Sa personnalité / Caractère / Secrète, mélancolique et vulnérable
Photos
  Biographie
Famille
 
  Presse 2010-2019
Presse 2000-2009
Presse 1990-1999
Presse 1980-1989
Presse 1960-1979
Radio et télévision
Livres
  Hommages
Dessins
Photos
  Caractère
Centres d'intérêt
Opinions
Engagements
 

Mode de vie
Style
Coups de cœur
Sorties et voyages

Ce qu'a dit Catherine Deneuve...

Je ne suis pas "froide", je suis très réservée.

Je m'insurge contre cette réputation de froideur. Je sais que je peux être "absente". C'est une attitude. C'est un effort pour une actrice d'être constamment regardée. Il faut le savoir. En fait, je suis très sauvage. J'ai tendance à être réservée. Je n'ai pas envie d'avoir avec les gens des rapports passagers. Je n'aime pas les nouvelles "connaissances" ou alors il faut que ce soit le fruit du hasard, d'une rencontre.

Je suis, je crois l'avoir fait comprendre, d'un naturel réservé. Cela a suffi pour qu'on me jugeât "froide" ou "dure". C'était inexact. J'avais été confrontée à tout ce qu'un film peut avoir d'imprévisible, à tout ce qu'il comporte de problèmes de difficultés, d'accidents. Je suis apparue, quelquefois, comme intransigeante. Mais c'était, là, une attitude dictée par le souci de me donner les plus grandes chances d'éviter ces accidents. Lorsqu'on participe à la réalisation d'un film, il y a tant d'imprévus, tant de complications qu'il vaut mieux, du moins est-ce mon avis, soulever avant le tournage des questions auxquelles on a pu s'arrêter et réfléchir. N'est-ce pas une exigence légitime ?


Quand on me disait que j'étais froide, avant ça me blessait, maintenant plus du tout, ou alors on peut être blessée parce que l'on est percée à jour. Si j'étais triste et que l'on me dise que je suis triste, ça n'est pas une insulte, mais ça me toucherait.

Quand on me dit que je suis froide et hautaine, ça ne me plaît pas. Qu'on dise que je suis distante, je l'accepte. C'est vrai, je n'aime pas les faux rapports, les fausses amitiés, le copinage.

Je suis plutôt une observatrice. Plutôt vive dans mes réactions, mais lente dans ma façon de ressentir les choses. Ce n'est pas de la prudence dans rnes rapports avec les gens, mais j'aime bien laisser les gens tranquilles. Ma façon de m'intéresser peut sembler distante, comme ça, a priori. Peut-être est-ce l'attitude que j'aimerais que l'on ait avec moi.

Ca ne peut pas plaire à quelqu'un, ni à un homme, ni à une femme je pense, quand on dit qu'on est glacé ! Mais c'est vrai que je pense que je suis réservée, et que je l'étais beaucoup plus encore avant, et qu'avec le temps il y a des choses qui se sont un peu estompées si vous voulez, mais que ça reste ma nature. Je suis quelqu'un de réservé, oui. Avec des excès, forcément, comme tous les gens qui sont réservés, forcément, il y a des fois implosion.

Si la personne qui est en face de moi ne m'intéresse pas, je ne fais pas d'efforts démesurés. Et comme je suis réservée de nature, je peux sembler carrément froide. Tant pis, je ne vais pas changer maintenant. Je n'ai jamais été capable de faire semblant. C'est comme ça.

Il est exact que je ne me lie pas facilement. Je ne suis pas très expansive, je ne suis pas très ouverte - ce qui ne signifie pas que je ne le sois pas du tout. Je reconnais aussi que je ne suis pas très sociable, ni très mondaine.

Je ne suis pas obnubilée par l'idée de séduire tout le monde. Je choisis les gens avec qui j'ai envie de parler, ce qui exclut d'avoir à être naturelle et chaleureuse avec tout le monde sinon nous ne le serions plus avec personne. Toutes nos relations deviendraient complètement banalisées. Je suis capable de nouer des contacts rapides avec des gens que je ne connais pas. Mais je dois me protéger. Ce n'est pas de la froideur mais de la retenue, une grande fragilité.

J'essaie pourtant de paraître décontractée. Mais en fait, je me dédouble. Et puis cette froideur me permet de garder une certaine distance vis-à-vis des êtres et des choses.

C'est vrai que je ne suis pas très familière mais j'ai entendu des gens dire à des acteurs des choses souvent abominables, par désinvolture. Je trouvais ça tellement cruel et médiocre que je pensais : "Mon Dieu, si l'on me disait ça, ça m'atteindrait terriblement..." Et j'ai presque tout fait pour que ça ne m'arrive pas...

Je ne supporte pas la familiarité.


J'ai une forme de réserve naturelle dont je ne cherche pas toujours à me départir.

Je suis très réservée, mais pas pour autant farouche adepte des bonnes manières. J'ai, peut-être, de l'allure comme ça. Mais je peux parfaitement l'oublier. Je peux me conduire très très mal, Je peux être très violente et très agressive. Je ne suis pas quelqu'un qui se contrôle totalement.

Je ne cherche pas à faire des mystères, mais c'est vrai que, pour moi, le mystère fait partie de la vie - surtout de la vie des actrices. Si je me cache, ce n'est pas pour cultiver quelque chose qui me va bien, mais tout simplement parce que c'est ma nature : j'ai toujours été comme ça, alors... Quand j'étais plus jeune, on disait que j'étais secrète, maintenant, on dit que c'est du mystère !

C'est vrai que je peux me fermer complètement si je sens les choses qui se déplacent dans une direction qui ne me plaît pas. Comme une coquille Saint-Jacques ! Immédiatement, je me ferme et c'est fini ! Cela correspond à un refus de livrer certaines choses qui font trop partie de moi-même...

C'est une façon d'avancer masquée qui correspond à mon caractère. Je suis plus un millefeuilles qu'un soufflé. Ça fait plus de trente ans que ça dure et je sens que les gens ont envie de tirer des conclusions, de dresser des bilans. J'ai l'impression qu'aujourd'hui on veut mettre ma vie en boule. Deneuve mise en boule, ça à l'air d'une boule de cristal, c'est magnifique, ça brille, et on oublie les échecs, les erreurs. Or on sait bien que la vie, et la mienne en particulier, n'est pas faite comme ça.

Je reconnais que j'ai un goût excessif pour le secret. Je trouve que moins on dit de choses, mieux c'est. Je peux très bien aller dans des soirées où je ne dis pas un mot. On a dû me prendre longtemps pour une imbécile !

J'aime le secret. J'aime l'idée des choses cachées. J'aime l'idée de pouvoir tout donner à quelques personnes qui me sont chères et je ne peux pas concevoir de donner des bribes à plein de gens. Moi, j'ai l'impression qu'on a un potentiel qui peut s'user très vite.

Je réclame le droit au secret. En fait, je ne demande rien puisque je prends ce droit...

Avec ma nature secrète et très têtue, ce dont je suis certaine c'est que je n'aurais jamais accepté de vivre les choses qui ne me convenaient pas. On m'a appris très tôt cet égoïsme-là.

Il y a des gens qui aiment se dévoiler ; moi, je préfère me dévoiler indirectement. Cela dit, j'ai beau me dire que je ne veux pas trop parler, je trouve quand même que depuis toutes ces années, je me suis beaucoup livrée. Il y a peut-être encore des gens pour qui je reste une énigme, mais c'est qu'ils font une lecture trop rapide des choses...

Moins les gens savent de choses sur moi, mieux je me porte. C'est dans mon caractère. Me donner et me dérober en même temps, c'est ce qui fait ma force.

J'ai tellement eu à me battre quand j'étais jeune, quand l'image l'emportait sur le fond par rapport à des situations personnelles, j'en ai tellement souffert, trouvé cela si injuste, que j'ai pris l'habitude de me protéger. Je trouve scandaleux, sous prétexte que l'on fait un métier public, que des gens se permettent de parler de ce qu'ils ne connaissent pas, d'émettre des opinions et des jugements faux. Je suis restée sur la défensive, réservée mais pas fermée.

Les journalistes disent que je suis froide et distante mais je ne me sens ni froide ni distante, je me sens simplement naturelle et j'ai horreur de parler de ma vie privée. Est-ce que cela vous paraît extravagant à vous ? Non, bien sûr. C'est quand même étonnant cette époque où tout le monde doit laver sa chemise, ouvrir son lit ou exhiber ses sentiments en public. Je trouve ça affreux. Remarquez, je ne suis pas pudique par discipline, j'ai été élevée comme ça.

Je reste secrète sur ma vie privée. Je trouve qu'on doit se contenter de mon image, on n'a pas besoin d'en savoir plus.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je me suis toujours protégée naturellement, parce que c'est mon caractère d'être farouche sur la vie privée. [...] J'ai beaucoup de goût pour les choses secrètes et privées, et aucun désir de vivre en public.

Je n'aime pas que l'on s'intéresse à ma vie privée. Je trouve dommage que l'on interviewe les actrices, disons les femmes connues, quelle que soit leur activité, et qu'on arrive toujours à leur poser des questions personnelles, c'est-à-dire sur leur vie privée. Je trouve ça injuste dans la mesure où l'on ne pose pas ces questions aux hommes connus.

La vie privée des acteurs ne me préoccupe pas. Seuls les projets professionnels des gens qui font le même métier que moi m'intéressent. Je me refuse donc à alimenter moi-même ce genre de confidences que l'on feuillette distraitement dans les magazines. Je n'ai pas envie d'être "feuilletée".

J'ai toujours protégé jalousement ma vie privée. Je suis connue pour faire des procès. Je sais que j'ai une mauvaise réputation, mais vous ne pouvez pas savoir comme on se sent violée quand on vous vole des morceaux de vous sans votre consentement. [...] Cela dit, j'ai encore de la chance. Je n'ai pas trop d'efforts à faire pour me protéger, car je suis d'une nature très secrète et réservée.

L'idée qu'on fait plaisir aux lectrices parce que c'est ce qu'elles ont envie de lire, je trouve que ça ne flatte pas ce qu'il y a de meilleur en elles. On a tous tendance à lire ça dans les journaux qu'on acheté ou qu'on n'achète pas - quand je suis chez le coiffeur, dans une salle d'attente, j'avoue que je lis aussi des choses pour lesquelles je n'ai pas une grande admiration, mais disons que j'évite de remplir, moi-même, ce genre de colonnes.

Qui je suis dans la vie ne regarde personne. Ce qui me frappe, c'est que, contrairement aux comédiennes, les comédiens sont moins sollicités sur leur vie privée, leurs vacances, leur vie personnelle. [...] Une femme est sans doute plus attirante, même pour le public. Raison de plus pour résister à une demande qui est quotidienne. Je n'encourage pas du tout la curiosité sur ma vie privée.

Que l'on ne m'attaque pas, cela me convient même très bien. (rires) D'ailleurs, je crois que dans le cas contraire, je serais très vite blessée... C'est vrai aussi que j'essaye de ne pas trop faire parler de moi, de ma vie en dehors des tournages, mais là, c'est une question de caractère.

Al'idée que mon âme pourrait s'étaler là, devant tout le monde, je suis saisie d'angoisse.

L'idée que des gens puissent fantasmer sur vous sur Internet a quelque chose de terrifiant.

Au fond, j'ai toujours été une timide qui s'est laissée violenter.

Quand on est timide - je l'étais terriblement, je rougissais pour un oui ou pour un non - on l'est dans la vie, pas seulement sur les plateaux. C'est bizarre d'avoir choisi de faire un tel métier, avec cette timidité ! Mais je ne l'ai pas vraiment choisi, je me suis laissé entraîner...

Maintenant que je suis moins timide - et même si je le suis encore un peu - j'ai le courage, quand j'ai vu un film formidable, d'appeler des gens que je ne connais pas, et de laisser un message sur un répondeur. Sans arrière-pensée.

En fait, j'ai du mal à accepter qu'on dise des choses de moi devant moi. J'ai toujours été comme ça. C'est une question de caractère et cela ne révèle rien sur moi de particulièrement positif..

Je me souviens de toujours avoir été aimée, d'avoir toujours entendu des choses agréables et, à l'époque, j'étais timide ; mais, même aujourd'hui, il m'arrive d'en être gênée. Si on me dit des choses aimables indirectement, ça va ; mais, comme ça, en pleine figure, c'est très difficile à recevoir.

Je suis moi-même étonnée de pouvoir faire du cinéma. Parce que c'est vrai que je préfère toujours regarder plutôt qu'être regardée.

Si vous saviez le nombre de fois où je me dis des trucs pour empêcher mon cœur de battre trop fort. [...] Parce que je suis très émotive et que dans des lieux où il y a des gens que je ne connais pas, je peux d'un seul coup étouffer ; ou perdre complètement les pédales.

Le cinéma va contre ma nature de timide. Il y a plus de plaisir aujourd'hui mais, comme pour le saut en parachute, plus de peur aussi. J'ai de l'assurance, je me sens responsable des gens. Mon expérience m'aide et me permet d'aider mais le trac reste énorme. C'est incroyable cette émotion violente qui vous visse le ventre. Sur un tournage, il y a encore des moments très douloureux. Comme aux montagnes russes, le plaisir peut venir après des sensations horribles.

Je suis quelqu'un de très... d'assez nerveux.

Je suis tellement nerveuse, émotive et traqueuse ! Je me souviens, à l'anniversaire d'Yves Saint Laurent, j'avais le trac de monter sur scène, mais comme il était intimidé aussi, cela m'a aidée de l'entraîner.

A chaque fois que je dois aller sur scène pour présenter ou recevoir quelque chose, c'est une souffrance abominable, physiquement abominable.

Je suis moi-même très nerveuse. Mais chez moi, ça ne se voit pas beaucoup. Enfin, ce n'est pas immédiatement sensible pour les gens qui ne me connaissent pas bien.

Je n'ai toujours pas une grande confiance en moi, mais j'ai l'impression d'avoir pris un peu de l'assurance qui me manquait...

Le trac vous paralyse, vous glace, l'émotion, elle, peut vous faire verser une larme.

Je sais que je ne peux pas me contrôler, j'ai trop le trac, je sais que je ne peux pas me faire confiance.

[C'est] l'impression que je ne contrôle plus rien et que tout m'échappe. Alors je me force à faire des choses que j'ai l'impression de ne pas savoir faire, je me mets dans des situations épouvantables, et après je suis contente si j'ai réussi. Comme de faire des télévisions en Amérique ou en Angleterre en direct, on est content d'avoir dépassé sa peur. C'est comme un enfant… Il y quelque chose de très physique. A chaque fois, je crois que ma peur va diminuer, que je vais arriver à la domestiquer et à la dépasser. Et bien non, je ne suis pas du tout à l'abri. C'est vrai que parfois c'est moindre, mais d'autres fois c'est terrible. J'essaie de me prouver quelque chose, d'arriver à dominer ma crainte.

Je ne me sens jamais bien au milieu d'une foule. Il n'est pas normal de sentir autant de regards sur soi. Lorsque je dois paraître en public, j'ai toujours une certaine appréhension. Je dois me forcer - encore aujourd'hui - pour y aller. Les premiers mètres, lorsque j'arrive quelque part, me sont toujours très pénibles. Il y a encore plein de choses dans la vie, dans cet aspect du métier, qui me coûtent énormément. Mais heureusement, je vis dans un univers très amical et je me sens très protégée.

Le théâtre par exemple, le théâtre dont je sais bien qu'il est sûrement passionnant, terrifiant et merveilleux, le théâtre ne me serait pas possible. J'aurais bien trop peur de cette foule, puisque déjà, j'ai un peu peur des individus, au départ, que ce soit des fans, des badauds ou des journalistes. Je ne sais jamais s'ils sont vraiment là par sympathie ou par une sorte de curiosité cruelle.

Pour moi, la scène théâtre est une espèce de trou noir. [...] Il me faut des paravents, des couvertures qui m'évitent d'être en contact avec le public. [...] Je vais à la télévision en direct bien que ce soit pour moi des minutes effrayantes. Mais mon envie ne va pas jusqu'à vouloir passer deux heures sur scène. Et quand je pense aux deux heures qui précèdent le lever le rideau, quel cauchemar ! [...] II est possible que dans quelques années je sois tout à fait rassurée, que ma peur se calme. Remarquez, je n'en prends pas tellement le chemin. Au contraire, je suis de plus en plus inquiète. [...] C'est comme si j'étais à un procès. Une chose qu'on ne contrôle pas. Une douleur abominable. Il m'est arrivé de l'avoir plusieurs fois, bien que ce soit rare en plein tournage. C'est un sentiment vraiment affreux, une douleur. D'un seul coup, vos nerfs vous lâchent. On a des tremblements, des sueurs froides, c'est affreux, affreux !


La mélancolie fait partie de ma nature, comme la gaieté d'ailleurs.

J'aurais pu être d'une nature mélancolique et le cinéma m'en a sortie.

Tout ce qui est mélancolique m'attire, me semble plus réaliste, plus vrai... La gaieté, elle, fait partie de ma nature mais c'est une sensation plutôt éphémère. Je crois que l'euphorie n'est pas une chose naturelle, c'est comme quand on boit de l'alcool, les sensations se dilatent...

David (Bailey) m'avait fait remarquer : "Les photos où tu souris, si on cache la bouche et qu'on ne regarde que les yeux, le regard est toujours mélancolique". C'est vrai, mon œil ne rit pas vraiment... Mais depuis toujours : regardez les photos de moi, enfant, j'ai déjà un regard grave...

Il faut que je fasse attention, parce que si je me laisse aller, j'ai trop souvent le regard mélancolique.

Comme je suis un peu mélancolique, c'est évident que je ne me vis pas comme quelqu'un de solaire. On peut croire que je suis plutôt lumineuse, mais c'est une lumière qui vient par réflexion, par reflet, qui dépend du regard des autres. Et c'est vrai que j'ai besoin du regard des autres sinon je m'assombris, je me referme...

Moi, je sens que j'ai davantage besoin du regard des autres. Peut-être parce que je suis beaucoup plus mélancolique. C'est comme un reflet... Si j'étais toute seule, loin du regard des autres, je pense que je serais plus terne d'apparence. Si je ne suis pas interpellée par l'autre, je suis comme derrière un paravent...


Je me sens vulnérable, fragile. J'étais une enfant souffreteuse. Jusqu'à 7 ans, maman a dû me nourrir au biberon. Les enfants se moquaient de moi dans les squares.

Je me préoccupe beaucoup de ma carrière et si j'échouais, ce serait une catastrophe. Je dois réussir à tout prix. [...] Parce que je me suis toujours sentie fragile, vulnérable. Facile à écraser et en danger. J'ai toujours eu peur de tomber malade, de mourir. Et il n'y a rien de tel que le succès pour vous donner une impression inouïe de sécurité.
Catherine Deneuve, citée dans Ciné Revue 1967

J'ai toujours eu un très grand souci de me sentir en accord avec moi-même. Donc l'anxiété a toujours été contrebalancée par ce sentiment-là, le me suis tellement construite à travers ce que j'ai fait, à travers les films...

Les actrices peuvent dire également qu'elles sont aimées pour leur physique et non pour leurs qualités. C'est une angoisse inhérente à l'être humain. Je crois qu'on est tous un peu inquiets là-dessus, sauf ceux qui sont fats ou très sûrs de leur charme. Les gens célèbres sont habitués à être un peu plus méfiants, tant il est vrai que la réussite professionnelle a des effets sur l'entourage.

Je suis vulnérable. Mais je me protège pas mal. Je me protège même beaucoup parce que je trouve que la vie, elle est vivante, mais elle est agressive !

Je me suis toujours sentie vulnérable et victime de mes sentiments, de mes émotions. Contrairement à ce que tout le monde croit, je ne suis pas très équilibrée. Je suis quelqu'un de très excessif.

Je suis nerveuse et inquiète, et je le cache soigneusement. A priori, je préfère dissimuler mes troubles, mes difficultés.

Pour qui me connaît, je suis beaucoup plus fragile que je n'en ai l'air. J'ai souvent dit, et c'est vrai, que j'ai du mal à être une grande personne.

Je suis une peureuse courageuse, si ça peut se dire. [...] J'ai l'impression que je suis une peureuse qui s'est rééduquée.

[Ce qui me fait peur, c'est] l 'agression ! J'ai déjà été agressée, physiquement. Dans la rue, il y a longtemps, il doit y avoir vingt ans, mais ça a duré quand même assez longtemps et c'était très dur. [...] C'était un inconnu qui m'a harcelée. [...] C'était violent et dur et c'est une de mes grandes peurs.

Comme je suis excessive, certaines contrariétés peuvent devenir des drames. D'un seul coup, je dégringole. Je défais le château de sable et tout s'écroule... Je m'écroule. Au lieu que ce soit simplement de la tristesse, c'est du désespoir. Et j'y arrive vite, au désespoir !

Je suis très passionnelle, je me décourage facilement. Autant je peux m'enthousiasmer, autant je peux descendre brusquement, je suis très cyclothymique.

Ce qui est curieux, c'est qu'on s'habitue à recevoir des coups, mais pas à avoir mal. Heureusement d'ailleurs. Le contraire signifierait l'indifférence. Ce qui conduit le plus facilement au suicide. Finalement les coups durs vous stimulent, ils vont dans le sens de la vie. Ils vous incitent à avoir envie de recommencer. Ce qui est la preuve qu'on est bien vivant.

Je me protège tout le temps, sans cesse, avec mes enfants et aussi avec un petit groupe d'amis sûrs qui me renvoient l'image de moi-même qui m'est familière...
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984

Je me protège pas mal aussi ! Mais je suis assez aidée, je suis... Enfin, j'ai quand même eu mon lot de tristesse et de difficultés. J'aime bien qu'on me ménage, parce que je me sens très vulnérable. On peut tout me dire, mais pas n'importe quand, pas n'importe comment...

[ce qui la satisfait dans la vie]
Les jours où tout va bien. Les jours où ça palpite, où le voile gris ne l'emporte pas, ne vient pas masquer toute la vie. Il y a des jours où le voile est même noir. C'est une question d'ordre psychique, sans doute. C'est aussi parfois une suite d'événements, la fatigue, ou le regard que l'on porte sur l'extérieur. Et le voile noir, il est passé parfois pour moi. J'ai connu le désespoir mais, à mon âge, on pourrait dire que c'est normal.


Je ne me fais pas trop confiance, je suis assez pessimiste, positive mais tout de même pessimiste, alors je sais qu'il faut que je fasse attention à ce que je pense et à ce que je vois.

Je suis assez positive, mais je suis pessimiste. On peut dire pessimiste, on peut dire mélancolique, et pourtant je suis très gaie, j'adore rire, mais c'est vrai que j'ai tendance à être pessimiste, peut-être pour me protéger.

Moi, je suis quelqu'un qui doute sans cesse.

Entre l'expérience, la notoriété et les films, les gens attendent que vous correspondiez à l'image qu'ils se font de vous, que vous soyez toujours... Surtout moi qui donne une image, comme ça, assez calme, assez harmonieuse... Et dans la mesure où il s'agit de quelque chose de plutôt positif, qui pourrait imaginer que ça puisse être difficile à vivre ? C'est vrai que, parfois, tout ça est un peu trop lourd à porter... Ce qu'on attend de vous... Cette crainte de ne pas être à la hauteur...

Je peux ressentir la nécessité d'un certain isolement au cours d'un travail ou à l'intérieur même d'une journée. Le sentiment de solitude est quelque chose qui m'accompagne...


Je suis trop anxieuse de nature pour tenir les choses pour acquises. Et je suis très fataliste.

Je suis très fataliste. Je pense que les gens ont le droit de choisir ce qu'ils veulent comme moi j'ai le droit de choisir ce que je veux.

Je suis assez fataliste ! Je me suis suffisamment interrogée pour savoir que les choses qui m'ont le plus coûté sont celles qui ont compté et qui m'ont faite.

De manière générale, je suis effectivement débarrassée de quelque chose par rapport à ce que l'on doit être, et surtout paraître. Ce n'est pas de la sérénité, mais plutôt du fatalisme. Je peux prendre très mal de petites choses, sur lesquelles on peut encore agir. Mais j'accepte les choses inéluctables...

Ce qui doit plaire aux Français, c'est cette sérénité qu'ils croient déceler chez moi. On, a l'impression que j'ai su affronter les épreuves de la vie, pour atteindre une certaine harmonie. Un art de survivre, en quelque sorte... Hélas ! ce n'est pas tout à fait vrai. Je ne suis pas toujours aussi sereine que j'en ai l'air...

Je ne projette pas beaucoup dans l'avenir. Ce n'est pas que j'aime vivre au jour le jour, mais j'ai besoin d'avoir l'impression que les choses se font, que je change, que je bouge, que rien n'est installé, que les choses sont arrêtées, qu'elles peuvent repartir. Il faut toujours que ce soit de l'eau vive pour moi... Sans doute parce que j'ai besoin d'un peu d'insécurité pour fonctionner. Sinon je pourrais peut-être me laisser aller à une espèce de tendance naturelle à contempler, à ne plus rien faire ! J'ai besoin qu'il y ait dans ma vie une certaine inquiétude...

Je n'aime pas le quotidien et j'en ai besoin, pour stabiliser certaines choses. L'horreur de la routine, c'est peut-être aussi la peur de voir repoindre cette mélancolie qui dort au fond de moi.

J'ai envie de garder quelque chose de solide, donc j'ai envie de quelque chose qui ne change pas, mais - et je suis pareille dans la vie - dès que les choses sont installées, ça me fait peur et j'ai toujours un peu la tentation de ruer dans les brancards. Pas du tout par calcul, mais simplement par envie, par besoin même. Ce qui est installé m'effraye et en même temps j'ai envie de sécurité ! En fait, plus précisément, la sécurité que je veux, c'est de savoir que je peux sauter dans le vide et qu'il y a quelqu'un pour me rattraper en bas...

Je préfère l'imprévu, les projets, y compris ceux qui n'aboutissent pas. C'est important la gestation des choses, comme celle des émotions, on ne peut vivre en permanence dans les certitudes.

On m'imagine souvent comme une femme parfaite, sans faille, gérant son temps d'une façon méticuleuse. Malheureusement, je n'y arrive pas mais je ressens le besoin de tendre vers ça. Comme une nécessité intérieure. En fait, je suis en quête d'harmonie.

J'ai l'impression de courir après le temps. Les journées me semblent toujours trop courtes. [...] Je ne vis pas comme un métronome, mais j'essaie de grouper, de rassembler sur un minimum de jours toutes les obligations auxquelles je me dois. Et elles sont hélas, nombreuses ! Mon agenda est toujours bien rempli avec des rendez-vous qui trop souvent se déplacent, s'annulent, se reportent. [...] Lorsqu'on tourne, on est préservée ; on a un excellent alibi pour. refuser des tonnes d'obligations.

J'ai du mal à faire tout ce que je yeux, parce que je suis une personne et pas deux, contrairement à ce qu'on peut croire. Le temps me manque et j'ai du mal à faire que les choses soient un peu harmonieuses.

Je suis toujours préoccupée par le temps et je n'arrive pas à en tenir compte dans ce que je fais. Avec en permanence cette idée de rendre une copie raturée et pas la bonne.

Ce qu'ont dit d'autres personnes...

Je crois que c'est une femme fragile, courageuse et effrayée et qui a plus peur d'elle-même que de n'importe qui. Il me paraît presque évident que l'on ne peut afficher cette sérénité, cet équilibre et cette sorte de détachement amical sans avoir peur. Et si Catherine Deneuve m'a dit cent fois : "Je ne suis pas ceci ou je ne suis pas cela", c'est parce qu'elle ne se sentait ni la force ni l'envie de dire : "Je suis ceci, je suis cela". Et peut-être, en effet, faut-il de l'innocence et de la naïveté et presque une forme de bêtise pour affirmer : "Je suis ceci, je suis cela", et peut-être en effet aussi ce sentiment d'innocence, quelqu'un ou quelque chose le lui a-t-il fait perdre pour qu'elle n'ose pas parler d'elle autrement que dans une forme interro-négative.

Comme Catherine est une fille pudique, comme elle est mystérieuse et n'a pas envie de tout dire, elle a une chance d'être un mythe.
Claude Lelouch

Catherine et moi, on se ressemble. Je suis pudique, elle aussi. D'où la très belle entente même si, de temps en temps, il y eut quelques grincements.
Régis Wargnier, Première 1993

Lorsque Catherine parle de choses personnelles, c'est peut-être "impudique" au bon sens du terme, c'est-à-dire sans pudeur, mais jamais indécent.
Régis Wargnier, Première 1993

[à propos du vouvoiement]
Catherine met cette espèce de distance avec tout le monde. Moi, ça ne me dérange pas. Elle ne tutoie personne, sauf son habilleuse.
Régis Wargnier, Première 1993

Catherine est très peu actrice dans la vie. En fait, elle calcule très peu et préfère se laisser aller, très à l'aise dans certaines situations, très malheureuse dans telles autres. Mais elle ne le montre pas et possède une décence que j'apprécie beaucoup. Elle n'a pas la vanité de son talent. Pour elle, seul le bonheur compte. Tout le reste est dérisoire. Catherine est comme ça.

François Truffaut, Elle

J'aime la façon dont elle semble toujours projeter sur l'écran une double vie, vie apparente et vie secrète. On a l'impression qu'elle garde des pensées pour elle, et que sa vie intérieure est au moins aussi importante que sa vie extérieure.
François Truffaut, Paris-Match 1980

Catherine et le théâtre, c'est une drôle d'histoire. Elle a bien évidemment reçu des propositions de pièces, mais elle les a toujours refusées. Son père était un comédien de théâtre, sa mère faisait partie de la troupe de l'Odéon, sa grand-mère travaillait à l'Odéon, et elle, elle ne fait pas de théâtre. Elle n'en a pas le désir, je crois, ou son appréhension est plus grande que son désir…
Régis Wargnier, Livre "Est-ouest, journal d'un tournage" 1999



Documents associés