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J'ai débarqué
à 22 ans rue Spontini, où Yves Saint Laurent était
alors installé. C'était fin 1965, et j'avais découpé
dans ELLE la photo d'une robe de la collection de la saison précédente.
Ça a amusé tout le monde, qu'une fille aussi jeune,
presque inconnue, se paie une robe de haute couture et, de surcroît,
un modèle qui avait déjà près d'un an.
C'était un long fourreau de crêpe blanc, avec un plastron
brodé rouge, très slave, très pur, très
strict, que j'ai porté à Londres pour être présentée
à la reine Elisabeth, lors de la Royal Performance. [...] J'ai
continué à aller chez Saint Laurent. Ce qui, pour ma
bourse, était alors quelque chose d'absolument déraisonnable.
N'oublions pas que le prêt-à-porter n'est venu qu'en
69-70. |
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Je suis folle de chaussures
! J'admire les gens qui savent faire vivre les objets. J'aime les
chaussures plates, ballerines Chanel en beige ou en couleurs vives
et les talons... |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
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Pour une femme comme moi, qui a un métier
public, un vêtement est un peu comme une armure qui protège
de l'extérieur et aussi de l'intérieur. Il doit permettre
de ne plus se poser de questions sur son apparence. |
Catherine Deneuve, Source inconnue
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Après les nombreux
coups de téléphone que je dois donner, je choisis ma
tenue. Avant tout pour me faire plaisir et aussi en fonction de mon
emploi du temps de la journée. Le métier de comédienne
m'a enseigné à me préoccuper du résultat
final, global. C'est devenu pour moi comme une seconde nature. Je
ne m'habille jamais n'importe comment. Même à la campagne.
J'ai besoin d'une certaine dose de raffinement. Là encore c'est
une satisfaction personnelle. La mode des années soixante ne
me plaisait pas tellement. J'ai toujours été attirée
par un style classique. |
Catherine Deneuve, citée
dans Jours de France 1988
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Disons que j'ai toujours
eu le goût des tissus, des matières, des objets. A quinze
ans, j'allais chercher mes chemises de nuit aux Puces. Et puis plus
tard, j'ai rencontré des gens comme mon mari, David Bailey,
qui s'intéressait à la mode non pas en tant que mode,
mais en tant que style. Voilà, au fond, c'est le style qui
m'intéresse, le mélange de nonchalance et de goût,
le chic. Visconti et Cecil Beaton, si vous voulez. Ça n'a rien
à voir, enfin, ça n'a pas tout à voir avec les
vêtements. L'élégance vestimentaire vient après.
Il y a des femmes élégantes en marinière et en
pantalon, pas maquillées. Au fond c'est une attitude : tenez,
par exemple, Lucia Bose est quelqu'un de très élégant,
c'est une femme qui a quelque chose de naturel. Elle n'est jamais
apprêtée. |
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Je garde des morceaux
de tissus. Souvent je n'en fais rien, simplement je les regarde, je
les touche, je les admire. Je rapporte des tissus de partout, des
Etats-Unis, du Maroc, des Bahamas, Je les garde dans des placards
qui ne ferment pas. |
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Un vêtement, il
faut d'abord que ce soit quelque chose de voluptueux. Moi, par exemple,
j'éprouve du plaisir à porter des choses doublées
de satin. C'est comme une protection, ça donne une force...
Et puis un vêtement est une façon de dire, de se dire.
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Les jours où ça
va mal, un vêtement n'a aucune importance. Ce sont des jours
à rester en robe de chambre. Mettre une robe, ça n'a
pour moi aucun effet curatif. Même chose pour le maquillage
: la peau est morte, l'il aussi. On ne trompe personne par la
couleur de sa robe. Quand on est éteint, il n'y a rien à
faire. |
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C'est très grave
quand on se trompe de vêtement dans un film. Dans la vie, non,
on peut toujours se rattraper. Mais au cinéma... Saint Laurent,
je m'abandonne les yeux fermés. Mais Saint Laurent ne peut
pas habiller tous les rôles et c'est bien dommage parce que
je ne me suis jamais lassée de mettre ses robes dans la vie
: le matin, l'après-midi et le soir. |
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Avec l'aimable autorisation de Michel Setboun
www.setboun.com
La mini-jupe, c'était
vraiment quelque chose de très laid. Je n'aime pas quand on
bouscule les proportions. Et puis, avouons-le, à part les genoux
de Bardot et de Tippi Hedren dans "Les oiseaux", c'est difficile
de découvrir les jambes des femmes. Mais à l'époque,
on ne se posait pas la question. L'il se fait très vite
à tout... |
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Le plus joli, c'est justement
ce qui cache à peine le genou. Comme la mode d'aujourd'hui,
on vit une époque charmante - du moins de la mode - avec des
vestes très épaulées inspirées par celles
des années 50. Un mélange de classicisme et d'audace.
J'aimais beaucoup aussi la mode des années 30, Madeleine Vionnet. |
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Ce que j'aime ? Eh bien,
les manteaux moelleux, l'alpaga et le poil de chameau. Mais aussi
les tissus secs et masculins, comme le drap. Côté professionnel,
j'ai besoin de tissus qui se tiennent bien ; dans notre métier,
on ne peut pas porter des étoffes froissées. Pour le
soir, je préfère les crêpes et la mousseline,
ou encore les smokings de Saint Laurent (toujours !) "grain de
poudre", une matière très fine, comme une serge,
très souple, d'une couleur très mate, un noir très
dense. |
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Je ne suis pas facile
à habiller pour la bonne raison que je ne suis pas facile à
déshabiller... |
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L'image de la couture
est une chose très symbolique aujourd'hui, ça sert a
drainer beaucoup de choses derrière, mais pour moi qui connais
la couture depuis longtemps et qui m'habille en couture depuis longtemps,
ça reste quand même quelque chose de merveilleux, d'inutile,
d'éphémère et en même temps d'éternel. |
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Ça fait travailler
beaucoup de gens d'une manière très artistique, très
intense, très dynamique. Je trouve ça très, très
bien. On a de très grands artisans en France. |
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Yves Saint
Laurent





Jean-Paul
Gaultier



Louis Vuitton

Gilles
Dufour

Céline


Remise du prix de la mode italienne
(2000)

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