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Un César et une nomination aux Oscars
La vice-présidence du jury à Cannes
La re-sortie de "Belle de jour" aux USA
Une année très dure
Le documentaire sur Françoise Dorléac
Le temps qui passe...

Un César et une nomination aux Oscars pour "Indochine" (1993)

C'était une belle année ! Je ne veux pas jouer les anciens combattants et raconter mon Viêt-nam mais "Indochine" était vraiment une belle aventure...

Je suis très contente d'être nominée. C'est déjà la preuve d'un très grand changement d'état d'esprit en Amérique envers les films étrangers. Je sais qu'Isabelle [Adjani] avait été nominée pour "Camille Claudel", et Gérard [Depardieu] aussi pour "Cyrano"... Je trouve que c'est déjà beaucoup. Mais je ne pense pas que cela puisse aller beaucoup plus loin pour le moment.

Je savais que je n'aurais pas l'Oscar de la meilleure actrice. Et cela me paraît normal. Comment une actrice française peut-elle lutter contre Emma Thompson, Susan Sarandon ou Mary McDonnell ? Que Emma Thompson ait gagné me semble juste. Il me reste l'immense plaisir d'avoir été nominée en même temps qu'elles. L'immense honneur d'être parvenue au top des compétitions mondiales avec un film français.

Quand je me passe la main dans le cou j'ai l'impression de toucher une nuque de garçon. C'est assez étrange mais plutôt agréable. [...] Si on vous propose une mèche des cheveux de Catherine Deneuve, c'est un faux ! La coiffeuse les a mis de côté et je les ai brûlés dans ma cheminée, à la campagne.


La vice-présidence du jury du Festival de Cannes (1994)


J'avais des réticences, et cela m'a bien confirmé toute l'injustice qu'il pouvait y avoir dans une remise de prix. Avec Eastwood, on avait des rapports à l'américaine, très clairs, très nets. Pas un mot plus haut que l'autre. Ce qui a été très pénible, c'est tout ce qui s'est écrit après la proclamation du palmarès. On a dit que j'avais manipulé le jury... Alors, j'ai essayé à ma manière de rectifier une telle injustice. Qu'on ait pu croire que j'avais un sentiment de mesquinerie par rapport à une autre actrice, c'est insupportable ! J'ai réagi parce qu'il y a des journalistes, surtout des femmes, qui ont parlé du pouvoir que j'aurais pu utiliser pour écarter du palmarès "La Reine Margot" avec Isabelle Adjani. C'est nul. De toutes façons, je savais qu'en bien ou en mal on serait jugé...

J'ai été juré à Cannes, en même temps que Clint Eastwood, j'ai donc été confrontée aux dilemmes auxquels, inévitablement. se heurtent les membres de ce jury. L'ultime choix auquel on est tenu de procéder s'effectue presque toujours entre quelques films dont les qualités sont presque toujours égales. On est nécessairement poussé à l'injustice. Un sentiment très désagréable. D'autant plus qu'on vous accusera ensuite de partialité. Comme si, dès l'origine, nous avions su quelle serait finalement notre décision. Enfin, c'est la règle du jeu !


La re-sortie de "Belle de jour" aux Etats-Unis (1995)


Je suis l'actrice du "revival" (Rires.) C'est Martin Scorsese, il y a deux ans, qui le premier a ressorti "Belle de jour". Alors ça, c'est un plaisir absolu. On sait que le film est reconnu comme un classique, qu'il a déjà une forte réputation, on est vraiment sur des rails ! Ce n'est que du bonheur ! C'est amusant, gai...

J'adore Scorsese, bien sûr... Il est le cinéma incarné ! J'ai un souvenir particulier avec lui. Quand je suis allée à New York pour la ressortie de "Belle de jour" qu'il parrainait, je suis allée le voir travailler. Il montait "Casino". Il m'a expliqué qu'il découvrait la magie du montage virtuel (par ordinateur) et qu'il avait peur, tant les possi-bilités sont nombreuses, de ne jamais s'arrêter avant de les avoir toutes essayées ! C'était incroyable de le voir là, au travail. Terriblement excité. Il m'a fait écouter la bande son - une merveille ! - et m'a montré des images de "Casino". Un coup de poing !

Une année très dure (1996)

Ça a été, en effet, une année d'émotion, très dure. Je suis allée d'épreuve en épreuve. Et j'ai craint de ne pas être à la hauteur des situations. Le deuil d'un être cher, une épreuve que tout le monde connaît, c'est d'une effrayante banalité et d'une effrayante douleur. Tout le monde y est confronté. Mais c'est la chose pour laquelle on n'a absolument aucun bagage, quelle que soit l'expérience que l'on ait des premières fois.

Le documentaire sur Françoise Dorléac (1996)

Cela m'a bouleversée et même perturbée. Je croyais que j'étais prête à cette confession, je pensais que le temps avait réussi à calmer ce deuil, mais tout ce passé est revenu avec une violence inimaginable. Les gens l'ont compris, qui m'ont envoyé beaucoup de lettres pour me raconter leurs propres deuils. [...] Malgré cela je sens bien qu'avec moi, il n'y a rien à faire, le public a une certaine retenue. Il y a toujours un seuil qu'il ne franchira jamais. Ces lettres très émouvantes ressemblaient plus à des chuchotements discrets qu'à des aveux brutaux.

Je me suis rendu compte que le deuil, aussi lointain qu'il était, passait très mal. Je m'en suis aperçue au courrier que j'ai reçu : des hommes et des femmes qui me disaient la même chose. Cette boule de chagrin qui reste là pour la vie, au fond de la gorge, est universelle. Voilà vingt-cinq ans que ce chemin de deuil, j'ai attendu d'en parler. Je ne suis pas sure de pouvoir recommencer. Parce que la porte que j'ai ouverte a laissé passer du froid, beaucoup de froid. Simplement, cela m'a permis de confirmer cette vérité : dans un grand chagrin, la chose la plus positive, c'est qu'on se met à aimer encore plus les gens que l'on aime.

On se retrouve beaucoup dans le chagrin. Ce sont des histoires très intimes mais aussi un sujet que, malheureusement, beaucoup ont connu. Pour la première fois, j'en parlais ouvertement. C'était à la fois douloureux et apaisant. Là, je me suis livrée et beaucoup de gens se sont manifestés pour me rejoindre dans cette forme de deuil. C'était très émouvant. Ces gens que je ne connais pas, je me dis que, si nous nous rencontrions, nous aurions immédiatement quelque chose en commun.


Le temps qui passe...

Je n'ai jamais caché mon âge. C'est une question d'orgueil.

Le problème est très personnel... Mais toutes les femmes qui disent se moquer de l'âge sont des femmes qui mentent. Je ne dis pas que ce sont des femmes qui se se mentent, mais elles mentent. Cette attitude désinvolte est un pied de nez. Se moquer de vieillir:.. ce n'est pas possible ! Non, prendre de l'âge, je ne vois pas cela avec sérénité : ce n'est pas la guerre, mais une lutte ! Le fait que je sois actrice augmente bien sûr les choses, mais ce n'est pas seulement ça. C'est le manque de résistance. Je n'ai plus la même énergie. Il me faut plus de temps pour récupérer. Je ne peux plus faire n'importe quoi, travailler, sortir, ne pas dormir. Et j'ai souvent fait n'importe quoi...

Il est évident qu'à l'heure qu'il est et à l'âge que j'ai, on doit considérer que je fais partie du patrimoine. Mais tant que je continue à faire des choses que je désire, avec des gens plus jeunes que moi, ça va. La nouveauté de ma vie, elle est là : pendant très longtemps, j'étais benjamine. Aujourd'hui, je sais que je ne suis plus la plus jeune ! Mais je continue à travailler avec des gens plus jeunes que moi et tant que j'ai l'impression d'être au milieu de gens qui ne se prennent pas au sérieux, ça va.

Quand ça va bien, certains jours, je me donne 24 à 25 ans. D'autres, 40 à 43, mais je ne vais pas au-delà ; de toute façon, la notion de l'âge est liée à celle de l'énergie. Tant que tu as de l'énergie, l'âge ne compte pas. Je n'y pense pas.

Je ne supporte pas que l'organisme me laisse tomber. C'est ce qui m'ennuie d'ailleurs dans l'idée de vieillir, cette idée de ne plus avoir le corps qui suive, qui ne réponde plus tout le temps avec la même énergie. [...] Cette dégradation de tout, du corps, de la tête, c'est quand même d'une injustice épouvantable !

[à propos des questions sur le vieillissement]
A travers toutes les questions, il y a toujours l'envie de savoir des choses, et en même temps de se rassurer ou de se conforter dans l'idée positive ou négative que l'on se fait de quelqu'un. L'âge me pose des problèmes, évidemment... Enfin, ça me complique la vie. Si je dois faire une séance de photos, il faut que je sois reposée. Il n'y a plus cette insouciance que j'ai toujours eue, se coucher à 3 heures du matin et se lever à 7 heures.

[ce qui manque le plus dans sa vie]
Des gens et le temps. Les gens qui ne sont plus là et qui étaient dans ma vie affective depuis trente ans, et ça commence à faire beaucoup de monde. C'est même une galerie de portraits qui me fait penser à ce très beau film de Truffaut, "La chambre verte". A l'époque, je n'avais pas eu encore tout le chagrin que j'ai eu depuis. Je n'avais pas perdu des amis morts du sida, entre autres. Mais ce film m'avait beaucoup touchée à cause de l'idée qu'il faut être fidèle aux gens que l'on a aimés, conserver la mémoire de ceux qu'on a aimés. Je n'oublie aucun de ces gens-là. Ma vie personnelle est beaucoup plus importante que tout le reste.

Je ne pense pas tellement au passé et pratiquement pas du tout à l'avenir. Pour moi, le temps c'est maintenant, dans la journée, dans les jours qui viennent. Et ce qui m'angoisse c'est cette difficulté que j'ai de plus en plus à accepter d'arriver à faire plusieurs choses dans la journée, chacune à son tour. Je suis toujours debout, toujours en train de marcher ou de courir. J'ai beaucoup de mal à rester immobile. [...] C'est comme un mouvement perpétuel, par moments, c'est presque une envie de se fatiguer physiquement aussi. Comme je suis très nerveuse, c'est une façon de casser la mécanique, un peu. Et de me faire céder. De plier.

La notion de temps m'a paru vraiment une chose très importante à partir de ce moment-là [la mort de Françoise]. D'abord, c'est le premier vrai grand chagrin que j'ai éprouvé et sa mort m'a donné un sentiment d'urgence par rapport au temps et surtout par rapport aux gens. Il m'a semblé qu'on n'aimerait jamais assez, qu'on n'aimait jamais assez les gens qu'on aimait. Il n'y a pas plus important pour moi.

J'ai des remords, mais je n'ai pas trop de regrets. Et puis je suis assez fataliste ! Je me suis suffisamment interrogée pour savoir que les choses qui m'ont le plus coûté sont celles qui ont compté et qui m'ont faite. Ma curiosité naturelle et un appétit féroce de la vie m'ont permis de savoir que j'avais envie de continuer, et vers quoi je voulais aller. Je n'ai aucune amertume. J'ai eu dans l'ensemble une vie protégée, trop peut-être...

C'est passionnant d'observer le chemin qu'on a fait, ces choses qu'on a laissées derrière soi, cette fatigue sur le visage d'un homme ou d'une femme de 50 ans. A partir d'un certain âge, on lit sur le visage tout ce qu'on est devenu, et aussi tout ce qu'on n'a pas été… C'est l'héritage de la vie. Et ça, c'est magnifique.

Ecrit pour elle, le film "Indochine" de Régis Wargnier marque un sommet dans la carrière de Catherine Deneuve (1992). Enorme succès public et critique, cette fresque romanesque lui vaut un César et une nomination aux Oscars (1993).

Le même année, elle organise la sortie d'un album de photos d'elle, "Portraits choisis", dont les bénéfices de la vente seront reversés à l'association de lutte contre le sida, Arcat-Sida (1993).

L'année suivante, "Ma saison préférée" d'André Téchiné lui vaut sa septième nomination aux Césars (1994).

Catherine Deneuve accepte d'être Vice-Présidente du Jury du Festival de Cannes aux côtés de Clint Eastwood. Le jury décernera la Palme d'Or à "Pulp fiction" de Quentin Tarantino (1994).

Catherine fait durant cette période quelques nouvelles incursions dans la chanson : participation au disque "Paris Paris" de Malcom McLaren (1993) et au clip de Joe Cocker "N'oubliez jamais" (1995). Elle chante "Allo maman bobo" en duo avec Alain Souchon pour la soirée TV des "Enfoirés" (1997).

"Belle de jour" ressort aux Etats-Unis grâce à Martin Scorsese (1995).

Catherine Deneuve reçoit un prix d'honneur au festival de San Sebastian (1995), puis à celui de Genève (1996). Elle est cette même année présidente du Festival du Film Français de Mexico.

Mort de Marcello Mastroianni (1996).

Mariage de Christian (1996).

Naissance de Milo, le fils de Chiara (1996).

Diffusion sur Canal+ du documentaire "Elle s'appelait Françoise" et parution du livre associé (1996).

La huitième nomination de Catherine Deneuve aux Césars est due à sa quatrième collaboration avec André Téchiné pour le film "Les voleurs" (1997).

Après un prix d'honneur au Festival de Bruxelles, Catherine reçoit un Ours d'Or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière au Festival de Berlin (1998).

Quelques mois plus tard, elle obtient la Coupe Volpi de la Meilleure Actrice au Festival de Venise pour le film de Nicole Garcia, "Place Vendôme" (1998).

Elle reçoit 0également à New York le Trophée des Arts, en récompense de son action de promotion de la culture française aux Etats-Unis.



Documents associés
Indochine
Portraits choisis
Césars 1993
Oscars 1993
Ma saison préférée
Cannes 1994
Belle de jour
Chanson
Françoise Dorléac
Elle s'appelait Françoise
Les voleurs
Berlin 1998
Place Vendôme
Venise 1998