Sa vie / Biographie / De grands bouleversements (1965-1974)
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Quand on me demande de faire un peu "le point" parce que je suis une jeune femme de trente ans, j'éclate de rire. Car je n'ai jamais quitté mon adolescence ! Et j^ai l'impression que je ne la quitterai jamais ! Je vis beaucoup sur mes souvenirs d'enfance, sur le passé. Et je présume que ce n'est pas l'attitude que l'on attend d'une personne "adulte".

David Bailey


Le seul que j'ai épousé - et dont j'ai divorcé d'ailleurs - David Bailey, j'ai vraiment eu le coup de foudre pour lui. On s'est mariés en moins de quinze jours. J'avais vu des photos qu'iï avait faites et que je trouvais extraordinaires. Aussi, quand on m'a demandé de poser pour un magazine américain en me laissant le choix du photographe, j'ai demandé que ce soit lui... Ce magazine c'était "Play Boy" et les photos devaient être très "sexy". Je me demande encore comment je me suis laissée convaincre de faire ça ! C'est peut-être la seule chose que je regrette dans toute ma vie. C'est vrai, je n'ai jamais de regrets, mais là, non, c'était trop bête... Donc, ce garçon qui est devenu mon mari, j'étais presque nue la première fois qu'il a posé les yeux sur moi... C'était d'autant plus faux comme situation que je déteste la nudité. C'est le contraire de l'érotisme.

J'ai beaucoup changé depuis que je l'ai épousé. David m'a défendu de me couper les cheveux parce qu'il aime les femmes aux cheveux qui flottent et qui respirent. Il m'a appris à étudier mon visage pour le bien connaître, pour l'améliorer. Il m'a fait changer de tailleur
Catherine Deneuve, citée dans Ciné Revue 1967

Etaler ses états d'âme est indécent. Catherine Deneuve, vedette de cinéma, est un personnage public ; mais elle a droit à une vie privée. Je ne renie pas Dave. Un amour aussi fervent ne s'oublie pas, même si nous l'avons inconsciemment détruit : peut-être par excès de jeunesse, par manque de maturité ? Ma confidence s'arrête là. L'amour s'apprend, souvent au détriment de ceux qui l'éprouvent ensemble. La vie, elle aussi, s'apprend. C'est une éducation de longue haleine. Je veux trouver le temps de vivre. De vivre une vie dans laquelle Dave aura toujours sa place : celle qui revient au plus tendre de vos amis.

Je suis incapable d'expliquer ce qui m'a pris lorsque j'ai épousé, à Londres en 1965, le photographe David Bailey. Je n'ai pas tardé, il est vrai, à demander le divorce. Mais ce mariage, pourquoi ?... Ce ne fut pas un "gag", comme je l'ai entendu dire : j'y avais consenti et, par conséquent, bien réfléchi, d'abord. Ce ne fut, peut-être qu'un élan, une impulsion ou encore autre chose que j'ignore...


Je ne suis pas hostile au mariage, disons qu'il ne m'a jamais intéressée. Et aujourd'hui, je serai catégorique : il ne m'intéresse plus du tout, mais alors plus du tout. Quant à ce mariage-éclair de 1965 avec David Bailey, ce ne fut pas un gag, plutôt un élan, une impulsion. On a raconté pas mal de sottises là-dessus. Ainsi, je me serais mariée en blue-jean. Rien de plus faux. Je me suis mariée en robe. Pas en robe blanche, mais en robe noire. Et ce détail a choqué beaucoup de gens. Il paraît, allez deviner pourquoi, que le noir n'est pas une couleur. Avec le blanc, c'est cependant ma couleur favorite.

Dans les conditions où je vivais avec David Bailey, nous pensions, et surtout lui, que le mariage serait une façon pour nous de nous retrouver encore plus sûrement. Et puis je me suis aperçue que non et pour moi, à moins d'avoir des opinions religieuses extrêmement précises ou vraiment de croire au mariage comme à une valeur sure, je n'en vois pas la nécessité. Je trouve que l'on devrait apprendre aux enfants que l'on a un père et une mère et qu'un père et une mère ne sont pas forcément des gens mariés.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Françoise Gerber 1981

Il savait très bien séparer le travail et nos relations. On a surtout fait ensemble des photos de mode et tout se passait de manière incroyablement professionnelle, avec toute une équipe autour de nous : stylistes, rédactrices de mode... On travaillait toujours dans un studio qui était extérieur à la maison que nous habitions à Londres. Les séances de photos étaient amicales comme lorsqu'on travaille avec quelqu'un qu'on connaît bien, mais en aucun cas je n'avais l'impression d'avoir avec lui une forme d'intimité plus grande que celle qu'il avait avec des gens qu'il photographiait régulièrement...

La mort de Françoise Dorléac (1967)


La perte de Françoise, c'est la déchirure la plus importante de ma vie.

Quand Françoise est morte, j'ai eu le sentiment qu'elle n'avait pas le droit de m'abandonner ainsi en plein chemin. Ce sentiment d'abandon ne m'a jamais quittée.

Pendant des années, la seule question pour moi fut de continuer à vivre, de réapprendre à vivre. Très longtemps, je me suis sentie comme un zombie. Je n'ai pas arrêté de travailler, j'ai tourné des films, c'est vrai mais ce sont des souvenirs assez flous, je n'étais pas du tout en état d'analyser les raisons pour lesquelles je faisais les choses, j'étais anesthésiée. Après la mort de Françoise j'ai interprété des rôles importants comme actrice, mais je me sentais complètement coupée de la réalité.

D'une certaine façon, j'ai dû sentir que le film m'aiderait à survivre... J'étais tellement détruite, je souffrais tant, que là au moins, j'avais l'impression que je serais entourée, que j'étais contrainte de faire des choses. Si je n'avais pas été obligée de me lever, de parler, d'accomplir certains gestes, je ne sais pas dans quoi j'aurais sombré. Tout valait mieux que de rester seule.

A la mort de Françoise, j'étais trop jeune pour savoir comment gérer cette douleur. J'ai appris plus tard qu'on pouvait parler de ce qui fait le plus mal pour s'en délivrer et trouver une forme d'apaisement, mais c'était trop tard pour bénéficier de cette expérience avec ma famille. Ce deuil, on ne l'a pas vécu ensemble.

Il est évident que Françoise continue d'exister en moi, ce qui n'a pas simplifié mon existence. [...] C'est vrai qu'il y a des choses que je faisais en me disant qu'elle aurait agi ainsi, des décisions que je prenais en pensant qu'elle les aurait prises, etc. C'était compliqué pour moi d'y voir clair et de savoir quelle était la meilleure attitude à avoir. Je ne voulais pas prendre la place de Françoise auprès de mes parents, mais en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher de faire certaines choses, pour combler le vide quand même, sans prétendre la remplacer. Je ne m'y retrouvais plus moi-même. Certains de mes comportements ne correspondaient plus à ma vraie nature. Ce n'étaient pas forcément des choses importantes, mais elles prenaient de l'importance dans ma tête donc j'ai décidé de faire plus attention.

Je crois quand même qu'il y a des choses dont on ne se remet pas ou très mal, certaines morts par exemple, dont on n'arrive pas à se libérer.

Je crois en tout cas que la période la plus difficile, la plus dure, a été les années 67-70. Pour des raisons personnelles. A cause de drames qui ont vidé de leur sens les élans que je pouvais avoir. Et c'est vrai que je n'avais, alors, qu'une envie : travailler, travailler, être occupée...

J'ai eu la malchance d'être tout de suite très exposée dans ma vie privée, parce que j'ai vécu très tôt des choses dramatiques. La chance, en revanche, c'est que j'ai été obligée de me radicaliser très vite par rapport à un certain genre de presse, de ne rien laisser passer. J'ai été aidée par un très bon avocat qui a gagné tous mes procès et qui a su imposer mes positions. Depuis longtemps j'ai une réputation d'emmerdeuse et c'est pourquoi je suis moins en danger que d'autres.

Les Etats-Unis


Lorsque je suis allée jouer "Folies d'avril", de Stuart Rosenberg, on disait que le cinéma français allait être arrêté pour un an au moins : j'avais 25 ans, j'étais à Paris avec ce petit garçon que j'élevais et je ne supportais pas l'idée de rester paralysée. Par contre, je ne suis jamais partie avec l'intention de m'exiler à Hollywood. Simplement, c'était une occasion à saisir, peut-être que j'avais besoin de cela, tourner en anglais, pour me motiver, me forger...

Il y a toujours le fait de tourner un film en langue anglaise en se disant que c'est une ouverture pour un acteur. C'est toujours agréable qu'on vous propose un scénario en anglais, parce qu'on a l'impression d'échapper à un cinéma qui ne va quand même pas très loin à l'étranger, c'est l'envie d'envoyer des lettres un peu plus loin. Les films sont des messages, des bouteilles à la mer. Mais les bouteilles vont plus loin avec les films de langue anglaise.

J'ai simplement précisé en arrivant [aux Etats-Unis] que je n'accepterais pas de rencontrer tout le monde sytématiquement, que je voulais avoir un droit de regard sur tout ce qui me concernait afin que l'on ne m'entraîne pas sans cesse dans des réceptions, conférences de presse ou cocktails. Ce qui ne m'a pas empêchée, pendant des journées de travail très fatigantes qui représentaient douze heures hors de chez moi, de rencontrer énormément de gens, d'accorder des entretiens - mais toujours dans le cadre du tournage - et en refusant effectivement la plupart des photos que l'on me demandait de faire, car j'estime qu'il faut être très difficile sur ce plan et puis je n'aime pas poser. Il ne s'agissait donc pas d'une attitude de ma part, car je vis exactement de ta même façon à Paris, sortant assez peu, à la fois par goût et par manque de temps. Pourquoi irais-je perdre des heures et des soirées dans des cocktails alors que j'ai si peu de temps à consacrer à mes amis ? Quant à vouloir créer une espèce d'image de moi-même, de Catherine Deneuve star, c'est précisément ce que je refuse, le côté fabriqué des choses...

Autant cela me plairait, en effet de jouer dans certains films de certains metteurs en scène, autant une carrière américaine n'est pas, et n'a jamais été, mon rêve. Sinon je serais restée aux Etats-Unis, au moment le plus propice... Le problème, c'est que ce que l'on m'y propose n'est en général pas intéressant. Pourquoi aller tourner aux Etats-Unis, et en anglais, des choses moins bien que celles que je peux faire en France ? Là-bas, ils ont toujours la même image de moi : la Française blonde et sophistiquée. Et pourquoi me proposeraient-ils des choses exaltantes, alors qu'ils ont énormément d'actrices, très bonnes, sous-employées ?

Il s'est passé cette chose bizarre, ce voyage aux Etats-Unis. J'y suis allée pour faire un film avec Jack Lemmon ["Folies d'avril" de Stuart Rosenberg]. C'était en 1968. et, là-bas, entre le tournage et le film, il y a eu un mouvement de presse absolument incroyable… J'arrivais aux USA comme une star française que je n'étais pas encore. Ils m'ont accueillie comme jamais je n'ai été accueillie, même aujourd'hui quand j'y retourne [Rires]… Et je suis revenue en Europe avec cette image-là, auréolée de tout ce qui s'était passé là-bas. Après, j'ai pratiquement pu marcher sur un tapis rouge, c'est-à-dire que quoi que je fasse, quoi que je dise, de toute façon, j'étais une star. J'avais été tourner aux Etats-Unis, les Américains avaient dit que j'étais la plus belle femme du monde, c'était un fait, on ne revenait plus dessus. C'était comme ça et voilà. C'est ça, au fond, qui m'a le plus frappée, le plus troublée, c'est de voir à quel point ça a pu être dit et redit sans jamais être remis en question…

Il y avait Hitchcock, que j'avais rencontré grâce à François Truffaut, à Paris. On a déjeuné ensemble, il m'a parlé d'un projet de film d'espionnage. Le scénario n'était pas développé, et il est mort avant d'avoir pu le faire. C'est dommage. Il paraît qu'il était très dur avec ses actrices, mais ça m'aurait plu d'entrer dans son univers.

En ce qui concerne Hitchcock, il était question qu'il me dirige dans un film d'espionnage tourné en Suède "The short night".

Il a renoncé au projet. Pourtant, c'était un beau scénario ! Je l'avais rencontré, on s'était vus. Je sais que beaucoup de gens attendent cela parce que je suis "la blonde glaciale" du cinéma français. [...] Peut-être que moi évoluant, je ne le serai plus au moment (rire) où ça pourrait se concrétiser.

[Regret]
Hitchcock. Pas seulement parce que je l'admire et que j'aime beaucoup ses films, mais parce que je pense que ça aurait été très bien pour moi. Je pense que ça aurait été assez juste. Je le regrette, d'autant que nous avions un projet ensemble et puis...

Marcello Mastroianni

C'est à l'automne 70, lors d'un dîner chez Roman Polanski, que j'ai fait la connaissance de Marcello Mastroianni - à Londres où il devait tourner les dernières scènes d'un film. Son rôle dans ce film lui imposait d'avoir la tête rasée et je dois avouer que je ne l'ai pas tout de suite reconnu. Dîner agréable, joyeux même.

Notre métier et le film de Nadine Trintignant nous ont rapprochés. Nous avons commencé à tourner le 4 janvier 1971. Equipe réduite. Le sujet s'y prêtait. Souvent, nous ne disposions que d'une voiture avec un opérateur, un ingénieur du son (on ne peut pas faire entrer tellement de monde dans une voiture). Nadine filmait ou conduisait. Marcello faisait le "clap" ou alors c'était moi. Le film terminé, Marcello est resté dans ma vie


Mastroianni, c'était un garçon d'une autre époque, mais un garçon. Il faut bien comprendre que, dans le monde du spectacle, nous avons le droit à l'insouciance et à la légèreté. Ce que nous faisons est bien plus important que ce que nous sommes. Nous pouvons demeurer des enfants. [...] Un garçon, c'est quelqu'un encore capable de ne pas avoir oublié l'enfant qu'il vient d'être, et de ne pas le cacher.

Les gens l'aimaient à un point inimaginable. Même ceux qui ne le connaissaient pas. Il déclenchait une tendresse auprès du grand public. Quand j'ai vu aux actualités les réactions des Italiens, on sentait une vraie tristesse, il faisait partie de leur paysage. Quand on parlait de l'Italie, Marcello était l'une des premières personnes à qui on pensait. Il avait une qualité de sympathie exceptionnelle. Et il dégageait de la gentillesse, autre qualité rare.

Lorsque je vivais avec le père de ma fille et que nous avons rompu, j'ai été en pleine dépression. J'ai eu le sentiment que c'était pire que de briser un mariage de dix ans. J'aime beaucoup les hommes, j'aime beaucoup les enfants, mais je me suis rendu compte que je n'étais pas faite pour cet impossible triangle. J'ai compris après la naissance de Chiara que quelque chose était changé. Sans doute était-ce moi qui avais changé ? Je pensais qu'il valait mieux être franche et reconnaître que je n'étais plus assez amoureuse du père de ma fille pour poursuivre notre existence ensemble.

Il est évident que je suis liée avec le père de ma fille, Chiara (Marcello Mastroianni). Nous avons une enfant que nous adorons et nous sommes très proches.

 

Catherine Deneuve se marie avec le photographe David Bailey (1965).

Elle porte une robe noire, Mick Jagger et Françoise Dorléac sont les témoins. Catherine vivra quelque temps à Londres dans l'ambiance des "swinging sixties".

Fin 1965, Catherine Deneuve devant être présentée à la Reine d'Angleterre lors de la Royal Performance, demande à Yves Saint Laurent de lui faire une robe. Ce sera le début d'une longue amitié.

En 1967, elle se sépare de David Bailey et retourne vivre en France.

Sa sœur Françoise Dorléac meurt tragiquement dans un accident de voiture sur l'autoroute de l'Esterel (26 juin 1967). Accablée de douleur, Catherine Deneuve finit néanmoins le tournage de "Benjamin, ou les mémoires d'un puceau".

Le tournage de "La sirène du Mississipi" permet à Catherine Deneuve de rencontrer François Truffaut, qui jouera un rôle important dans sa carrière et dans sa vie (1969).

En 1969, François Truffaut présente Alfred Hitchcock à Catherine Deneuve, mais le cinéaste décède avant de pouvoir concrétiser leur projet de collaboration (film d'espionnage dans les pays nordiques, dont il avait envoyé le synopsis à Catherine).

Le film "Folies d'avril" sorti en 1970 est son premier film américain. Elle en fera trois autres par la suite.

Sur le tournage de "Ca n'arrive qu'aux autres", Catherine Deneuve rencontre Marcello Mastroianni, et c'est le coup de foudre (1970). Ils s'installent ensemble à Paris, et auront bientôt une petite fille, Chiara.

Catherine Deneuve divorce officiellement de David Bailey (1972).

Chiara, fille de Marcello Mastroianni, naît le 28 mai 1972.

Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni rompent (1974) mais restent bons amis jusqu'à la mort de celui-ci en 1996.

Catherine monte sa propre maison de production, "Les films de la citrouille" (1971), qui produira notamment "Zig-Zig" en 1975.



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