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Les hommes
Je suis toujours frappée de voir à
quel point les hommes, les hommes qui travaillent, ont l'air beaucoup
plus disponibles et concentrés à la fois dans leur travail
et dans leur vie. C'est un des seuls avantages que je leur connaisse,
celui d'être entièrement libérés de tout
le quotidien de la vie. Et c'est un énorme avantage pour faire
ce dont on a envie. |
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Comment peuvent-ils préférer
d'autres choses - ce n'est même pas d'autres femmes -, préférer
leur réussite professionnelle à leur vie affective ?
C'est ça, le vrai divorce entre les hommes et les femmes. Il
y a peu d'hommes qui sont de grands amoureux. J'en ai connu, j'en
croise parfois, j'en vois, je les admire beaucoup, mais c'est rare.
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Les hommes sont souvent désarmés
par une violente passion amoureuse. C'est quand même moins leur
histoire, ils sont moins formés à la supporter parce
qu'ils sont plus pris par ce qu'ils font que par ce qu'ils sont. |
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Le physique pour moi,
chez un homme comme chez une femme, c'est quelque chose d'important
et en même temps de complètement secondaire. |
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Je suis très sensible à la gentillesse
chez les êtres en général et donc chez les hommes
en particulier. |
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Je suis très sensible
à leur douceur, à leur générosité,
et même à une certaine féminité, enfin
disons à une sensibilité féminine. |
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La virilité ? Je
ne sais pas très bien ce que c'est. J'apprécie la tendresse
et la gentillesse. Pour moi, c'est très important. C'est une
qualité de cur. Et comme telle supérieure à
une qualité de tête. Les qualités de tête
peuvent bluffer les autres, permettent de "faire bonne impression".
Mais on ne peut pas faire semblant d'être généreux.
Or quand on vit avec quelqu'un... |
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Non, je n'en veux jamais
à un homme que j'ai aimé. Tous les hommes que j'ai eus
dans ma vie sont uniques et irremplaçables. |
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Les femmes
[A propos de la condition des femmes]
J'ai une situation privilégiée : j'ai beau me sentir
femme et très femme, je vis un peu comme un homme, dans la
mesure où je travaille, où je me débrouille
et où mon enfant dépend de moi seule. Pourtant, j'ai
mes idées sur ces problèmes : je suis plutôt
pour la femme soumise. Ceci posé, les femmes ont certaines
aspirations qui m'intéressent, et que je trouve normales,
d'autres puériles et dérisoires qui me mettent hors
de moi, telles les revendications sur le plan de l'égalité.
L'égalité entre un homme et une femme, c'est un mot
vide de sens, qui ne veut rien dire ; en revanche, quand une femme
veut toucher le même salaire qu'un homme pour le même
travail, je trouve cela absolument normal.
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Je veille à tout,
j'organise et c'est difficile, éreintant. Partir faire un film,
c'est un déchirement de quitter ceux que j'aime, mais ça
peut être aussi une libération momentanée de trop
de responsabilités matérielles. Je ne suis pas une féministe
acharnée, mais j'aime les femmes et je reconnais leurs difficultés.
Une femme manque toujours de temps... |
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J'assume les difficultés particulières
d'une génération de femmes qui ont encore besoin de
s'affirmer pour acquérir la place qui leur revient mais, c'est
intéressant de lutter, de conquérir cette place. Dans
vingt ans - il faut le temps d'une génération complète
- (elle réfléchit les yeux levés), j'aurai...
cinquante ans. Ça ira, je verrai, je l'espère, une époque
où les relations humaines - surtout les rapports hommes-femmes
- auront sans doute complètement changé. C'est évident
qu'ils doivent changer. |
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La vie d'une femme est un peu comme une montagne...
avec deux versants. Lorsqu'on est arrivé en haut d'un versant,
il faut savoir redescendre l'autre. Je présume que ce n'est
pas toujours facile |
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Les femmes ont plus de temps pour penser et qu'elles
pensent plus à l'amour que les hommes. Ça fait davantage
partie de notre vie de façon essentielle. Je crois que c'est
une grande supériorité que nous avons sur vous. |
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Le propre des femmes -
pour qui seul compte l'amour, le reste étant accessoire - est
de toujours parler entre elles des hommes. L'inverse n'est pas vrai. |
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[Les femmes ont plus le sens de la dérision
parce qu'elles] sont confrontées, par leur état et par
leur situation, à un quotidien qui les ramène tout le
temps à des choses réalistes. Alors qu'un homme peut
être maintenu dans une irréalité professionnelle
qui entretient des relations fausses avec la vie et avec les gens.
Il y a des femmes qui ont envie de pouvoir, et je ne pense pas que
ce soit une chose négative, mais dû fait qu'elles ont
des relations beaucoup plus réelles avec les êtres, les
enfants et la vie tout court, les femmes sont beaucoup plus protégées.
Oui, je trouve les femmes plus harmonieuses. |
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Il n'y a rien de plus terrible que de se dire
: un jour, je ne serai plus désirée physiquement. Qu'on
soit un homme ou une femme, d'ailleurs. Mais une femme se pose la
question beaucoup plus tôt qu'un homme. On est une vieille dame
le jour où l'on n'est plus séduisante. Ou plutôt
désirable. |
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J'ai des amitiés
si fortes avec certaines femmes. Aussi importantes que mes relations
avec les hommes. Je leur demande les mêmes qualités.
La différence, c'est que, bon, j'ai parfois envie d'embrasser
les hommes, mais pas vraiment d'embrasser les femmes. |
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Avoir des enfants sans se marier, je ne me rendais
pas compte à quel point ça pouvait être choquant.
Pour moi, c'était tellement évident. Maintenant on a
l'impression, parfois, pour certaines femmes, que faire des enfants
seule est une façon d'affirmer une indépendance à
peine conquise. Ça, ça me choque énormément.
Je trouve que c'est vraiment une perversion de la liberté.
Je trouve ça terrible. |
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Envisager d'avoir un enfant seule me semble une
déformation. Faire un enfant pour soi, concevoir un enfant
qui ne connaîtra jamais son père, c'est lui donner peu
de chances d'avoir une vie équilibrée. Moi qui ai déjà
eu des enfants que j'élève seule, qui connaissent leur
père mais avec lequel ils ne vivent pas, ça pose malgré
tout des problèmes. Pas à moi, mais à eux, j'en
suis sûre. |
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[à
propos du fait d'être une icône pour les gays]
Je le sais d'autant plus que je suis très plausible en lesbienne.
J'aime tellement les femmes, je suis très affectueuse avec
elles. Alors, oui, je suis plutôt flattée, c'est un phénomène
de groupies, et puis voilà. Mais ça me gêne un
peu : je me dis que dans la vie réelle, il y aurait un petit
malentendu. |
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Je suis très amie
avec les femmes mais je n'ai pas de goût amoureux pour elles.
J'ai des amis homosexuels et, en les observant, j'ai bien vu qu'aimer,
que ce soit un homme ou une femme, c'était pareil. Mais je
dois reconnaître que cela m'apparaît encore contre nature,
pour moi qui idéalise tant le rapport homme-femme-enfant. |
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Je crois que dans la vie,
ça arrive, des hommes qui sont émus par d'autres hommes
et qui ne se décident pas ; de même que je pense que
ça arrive à des femmes. Ça reste encore très
très très marginal pour l'instant mais je suis sûre
que ça existe. Je crois qu'on n'a pas toujours le courage de
le faire ni le courage de s'assumer ce qui est normal, parce que la
société n'est pas encore prête non plus tout à
fait. |
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Je reconnais que j'ai
un petit peu de mal à imaginer des enfants élevés
par deux hommes, ou bien par deux femmes. Ça ne me paraîtrait
pas être la base du meilleur équilibre pour eux, parce
que ce n'est ni mon modèle, ni mon idéal. En même
temps, on peut se dire qu'un enfant s'en sortira toujours pourvu qu'il
reçoive beaucoup d'amour et d'attention, et pourvu que ses
"parents" sachent lui apprendre la confiance... |
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