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La façon dont j'aime
vivre aujourd'hui est restée la même que celle que j'avais
à 18 ans. [...] Il y a des choses que j'aimais à cet
âge-là et ce sont les mêmes aujourd'hui. [...]
Un certain mode de vie, plus sauvage qu'on ne pourrait l'imaginer,
vivre dans des endroits retirés, la nature... [...] Je suis
une femme très verte (rires)... |
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J'entretiens, par exemple, un rapport assez passionnel
avec la campagne. Il dure depuis vingt ans. C'est un besoin vital,
presque cellulaire. A l'inverse de Paris, le mouvement n'y est pas
nerveux, je marche à mon pas. Le jardin, les plantes, toutes
ces occupations m'apaisent, me font du bien et puis, je vagabonde
énormément. Cette liberté, je la protège
contre tous les emplois du temps. Je crois que c'est la part d'enfance
qui ne m'a jamais quittée. |
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Régulièrement, j'ai un grand besoin
de me ressourcer. J'ai besoin de la campagne, j'ai besoin de la solitude,
j'ai besoin du silence. |
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On me reproche de vivre ce rapport à la
nature de manière trop passionnelle mais pour moi, c'est vital. |
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Je ne suis pas une simple
convertie, mais - je suis assez fière de l'affirmer - une jardinière
passionnée, qui adore rencontrer des spécialistes et
qui est toujours prête à apprendre. Le jardinage est
une science infinie. |
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Moi qui suis une passionnée
de fleurs et de plantes - leur respiration et leur métamorphose
me sont indispensables - je n'arrive pas à entretenir des rapports
sereins avec elles. Nous avons des relations passionnelles. C'est
inévitable. Je les quitte souvent - mon métier m'y oblige.
Lorsque je reviens chez moi, je me jette sur elles, avec mon trop
plein d'amour, comme prise de regrets : avec des élans excessifs
dus à ma mauvaise conscience. Je compense en étant possessive.
Je les baigne trop longtemps. Je les nourris trop. "Tu me quittes,
je m'étiole. Je reviens, je vous dévore". |
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Ca a commencé très
tôt, avec les fleurs, parce que ma mère est une jardinière.
Mes vacances d'enfance, je les passais à la campagne, j'adorais
les bois au printemps, les mûres en été. Me retrouver
dans un jardin, c'est me retrouver dans mon enfance. [...] C'est beaucoup
plus charnel, physique et sensuel. Les formes, les odeurs et les couleurs,
les volumes. J'ai la sensation d'être dans quelque chose de
tellement vrai, et me sentir tellement petite que ça me rassure.
La nature me protège... |
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Il est en effet très
probable que ce soit l'aboutissement d'un rêve d'enfant. Petites,
nos parents nous emmenaient souvent à la campagne pour les
vacances. Nous y étions très heureuses. Vous allez reparler
de nostalgie. Cette fois vous aurez raison. Mon jardin doit évoquer
pour moi la vie familiale. Une certaine nostalgie d'enfance et d'insouciance. |
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Beaucoup de gens ne m'imaginent
pas les mains dans la terre, et pourtant je m'occupe beaucoup de la
maison, et du jardin surtout, que je cultive vraiment. J'avais I'envie
d'apporter mon expérience en botanique, car je connais bien
les plantes, les fleurs, les semis, les périodes de plantation,
de floraison... |
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J'ai un grand jardin très sauvage, plein
de roses anciennes et de buissons odorants. Tout cela fait vraiment
partie de ma vie intime. Un arbre qu'on plante, ça dure. Et
on arrive vraiment à modifier l'apparence des choses. C'est
merveilleux et rassurant de savoir que, sur ce vaste globe, il y a,
comme une petite tête d'épingle, bien ancré au
sol, un coin à vous qui continue de pousser. |
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Dans mon jardin jamais
fini, je me sens totalement épanouie. Je l'ai voulu tel qu'il
est. Je m'en occupe beaucoup. Mes rosiers, je les ai choisis, de même
que mes pivoines, mes iris. |
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Un jardin, n'importe quel
passionné vous le dira, nécessite une attention, un
amour constant. Mais c'est un défi d'orgueil avec la nature
domptée, une beauté aussi dont j'ai besoin. Aucune saison
n'est ingrate pour un jardin qu'on aime. Ici tout me fascine, le sommeil
de l'hiver, l'assoupissement de l'automne, mais c'est l'explosion
du printemps que je préfère. Toute la magie de la lumière
et du ciel. Du vert et du bleu... |
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Un jardin, ce n'est pas
naturel. Il faut quinze ans, vingt ans pour qu'il existe réellement
et semble triompher de la nature qui est pourtant toujours la plus
forte. C'est une lutte presque inhumaine, de chaque jour, contre le
vent, la pluie, les mauvaises herbes. Si on se relâche un peu,
le jardin est aussitôt condamné. |
Catherine Deneuve, citée
dans Voici 1989
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J'aime énormément
les rosiers. Autrefois, il fallait traverser la Manche pour trouver
des variétés anciennes, et pour visiter des jardins.
Je l'ai déjà fait. Mais on trouve depuis plusieurs années
de très bons rosiéristes en France. J'espère
d'ailleurs pouvoir aller visiter un spécialiste de roses anciennes
que je connais depuis vingt-cinq ans. Il est à la retraite,
mais toujours actif. Je me réjouis d'aller voir ses roses à
Pithiviers, cet été. Un amateur de roses doit toutefois
savoir que certaines floraisons sont éblouissantes, mais pour
en profiter il convient d'être là car, souvent, les plus
belles ne fleurissent qu'une fois. Cela dit, un collectionneur de
fleurs est exposé à cent frustrations et à beaucoup
d'exaltation. |
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Je n'hésite pas à prendre
l'avion pour aller chercher une bouture rare, et je fais constamment
de petits voyages en Belgique, en Hollande, en Angleterre ou ailleurs
pour acheter des plants, des graines que j'ai vus dans des revues
spécialisées. |
Catherine Deneuve, citée
dans Voici 1993
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Je fais des choses terribles. Je continue à
chercher des plantes à l'étranger, qui sont à
la limite de la résistance dans la région parisienne,
et j'essaie. Il y a des plantes qu'on arrive à acclimater. |
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J'aurais un goût
particulier pour les arbustes à fleurs, les arbres, car les
fleurs, si l'on y réfléchit, sont plus infidèles...
Elles ne donnent généralement qu'une saison. Si vous
n'êtes pas là durant la semaine de leur floraison, vous
n'avez plus qu'à attendre l'an prochain. A cause de Cannes
et de mon tournage, j'ai raté les pivoines et les iris, et
je ne verrai pas certaines roses cette année. Les arbres, eux,
vous offrent une présence plus durable. Leur volume dans l'espace
aussi me plaît. Un jardin est composé de tant de vies
différentes... les plantes ont toutes leur comportement. Les
arbres, enfin, satisfont encore plus notre besoin de durée.
Leur compagnie n'est pas capricieuse. Elle vous est garantie toute
l'année. Je peux, même l'hiver, compter sur la présence
de mes tilleuls centenaires. Mais dans un jardin, il ne faut évidemment
pas oublier le bouquet de parfums et d'odeurs toujours changeants
selon les saisons, et même selon le temps qu'il fait. Ces mélanges
ont toujours des relents d'innocence, de liberté et de permanence. |
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[La nature] s'embellit en vieillissant. C'est
pour cette raison que j'aime les arbres d'ailleurs. Pas les fleurs,
les fleurs se fanent. Mais les arbres, c'est le contraire de nous
: plus ça vieillit, plus c'est beau. La maturité va
avec un embellissement. |
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J'aime vraiment la nature. Moins les serres. Ce
qui est mis sous verre, c'est un peu comme ce qui est mis sous cloche,
ce sont des choses en danger ou fragiles, qui poussent dans des conditions
un peu artificielles. Je n'ai pas de collection d'orchidées.
Je préfère les vrais parcs, les arbres. |
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Lors d'expositions, par
exemple le Salon de l'agriculture, les visiteurs sont tellement concentrés
sur ce qu'ils sont venus voir qu'ils ne se montrent attentifs à
rien d'autre. Plus il y a de monde, moins je suis dérangée.
[...] Avant la cérémonie de remise des prix des Césars
[...], je me suis précipitée au Salon, que je ne voulais
surtout pas rater. C'était le dernier jour. Certainement pas
l'idéal cour se détendre, car l'atmosphère de
ce genre d'exposition est survoltée, fatigante, mais j'étais
bien incapable de rater l'événement II y avait un monde
fou et pourtant à aucun moment je n'ai été gênée. |
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Je ne suis pas du tout
écolo. Mon goût pour la nature est très égoïste,
et de là à m'engager, je ne peux pas. |
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Je suis aussi la femme
à qui on offre les plus beaux bouquets. |
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Le jardinage occupe une partie de son temps libre
et de ses lectures.



Elle assiste souvent à des manifestations
comme le Salon de l'Agriculture, les Journées des Plantes de
Courson (Essonne), ou des expositions florales en Angleterre, par exemple
à Chelsea.

Catherine Deneuve est la marraine de la rose des
Jardins de Valloires en 1992.

S'il est plus facile de s'adonner à cette
passion dans sa maison de campagne, on note que même son balcon
parisien semble orné de superbes plantes.

Si elle aime beaucoup les fleurs, elle a une affection
particulière pour les arbres, qui sont présents tout au
long de l'année, avec une préférence pour les tilleuls..

Pour lui faire plaisir, rien ne vaut un beau bouquet
de fleurs. Ses préférences : les roses anciennes (surtout
blanches ou pastel), les tulipes, les pensées et les iris.


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