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La seule chose qui compte véritablement, c'est la beauté. Mon premier vœu serait d'être belle. Je sais que je suis jolie, mignonne, mais je ne suis pas belle.

Ce que j'appelle, moi, la beauté, c'est quelque chose d'inaltérable, quelque chose qui se dégage de certaines personnes, de certains visages, quel que soit leur âge. J'aime la beauté que l'on peut trouver dans des visages qui ne sont pas forcément gracieux. Ce n'est pas lié à la jeunesse, à la fraîcheur de la peau. Mais plus à une certaine architecture de traits, à une certaine finesse, à une certaine élégance. J'aime bien, chez les femmes, les nez assez longs et assez fins, j'aime bien les fronts grands et bombés, j'aime bien que le cou soit très détaché... Disons que je suis sensible à certains traits esthétiques purs qui donnent au visage une espèce de noblesse. C'est ça, pour moi, la beauté...

Un cadeau et un danger

Je déteste les gens qui s'extasient sur le physique des enfants. Si une petite fille est jolie, elle n'y est pour rien, il est inutile d'en rajouter, je trouve ça très injuste et cruel par rapport aux autres.

Mes sœurs et moi étions plutôt jolies, je crois. Ma mère est belle. Nous n'avons pas été élevées avec l'idée que la beauté est une qualité. C'était plutôt un sujet dont on ne parlait pas. Il y avait sans doute trop d'admiration de la part de mon père pour que ma mère ait envie d'en rajouter. Elle devait penser que cela suffisait comme cela.

Jj'ai toujours ressenti la beauté physique comme un danger. Même étant enfant. Tout ce qu'on pouvait prêter à quelqu'un sous prétexte qu'il était séduisant... Peut-être que je m'en méfie parce que j'ai été élevée dans la religion catholique où l'on sait que le Diable peut prendre les apparences les plus trompeuses !

Le danger pour les jolies filles est de devenir paresseuses parce qu'elles sont très gâtées. J'ai eu des années de ce genre, des années de "Belle au Bois Dormant", mais on peut aussi être jolie et ambitieuse. Ne pas se contenter d'être uniquement jolie. Si on dort trop longtemps, on ne peut plus récupérer une rigueur, une exigence. Dans ma famille, on était quatre filles, et l'on ne pouvait pas dormir sur sa beauté qui n'était pas une valeur. J'ai été élevée dans l'esprit de ne pas dire aux enfants qu'ils sont beaux. Ils n'ont pas à s'en vanter, c'est un cadeau.

La beauté est un privilège qui a des inconvénients. La beauté rend les autres possessifs. Mais c'est tout de même un privilège. Et c'est aussi la plus grande injustice du monde. C'est un privilège abominable en quelque sorte.

Belle, moi ?

La beauté est un grand mot. Je dirais qu'à 16 ans j'avais un physique qui m'a permis de débuter ma carrière. Est-ce un atout ? Sans doute. Dans la séduction sûrement ! J'ai beau dire, je suis sure que cela a été important. Le charme, la séduction, c'est le contact le plus immédiat, le plus évident... même pour les gens moins beaux. C'est à travers une certaine sorte de séduction que l'on essaie d'exister dans le regard des autres. Mais ce n'est pas suffisant... Il n'y a rien auquel on s'habitue plus vite que la beauté.

Je ne considère pas que je sois belle. Jolie peut-être, mais non pas belle. La beauté, ce n'est pas moi, c'est autre chose.

Si je me trouve belle ? Non, sûrement pas. Je me vois 365 jours par an, il est impossible que je me trouve belle ; jolie, oui, et encore pas tous les jours. Enfin, disons que je suis jolie. C'est ma sœur qui était belle, Françoise. C'était une star. Elle avait deux ans de plus que moi, elle me disait toujours qu'il n'y a que les stars qui sont vraiment belles.

Je suis obligée de reconnaître qu'il y a un peu de vrai dans ce qu'on dit mais je ne me vis pas ... comme quelqu'un de beau. En plus, la beauté, ce n'est pas mon genre... Je me trouve jolie mais je ne me trouve pas vraiment ce qu'on appelle belle. Sauf oui, parfois, en photo ou dans une scène d'un film. Un moment fugitif.

Une discipline de tous les instants

Un physique, un corps, ça se gère. C'est un capital. Quoi qu'on en dise, un film passera toujours par un visage, des yeux, une voix. Dans les films comme dans la vie, son physique pour une femme peut devenir une source de complication et de ruine si elle n'évolue pas avec lui. On n'a pas à 45 ans la même forme de beauté qu'à 25. Il faut trouver un caractère, une personnalité qui vous permettent de supporter le regard des autres. C'est plus dur si on a été jolie.

C'est embêtant de devoir faire attention à son physique quand on a été très gâtée, comme moi, par la nature. C'était agréable de ne pas avoir à y penser. J'avais l'habitude de me préparer très vite. Aujourd'hui, c'est un peu plus long et... ça m'embête ! Ca m'embête d'être obligée de me pencher un peu plus là-dessus au moment où, justement, j'en aurais moins envie, et de penser, par exemple, davantage au sommeil...

On croit que chez moi, c'est comme une seconde nature. Eh bien, pas du tout. C'est une discipline qui me gâche la vie.

Je ne sais pas, mais il faut lutter. Il faut lutter pour tout, pour ne pas avoir sommeil, pour résister à l'envie de manger une chose qui vous fera du mal, pour travailler. La vie est une suite de tentations, d'enjeux, d'embûches. Il faut lutter pour faire les choses et pour ne pas les faire.

Maintenant, on dit : "Elle est encore belle". La beauté, c'est comme les compliments, on aimerait bien qu'ils soient dits sans trop qu'on vous en parle ! Cela ne fait pas avancer. Une fois de plus, c'est un sentiment ambigu qui fait à la fois peur et plaisir.




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