant
et merveilleux, le théâtre ne me serait pas possible.
J'aurais bien trop peur de cette foule, puisque déjà,
j'ai un peu peur des individus, au départ, que ce soit des
fans, des badauds ou des journalistes. Je ne sais jamais s'ils sont
vraiment là par sympathie ou par une sorte de curiosité
cruelle. |
|
Pour moi, la scène théâtre
est une espèce de trou noir. [...] Il me faut des paravents,
des couvertures qui m'évitent d'être en contact avec
le public. [...] Je vais à la télévision en direct
bien que ce soit pour moi des minutes effrayantes. Mais mon envie
ne va pas jusqu'à vouloir passer deux heures sur scène.
Et quand je pense aux deux heures qui précèdent le lever
le rideau, quel cauchemar ! [...] II est possible que dans quelques
années je sois tout à fait rassurée, que ma peur
se calme. Remarquez, je n'en prends pas tellement le chemin. Au contraire,
je suis de plus en plus inquiète. [...] C'est comme si j'étais
à un procès. Une chose qu'on ne contrôle pas.
Une douleur abominable. Il m'est arrivé de l'avoir plusieurs
fois, bien que ce soit rare en plein tournage. C'est un sentiment
vraiment affreux, une douleur. D'un seul coup, vos nerfs vous lâchent.
On a des tremblements, des sueurs froides, c'est affreux, affreux
! |
|

La mélancolie fait
partie de ma nature, comme la gaieté d'ailleurs. |
|
J'aurais pu être
d'une nature mélancolique et le cinéma m'en a sortie.
|
|
Tout ce qui est mélancolique
m'attire, me semble plus réaliste, plus vrai... La gaieté,
elle, fait partie de ma nature mais c'est une sensation plutôt
éphémère. Je crois que l'euphorie n'est pas une
chose naturelle, c'est comme quand on boit de l'alcool, les sensations
se dilatent... |
|
David (Bailey) m'avait
fait remarquer : "Les photos où tu souris, si on cache
la bouche et qu'on ne regarde que les yeux, le regard est toujours
mélancolique". C'est vrai, mon il ne rit pas vraiment...
Mais depuis toujours : regardez les photos de moi, enfant, j'ai déjà
un regard grave... |
|
Il faut que je fasse
attention, parce que si je me laisse aller, j'ai trop souvent le regard
mélancolique. |
|
Comme je suis un peu mélancolique,
c'est évident que je ne me vis pas comme quelqu'un de solaire.
On peut croire que je suis plutôt lumineuse, mais c'est une
lumière qui vient par réflexion, par reflet, qui dépend
du regard des autres. Et c'est vrai que j'ai besoin du regard des
autres sinon je m'assombris, je me referme... |
|
Moi, je sens que j'ai
davantage besoin du regard des autres. Peut-être parce que je
suis beaucoup plus mélancolique. C'est comme un reflet... Si
j'étais toute seule, loin du regard des autres, je pense que
je serais plus terne d'apparence. Si je ne suis pas interpellée
par l'autre, je suis comme derrière un paravent... |
|

Je me sens vulnérable,
fragile. J'étais une enfant souffreteuse. Jusqu'à 7
ans, maman a dû me nourrir au biberon. Les enfants se moquaient
de moi dans les squares. |
|
Je me préoccupe
beaucoup de ma carrière et si j'échouais, ce serait
une catastrophe. Je dois réussir à tout prix. [...]
Parce que je me suis toujours sentie fragile, vulnérable. Facile
à écraser et en danger. J'ai toujours eu peur de tomber
malade, de mourir. Et il n'y a rien de tel que le succès pour
vous donner une impression inouïe de sécurité. |
Catherine Deneuve, citée
dans Ciné Revue 1967
|
J'ai toujours eu un très
grand souci de me sentir en accord avec moi-même. Donc l'anxiété
a toujours été contrebalancée par ce sentiment-là,
le me suis tellement construite à travers ce que j'ai fait,
à travers les films... |
|
Les actrices peuvent dire
également qu'elles sont aimées pour leur physique et
non pour leurs qualités. C'est une angoisse inhérente
à l'être humain. Je crois qu'on est tous un peu inquiets
là-dessus, sauf ceux qui sont fats ou très sûrs
de leur charme. Les gens célèbres sont habitués
à être un peu plus méfiants, tant il est vrai
que la réussite professionnelle a des effets sur l'entourage. |
|
Je suis vulnérable.
Mais je me protège pas mal. Je me protège même
beaucoup parce que je trouve que la vie, elle est vivante, mais elle
est agressive ! |
|
Je me suis toujours sentie
vulnérable et victime de mes sentiments, de mes émotions.
Contrairement à ce que tout le monde croit, je ne suis pas
très équilibrée. Je suis quelqu'un de très
excessif. |
|
Je suis nerveuse et inquiète,
et je le cache soigneusement. A priori, je préfère dissimuler
mes troubles, mes difficultés. |
|
Pour qui me connaît, je suis beaucoup plus
fragile que je n'en ai l'air. J'ai souvent dit, et c'est vrai, que
j'ai du mal à être une grande personne. |
|
Je suis une peureuse
courageuse, si ça peut se dire. [...] J'ai l'impression que
je suis une peureuse qui s'est rééduquée. |
|
[Ce qui me fait peur,
c'est] l 'agression ! J'ai déjà été agressée,
physiquement. Dans la rue, il y a longtemps, il doit y avoir vingt
ans, mais ça a duré quand même assez longtemps
et c'était très dur. [...] C'était un inconnu
qui m'a harcelée. [...] C'était violent et dur et c'est
une de mes grandes peurs. |
|
Comme je suis excessive,
certaines contrariétés peuvent devenir des drames. D'un
seul coup, je dégringole. Je défais le château
de sable et tout s'écroule... Je m'écroule. Au lieu
que ce soit simplement de la tristesse, c'est du désespoir.
Et j'y arrive vite, au désespoir ! |
|
Je suis très passionnelle, je me décourage
facilement. Autant je peux m'enthousiasmer, autant je peux descendre
brusquement, je suis très cyclothymique. |
|
Ce qui est curieux, c'est
qu'on s'habitue à recevoir des coups, mais pas à avoir
mal. Heureusement d'ailleurs. Le contraire signifierait l'indifférence.
Ce qui conduit le plus facilement au suicide. Finalement les coups
durs vous stimulent, ils vont dans le sens de la vie. Ils vous incitent
à avoir envie de recommencer. Ce qui est la preuve qu'on est
bien vivant. |
|
Je me protège
tout le temps, sans cesse, avec mes enfants et aussi avec un petit
groupe d'amis sûrs qui me renvoient l'image de moi-même
qui m'est familière... |
Catherine Deneuve, citée
dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
|
Je me protège pas
mal aussi ! Mais je suis assez aidée, je suis... Enfin, j'ai
quand même eu mon lot de tristesse et de difficultés.
J'aime bien qu'on me ménage, parce que je me sens très
vulnérable. On peut tout me dire, mais pas n'importe quand,
pas n'importe comment... |
|
[ce qui la satisfait dans
la vie]
Les jours où tout va bien. Les jours où ça palpite,
où le voile gris ne l'emporte pas, ne vient pas masquer toute
la vie. Il y a des jours où le voile est même noir. C'est
une question d'ordre psychique, sans doute. C'est aussi parfois une
suite d'événements, la fatigue, ou le regard que l'on
porte sur l'extérieur. Et le voile noir, il est passé
parfois pour moi. J'ai connu le désespoir mais, à mon
âge, on pourrait dire que c'est normal. |
|

Je
ne me fais pas trop confiance, je suis assez pessimiste, positive
mais tout de même pessimiste, alors je sais qu'il faut que je
fasse attention à ce que je pense et à ce que je vois.
|
|
Je suis assez positive,
mais je suis pessimiste. On peut dire pessimiste, on peut dire mélancolique,
et pourtant je suis très gaie, j'adore rire, mais c'est vrai
que j'ai tendance à être pessimiste, peut-être
pour me protéger. |
|
Moi, je suis quelqu'un
qui doute sans cesse. |
|
Entre l'expérience,
la notoriété et les films, les gens attendent que vous
correspondiez à l'image qu'ils se font de vous, que vous soyez
toujours... Surtout moi qui donne une image, comme ça, assez
calme, assez harmonieuse... Et dans la mesure où il s'agit
de quelque chose de plutôt positif, qui pourrait imaginer que
ça puisse être difficile à vivre ? C'est vrai
que, parfois, tout ça est un peu trop lourd à porter...
Ce qu'on attend de vous... Cette crainte de ne pas être à
la hauteur... |
|
Je peux ressentir la nécessité
d'un certain isolement au cours d'un travail ou à l'intérieur
même d'une journée. Le sentiment de solitude est quelque
chose qui m'accompagne... |
|

Je suis trop anxieuse
de nature pour tenir les choses pour acquises. Et je suis très
fataliste. |
|
Je suis très
fataliste. Je pense que les gens ont le droit de choisir ce qu'ils
veulent comme moi j'ai le droit de choisir ce que je veux. |
|
Je suis assez fataliste
! Je me suis suffisamment interrogée pour savoir que les choses
qui m'ont le plus coûté sont celles qui ont compté
et qui m'ont faite. |
|
De manière générale,
je suis effectivement débarrassée de quelque chose par
rapport à ce que l'on doit être, et surtout paraître.
Ce n'est pas de la sérénité, mais plutôt
du fatalisme. Je peux prendre très mal de petites choses, sur
lesquelles on peut encore agir. Mais j'accepte les choses inéluctables... |
|

Ce qui doit plaire aux
Français, c'est cette sérénité qu'ils
croient déceler chez moi. On, a l'impression que j'ai su affronter
les épreuves de la vie, pour atteindre une certaine harmonie.
Un art de survivre, en quelque sorte... Hélas ! ce n'est pas
tout à fait vrai. Je ne suis pas toujours aussi sereine que
j'en ai l'air... |
|
Je ne projette pas beaucoup dans l'avenir. Ce
n'est pas que j'aime vivre au jour le jour, mais j'ai besoin d'avoir
l'impression que les choses se font, que je change, que je bouge,
que rien n'est installé, que les choses sont arrêtées,
qu'elles peuvent repartir. Il faut toujours que ce soit de l'eau vive
pour moi... Sans doute parce que j'ai besoin d'un peu d'insécurité
pour fonctionner. Sinon je pourrais peut-être me laisser aller
à une espèce de tendance naturelle à contempler,
à ne plus rien faire ! J'ai besoin qu'il y ait dans ma vie
une certaine inquiétude... |
|
Je n'aime pas le quotidien
et j'en ai besoin, pour stabiliser certaines choses. L'horreur de
la routine, c'est peut-être aussi la peur de voir repoindre
cette mélancolie qui dort au fond de moi. |
|
J'ai envie de garder quelque chose
de solide, donc j'ai envie de quelque chose qui ne change pas, mais
- et je suis pareille dans la vie - dès que les choses sont
installées, ça me fait peur et j'ai toujours un peu
la tentation de ruer dans les brancards. Pas du tout par calcul, mais
simplement par envie, par besoin même. Ce qui est installé
m'effraye et en même temps j'ai envie de sécurité
! En fait, plus précisément, la sécurité
que je veux, c'est de savoir que je peux sauter dans le vide et qu'il
y a quelqu'un pour me rattraper en bas... |
|
Je préfère
l'imprévu, les projets, y compris ceux qui n'aboutissent pas.
C'est important la gestation des choses, comme celle des émotions,
on ne peut vivre en permanence dans les certitudes. |
|
On m'imagine souvent comme
une femme parfaite, sans faille, gérant son temps d'une façon
méticuleuse. Malheureusement, je n'y arrive pas mais je ressens
le besoin de tendre vers ça. Comme une nécessité
intérieure. En fait, je suis en quête d'harmonie. |
|
J'ai l'impression de courir après le temps.
Les journées me semblent toujours trop courtes. [...] Je ne
vis pas comme un métronome, mais j'essaie de grouper, de rassembler
sur un minimum de jours toutes les obligations auxquelles je me dois.
Et elles sont hélas, nombreuses ! Mon agenda est toujours bien
rempli avec des rendez-vous qui trop souvent se déplacent,
s'annulent, se reportent. [...] Lorsqu'on tourne, on est préservée
; on a un excellent alibi pour. refuser des tonnes d'obligations.
|
|
J'ai du mal à faire tout ce que je yeux,
parce que je suis une personne et pas deux, contrairement à
ce qu'on peut croire. Le temps me manque et j'ai du mal à faire
que les choses soient un peu harmonieuses. |
|
Je suis toujours préoccupée
par le temps et je n'arrive pas à en tenir compte dans ce que
je fais. Avec en permanence cette idée de rendre une copie
raturée et pas la bonne. |
|
Ce qu'ont dit d'autres
personnes...
Je crois que c'est une
femme fragile, courageuse et effrayée et qui a plus peur d'elle-même
que de n'importe qui. Il me paraît presque évident que
l'on ne peut afficher cette sérénité, cet équilibre
et cette sorte de détachement amical sans avoir peur. Et si
Catherine Deneuve m'a dit cent fois : "Je ne suis pas ceci ou
je ne suis pas cela", c'est parce qu'elle ne se sentait ni la
force ni l'envie de dire : "Je suis ceci, je suis cela".
Et peut-être, en effet, faut-il de l'innocence et de la naïveté
et presque une forme de bêtise pour affirmer : "Je suis
ceci, je suis cela", et peut-être en effet aussi ce sentiment
d'innocence, quelqu'un ou quelque chose le lui a-t-il fait perdre
pour qu'elle n'ose pas parler d'elle autrement que dans une forme
interro-négative. |
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Comme Catherine est une
fille pudique, comme elle est mystérieuse et n'a pas envie
de tout dire, elle a une chance d'être un mythe. |
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Catherine et moi, on se
ressemble. Je suis pudique, elle aussi. D'où la très
belle entente même si, de temps en temps, il y eut quelques
grincements. |
Régis Wargnier, Première
1993
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Lorsque Catherine parle
de choses personnelles, c'est peut-être "impudique"
au bon sens du terme, c'est-à-dire sans pudeur, mais jamais
indécent. |
Régis Wargnier, Première
1993
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[à propos du vouvoiement]
Catherine met cette espèce de distance avec tout le monde.
Moi, ça ne me dérange pas. Elle ne tutoie personne,
sauf son habilleuse. |
Régis Wargnier, Première
1993
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Catherine est très
peu actrice dans la vie. En fait, elle calcule très peu et
préfère se laisser aller, très à l'aise
dans certaines situations, très malheureuse dans telles autres.
Mais elle ne le montre pas et possède une décence que
j'apprécie beaucoup. Elle n'a pas la vanité de son talent.
Pour elle, seul le bonheur compte. Tout le reste est dérisoire.
Catherine est comme ça.
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François Truffaut, Elle
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J'aime la façon dont elle
semble toujours projeter sur l'écran une double vie, vie apparente
et vie secrète. On a l'impression qu'elle garde des pensées
pour elle, et que sa vie intérieure est au moins aussi importante
que sa vie extérieure. |
François Truffaut, Paris-Match
1980
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Catherine et le théâtre,
c'est une drôle d'histoire. Elle a bien évidemment reçu
des propositions de pièces, mais elle les a toujours refusées.
Son père était un comédien de théâtre,
sa mère faisait partie de la troupe de l'Odéon, sa grand-mère
travaillait à l'Odéon, et elle, elle ne fait pas de
théâtre. Elle n'en a pas le désir, je crois, ou
son appréhension est plus grande que son désir
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Régis Wargnier, Livre "Est-ouest,
journal d'un tournage" 1999
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