|
Mes goûts, je n'en sais rien. Je suis comme
tout le monde, si je regarde une émission de Pivot et que je
vois quelqu'un d'intéressant, c'est certain que j'ai envie
de le lire. La musique, c'est un peu pareil. Je n'ai pas de goûts
définis. |
|
Pour moi, il n'existe
pas de bon goût. Il y a du goût. Je suis plus sensible
au goût personnel de quelqu'un, qui compte beaucoup pour moi,
qu'à la notion de bon goût. Il est défini par
les experts et pas par moi. Je respecte aussi très fort les
goûts des autres, même si ce ne sont pas les miens. En
ce sens, je suis très libérale. |
|
Quand on réussit, il est plus facile d'avoir
le courage de ses goûts. Je ne sais pas si j'aurais pensé
de la même façon en étant une femme vraiment seule,
qui ne travaille pas ou qui n'a pas une assurance de ressources. Pour
une femme, la liberté matérielle c'est une grande liberté,
qui ouvre beaucoup l'esprit. |
|
Désir
: c'est le mot que je préfère dans la langue française.
Il est plus long en italien, desiderio. J'aimerais qu'il le soit assez
pour composer toute une ligne. Il dessine pour moi un fonctionnement
essentiel. Le mécanisme de base. |
|
Ma saison préférée,
c'est l'été. Le début de l'été.
Parce que les jours sont plus longs et que je suis toujours obsédée
par le temps. Plutôt par le manque de temps. Et ce que j'aime
dans l'été, en plus de la beauté de la végétation,
c'est ce miracle : 18 heures sur 24 de lumière ! Et d'une lumière
souvent très belle. J'ai toujours été très
sensible à la lumière... |
|
Littérature

Quant aux livres, si je
n'en emportais qu'un seul, ce serait "Les Mémoires"
de Groucho Marx. Très tonique. |
|
J'ai beaucoup aimé
: Jean Rhys, Doris Lessing, "Cent ans de solitude", de Gabriel
Garcia Marquez, Henry James, Barbey d'Aurevilly, et surtout "Au-dessous
du volcan", de Malcolm Lowry (j'adore le personnage du Consul)
et "Belle du Seigneur", d'Albert Cohen. |
|
Editeurs : Editions de Minuit,
Christian Bourgois, Bouquins, Folio, Editions des Femmes
Auteurs : Karen Blixen ("Une
ferme africaine"), Doris Lessing ("Le carnet d'or"), Sylvia
Plath ("Letters home", "La cloche de détresse"),
Lovecraft, Ambrose Bierce, Salinger ("L'attrape-cur).
Peinture

C'est comme si on me demandait
quel peintre je préfère, je ne peux pas répondre.
Ce que je sais, c'est que j'aime la peinture. |
|
"Les Nymphéas" de Monet
"Les Saltimbanques" de Gustave Doré
Matisse
Jim Dine
Photographie

Catherine Deneuve est très intéressée
par le travail de nombreux photographes, et en particulier par celui de
Tina Modotti (1896-1942), qui a suivi la révolution mexicaine.
Cinéma

"La nuit du chasseur"
est un de mes films préférés. II évoque
tant de choses sans jamais rien rappeler. Je le regarde régulièrement.
On pense à Lewis Carroll. Surtout dans les scènes filmées
en caméra subjective avec le regard d'un enfant qui a peur...
|
|
[à propos de "La
nuit du chasseur"]
Je me souviens que la première fois que je l'ai vu, j'ai été
frappée par ces images très fortes, par ces silhouettes
découpées comme des ombres chinoises. J'aime la gravité
du film aussi. Je crois que ce qui me plaît surtout, c'est ce
côté à la fois extrêmement noir et très
enfantin. On dirait un de ces contes de fées qu'on lit aux
enfants et qui font rêver autant qu'ils font peur. |
|
C'est clair que Welles
["La splendeur des Amberson"] est l'un des plus grands cinéastes.
Je peux revoir ses films toujours avec la même intensité,
même à la télévision. |
|
En ce qui concerne "Le
fleuve", c'est peut-être parce que je l'ai découvert
assez tard. Du coup, c'est pour moi comme le point d'orgue du travail
de Renoir, des films de lui que j'avais vus avant et que j'aimais...
|
|
C'est impossible de s'arrêter
à trois cinéastes, alors qu'il faudrait pouvoir en citer
plein d'autres : Kazan, Mankiewicz, Hitchcock, Rossellini... La liste
pourrait être longue. Et en plus, ce n'est pas très original
: ce sont des goûts de cinéphile... Mais j'aime aussi
les films d'horreur - enfin, s'ils ne sont pas trop gores ! |
|
J'adore les mélos
parce que ça change de la vie, de la réalité,
ça sublime l'amour, la souffrance. J'aime les films de vampires,
les films policiers... |
|
Je suis capable d'aller voir un tout petit film
indépendant qui se joue dans une seule salle à midi
et la même semaine un gros machin, par exemple un film de Tim
Burton que j'adore, dans une grande salle de la place d'Italie. |
|
Je revois les films
à la télévision, surtout la nuit. Ça me
stimule pour découvrir des choses nouvelles. Quand je revois
"Le Journal d'un curé de campagne" de Bresson, un
film que j'aime énormément, ça me donne envie
d'en revoir d'autres, "Mouchette" par exemple. Ça
relance mon désir de cinéphile. |
|
J'ai adoré "La
leçon de piano", j'ai eu la chance de le voir très
tôt, en projection privée. Je l'ai donc vu avant qu'on
en parle beaucoup : la surprise, le choc, ont été d'autant
plus grands. J'apprécie énormément les films
de Jane Campion. J'ai beaucoup aimé "Sailor et Lula".
D'ailleurs, je l'ai préféré à "Blue
Velvet". Quant à "Barton Fink" c'est un film
qui, sur le moment, m'a beaucoup touchée. |
|
[Les
films qui la font chavirer]
"La fièvre dans le sang", d'Elia Kazan. Pour la violence
des émotions, la folie du sentiment amoureux
L'idée
qu'on peut devenir fou dans une société contemporaine
à cause d'un chagrin d'amour. J'adore aussi "La nuit du
chasseur", de Charles Laughton, et "La splendeur des Amberson",
d'Orson Welles. |
|
Comédies musicales : "Tous en scène",
"Chantons sous la pluie"
Musique
J'adore la musique, je
ne peux pas m'en passer. |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
|
Je me rends compte que
le temps se rétrécit et que c'est la musique qui a été
la plus brimée. J'arrive encore à aller au cinéma,
mais la musique a souffert. En fait, j'écoute beaucoup la radio
en voiture, essentiellement la F.M. |
|
J'avais envie de voir
Prince [au Zénith], par une vraie curiosité. J'aime
beaucoup ce qu'il fait. Pour moi, c'était naturel d'aller le
voir sur scène. Et même si je n'ai pas pu manifester
mon plaisir physiquement comme le reste de la salle, j'étais
très contente d'être là. Je n'ai ressenti aucune
distance. |
|
Variété : Julien
Clerc ("Ma préférence"), Serge Gainsbourg ("La
ballade de Johnny Jane"), Alain Souchon ("P'tit Bill"),
Joe Cocker, Randy Newman ("Short people"), The Rolling Stones
("Angie"), Elvis Presley ("You don't have to say that you
love me"), Elton John ("Good bye yellow brick road"), Paolo
Conte ("Via con me"), The Cure ("Six different ways"),
Sinead O'Connor ("Jerusalem"), Prince ("Pop life"),
Siouxie and the Banshees ("Peek a boo"),
The The ("August and September"), Julie London ("Cry me
a river"), Phil Collins ("Against all odds"), Jane Birkin,
Bette Midler, Ray Charles
Musique classique : Mozart (Requiem), Chopin (Valses), Bartok (Danses
roumaines), Tchaïkovski (Casse-Noisette), Beethoven (Sonate Pathétique),
Bach
Parfum

Son parfum de cur, c'est "L'Heure
Bleue" de Guerlain, mais elle apprécie aussi la collection
de Serge Lutens, "Lys Méditerranée" chez Frédéric
Malle, "Bois d'Iris" de Different Company, "Tubéreuse
Criminelle" de Shiseido, et "Sables" d'Annick Goutal.
"L'Heure
Bleue" de Guerlain a été la première sophistication
esthétique. Je suis une femme Guerlain, fidèle à
Saint Laurent. J'aime les fleurs, particulièrement les roses
et l'odeur des iris. Je porte souvent "Paris" et le dernier
parfum d'Yves Saint Laurent, dont l'odeur fruitée me plaît
le soir à la campagne. J'aime les créations Shiseido
du Salon du Palais-Royal : "Ambre Sultan", "Rose de
Nuit", ainsi que le parfum "Sables" d'Annick Goutal,
une belle odeur d'été... |
|
Le parfum aussi accompagne chaque instant de
ma vie. Dans mes cheveux, sur ma nuque, à l'intérieur
de mes vêtements..., comme un fil conducteur. J'oublie plus
facilement de prendre mes lunettes ou mes clés que de me parfumer.
Ou alors, c'est que je suis très déprimée. |
|
Dès mes dix-sept
ans, qu'est-ce que j'ai voulu porter ? "L'Heure Bleue".
Je crois qu'un parfum doit être capiteux ou rien. J'entends
par capiteux, non pas un parfum lourd, mais celui qui déclenche
l'idée de féminité. Porter un parfum, c'est vouloir
développer son idée de plaire. [...] On doit s'en "enrober".
Il y a des robes subtiles... En Amérique, le parfum, c'est
une protection et une arme. En France, c'est un langage. Le parfum
dit avant nous ce que l'on aimerait dire. |
Catherine Deneuve, Marie Claire
1989
|
Le parfum, je le vaporise
dans mes ourlets. Ou je le pose en petites touches sur mes doublures.
A l'intérieur. Et si je me sens dépressive, je n'ai
pas envie d'en mettre ! Parce que, je suppose, je n'ai pas envie de
plaire. Pas envie de "parler". Mais on pourrait penser,
que, justement, c'est le moment d'en mettre... |
|
Trop net le lys. Trop
monolithique ! Je préfère le pois de senteur. C'est
délicat et fort. Faussement fragile. Ça annonce que
l'été est bien là : j'adore. |
|
Gastronomie

De plus j'avoue que je
suis très gourmande, j'adore manger. J'aime tout, c'est dramatique.
D'abord la cuisine française, bien sûr, la meilleure
au monde, mais aussi les cuisines exotiques : chinoise, italienne,
indienne, tout ! |
|
Pour la cuisine, j'aime les cuisines française,
italienne, asiatique... |
|
Salades, fraises, carottes,
pommes de terre de Noirmoutier sont mes légumes préférés
J'aime planter des groseilliers à fruits rouges et blancs,
des framboisiers à fruits roses et blancs et même des
myrtilles ! |
|
Un
péché mignon qui touche à la gourmandise. Tout
ce qui se mange avec une cuillère, les crèmes, les mousses,
les purées, les bouillies, ce qui est doux au goût, presque
liquide. |
|
Je
bois beaucoup d'eau en dehors des repas mais, à table, je préfère
boire un verre de vin que trois verres d'eau... |
|
J'aime le vin ! Nous avons
tous des vies tendues. Le bon vin délasse, rend les gens gais.
Sauf si l'on en abuse, bien sûr. Pour moi, le vin est inséparable
des amis, du partage d'un moment chaleureux. C'est le ruban indispensable
de la convivialité. [...] Ma prédilection va aux bourgognes.
Parce qu'ils allient amplitude et finesse, mais aussi parce que leurs
noms me font rêver. |
|
On ne parle presque jamais de la couleur des vins.
Pour moi, c'est essentiel. J'ai remarqué un jour que les grands
vins avaient une couleur particulière, très profonde.
Si bien que maintenant, je les reconnais presque à la vue.
Ce ne sont pas des nuances rubis, comme on le dit souvent : le rubis
brille, mais il est transparent. La couleur d'un grand vin, c'est
pour moi celle des pétales des pensées pourpres. Un
rouge dense, vivant comme un velours. |
|
Moi, de temps en temps, j'adore ça [l'alcool].
Je bois deux, trois whiskies comme ça, pendant une semaine,
dix jours, quinze jours, ça m'enlève ma timidité,
ça me rend très gaie. Je trouve tout facile, agréable,
léger. Je me sens sure de moi. Enfin ! Cela dit, quand je dis
que je bois, c'est un petit peu exagéré. Je m'arrête
quand je veux et il y a des mois entiers où je ne bois pas
une goutte d'alcool. Mais il y a des soirs, on ne sait pas pourquoi,
grâce à lui, on parle, on s'amuse comme des fous. |
|
C'est si bon de se retrouver
avec des amis pour partager un vrai repas. On parle. On boit. On boit
même un peu trop
Pour moi, l'eau n'est agréable
que lorsqu'il fait très chaud et qu'on a très soif.
Sinon, c'est fade. |
|
Vêtements

Il est évident
que j'adore les vêtements. Pas forcément pour les porter.
Je peux en acheter pour la couleur ou la beauté des matériaux,
et ensuite les regarder sur des cintres... J'aime aussi les chaussures
que je collectionne depuis toujours, en vraie fétichiste. Les
escarpins donnent une si jolie démarche... et l'envie de croiser
les jambes... Cela dit, m'habiller tous les soirs serait une vraie
corvée. J'aime tellement me retrouver en pull trop grand et
chaussures plates. |
|
Pour une femme comme moi, qui a un métier
public, un vêtement est un peu comme une armure qui protège
de l'extérieur et aussi de l'intérieur. Il doit permettre
de ne plus se poser de questions sur son apparence. |
Catherine Deneuve, Source inconnue
|
Le soir, j'aime montrer mes épaules, mon
dos... J'aime le luxe des accessoires, les bijoux, surtout les bijoux
anciens. |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
|
J'aime presque toutes les couleurs et encore plus
les tons francs : le vert, le jaune et le rouge qui va si bien aux
blondes. |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
|
J'aime le sens du confort, en jean avec un bon
pull. Je le porte en ville, l'été avec un chemisier,
ou l'hiver avec un polo. |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
|
Je connais Yves St-Laurent
depuis une quinzaine d'années, explique Catherine et je ne
me suis jamais habillée chez un autre couturier. En tant qu'actrice,
je ne veux pas porter de choses "mode" et j'adore ce que
crée St-Laurent, son originalité classique. Comme Chanel,
St-Laurent est unique, à sa façon, il l'a remplacée,
il est au-dessus de tout. |
|
Tous mes vêtements
ne sortent pas de chez Saint Laurent. Il est d'autres couturiers que
j'estime et admire. Je ne m'habille pas comme dans les journaux de
mode. Il m'arrive de porter une veste de Saint Laurent, un pantalon
de Roméo Gigli, une chemise de Michel Klein, ou une robe d'Alaïa,
et un sac Chanel. Il est vrai que ma grande base, c'est plutôt
Saint Laurent, mais je peux aussi porter un blue-jean avec un grand
manteau long de Jill Sander, même si ça n'est pas l'image
que j'ai de moi, et pas non plus celle que l'on a de moi. |
|
Le luxe fait partie de
ma vie, oui. Mais je ne suis pas prisonnière de cet univers.
S'il est vrai qu'on peut me croiser, au hasard d'une première
ou d'un spectacle, habillée en Saint Laurent, il est tout aussi
vrai qu'on peut me rencontrer, un autre jour, à la table d'un
restaurant chinois de Belleville, dînant tranquillement en famille.
Et je serai peut-être encore habillée en Saint Laurent
! |
|
Mes lunettes noires ? Elles me permettent de regarder
les gens tranquillement. Illusoire ou non, elles sont là comme
une voilette, une sorte de paravent, pour me protéger. |
Catherine Deneuve, Madame Figaro
1989
|
Je ne déteste
pas, parfois, les accessoires un peu insolites. J'adore les chapeaux,
mais je n'ai pas souvent le courage d'en porter, car cela conditionne
tout le reste, c'est compliqué. D'ailleurs, des photos de moi
avec un chapeau sur la tête, on peut les compter sur les doigts
d'une seule main. |
|

|
|