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Ce qui me plaisait et que je cherchais
dans ses images, c'était leur côté double. Elles
sont à la fois féminines et masculines, dures et tendres.
Tendres, sans mièvrerie, pleines d'une douceur qui n'est jamais
condescendance, ou mollesse. Elles possèdent aussi une certaine
dureté, qui n 'est ni amère, ni gratuite, ni méchante.
Et puis elles montrent des visages très forts, sans que le
corps soit escamoté pour autant. |
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Je n'aime pas exhiber mon corps.
Parmi toutes les photographies que Bettina a prises de moi, au cours
des années, mes préférées demeurent les
plus évidentes : les plus classiques. Ce sont des portraits
très purs, mais en même temps " charnels ",
qui dégagent une impression très physique. C'est assez
mystérieux. |
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Ce qui me touche beaucoup dans les
images de Bettina, c'est qu'elles me paraissent des photos de chair,
de peau, et rien de plus, davantage que de simples nus, et, dans tous
les cas - qu'on y voit un décolleté ou que le modèle
soit entièrement dévêtu - avant toute chose, des
photos. |
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Les images de Bettina
témoignent d'un climat de confiance formidable. Chez elle,
les femmes semblent toujours consentantes ; elles ont accepté
de se livrer, elles jouent le jeu, elles paraissent presque s'amuser.
On voit bien que l'objectif n'a rien pris au hasard, ne leur a surtout
rien volé. Bettina obtient ce qu'elle désire sans qu'il
y ait viol. |
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La qualité
essentielle des photos de Bettina c'est peut-être qu'elles renvoient
à quelque chose que l'on avait pressenti, deviné, imaginé,
mais jamais saisi totalement : elles nous font découvrir d'indéniables
évidences. |
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Bettina Rheims s'installe dans la photographie
à la fin des années 80. Depuis son premier travail - des
nus de strip-teaseuses foraines - elle se consacre à l'exploration
des femmes et des gens dans l'état du devenir. Lauréate
du Grand Prix 1994 de la photographie de la ville de Paris, elle a réalisé
en 1995 le portrait officiel du Président de la République
française.
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